Chapitre X, page 5
Persistance du canal artériel (G Jondeau)
Anatomie pathologique
10-15% des cardiopathies congénitales, plus fréquente chez les filles (2-3 filles / garçon). Le canal artériel réalise une communication
entre l'aorte après le départ de la sous clavière gauche et le tronc de l'artère pulmonaire (Permet, pendant la vie foetale, le passage du
sang de l'artère pulmonaire vers l'aorte descendante, c'est à dire diminue la vascularisation du poumon non encore fonctionnel). Il
réalise un shunt dont le sens et l'intensité dépendent de 1) la différence de pression entre l'aorte et l'artère pulmonaire, 2) la taille du
canal, et 3) la longueur du canal. Sa structure est musculaire et le canal est maintenu ouvert par la sécrétion de prostaglandines en
réponse à la faible PO2 pendant la vie foetale (risque Aspirine pendant grossesse). Lors de la naissance: l'oxygénation des poumons
entraîne une augmentation de la PO2 et ainsi une diminution de la synthèse de prostaglandines, si bien que le canal artériel se
vasoconstricte intensément (en altitude le canal se ferme plus lentement). Dans un 2° temps, il se fibrose et s'oblitère complètement
(quelques semaines). Ceci ne peut survenir que si le poumon est assez mature (le canal persiste chez les prématurés, et peut avoir un
rôle dans les insuffisances cardiaques et respiratoires du prématuré). Sa persistance peut être bénéfique lors de certaines cardiopathies
congénitales, car il peut permettre une vascularisation pulmonaire (atrésie pulmonaire), ou une vascularisation de l'aorte ascendante
(coarctation très serrée) ou de toute l'aorte (hypoplasie du VG): on le maintient ouvert alors après la naissance par perfusion de
prostaglandine E1.
Hémodynamique
Le flux sanguin à travers le canal dépend de la différence de pression entre l'aorte et l'artère pulmonaire. Au début de la vie les
résistances pulmonaires baissent, (+ lentement chez le prématuré), et le shunt s'installe progressivement après la naissance. Lorsque
le débit à travers le canal est élevé, il entraîne une augmentation du débit à travers oreillette et ventricule gauches (surcharge
volumétrique) et une diminution de la pression artérielle diastolique du fait du reflux de sang de l'aorte dans l'artère pulmonaire.
Clinique
Chez le prématuré
Les signes périphériques sont proches de ceux observés dans l'insuffisance aortique, avec élargissement de la
différentielle aux membres inférieurs. A l'auscultation on entend un souffle systolique ou systolo-diastolique sous
claviculaire gauche. Enfin on peut observer des signes de décompensation cardiaque ou/et pulmonaire.
Le traitement repose en règle sur l'indometacine (inhibiteur des prostaglandines), et en cas d'échec (10%) sur la ligature
chirurgicale du canal.
Chez les nouveau-nés à terme et les enfants
Les signes pulmonaires à type de pneumopathies à répétition ou de dyspnée d'effort sont parfois la circonstance de
découverte. A l'auscultation on retrouve un souffle continu à renforcement systolique sous claviculaire gauche, mimant
"une locomotive dans un tunnel", frémissant. Peuvent s'y associer des souffles de débit mitral et aortique. En périphérie,
on retrouve un élargissement de la différentielle (reflux de l'aorte dans l'AP).
A l'ECG: hypertrophie ventriculaire gauche diastolique puis systolique
Radiologiquement, on retrouve la dilatation de l'oreillette gauche et du ventricule gauche, ainsi que de l'aorte ascendante
et du tronc de l'artère pulmonaire, avec une hypervascularisation pulmonaire
L'echocardiographie permet le diagnostic et de quantifier le shunt.
Le traitement est chirurgical et simple (pas de circulation extra-corporelle). La pose d'ombrelles, endocavitaire, est en
cours d'étude. Le risque de l'évolution spontanée est l'endocardite et le développement d'une hypertension artérielle
pulmonaire (avec au maximum Eisenmenger) qui ne devraient plus se voir.
Rétrécissement pulmonaire (RP) (G Jondeau)
Anatomopathologie
7% des cardiopathies congénitales
La sténose pulmonaire peut être très modérée, intermédiaire ou très sévère avec subostruction pulmonaire. La simplicité du traitement
correcteur dépend du type de sténose. Les sténoses valvulaires se corrigent simplement, mais les anomalies de l'infandibulum
pulmonaire sont plus difficile à corriger (chirurgie).
RP très serré révélé en période néo natale
La sténose pulmonaire gène l'éjection du ventricule droit, dont le développement peut également être anormal. L'oreillette droite ne
peut donc se vider dans le ventricule droit et "force" le foramen ovale qui ne va pas se fermer. Il s'agit alors d'une cardiopathie
cyanogène. Si le canal artériel reste perméable, il va permettre une amélioration du flux pulmonaire.
Cliniquement
Il existe une cyanose dès la naissance, avec radiologiquement cardiomégalie (à la différence de la tétralogie de Fallot) et
hypoperfusion pulmonaire. A l'ECG, on observe une hypertrophie ventriculaire gauche et non une hypertrophie
ventriculaire droite (à la différence de la tétralogie de Fallot).
traitement
dilatation par voie endocavitaire, si le ventricule droit est assez développé
Chez l'enfant
Le plus souvent aucun signe fonctionnel, mais parfois une dyspnée d'effort modérée, une cyanose modérée, des syncopes d'effort (le
débit cardiaque ne peut augmenter au cours de l'effort). A l'auscultation, on retrouve un souffle systolique de sténose pulmonaire
(foyer pulmonaire), le plus souvent frémissant, avec claquement lors de l'ouverture de la valve pulmonaire (click d'éjection).