L’ostéoporose et les MII L’ostéoporose est une maladie qui provoque la deterioration du tissu osseux, ce qui entraîne une perte de la masse osseuse. Elle affaiblit les os et les rend plus susceptibles aux fractures, surtout de la hanche, de la colonne vertébrale et du poignet. Bien qu’elle soit souvent perçue comme une maladie qui s’attaque aux personnes âgées, l’ostéoporose peut frapper à tout âge. Elle est également plus fréquente chez les personnes atteintes de certaines maladies préexistantes, y compris les maladies inflammatoires de l’intestin (MII). En fait, l’ostéoporose est une complication reconnue des MII. Les évaluations varient, mais de 30 % à 60 % des personnes atteintes d’une MII présentent une faible densité osseuse. La perte de la masse osseuse semble plus courante dans les cas de maladie de Crohn, mais les individus atteints de colite ulcéreuse, et surtout ceux qui prennent des stéroïdes pendant des périodes prolongées, peuvent aussi être touchés. Le texte qui suit n’est conçu que pour des besoins d’information, afin de sensibiliser les personnes atteintes d’une MII aux risques d’ostéoporose. Les personnes atteintes d’une MII devraient discuter de leurs risques, des tests de dépistage et des traitements avec leur gastroentérologue. Ce qu’est l’ostéoporose Les os sont des tissus vivants et en croissance. Tout au long de la vie, les vieux os sont évacués (par résorption) et de nouveaux os s’ajoutent (par formation). L’ostéoporose découle d’une disparition des os plus rapide que la formation de nouveaux os. Au cours de l’enfance et de l’adolescence, de nouveaux os s’ajoutent plus rapidement qu’ils ne disparaissent, ce qui permet aux os de grossir, de s’alourdir et de se densifier. La masse osseuse de pointe, lorsque les os sont les plus solides, s’observe vers l’âge de 30 ans. Par la suite, la résorption osseuse commence à se faire plus rapidement que la formation osseuse. Environ 1,4 million de Canadiens souffrent d’ostéoporose. Une femme sur quatre et un homme sur huit de plus de 50 ans en sont atteints. Au sein de la population générale, il existe de nombreux facteurs de risque d’ostéoporose. Ces facteurs incluent l’âge, l’origine ethnique (les Asiatiques et les Caucasiens sont les plus vulnérables), la ménopause ou un trouble qui suscite l’absence de menstruations, des antécédents familiaux d’ostéoporose, le tabagisme, le manque d’exercice, un faible apport de calcium ou de vitamine D ou l’usage chronique de médicaments comme les stéroïdes. Pour obtenir une liste plus complète des facteurs de risque d’ostéoporose, prenez contact avec la Société de l’ostéoporose du Canada ou consultez le site Web de l’organisme, à l’adresse www.osteoporosis.ca. La cause de l’ostéoporose en cas de MII On ne connaît pas tout à fait les raisons qui expliquent la perte osseuse chez les personnes atteintes d’une MII. En plus des facteurs de risque qui touchent la population générale, il existe plusieurs causes possibles de perte osseuse reliée aux MII, dont les facteurs génétiques, l’usage prolongé de stéroïdes, l’apport insuffisant de calcium et de vitamine D, les carences hormonales et certains aspects des MII elles-mêmes, comme le processus inflammatoire ou l’atteinte de l’intestin grêle. L’usage prolongé de corticoïdes Au fil du temps, les corticoïdes nuisent à l’équilibre de calcium dans l’organisme et interrompent le processus de réparation et de reconstruction des os. Il est également démontré que ces médicaments réduisent la production d’œstrogènes chez les femmes et de testostérone chez les hommes, un autre facteur qui peut ralentir le processus de reconstruction des os. Les stéroïdes sont souvent essentiels dans le traitement des MII, et il est peu probable que la médication puisse simplement être abandonnée. Votre gastroentérologue peut discuter de l’ostéoporose avec vous et vous recommander d’autres mesures pour prévenir ou réduire au minimum la perte osseuse. Les maladies inflammatoires Les recherches démontrent que les personnes atteintes d’une MII qui n’ont jamais pris de stéroïdes présentent aussi un taux d’ostéoporose plus élevé, ce qui indique qu’un element du processus inflammatoire contribue à la perte osseuse. L’évolution de l’ostéoporose pourrait être reliée à une inflammation continue accompagnée d’un taux anormal de cytokines, des protéines qui participent au processus inflammatoire, et cette inflammation peut influer sur la dégradation ou la formation des os. Une atteinte généralisée de l’intestin grêle Les personnes qui souffrent d’une inflammation généralisée de l’intestin grêle ou qui ont subi une extraction chirurgicale de certaines parties de leur intestin grêle peuvent être plus vulnérables à l’ostéoporose. Chez ces personnes, il se peut que le reste de l’intestin ne puisse absorber la bonne quantité de calcium et de vitamine D, lesquels contribuent tous deux à la santé des os. Les tests de dépistage de l’ostéoporose D’ordinaire, l’ostéoporose est diagnostiquée grâce à une radiographie spéciale, l’absorptiométrie à rayons X en double énergie, ou DEXA, qui mesure la densité minérale osseuse ou la solidité des os. C’est ce qu’on appelle la mesure de la densité minérale osseuse. Il n’existe pas de consensus quant à savoir si toutes les personnes atteintes d’une MII devraient subir des scintigraphies osseuses régulièrement ou s’il faut ne cibler que les personnes les plus vulnérables. La recommandation prévalente semble être d’exécuter une évaluation de la densité minérale osseuse auprès de tous les patients afin de vérifier la présence d’ostéoporose précoce. Ensuite, des mesures de suivi de la densité minérale osseuse peuvent être effectuées auprès des personnes les plus vulnérables. La prévention et le traitement Les personnes qui prennent des stéroïdes peuvent recevoir des suppléments de calcium et de vitamine D. Selon l’importance de la perte osseuse, il peut falloir continuer de prendre ces suppléments même après l’interruption des stéroïdes. Dans certains cas, des médicaments comme les bisphosphonates ou d’autres traitements peuvent être recommandés pour éviter une perte osseuse supplémentaire, surtout chez les personnes qui prennent des stéroïdes pendant des périodes prolongées. Les personnes atteintes d’une MII peuvent favoriser la santé osseuse en adoptant un régime riche en calcium et en vitamine D, en suivant un programme d’exercices pertinent et en évitant de fumer et de consommer de l’alcool. Votre gastroentérologue peut consulter un spécialiste des os ou vous envoyer en consulter un qui possède de l’intérêt et de l’expérience au sujet de l’ostéoporose reliée aux MII, afin de recevoir des renseignements supplémentaires et de vous faire traiter. *** Pour obtenir des renseignements complets sur l’ostéoporose et les MII, y compris les facteurs de risque, les tests de dépistage et le traitement, consultez votre gastroentérologue. La FCMII subventionne des recherches sur la perte osseuse en cas de MII La FCMII soutient les efforts en vue de mieux comprendre le lien entre l’ostéoporose et les MII. De récentes subventions de recherche attribuées par la Fondation portent sur la perte osseuse chez les personnes atteintes d’une MII. Les docteurs Gordon R. Greenberg, Lawrence Rubin et Mark Silverberg ont récemment conclu une etude intitulée « Le rôle génétique de la diminution de la densité osseuse dans les MII ». Les résultats étayent la notion selon laquelle une perte osseuse peut s’observer chez les personnes qui n’ont pas pris de stéroïdes pendant une période prolongée. De plus, les chercheurs ont découvert qu’un agent inflammatoire, le facteur de nécrose tumorale alpha, peut être un marqueur pour les patients dont l’activité de la maladie de Crohn est la plus forte, ce qui les rend enclins à la perte osseuse. Plus tôt cette année, les docteurs Anne Marie Griffiths et Gillian Hawker, de l’université de Toronto, ont terminé leur étude de « L’évaluation métabolique des os chez les enfants atteints d’une MII : Une étude prospective des facteurs de risque et des mécanismes pathogènes fondamentaux ».Elles ont découvert que les enfants atteints de la maladie de Crohn possédaient une densité minérale osseuse inférieure à celle de leurs camarades ne souffrant pas d’une MII. Pourtant, la densité minérale osseuse des enfants atteints de colite ulcéreuse était semblable à celle de leurs camarades en santé. Les résultats de ces deux projets figurent dans le dernier rapport de recherche de la FCMII, inclus dans le present numéro du Journal. Le docteur Greenberg étudie davantage les facteurs génétiques de la perte osseuse dans les MII grâce à une nouvelle subvention en aide à la recherche attribuée en 2002. Il continuera à étudier si certains genes contribuent à la perte osseuse dans les MII. Une meilleure compréhension de l’évolution de l’ostéoporose dans les MII aidera les médecins à repérer les patients les plus vulnérables et qui ont besoin d’un traitement pour prévenir la perte osseuse.