Première ES
Partie 2 – Modifier le génotype pour contrôler le phénotype
Fiche #20 Dérives possibles de la decine prédictive
Document 12.1 – Le
diagnostic préim-
plantatoire
Des problèmes éthiques liés à de nouvelles techniques de diagnostic prénatal
Le diagnostic préimplantatoire (ouDPI) est réalisé surdes embryons de trois joursobtenus par condation in vitro ourecueillis
par lavage utérin. L'embryoncomprend alors6 à 10 cellules enferméesdans la zone pellucide. Une de ces cellules est aspie
par une micropipette de diamètreconvenable ;cela ne perturbepas le développementde l'embryonqui reste en culture et sera
implanté si le diagnostic réalisé sur la cellule prélevée est favorable. Il est possiblede recherchersur la biopsie cellulaire
le sexe (pourne réimplanterque des embryons femelles si lecouple risque de transmettre une anomalie récessive liée au
sexe) ;
la présence d'un gène autosomal récessif à l'état homozygote (mucoviscidose parexemple) ; d'éventuelles anomalies
chromosomiques, la détection se faisant deplus enplus grâce à des techniques d'hybridationavec dessondes spécifiques
de tel outel chromosome.
Document 12.2 -M.
Plachot, « Contra-
cept. Fert. Sex. »,
1994.
Dansle rapportremisauPremierMinistre parleComité Consultatif National d'Éthique (CMI) en novembre 1993, il est mentionné
concernant le DPI :
Il convient de remarquer qu'il est faux de prétendre que le DPI puisse être un substitut du diagnostic prénatal dontil n'offre
pas lesmêmes garanties scientifiques oumédicales. Si cette technique était indiquée dans certains cas exceptionnels, elle
devrait alors être réalisée dans des conditions précises et dans un seul centre nationalde référence choisi pour sa compé-
tence et faisant l‘objet d'un suivi. La mission souligne également qu'il estdonc indispensable d'organiser la pratique de cette
technique qui s'améliorera évidemmentdansl'avenir.Le diagnostic préimplantatoire souligne également la tendance actuelle
qui conduit à juger de plus en plus tôt la « qualité potentielle » d'un humain surson seul patrimoine génétique. »
Document 12.3 -
rard Courtois.
Le Monde, 20 mai
1994
« En dépit de ses craintes d'entrouvrir la porte à des pratiques d'eugénisme, le Sénat s'est rallié à la volonté de l'Assemblée
d'autoriser, à titre exceptionnel, les diagnostics préimplantatoires sur les embryons invitro.Cette technique,encore balbu-
tiante, estdestinée à identifier les embryons qui pourraient être atteints d'une maladie génétique particulièrement grave,
reconnue comme incurable, et d'éviter, par conquent, leur implantation.
Toutefois, ce geste de bonne volonà l'égard des députés estsérieusement tempéré par les conditions nouvelles introdui-
tes par le Sénat. Un amendement de Claude Huriet précise, en effet, que « lediagnosticnepeutêtreeffectuéquelorsqu’aété
préalablementetprécisémentidentife,chezunparentoulun des parents,l'anomalieou lesanomaliesresponsablesd'unetellemaladie
».Quant au diagnostic lui-même, « il nepeutavoird'autreobjetque de rechercherdes moyensdepréventionetdetraitement»,cequi
exclut, enprincipe, les risques qu'il y soit recouru par convenance personnelle. »
Document 12.4 -
Proposrecueillispar
Nathalie Levisalles. Scien-
ces et Avenir, n°513
(nov. 89)
Unentretienavec jean Dausset
Sc. et A. : Quels sont les dangers de la thérapie génique ?
J. D. —Il faut bien distinguer le traitementpar les gènes de lamodification desgènes.Le premier consisteà greffer un gène
dans une cellule nonreproductrice d'unmalade. Quantau second, je m'élève avec vigueur,tout au moins en l'étatactuel de nos
connaissances, contre toute modificationdes gènes d'une cellule reproductrice (spermatozoïde, ovule ouembryonde quelques
cellules),car alors la modificationserait héréditaire. Je précise « enl'état actuel de nos connaissances » parce qu'on n'a pas le
droitde fermerdéfinitivement la porteà une technique qui pourrait unjour être utile à l'humanité.
Document 12.5 -
Avis duComité
Consultatif National
dthique
pourlessciences de
lavie etde lasanté
(France).
Médecine/Sciences,
1993.
AVISSURL'APPLICATIONDESPROCÉDÉSDETHÉRAPIEGÉNIQUESOMATIQUE
La thérapiegéniquesomatique peutêtredéfiniecommel'utilisationdegènesentantque médicamentsdestinés àtraiterdesmaladieshéréditai-
resouacquisessansmodifierl'héréditédesmalades.
Le traitementpeutporter sur descellules prélevéeschez les malades,cultivées horsdel'organisme (exvivo)et dans lesquelles un gène donton
espèreuneffetthérapeutiqueaétéintroduit.Cescellulesainsi«génétiquementmodifes»sontensuiteretransplantéeschezlesmalades.C'està
ce typedethérapiegéniqueque leComitéConsultatifNationald'Éthiqueadonnéunavisfavorable,le13décembre1990,indiquantcependant
qu'il convenait « delimiterles possibilitésde thérapie génique aux seules cellules somatiques,et d'interdire formellement toute tentative demodification
délibéréedugénomedescellulesgerminalesettoutethérapiegéniquecomportantlerisque d'unetellemodification.Danscetesprit,ilconvientd'interdirele
transfertdegènespardes vecteurs virauxdans l'embryonhumain dufaitdes risques d'atteinte des cellulesgerminales.Dans ledomaine desmaladies
héréditaires,lesrecherchesdethérapieniquenedoiventêtreenvisagéesquepourdesmaladiesrésultantd'uneanomalieconcernantunseulgène(mala-
diesmonogéniques),etentraînantunepathologieparticulièrementgrave ».
Document 12.6 - C.
Vincent. Le Monde,
Dossiers et docu-
ments, n' 209, avril
1993.
Le « serpent »de l'eugénisme
En 1927, Carrie Buck était stérilisée contre sa volonté. « Troisgénérationsd'imbéciles,cela suffit » avait conclu le juge américain Oliver
Wendell Holmes, chargé de l'affaire. Quelques années plus tôt - Carrie avait dix-sept ans — était née sa fille illégitime. Celle-ci
avait été placée dans une institutionpour déficients mentaux, comme sa mère etcomme sa grand-mère. La première,CarrieBuck
tombait sous le coup de la loi édictée dans l'Etat de Virginie, qui prévoyait la stérilisation seule « thérapeutique génétique »
alorsaccessiblede toute personne socialement indésirable.
Dans lesannées qui suivirent, plus de la moitié des États d'Amérique votèrentdes loissimilaires,qui furentappliquées, estime-t-on
aujourd'hui, à environ 50 000 personnes. Le 14 juillet 1933, les nazis promulguaient la « loi surla prévention de la transmissiondes
maladieshéréditaires»,quipermettait la stérilisation forcée «danslescasdedébilitémentaleinnée,deschizophrénie,detroublesmentauxcycliques
(maniaco-dépressifs),d'épilepsie,dedansedeSaint-Guy,decécitéoudesurditéhéréditaires,dedéformationscorporellesgravesetd'alcoolismegrave».De
1933 à 1939, les decins et les juges des « tribunaux de san héréditaire » appliquèrent leur loi à près de 400 000 personnes,
avantd'être mobilisés pour la mise à mort de ceuxqu'on devait, avant la guerre, stériliser.
Particulièrement forte dans la première partie du siècle, l’emprise des théories eugénistes aboutissait ainsi aux atrocités et aux
pires perversions dugime hitlérien, la « purificationde la race ».
Undemi-siècle plus tard,la génétique a trouvé d'autres ressources. Si de nombreux obstacles freinent encore la thérapie génique
appliquée aux cellules germinales, la plupart des spécialistes s'accordent à penser que, tôt ou tard, à l'aube du XXI° siècle, les
connaissances seront réunies pour tenter la correction de tares héréditaires graves sur des cellules reproductrices ou embryon-
naires. Autrement dit, pour modifier l'esce humaine,et cette fois de façon irréversible.
Document 12.7 -
ProposduProfesseurMattéi
recueillisparJean-YvesNau
etFranckNouchi.LeMonde,
mardi12octobre1993.
« - Selonvous, qu'est-ce que l'eugénisme ?
Il y a, schématiquement, l'eugénisme passif et l'eugénisme actif. L'eugénisme passif, c'est supprimer tout ce qui n'est pas
conforme à des normes définies ; l'eugénisme actif, c'est favoriser ce qui va dans le sens de l'amélioration de l'esce. L'une et
l'autre de ces démarches sont éminemment condamnables lorsqu'elles sont appliquées au niveau collectif. Tout autre est la
démarche individuelle du couple qui a déjà eudeuxenfants atteints de mucoviscidose et qui souhaite avoir untroisième enfant.Il
ya des situations qui font appel à la fois à la responsabilité et à la compassion. »
Document 12.8 -
Interview de James
Watson (prix Nobel).
Courrier de I'UNESCO,
oct. 93.
«Existe-t-ildes raisonsde craindre l'usagequipourraitêtre fait dela génétique?
Bienr. Je pense qu'il nous faut encore élaborer des lois qui rendent les informations génétiques confidentielles.
Je n'aimerais pas que le premier venu ait le droit d'aller fourrer son nez dans mon ADN. Et personne ne devrait avoir à mon-
trer son ADN pour obtenir un emploi !
II faudra des lois pour protéger les gens dans le inonde du travail. Au même titre que pour les dossiers médicaux, qui ne de-
vraient pas être dans le domaine public. Mais cela devient difficile maintenant que l'on a commen à demander aux politi-
ciens de montrer le leur !… L'expérience seule nous enseignera quelle voie suivre. Je pense, quant à moi, qu'on ne doit révéler
ce genre de choses qu'encas d'absolue nécessité. »
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