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de l’iléus postopératoire est raccourcie et l’alimentation précoce est possible [2]. Par
ailleurs, grâce à des stratégies de soins (kinésithérapie, déambulation, alimentation ora-
le précoce) facilitées par la qualité de l’analgésie, plusieurs équipes ont montré que la
durée d’hospitalisation pouvait être considérablement réduite. Mais il reste à définir les
catégories de patients qui sont susceptibles de bénéficier de telles stratégies thérapeutiques.
Actuellement, il n’existe pas d’étude française qui ait recensé la fréquence d’em-
ploi de l’analgésie épidurale postopératoire. Le respect des contre-indications (en
particulier le refus du patient), le temps nécessaire à la mise en place du cathéter épidu-
ral et la crainte des complications sont les principaux obstacles au développement de
cette technique. En dehors de la France, 20 à 75 % des patients nécessitant une analgé-
sie postopératoire puissante, bénéficient d’une épidurale. Les indications dépendent
surtout du type de chirurgie et des antécédents du patient (patients ayant un risque de
développer une complication respiratoire, cardiaque ou thrombo-embolique) [3].
2. CONTRE-INDICATIONS DE L’ANALGESIE EPIDURALE
Les contre-indications classiques sont : le refus du patient, l’existence d’une patho-
logie neurologique, les désordres de l’hémostase, la prise d’anticoagulants à dose curative
(voir complications dues au cathéter), une infection cutanée à proximité du point de
ponction, des métastases vertébrales, une déformation très importante du rachis, des
antécédents de chirurgie du rachis avec ouverture de la dure-mère, l’allergie aux médi-
caments devant être utilisés.
3. MEDICAMENTS UTILISES PAR VOIE EPIDURALE
3.1. MORPHINE
Au début des années 1980 à la suite de la mise en évidence de récepteurs médullai-
res aux enképhalines, un engouement pour l’administration de morphine par voie
épidurale, verra le jour. La morphine procure une analgésie de bonne qualité, prévisible
et de longue durée. La morphine épidurale ne provoque pas de bloc moteur ni sympa-
thique, il n’y a pas de perte de la sensibilité thermique ni tactile. Seule la perception des
stimulations douloureuses est diminuée. Les morphiniques liposolubles (fentanyl,
sufentanil et méthadone) ou hydrosolubles (morphine, diamorphine, mépéridine) sont
utilisés avec succès (Tableaux I et II). La morphine épidurale procure une analgésie
supérieure à l’analgésie intraveineuse contrôlée par le patient (PCA IV), ou équiva-
lente, mais pour une dose administrée plus faible.
La morphine reste présente dans le liquide céphalo-rachidien et se déplace en direc-
tion céphalique permettant l’extension de la zone d’analgésie. Les doses nécessaires
par voie épidurale sont 5 à 10 fois inférieures à celles utilisées par voie intra-
veineuse [5]. La morphine a la même efficacité lorsqu’elle est injectée au niveau lom-
baire ou au niveau thoracique mais le délai d’action dépend de l’éloignement du site
d’injection par rapport à celui de la douleur.
Les morphiniques liposolubles agissent rapidement au niveau spinal pendant les
6 premières heures après leur injection. Mais, pour les morphiniques liposolubles et en
raison d’une résorption plasmatique rapide et importante, la voie péridurale n’apporte
pas de bénéfices comparée à la voie intraveineuse : pour une même dose, la sédation de
la douleur et les concentrations sériques sont similaires quelle que soit la voie d’admi-
nistration. Le placement du cathéter au centre de la zone d’analgésie permettrait
théoriquement d’améliorer l’efficacité au moins pendant les premières heures après
leur injection. Mais rapidement, il apparaît que les morphiniques donnent une moindre
analgésie que la bupivacaïne seule ou associée à la morphine.