- durant la même période, l’augmentation du « coût de la santé » conduit les gestionnaires à
tenter de maîtriser les dépenses de santé, et à rationaliser les dépenses hospitalières (budget
global, évaluation des activités et des dépenses) et les actes médicaux.. Cette conjoncture
favorise également un mouvement de responsabilisation des individus en matière de santé
(réactivation de la lutte contre l’alcoolisme, campagnes anti-tabac, contre l’abus des
psychotropes, contre les toxicomanies…) .
- Enfin, ces années correspondent également à une dégradation de la situation socio-
économique. Les effets du chômage, les formes de déliaison sociale se traduisent par des
manifestations particulières de mal-être et de souffrance psychique. Une partie de cette
souffrance est portée sur le devant de la scène à travers la prise en charge de « populations à
risques », la lutte contre « l’exclusion sociale» (RMIstes, SDF, familles monoparentales,
jeunes en errance), ou du fait de symptômes particulièrement criants (suicides, toxicomanies,
alcoolisme, délinquance, violence...). Par ailleurs, la pression des exigences d’autonomie et de
responsabilité individuelle rend les individus plus vulnérables et les motifs de consultation
portent de plus en plus sur les difficultés personnelles ancrées dans le social.
C’est dans ce contexte qu’il convient de resituer et d’examiner la relance des
recommandations et orientations publiques en matière de santé mentale au cours des dix
dernières années.
Parmi celles-ci, il faut en particulier mentionner :
la loi du 27 juin 90 (hospitalisation libre, hospitalisation à la demande d’un tiers,
hospitalisation d’office, injonction thérapeutique) qui se substitue à la loi d’internement de
1838 ; la circulaire du 14 mars 1990 « relative aux orientations de la politique de santé
mentale ». Elle confirme le principe de la sectorisation psychiatrique, encourage la diversité
des dispositifs (sectoriels et intersectoriels) de soins, d’accueil et d’écoute des troubles
mentaux au plus près des milieux de vie, et met l’accent sur la double vocation d’une politique
de santé mentale : lutter contre les maladies mentales, et, d’une façon plus large, « promouvoir
la santé mentale au niveau de l’individu, de la famille et du groupe social, ou de la
communauté ». Une politique de santé mentale ainsi conçue suppose donc d’associer aux
professionnels de santé d’autres acteurs, et d’envisager des formes de partenariat avec les
collectivités territoriales et les associations.
la politique affirmée d’intégration de la psychiatrie publique dans le système général
de Santé (rapport Massé, 1992 : « Psychiatrie ouverte »). Selon l’esprit de ce rapport, les
établissements spécialisés (hôpitaux psychiatriques) seraient conduits, à terme, à disparaître, et
avec eux, les effets de segrégation et de stigmatisation attachés aux troubles mentaux. Le
secteur serait rattaché à des services de psychiatrie au sein des hôpitaux généraux ou des CHR,
ces services prenant en charge les états de crise et la symptomatologie aiguë, comme c’est le
cas pour les pathologies organiques ; parallèlement, les soins au long cours de malades
chroniques vieillissants, ou de patients dépendants de l’aide de tiers, seraient assurés par des
dispositifs médico-sociaux relevant de la gestion extra-hospitalière (maisons d’accueil, foyers).
Le schéma préconisé est celui d’un large éventail de structures alternatives d’accueil et de suivi
des personnes souffrant de troubles psychiques faisant appel aux ressources du « secteur »
psychiatrique, du secteur médico-social, des réseaux ville-hôpital et des associations inscrivant
leur action au sein de la cité.
Durant la même période, on note d’autres indices de changement dans l’appréhension
et la gestion des troubles mentaux et de la santé mentale :
- réduction progressive de la part de la psychiatrie dans le budget global des hôpitaux
généraux.
- rationalisation, évaluation des soins, mise en place d’un PMSI en psychiatrie ;