Quelle politique de développement territorial avec les nouveaux pays membres de l’UE ?
4 XLème colloque de l’ASRDLF
La politique structurelle européenne est donc le fruit de négociations continues entre des pays
conscients aussi bien de leurs atouts politiques que des éléments d’économie territoriale qu’ils
peuvent faire valoir pour accéder à de nouveaux types de financements.
Concernant les PECO la situation est relativement différente pour les raisons suivantes. Au
niveau politique, ces pays se sont présentés en ordre dispersé face à l’UE, chacun d’entre eux
souhaitant se présenter comme le plus occidental des accédants. La volonté de réussir l’examen
d’adhésion a davantage poussé les pays candidats à se plier aux contraintes imposées par l’UE.
Malgré des prises de position marquées comme celle de la Pologne concernant la Politique
agricole commune4, les négociations d’adhésion n’ont pas donné lieu à des revendications très
spécifiques en matière de politique régionale.
Cette situation a sans doute été renforcée par le contexte tendu des réformes politiques et
économiques qui n’a pas laissé la possibilité aux PECO de formaliser clairement leurs stratégies
dans ce domaine. Les PECO ont en fait été amenés à adapter leur législation, leurs institutions et
leurs modes de gestion à un système de financement conçu par et pour des pays aguerris depuis
plusieurs décennies aux démarches d’aménagement et de développement territorial.
Cette adaptation s’est traduite par la création souvent ex nihilo de ministères du Développement
régional ou de départements rattachés aux ministères de l’Economie, de l’Environnement ou au
Premier ministre. Ces structures ont dû rédiger dans des délais très courts et avec des moyens
limités les Plans nationaux de développement régional, premiers documents de programmation
en vue de percevoir les fonds structurels. Dans les mêmes délais, l’UE a exigé la création
d’autorités de gestion et de payement pour les futurs programmes opérationnels sectoriels et
régionaux.
Au niveau territorial, la nécessité de mettre sur pied des « régions de programmation » est venue
percuter le débat sur le processus de décentralisation. La volonté exprimée par la Commission
de responsabiliser les régions dans la définition des programmes et la mise en œuvre des fonds
structurels est parfois apparue comme une incitation forte à la création de régions
décentralisées. Face à cette pression, il aura fallu en Slovaquie moins de deux ans pour définir
de nouvelles circonscriptions et instituer des Conseils régionaux. Lorsqu’on considère
l’évolution des processus de décentralisation en Europe, qui s’étendent souvent sur plusieurs
décennies, ont peut se demander qu’elles vont être les conséquences à court, moyen et long
terme de ces réformes précipitées.
Une fois ces structures mises en place, se pose la question des moyens humains et financiers
dont elles disposent pour accomplir leurs nouvelles missions. Pour les pouvoirs publics, outre
les restrictions budgétaires, la difficulté consiste à élaborer des programmes d’intervention dans
un domaine ou l’expérience et les compétences professionnelles sont encore insuffisantes.
Pour que ces pays puissent se réapproprier pleinement le champ des politiques locales et
régionales, il est essentiel au préalable qu’ils se reconstruisent une culture territoriale au-delà
des exigences formulées par la Commission européenne. Cela passe par le soutien des
gouvernements aux formations universitaires qui s’efforcent aujourd’hui d’adapter leurs cursus
dans les domaines de la planification spatiale, de l’administration territoriale, de l’économie
régionale, etc. C’est à ce niveau que se joue la capacité des acteurs à concevoir des stratégies de
développement efficaces sur le long terme.
Du fait du manque de ressources humaines et des faibles moyens de cofinancement, il s’est
avéré difficile pour les autorités locales de construire des projets ou de présenter des
4 Les nouveaux adhérents ne vont percevoir les financements de la PAC que de façon progressive (25% en 2004,
30% en 2005, etc.). La Pologne s’est opposée à cette intégration par étape sans pour autant parvenir à modifier
sensiblement la position de l’UE.