986 S. Conquy et al.
vaginale...) éventuellement en y associant un traitement
hormonal substitutif local [8].
Plusieurs auteurs ont noté une amélioration du prolap-
sus et des anomalies anatomiques en quelques mois [12]
à quelques années [8] sans que l’on ait d’explication for-
melle à ce phénomène. Parmi les patientes chez lesquelles
le prolapsus ne régresse pas, Powers et al. [13] ont mon-
tré que dans 2/3 des cas, les femmes étaient suffisamment
satisfaites de l’utilisation de ce moyen de contention pour
renoncer à la chirurgie et dans certaines séries [14,15],
plus de 90 % des patientes seraient prêtes à conseiller ce
type de traitement à une proche. C’est ainsi que certains
auteurs considèrent qu’en raison de son excellent rapport
efficacité/prix on peut penser qu’il s’agit d’une option thé-
rapeutique acceptable en première intention dans la prise
en charge des troubles de la statique pelvienne [16]. Il est à
noter toutefois qu’aucune étude randomisée n’a été réali-
sée concernant l’efficacité des pessaires comme l’a montré
un travail de la Cochrane Database [1].
L’utilisation d’un pessaire pourra être proposée avant
la chirurgie, y compris chez les femmes jeunes, en rai-
son de son efficacité relative et de son innocuité. Les
pessaires cubes sont à privilégier, en raison des possibi-
lités de retrait par la patiente, autorisant les rapports
sexuels et réduisant les risques de complications locales
(infections, érosions, enclavement). Dans certaines situa-
tions (contre-indication chirurgicale ou anesthésique, refus
de l’intervention), le pessaire sera la seule option thé-
rapeutique envisageable. L’utilisation d’un pessaire dans
le traitement de l’hystéroptose donne des taux de succès
allant jusqu’à 83 %. La prescription concomitante d’un trai-
tement estrogénique local est importante pour améliorer la
tolérance du pessaire.
Rééducation et hygiène de vie
La consultation des différentes bases de données par Hagen
et al. [1] n’a permis de trouver que trois essais randomisés
étudiant l’efficacité de la rééducation et de l’amélioration
de l’hygiène de vie dans la prise en charge des troubles de
la statique pelvienne.
Un travail récent mené par la même équipe [17] concerne
47 patientes ce qui, au regard du nombre de femmes concer-
nées par les troubles de la statique pelvienne, paraît
faible... Les traitements rééducatifs utilisés tant dans la
prise en charge des troubles de la statique pelvienne que
dans le traitement de l’incontinence urinaire sont, par
ailleurs, d’analyse difficile, compte tenu de la variété des
techniques utilisées, notamment en comparant la prise en
charge dans les pays anglosaxons avec celle réalisée en
France. Une seconde difficulté réside dans la quantification
objective du trouble de la statique pelvienne, faisant appel
à des classifications variées et dont la reproductibilité inter-
et intra-individuelle est souvent discutable.
Dans les différentes publications, l’évaluation du pro-
lapsus est habituellement purement descriptive et clinique.
Seul Hagen et al. [17] utilisent le Pop-Q effectué en insu par
un médecin ne sachant pas si la patiente faisait partie d’un
groupe recevant une rééducation ou pas. Dans le travail de
Ghroubi et al. [18], sur 47 patientes, l’évaluation du prolap-
sus était clinique et reposait notamment sur l’amélioration
du testing des muscles élévateurs de l’anus. La rééduca-
tion dans les pays anglosaxons et en Thaïlande, sur une
large série de plus de 650 patientes [19], consistait en un
ou plusieurs rendez-vous avec un médecin rééducateur ou
un kinésithérapeute, permettant à la patiente de compren-
dre son schéma corporel, de percevoir la contraction des
muscles élévateurs de l’anus et ensuite de s’entraîner
à domicile avec dans certains cas des consultations de
contrôle à intervalle régulier. Parallèlement, des conseils
d’hygiène de vie ont été donnés, ceux-ci constituaient
d’ailleurs la seule prise en charge dans les groupes contrôles.
Cela diffère sensiblement de la rééducation telle qu’elle
est réalisée en France. Les patientes sont habituellement
prises en charge pendant dix à 20 séances par un médecin
rééducateur, un kinésithérapeute ou une sage-femme. La
rééducation consiste alors, outre à une éducation, à faire
travailler manuellement les muscles du plancher pelvien
contre résistance. Dans certains cas, la rééducation est éga-
lement conduite par technique de bio-feedback permettant
à la patiente d’objectiver l’efficacité de sa contraction par
un contrôle visuel ou sonore et/ou par électrostimulation
endovaginale. Dans certains cas, la patiente est invitée à
utiliser des cônes vaginaux pour augmenter le travail pro-
prioceptif faisant intégrer le verrouillage périnéal dans les
activités de la vie quotidienne. Aucune publication n’a, à
ce jour, montré l’efficacité d’une telle rééducation dans
la prise en charge des troubles de la statique pelvienne.
Pour autant, de nombreux auteurs évoquent l’amélioration
quelques fois temporaire et souvent incomplète obtenue
pour le confort des patientes par cette rééducation. Les
résultats de la rééducation comparés à un groupe témoin
dans la série de Piya-Anant et al. [19] ont montré dans
72 % des cas l’absence d’aggravation du prolapsus deux ans
après la rééducation périnéale contre seulement 27 % des
patientes n’ayant pas eu d’aggravation de leurs troubles
parmi celles qui n’ont pas été traitées. Ces résultats sont
assez voisins de ceux de Ghroubi et al. [18] sur sa courte
série de 47 femmes. Dans le travail préliminaire de Hagen
et al. [17], les patientes ayant une rééducation se sont
considérées comme améliorées dans 63 % des cas et cette
amélioration a été vérifiée objectivement par le Pop-Q dans
45 % des cas (versus aucune amélioration chez les patientes
n’ayant pas eu de rééducation).
La rééducation paraît surtout efficace lorsque le pro-
lapsus est peu important et son rôle serait d’augmenter la
force musculaire et la contraction volontaire du périnée en
réponse à une augmentation de la pression abdominale à
l’image du verrouillage périnéal à la toux pour la prise en
charge de l’incontinence urinaire d’effort [20].
Les conseils d’hygiène de vie paraissent particulièrement
pertinents pour contribuer à l’amélioration des symptômes
en rapport avec le prolapsus et peut-être tenter d’éviter son
aggravation.
Vers un traitement préventif ?
Le mode d’action des différents traitements non chirurgi-
caux du prolapsus génito-urinaire contribue à une meilleure
compréhension des troubles de la statique pelvienne et
permet de formuler des hypothèses de traitement préven-
tif. Parmi les facteurs déclenchant le prolapsus, on note