Effets du statut nutritionnel sur la réceptivité au NPY dans le complexe
vagal dorsal chez le rat adulte.
Stéphanie MAHAUT, Yvan DUMONT*, Rémi QUIRION*, Emmanuel MOYSE.
Lab. Physiologie Neurovégétative, UMR 6153, Université Paul Cezanne, Marseille.
* Centre de Recherche de l’Hopital Douglas, Université McGill, Montréal, Canada.
Le complexe vagal dorsal (CVD) du bulbe rachidien constitue le centre réflexe de la satiété,
mécanisme rétro-inhibiteur à court-terme de l’ingestion. Le CVD exprime la plupart des
médiateurs chimiques et des récepteurs précédemment connus dans l’autre centre cérébral
majeur de la régulation de la prise alimentaire : l’hypothalamus. Parmi ces médiateurs, le
Neuropeptide Y (NPY) constitue le facteur orexigène le plus classique. Ses effets
physiologiques sont assurés par une famille de récepteurs comportant 6 sous-types (Y1 -> y6).
L’implication des récepteurs Y1, Y2 et Y5 dans le comportement alimentaire est bien établie,
Y1 et Y5 étant décrits comme des récepteurs orexigènes et Y2 comme récepteur anorexigène.
Le CVD est un site de forte expression de tous les récepteurs Y à l’état basal ; de plus, une
approche pharmacologique a révélé dans cette structure un sous-type additionnel de récepteur
dont le rôle est inconnu (Dumont et al, J.P.E.T. 2005). Nous avons recherché si les récepteurs
fonctionnels du CVD peuvent être modulés par le statut nutritionnel. Dans ce but, nous avons
quantifié par autoradiographie de radioligands sur coupes sériées de CVD, en présence ou en
absence d’inhibiteurs compétitifs non radioactifs, les divers récepteurs du NPY dans deux
modèles bien caractérisés d’adaptation de prise alimentaire chez le rat : le jeûne et l’anorexie
inflammatoire, par rapport à l’état basal.
Chez les rats témoins, nous avons actualisé la distribution subrégionale de tous les sous-types
de récepteurs du NPY. Par comparaison entre les groupes expérimentaux, nous avons mis en
évidence des variations de réceptivité au NPY qui dépendent des sous-types de récepteurs et
des régions du CVD. Le jeûne diminue la concentration des récepteurs Y1 dans le CVD sous-
postrémal et Y2 dans le CVD postérieur, mais augmente la réceptivité Y4 dans le CVD
antérieur. L’anorexie inflammatoire augmente la réceptivité Y1 et diminue la réceptivité Y4
dans le CVD antérieur mais ne modifie pas la réceptivité Y2 dans le CVD. Pour savoir si les
variations les plus nettes de réceptivité observées étaient dûes à la concentration ou à l’affinité
des récepteurs, nous avons analysé les récepteurs Y2 par une expérience de saturation du 125I-
PYY3-36. Par analyse de Scatchard, nous montrons que dans l’AP, un jeûne prolongé de 48h
fait augmenter fortement le Kd, et donc diminuer l’affinité des sites de liaison du 125I-PYY3-36.
Dans d’autres contextes et/ou régions du CVD, c’est le nombre de récepteurs qui est modulé.
Ces résultats montrent qu’au sein du CVD, des adaptations physiologiques de la prise
alimentaire passent en partie par la plasticité d’expression des récepteurs au NPY.