
 
interprétation de la réalité, il y a le panthéisme, doctrine  selon laquelle Dieu s’identifie avec 
le monde, la Création. On doit noter que le Romantisme se balance entre deux pôles :                                         
l’individualisme et le mysticisme. 
               - l’art : dans le monde de l’art, l’homme est parfaitement libre, exempt                   
de toute contrainte et de toute limitation. Les antinomies (individu et cosmos; raison et 
sentiment; réflexion et fantaisie; conscience et inconscience; esprit et sens) se réconcilient 
en une totale heureuse harmonie, justement dans le monde de l’art. Mais l’art, en tant 
qu’expérience humaine, ne peut donner lui aussi qu’une illusion  d’infini. L’erreur des 
romantiques est celle d’avoir pris l’artiste pour un mystique qui reçoit une révélation 
surnaturelle. Ainsi toute tentative de sortir du fini à travers l’art se termine par un échec.                        
Cela engendre la mélancolie qui naît de la conscience de ne pouvoir  atteindre l’idéal 
(Weltschmerz=douleur mondiale, douleur  métaphysique). 
 
Quelques aspects de la culture romantique : 
               - l’historisme : les philosophes du XVIIIe siècle avaient donné de                      
l’importance de l’histoire (en particulier Voltaire), mais ils avaient jugé chaque époque 
historique en fonction de leur idéal philosophique; ainsi la plupart des époques passées sont 
considérées négativement : en particulier le Moyen Age est considéré comme une période de                          
préjugés, d’erreurs, de violence, de superstitions, de ténèbres mentales et morales. Au 
contraire, pour les romantiques, l’histoire  est un organisme qui se développe selon un système 
qui relie une période à la période précédente et présente les germes du futur. En particulier, 
on réévalue les époques primitives comme étapes nécessaires pour le développement 
successif, et surtout le  Moyen Age et la Grèce classique, dont la culture est  considérée plus                   
originale par rapport à la culture latine (influence de Mme de Staël). On réévalue le Moyen 
Age, car c’est à cette époque-là que remonte, selon les romantiques, la naissance des nations 
européennes. En  outre, c’est la période où se consolide le christianisme, religion qui                       
est à la base de la culture moderne. La critique des Romantiques  contre les  Classiques aura 
comme noyau central le thème de la religion. Les ouvrages inspirés de l’Antiquité présentent 
une religion, le paganisme, qui n’est pas la religion des modernes. Aussi bien  Chateaubriand 
que Mme de Staël insistent sur la nécessité d’exalter le christianisme : Chateaubriand 
compose alors Le Génie du Christianisme (1802) et Mme de Staël, dans son ouvrage théorique  
 De l’Allemagne (1810, mais publié en 1813) déclare que «La littérature des anciens est chez 
les modernes une littérature transplantée : la  littérature romantique ou chevaleresque est 
chez nous indigène, et  c’est notre religion et nos institutions  qui l’ont fait éclore.» C’est                        
donc l’anachronisme qui selon elle est la caractéristique première des ouvrages imités de 
l’Antiquité. 
               - le nationalisme : chaque individu naît, pas comme citoyen du monde (cf. Le 
cosmopolitisme du siècle des Lumières), mais comme citoyen d’une patrie, dont il reçoit une 
marque à travers la langue, les institutions, la tradition, la religion, etc. Dans presque tous les  
pays, on assiste à une évolution : une première phase caractérisée  par la lutte de l’individu 
contre la société, qui se traduit souvent par un repli de l’individu sur lui-même; une deuxième 
phase, qui débute  vers 1830, où l’écrivain s’ouvre aux exigences sociales. La vie de                              
Lamartine offre un excellent exemple de cette évolution : avec son entrée dans la politique 
correspond le début d’une phase de sa carrière d’homme de lettres où le poète s’occupe des 
problèmes de la société, et en particulier du prolétariat. Il faut tout de même