Madame la présidente, monsieur le secrétaire d`État, chers

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Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, chers collègues, permettez-moi
d’abord de faire une citation : « On aura une augmentation du chômage qui va se
poursuivre tout au long de 2009 et sans doute encore un peu au début de l’année
2010 ». C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre vendredi. Cela sonnait comme une
fatalité, le prix à payer dans l’expectative d’une prochaine reprise.
Pourtant, on compte 58 000 chômeurs de plus pour le mois dernier : autant d’hommes
et de femmes qui, en perdant leur emploi, voient leur vie basculer ; des hommes et des
femmes jetés comme des kleenex, alors que leur travail a permis de répondre aux
besoins des populations. Mais la richesse qu’ils ont créée a été rackettée par les
actionnaires et les propriétaires du capital. Cela veut dire une France désossée de pans
entiers de son industrie et un savoir-faire qui ne sera pas transmis à la nouvelle
génération.
Face à cette situation, le Premier ministre a fixé le cap. Attendons…Attendons la
reprise, comme d’autres attendent encore Godot ! Pis encore, on cherche à obtenir les
faveurs des oracles du marché en se vantant d’aggraver encore le premier plan de
suppressions d’emplois en France : 28 000 postes supprimés dans la fonction
publique !
Nous, députés communistes et du parti de gauche, nous ne faisons pas de politique en
regardant voler les oies du Capitole ! Nous préférons agir, prendre en compte les
origines réelles de la crise pour trouver des réponses à la hauteur des enjeux auxquels
nous sommes confrontés.
Agir, oui, car devant ce déluge de licenciements et ces fermetures d’usine, devant la
reprise, non de l’économie, mais de la spéculation et de la course aux profits, il faut
prendre des initiatives fortes. Il faut, comme nous vous le proposons, interdire les
licenciements là où rien ne les justifie, sinon le souci d’actionnaires impénitents
d’accroître leur fortune ; il faut interdire les licenciements là où l’on continue à distribuer
des dividendes aux actionnaires et où l’on touche des fonds publics, car l’emploi ne
peut pas être la variable d’ajustement ; il faut, enfin, interdire les licenciements pour
aller demain vers une sécurité de l’emploi et de la formation.
Il faut prendre en compte les origines de la crise, car comme vous ne pouvez l’ignorer,
cette crise est celle de l’écrasement de l’ensemble de notre économie pour et par la
finance. Elle est le produit d’un modèle de croissance qui repose sur la pression sur les
salaires, la surexploitation du travail, la domination des marchés financiers et des
donneurs d’ordres sur les entreprises.
Il faut donc, comme nous vous le proposons, assécher la finance en augmentant les
salaires, en rétribuant le travail comme il se doit, en reconnaissant diplômes et
qualifications, en libérant l’économie du surpoids des dividendes, afin d’améliorer la vie
quotidienne de nos concitoyens.
Il faut répondre aux enjeux auxquels nous sommes confrontés, car cette crise marque
aussi l’échec d’une économie fondée sur la course aux profits et la centralisation des
pouvoirs. Notre avenir sera fait de révolution verte, de développement des qualifications
justifiant plus que jamais la capacité des salariés à maîtriser les tenants et les
aboutissants de leur travail. Notre avenir sera fait de la production en France des biens
et services dont nous avons besoin pour vivre et échanger de par le monde.
Cette exigence du monde moderne, pas un actionnaire aux yeux rivés sur les cours de
la Bourse ne peut la comprendre. C’est la raison pour laquelle, plus que jamais, cette
proposition demande de reconnaître de nouveaux pouvoirs aux salariés et à
l’entreprise ; face aux menaces de plans sociaux, mais aussi, demain, dans la gestion
au jour le jour, face à l’autoritarisme des conseils d’administration, il est temps d’ouvrir
la page de la démocratie économique.
Je sais que cette proposition de loi heurte beaucoup de dogmes libéraux. Je sais qu’il
est toujours difficile, dans une crise de civilisation de l’ampleur de celle que nous
vivons, de faire un pas vers le renouveau, le moderne, les valeurs qui feront le monde
de demain.
Mais c’est à cet acte de courage, à ce vote d’avenir que je vous appelle, pour tous ces
salariés présents la semaine dernière à l’Assemblée nationale pour défendre leur
emploi, leur métier, leur entreprise ; pour tous ces jeunes, survivant aujourd’hui dans la
précarité ; mais aussi pour nous tous et toutes, qui savons que le monde de demain
sera fait d’une nouvelle croissance, de développement durable, du partage des
connaissances, des pouvoirs et du respect de l’individu et de son travail.
Oui, c’est bien pour le droit à l’emploi et pour l’avenir de notre pays que je vous appelle
à soutenir cette proposition de loi présentée par les députés communistes et du parti de
gauche. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et sur plusieurs bancs du
groupe SRC.)
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