b. La France
Le problème qui se pose en France est la natalité, avec un taux nettement inférieur à celui
des autres nations. Comme ailleurs, on remarque que ce sont les classes pauvres, touchées
par tous les maux (par ex : maladie, alcoolisme..) qui se reproduisent le plus. Ceci fait craindre
une dégénérescence de la société.
Face à cette menace, les eugénistes français vont mettre en place d'autres types de mesures
que leurs collègues étrangers car l'eugénisme français de l'époque a deux spécificités :
La 1ère est qu'il croit à l'influence du milieu sur l'hérédité (comme l'éducation, l'hygiène de
vie...).
La 2nde est que les médecins qui composent la Société Eugénique (créée en 1912) ont un
rôle important. En effet, ils collaborent activement avec toutes les associations luttant
contre l'alcoolisme, le tabagisme, la tuberculose, la syphilis...,ce qui permet d'aboutir à des
recommandations de mesures d'hygiène sociale et d'aide aux familles nombreuses.
Par la suite, en 1926, le certificat pré-nuptial est créé.
La politique française met donc l'accent sur la correction des imperfections - par des
campagnes menées en faveur de la natalité et de la santé publique– et rejette toute forme
d'eugénisme négatif.
C – l' Angleterre
Le problème qui se pose à ce pays est la dégénérescence nationale provoquée par la
révolution industrielle. Cette industrialisation requiert l'immigration d'une main d'oeuvre bon
marché mais indésirable et fait apparaître de nouveaux problèmes sociaux (criminalité,
prostitution) et médicaux (syphilis). De plus, à cette époque, des lois sont votées en faveur des
pauvres permettant d'améliorer les conditions de vie de la classe ouvrière via l'enseignement
par exemple. Enfin, des lois sociales interdisant aux enfants de travailler freinent la
reproduction des plus aptes.
Ainsi, un mathématicien, Karl Pearson, déplore que les progrès de la médecine et de
l'hygiène permettent à des individus médiocres de pouvoir se développer et se reproduire. En
s'appuyant sur des études statistiques, il remarque que ce ne sont plus les plus aptes qui se
reproduisent le plus faisant craindre, une fois encore, une dégénérescence nationale.
A la différence des français, Karl Pearson ne croit pas en l'utilité de l'environnement sur
l'individu car celui-ci entrave la sélection naturelle (il dit) « aucune formation, aucun
enseignement ne peut créer l'intelligence; il faut en faire l'élevage ». Il prône alors l'intervention
de l'Etat uniquement dans des mesures pouvant favoriser la natalité (comme des allocations
familiales ou des assurances sociales).
Pearson affirme que « chacun, une fois né, a le droit de vivre, mais ce droit de vivre
n'implique pas en lui-même le droit pour chacun de se reproduire », mais aucune mesure de
stérilisation eugénique n'est prise dans ce pays.
Certains eugénistes anglais proposent une loi pour l'enfermement obligatoire de ceux qui,
selon eux, représentent un grand danger pour l'Angleterre: les malades, les débiles mentaux,
les pauvres et les alcooliques. Cette loi est votée mais peu approuvée : chacun des eugénistes
anglais a une interprétation nuancée de l'eugénisme. C'est ainsi que les britanniques ne
proposèrent que des mesures positives (comme la favorisation de la reproduction des plus
aptes) et refusèrent les mesures négatives (empêcher la reproduction des plus faibles).
Le fait que l'homme doive prendre en main son destin en relayant la sélection naturelle,
nous montre que les anglais s'appuient sur le darwinisme social qui condamne toute
intervention contrecarrant la sélection naturelle.