APPARTENANCE ET ETHNICITE SEMESTRE 4 IEP TOULOUSE Isabelle LACOUE-LABARTHE Introduction générale On va essayer de définir les identités collectives, le sentiment d’appartenance et la notion d’ethnie. L’identité est le caractère de ce qui est identique ou confondu ; une idendité psychologique qui la qualifie de constance de perception du moi ; l’ensemble des éléments permettant d’établir sans confusion possible qu’un individu est bien celui qu’il dit être ou qu’on perçoit être. L’identité collective n’est pas l’inverse de l’identité individuelle : la similitude absolue n’existe pas, l’identité interpersonnelle n’existe pas non plus. L’identité personnelle repose sur un sentiment d’identité. L’individu se perçoit le même dans le temps. On pourrait presque dire que l’identité est un rapport au temps : on se perçoit toujours le même. Dans un sens plus large, c’est un ensemble de sentiments, de représentations par lesquelles un individu se singularise. C’est ce qui me rend semblable à moi-même dans le temps mais en même temps différent des autres. C’est ce par quoi je me définis moi-même, et par quoi je suis défini par les autres. L’identité individuelle est ainsi indissociable de l’identité sociale : c’est par la différenciation que l’identité peut s’installer comme un système relativement unifié. Il y a effort d’intégration qui peut être défini comme une recherche d’intégration sociale, qui ne peut être absolue car il y a une recherche de différenciation sociale. L’identification est donc à la fois personnelle et sociale. Au niveau collectif, les membres d’un nous sont au mieux des semblables, mais il faut qu’il y ait un invariant qui permet la comparaison, un lien à l’intérieur du groupe. L’altérité dans la définition identitaire explique l’importance des conflits dans la définition de cette identité. L’identité est donc hétérogène, définition ambivalente. On peut parler d’une historicité de l’identité car il y a des rapports qui changent. C’est dans les crises, dans les rapports avec l’extérieur que cette identité se définie, par la prise de parole, de position, de rôle. L’esprit humain a tendance à classer par groupe : c’est dans ce classement que se construit l’identité. Pour distinguer des individus, il faut distinguer les autres pour ce qu’ils ne sont pas. Ce concept caractérise aussi bien des groupes sociaux que des groupes ethniques, et qui va être le témoin de l’esprit particulariste de l’organisation sociale. Le concept d’identité a été beaucoup utilisé en anthropologie, et en particulier dans les problématiques d’ethnicité. La notion d’identité va être davantage un outil dans la connaissance des groupes humains. C’est l’attachement affectif des individus qui va être vu comme une identité, un sentiment d’appartenance. Le sentiment d’appartenance au groupe est codée par un certain nombre de rituels, de passage, d’initiation, qui marquent l’appartenance à un certain groupe : de sexe, d’âge, de religion, rituels qui révèlent et définissent l’identité. Ces rituels relèvent de l’ordre du social. Ils sont en partie définis par une identité sociale, avec un élément central, le nom, qui participe à ce processus de construction de l’identité. Les individus font partie de la société par cette nomination. Selon Lévi-Strauss, le nom propre est un opérateur de classe, un élément provisoire avant la classification. Le nom a deux caractéristiques : la marque de l’identification, il « confirme par la définition d’une règle la place de l’individu dans une population donnée », avec l’étude des Senufos ; dans ce peuple, lorsqu’on a des jumeaux, ils ont toujours des noms spécifiques, de même que l’enfant qui suit. La place de l’enfant est déjà définie. L’individu apparaît dans un système social déjà organisé, le nom donnant une identité individuelle et un sentiment d’appartenance. Lévi-Strauss y voit aussi la liberté de l’individu qui nomme, qui exprime ainsi sa subjectivité. On a donc une centralité de ce nom dans l’appartenance identitaire. La définition de l’identité se fait largement par la production d’images de soi, des autres, qui vont donner naissance à des clichés, à des stéréotypes, ce qui fait qu’il y a une possible dérive du travail de l’imaginaire, qui peut conduire à des attitudes plus ou moins belliqueuses, par le dénigrement de l’identité d’autrui. Le sentiment d’appartenance se fait par plusieurs critères possibles : langue, religion, histoire, culture, sexe,… La langue est un élément important, car c’est grâce à la langue commune qu’un groupe préexiste. Une langue a tendance à s’imposer dans un système où il y en a plusieurs, dominant l’administration, l’éducation, les médias,… C’est le cas des EtatsUnis, où des groupes de pression militent pour la pratique de l’anglais : inscription dans la constitution, examen de langue pour l’obtention de la nationalité, fin des traduction et du bilinguisme à l’école, car il y a la peur d’une dilution de l’identité américaine. 27 Etats ont déjà adopté l’anglais comme langue officielle, d’autres essayant de maintenir le bilinguisme. L’objectif est de maintenir cette identité américaine : la langue est le moyen du maintient de la création permanente de cette identité. Seule la Suisse est le territoire à avoir plusieurs langues officielles. Se pose donc la question de l’enseignement de la langue, avec des coutumes, des normes. Anne Christine Taylor, dans son Dictionnaire d’ethnologie et d’anthropologie, souligne qu’on a un passage de la centralité de la nation à une centralité de l’ethnicité, qui devient une valeur positive. Il y a un clivage entre la centralité de la notion d’ethnie, et sa déconstruction permanente. Le livre de Dieckhoff expose une recrudescence de l’identité nationale, et que la mondialisation constitue un facteur positif dans la stratégie d’affirmation nationaliste. Dans les deux cas on retrouve une tendance essentialiste, organiciste, objective, où la nation et l’ethnie sont présentées comme existant en elles-mêmes ; une approche volontariste, situationniste, où la nation et l’ethnie n’existent que parce qu’un ensemble d’individus déclare en faire partie. Pour aborder la notion d’ethnie il faut tenir compte de toutes les utilisations du concept. La question relative à l’immigration pose des amalgames qui ne facilitent pas la réflexion, avec un discours ethnicisant. C’est une notion qui pose problème car elle a fait l’objet de définitions connotées. Cette difficulté est renforcée par les anthropologues qui la voient comme une notion trop floue. On peut à la fois dire que l’ethnie n’existe pas si on la définie comme un groupe pur, si certains groupes ont des éléments communs, il n’existe pas de groupes pur, identiques. Ce qui prévaut toujours, ce sont des unités sociales à la fois inégales et hétérogènes. Qu’elle se détermine elle-même, ou de l’extérieur, toutes les sociétés se définissent dans le même temps une unité identitaire et une altérité culturelle. Tous les individus qui se définissent d’une ethnie ont intériorisé cette appartenance. C’est le cas dans la colonisation africaine, où l’utilisation d’ethnies par les colons a été intériorisée. Il faut donc définir ce terme pour l’utiliser comme outil d’observation. A l’origine, le terme est un terme grec « ethnos » : les sociétés qui relevaient de la culture grecque mais dépourvues de la structuration en cité-Etat. C’est un groupement humain avec une structure familiale, économique, culturelle particulière, mais qui ne correspond pas à l’organisation d’Athènes, avec déjà une dimension péjorative. Cette dimension se perpétue avec l’Eglise : les païens par opposition aux chrétiens, utilisation rapide. En Français c’est le premier mot qui apparaît pour définir l’altérité, pour désigner le païen, l’idolâtre. L’utilisation du terme va surtout se faire au XIXe siècle, avec une généralisation : un peuple, une peuplade. Le terme s’applique toujours à celui qu’on ne reconnaît pas son semblable, et notamment pour désigner ceux auxquels on ne pourrait attribuer la qualité de nation ; on l’utilise pour désigner l’indigène colonisé. Ce sont des sociétés en retard. La notion prend aussi au XIXe une valeur raciale, avec Gobineau, qui utilise l’adjectif d’ethnique comme substitue de race, de nation, toujours utilisé pour présenter un processus de dégénérescence, idée de mélange des races. Vacher de la Pouge utilise aussi le terme d’ethnie en tant que race. Le lien avec la dimension raciale peut aussi prêter à confusion aux Etats-Unis, avec une certaine confusion entre ethnie et race ; elles se distingue par la couleur de peau, leur confession, leur pays d’origine. Il y a encore une dimension péjorative, qui induit une mise à distance : on ne parle pas de l’ethnie WASP, sauf dans certains groupes qui considèrent qu’il y a un racisme anti-blancs. En France, Jean-Marie Le Pen utilise la notion d’ethnie française pour procéder à une exclusion, substitue au terme de race. Parfois aussi, le terme va être utilisé pour désigner des communautés linguistiques au début du XXe siècle, en particulier chez Saussure : un groupe qui se rapproche par la langue. Face à ces différents usages, une réflexion philosophique va se porter sur cette définition, et on va avoir une réflexion et des essais de définition. Celle de Weber dit que les groupes ethniques sont des groupes humains qui croient avoir une ascendance commune car il portent une ressemblance, ou en raison de souvenirs partagés de la migration, de la colonisation. Ce qui est important alors est la notion de « croyance subjective ». L’appartenance ethnique ne constitue pas un groupe, elle en donne l’illusion d’un caractère commun, mais il parle d’appartenance à un groupe. Ces éléments communs font croire à une identité commune. Paul Mercier propose une même définition : un groupe fermé descendant d’un ancêtre commun, possédant une culture homogène, parlant une langue commune ; le concept d’appartenance ethnique exprime en grande partie une théorie élaborée par une population donnée. Ce qui va être aussi étudié, c’est dans une approche plus large du « paysage régional », et d’une manière historique. On admet donc que l’ethnie ne peut être étudiée que par rapport aux autres ethnies, et qu’il y a une historicité, et qu’on doit tenir compte de ceux qui se définissent comme ethnies, et entre ces groupes. Ce qui nous amène à une approche de relativisation absolue de Frederik Barth, dont les travaux sont considérés comme un tournant dans la manière de considérer l’ethnie. Pour Barth, les groupes ethniques sont des types d'organisation basés sur l'assignation et l'auto-attribution des individus: au lieu de considérer l'ethnie comme un groupe humain, il affirme que ce sont des groupes qui se créent, s'entretiennent par des mécanismes d'exclusion et d'incorporation, définissant des frontières, des limites. Dans son approche, il inclut des recherches psychologiques: l'enfant se construit à la fois sur son introjection de ce qui est bon, et sa projection de ce qui est mauvais. La vie psychique se construit en incluant ces éléments divers. L'ethnie ce construit de la même façon, uniquement par rapport à un extérieur. L'identité ethnique apparaît donc comme processuelle, car il y a toujours une évolution en fonction de l'extérieur; la culture n'est pas une caractéristique du groupe, mais un élément au contenu variable. Le groupe ethnique n'est pas une entité en soi, mais une organisation, et donc l'appartenance ethnique ne peut pas être ramené à un catalogue qui permettrait de ranger les individus dans une ethnie donnée. C'est l'auto-attribution qui est importante: on revient à l'idée que l'identité est avant tout un positionnement. On est complètement dans la déconstuction, avec toujours un minimum de contenu fixe. Ce qui caractérise l'ethnie, c'est un territoire, mais surtout la conscience que les acteurs sociaux ont d'appartenir à un même groupe. L'ethnie a toujours une dimension péjorative, proche de la notion de race, et a émergé d'une manière ethnocentriste en Europe, sorte d'Etat nation au rabais. La notion émerge très largement de la colonisation. L'ethnie est donc nécessairement en position d'infériorité par rapport à l'Etat nation. Ancell et M'Bokolo montrent que le substantif de tribu est utilisé face au terme de peuple. Ceux qui sont supposés différents, on les qualifie d'ethnie, alors qu'on appelle peuple les groupes plus proches. Ce terme est utilisé depuis l'antiquité grecque, et induit un rapport de domination. Ancell et M'Bokolo montrent que par la colonisation, on construit des groupes spécifiques pour mieux appréhender la population, et permet une classification. Au Rwanda, les Hutus et les Tutsis sont crééent par la colonisation: avant la colonisation, on a une société en harmonie, avec une spécialisations entre les deux catégories (gouvernance/rites). En 1894, la colonisation conduit à diviser la population pour assoir la colonisation en déterminant des interlocuteurs. Les colons vont inventer une dépendance noble aux Tutsis pour légitimer leur prégnance; dans le même temps on retire aux Hutus leur rôle rituel, et se développe une identité d'agriculteurs. On crée donc une différence sociale par la création d'une différence identitaire. Cette différence figure sur les papier attriués par les colons. Cette détermination se fait en fonction du nombre de têtes de bétail possédés. On a une sur-imposition d'un schéma de classification, fracture définitive, sans position intermédiaire. En 1959, il y a un revirement, avec les premiers massacres: on trouve les origines du conflit dans le processus d'ethnicisation. Il faut replacer en permanence l'étude des ethnies dans un contexte historique, montrer les représentations face à des groupes plus importants. Ce qui change aussi, c'est que depuis les années 60, l'objet d'étude des ethnologues a cessé d'être les sociétés exotiques éloignées, pour étudier des groupes plus proches, d'où une interrogation sur le terme d'ethnie. L'ethnicité désigne la manière dont les individus pensent les inégalités sociales et les différences en terme d'ethnie. Le groupe ethnique va étudier le contexte dans lequel vivent les groupes, ce qui participe à la déconstruction du groupe, qui n'est pas un groupe immuable. Le discours ethnique est vu comme une stratégie, on étudie l'usage qui est fait de l'appartenance ethnique, comment des identifications historiques ou culturelles sont utilisés pour obtenir des avantages. Le discours ethnique devient une stratégie qui va remplacer les discours de classe. Ce revirement participe à la déconstruction et à la réflexion sur cette notion d'ethnie. C'est une idéologie qui s'appuit sur la revendication d'une appartenance commune, qui induit des comportements. Il va donc il y avoir un rapprochement de plus en plus évident avec le sentiment d'appartenance nationale. Smith introduit la possibilité d'une continuité entre l'ethnie et la nation, une origine ethnique de la nation. L'ethnie est une méthode de catégorisation pour se définir soit même ainsi que les autres. Il peut y avoir création à tout moment d'ethnicité. Il y a une valeur performative de la notion d'ethnie. CHAPITRE 1: Histoire et analyse du sentiment national A Préhistoire du sentiment national, apparition de l'idée de nation: le rôle du Moyen-Age D'après Dieckhoff, le nationalisme est une configuration centrale de la modernité, un principe d'affirmation de la spécificité historique, sociale d'un peuple. D'autres vont plus loin, WievIorka affirme qu'il faut donner un contenu au national pour conjurer le mouvement de mondialisation à outrance. Selon les deux auteurs, la notion de nation a un avenir. Pour d'autre, le discours tenu est celui d'une disparition du sentiment national, notamment avec Hobsbawn: on entre dans une phase qui sonne le glas de l'Etat nation et donc du sentiment national. De même Bertrand Badie va dans le sens d'une délégitimation du sentiment national: les nations sont en crise car les espaces ne correspondent plus à une logique de territorialisation et à l'universalisme du phénomène national. De nouvelles formes sont apparues mais à des échelles différentes. 1 Le réseau d'appartenances médiévales Le mot nation a un sens précis en rapport avec l'éthimologie latine nacere, le verbe naître, groupe d'Hommes défini par une origine commune. Les migrations du haut moyen-âge vont errer longtemps avant de se fixer dans la partie occidentale de l'Empire romain. Ces mouvement vont donner un métissage des populations. L'origine commune va rester comme une croyance, mais ce qui l'emporte progressivement, c'est le lien entre les membres du groupe, et l'existence sur un même territoire. Ce n'est plus un lien de sang, mais de sol. Ce qui l'emporte en premier, c'est le fait d'être chrétien, puis à la ville de ses pères (patria), et les habitants de la patria son soumis à la coutume du pays, et se définissent négativement par rapport aux hommes étranges. La patria communis au moyen-âge, c'est la chrétienté, notion plus large. La nation va désigner un groupement par pays ou par ville d'origine de marchands étrangers qui résident dans les places de commerce. Cela désigne aussi le groupement de maîtres et d'étudiants d'une même faculté suivant leur pays d'origine: française, normande, picarde et anglaise. On parle de nation non plus pour désigner un groupe mixte, mais pour souligner l'origine en partie étrangère du groupe. Progressivement, dans l'espace restreint qui existe, une nouvelle appartenance va s'imposer, l'appartenance nationale, entre la patria et la patria communis. Jusqu'à la guerre de cent ans, on peut dire que la nation est en formation. Les peuples barbares instituent en Europe des royaumes, institutions avec une ammorce de centralisation. Autour de 800, on a la constitution de l'empire carolingien, fondé sur une certaine unification. Après la mort de son fils Louis le pieux, on va avoir l'amorce de la création des nations. En 840, le partage de Verdun entre les héritiers permet de distinguer trois entités qui correspondent déjà à peu près à la France, l'Allemagne et l'Italie. Ce qui change surtout, c'est la création d'un ennemi propre à chaque division: l'ennemi commun à la chrétienté persiste, mais il apparaît des ennemis intérieurs. On a une individualisation des langues: le latin évolue pour fonder des langues romanes, avec une spécialisation territoriale. A partir du XIIe siècle, c'est langue vont devenir des langues écrites, dans des espaces de plus en plus déterminés, et participent à une certaine autonomisation des espaces. En France, une partie du territoire est soumise au droit romain écrit, qui s'oppose aux pays de coutume (oc/oïl). Il y a donc une apparition précoce de l'idée de nation, avec des éléments de changements de vocabulaire qui soulignent progressivement l'émergence d'une notion qui a des intérêts communs. Au début du XIVe siècle, Guillaume de Nogaret, légiste, justifie sa lutte contre le pape, par un devoir de défendre son roi, ainsi que sa « patrie du royaume de France ». On a donc l'émergence d'une patrie identifiée au roi, qui devient plus forte que la patria communis. Le changement se fait par le haut. C'est un attachement encore surtout à la terre. L'affirmation du pouvoir royal: il existe une religion royale, même si en fait la monarchie reste féodale. Un roi va incarner ce renouveau du pouvoir central, Saint-Louis: il affirme son pouvoir sur les féodaux, et surtout opère un transfert affectif de l'attachement à la terre à l'attachement à sa personne. Les prières pour le roi se généralisent, et ce rôle sera renforcé par sa canonisation. Après son règne, un certain nombre de textes font apparaître des termes proches du sentiment national, avec le terme « rénicoles », naturels, en oppositions aux étrangers. C'est l'Etat qui crée la nation au fur et à mesure qu'il se structure. Au cours de la guerre de cent ans (1337-1453), apparaît des éléments de définition: la nation française se définit en opposition à la nation anglaise. Les rénicoles ont le sentiment de faire partie d'un groupe précis. L'expérience du combat et l'aggrandissement territorial joue un rôle important, de même que Jeanne d'Arc qui se bat pour la reconquête du sentiment national. C'est le début des symboles comme facteurs de cohésion sociale. On fustige les ennemis de la nation: on se méfie et on fait taire tout élément de discidence nationale. Par exemple on fustige les ennemis du royaume de France, comme les Bourguignons, qu'on accuse de pactiser avec les Anglais. On accepte désormais de mourir au combat pour la défense de la nation: la mort pour la patrie devient un sacrifice généralement accepté, avec une dimension politique prédominante. Ce phénomène est précoce en France et reste longtemps limité à l'Europe occidentale. Pour certains historiens, le moyen-âge permet l'émergence d'un sentiment national, mais pour la plupart d'entre eux, ce sentiment apparaît au XVIIIe siècle, en particulier avec la Révolution de 1789. En 1694, l'Académie française donne une définition de la nation. 2 Le développement du sentiment l'organisation de la nation depuis l'époque moderne national et La création de l'Eglise anglicanne par Henry VIII rompt le lien avec la papauté en 1533. On a la constitution d'une Eglise nationale qui va renforcer le sentiment d'appartenance. En France, d'autres éléments vont entrer en jeu: une lutte contre les féodaux au profit du roi, avec l'établissement d'un lien direct, renforcé par la réunion des états généraux. Autres éléments: la langue nationale renforcée sous le règne de François Ier (ordonnance de VillersCotterêts, qui impose le français comme langue administrative), même si la population parle des langues régionales, et qu'il n'y a pas d'unification du droit. La langue va cependant se diffuser lentement à travers les élites. A partir de là va se construire une ammorce de sentiment national. Les princes apparaissent soumis. Le rôle de l'Etat va changer, l'Etat devenant indissociable de la nation, incarnée par le roi. La nation est toute entière dans la personne du roi. La cérémonie du sacre établit un lien du monarque avec Dieu, mais peut aussi être perçu comme un mariage entre la monarchie et son peuple. Le roi est sensé incarner la nation. L'unité physique du roi a une très forte valeur symbolique: l'unité sociale est de ce fait sensée être instituée. Cette fusion va évoluer assez rapidemment. A la fin du règne de Louis XIV, on voit une évolution se dessiner. A la fin de son règne, il finit par reconnaître une existence de la nation en-dehors de la personne du roi. Il y a des signes avant-coureurs de cette évolution tout au long du XVIIIe siècle, avec notamment une volonté de participation de la bourgeoisie à la vie de la nation, en revenant sur l'organisation de l'unité nationale. Elle va ainsi être le noyau d'un sentiment national: elle va faire évoluer la définition de la nation. On la retrouve chez l'abbé Sieyès, « un corps d'associés vivant sous une loi commune et représentée par le même législateur ». C'est donc l'ensemble de ceux qui sont soumis à une même loi, la nation étant la somme des volontés individuelle, dissociable de la volonté du roi. Le roi va être contesté dans son rôle de représentation de la nation, bien qu'il la réaffirme à la fin du siècle, signe de sa déliquescence. A la veille de la révolution, la rupture de ce lien s'affirme avec la création d'un parti des patriotes qui conteste l'autorité du roi, prônant une meilleure représentation du tiers-état. Lorsque celui-ci se proclame Assemblée nationale en juin 1789, le roi n'est plus le seul à incarner la nation. Cette évolution va être confirmée par la DDHC de 1789 et dans la constitution de 1791: la souveraineté revient à la nation et non au roi. Ce n'est qu'un représentant secondaire, ce que l'on voit bien dans le serment civique de la constitution de 1791. On est dans une laïcisation de la nation qui peut dès lors s'autonomiser du roi. La nation est la raison immédiate du pouvoir politique: au-dessus de l'Homme il y a la collectivité humaine assemblée politiquement. Va se mettre en place un véritable culte national, début du passage du religieux à la sphère privée. Avec le développement de ce culte va mener à une idéologie qui pousser à l'éclosion du nationalisme. Napoléon est considéré comme le père des nations, car il prolonge l'oeuvre de la Révolution, avec une organisation centralisée de l'administration française, en établissant les préfets, maires, tous nommés par le gouvernement, et qui reçoivent le pouvoir d'administrer, et surtout d'effacer les particularismes provinciaux. On met en place des arrondissements (grandes régions). Napoléon explique que les préfets ont l'autorité et les ressources locales qui leur permet de devenir des « empereurs aux petits pieds ». Il y a donc une volonté d'unifié le territoire qui est indéniable. Certains considèrent que Napoléon a plus encore servi l'Europe des nations, en suscitant le sentiment national dans les pays conquis. En fait ce qui va compter, c'est la revendication des pays traversés face à l'autorité de Napoléon, avec l'introduction du code civil, et des règles françaises. Déferle donc une vague patriotique en Allemagne en 1806, avec des pamphlets anti-français très violents (discours de Fichte sur la nation allemande). Il est question de refuser la fusion avec l'étrangers. On voit comment l'émergence de la nation se réalise dans un contexte particulier. Ce qui va permettre ce sentiment, c'est la reprise de ce discours par d'autres intellectuels, avec l'idée d'un corps unique face à l'ennemi. Les mesures prises par Napoléon vont faciliter cette évolution en réduisant le nombre d'Etats allemands (360 à 39). Ces campagnes hostiles vont aussi émerger ailleurs, en particulier en Italie, avec un refus des décisions de l'étrangers; avec les révoltes du 3 mai 1808 en Espagne. Le grand empire a disparu, et les sentiments nationaux ont continué d'exister, et des révolutions vont se faire en 1830 au cris de « vive Napoléon », du fait de son rôle dans l'autonomisation nationale. Cette idée de nation va dépasser le cadre européen, et aux Etats- Unis, ce concept va jouer beaucoup dans la lutte contre la puissance nationale, et la nation apparaît comme un modèle d'émancipation au XIXe siècle. Les nations se généralisent, de même que les revendications nationales. C'est le triomphe de l'idée nationale. Les intellectuels ont la conviction que l'Etat-nation est l'avenir de l'Europe, dans la coïncidence entre l'Etat et le peuple uni. D'où la constitution de différents Etats (Grèce, Italie, Allemagne, ...). 3 Le XIXe siècle ou le triomphe de l'idée nationale La formation de nouveaux Etats-nations. L'unité italienne est perçue comme inachevé, sentiment qui va être à la base de l'irrédentisme, avec la revendication des terres irrédentes. On va voir des mouvements dans ces territoires qui vont se développer pour réclamer le rattachement. Les Etats-nations ne regroupent pas seulement ceux qui sont considérés comme nationaux, mais aussi d'autres peuples. Il y a à la fois la volonté de regrouper les nationaux, et des volontés qui dépassent cette nécessité d'unité. L'éveil des nationalités. C'est la volonté d'existence d'un groupe de personnes en tant que nation, unis par une communauté de territoire, de langue et de valeurs. Cette conception est à la croisée de deux conception de la nation. Ce principe est un héritage de la Révolution, et si la souveraineté réside dans la nation et que la volonté générale trouve sa traduction dans la loi, cette volonté générale est compétente pour exercer cette souveraineté. Tout au long du XIXe siècle, des intellectuels vont développer cette conception. L'Etat-nation est tenu pour un modèle: les empires nationaux apparaissent de plus en plus comme condamnés, en dépit des pactes impériaux (Sainte-alliance). Un des exemples les plus révélateurs est la révolte au sein de l'empire austro-hongrois: en 1867, l'empire est divisé en deux parties pour éviter que les mouvements ne prennent de l'ampleur. On va voir le nord dominé par les Autrichiens, le sud dominé par les Hongrois, et dans les deux cas des rébelions. La maggyarisation des peuples du sud est mal perçue, et on va avoir des mouvements de contestation. On a une exacerbation du mouvement des nationalités. La Première Guerre mondiale va permettre une implosion de l'empire. Dans les Balkans, on a un recul de l'empire ottoman: il ne va pas pouvoir empêcher ses provinces chrétiennes d'accéder à l'indépendance: Grèce, Serbie, Monténégro, ... Il y a un certain nombre de concessions qui sont faites, mais les différents groupes nationaux ne regroupent pas l'ensemble de leur nationaux, ce qui va faire des Balkans une véritable poudrière. En 1875-1876, on a une révole des Bosniaques appuyés par les Russes contre les Ottomans, qui conduit au congrès de Berlin après la victoire russe, qui accorde l'indépendance à la Serbie, au Monténégro, à la Bulgarie, à la Roumanie et à la Bosnie-Herzégovine qui passe sous domination de l'Autriche-Hongrie. Mécontentement et jeu diplomatique européen: émergent des entités nationales qui suscitent des problèmes, d'où une zone explosive. Les guerres aboutissent à des partages, à la création de l'Albanie. Il y a un phénomène d'imprégnation par le modèle de l'Etat-nation. Les nationalités de l'empire russe s'estiment victimes d'une russification et d'une diffusion forcée de la religion orthodoxe. En réponse à cette politique, on a des révoltes, comme en Pologne en 1863, et régulièrement on va avoir des mouvements de protestation de la politique du Tsar. En 1905 est lancé en Pologne un appel contre la politique linguistique russe et l'exclusion du polonais, discrimination dans la langue mais aussi dans l'accès à l'administration, puis contre la haine pénétrant par tous les bords le milieu social. C'est la religion catholique qui va être entravée. La politique de répression stimule en réalité la revandication nationaliste. Le nationalisme. C'est une forme de chauvinisme, mais aussi l'ensemble des revendications d'un peuple assujetti qui aspire à l'indépendance, mais encore la profession de foi d'un mouvement qui affirme la priorité des intérêts nationaux dans l'organisation politique. Au XVIIIe siècle, c'est plus une remise en cause de l'ordre monarchique. Au XIXe, le nationalisme va être plus lié à une lutte contre les idées anti-démocratiques, avec quatre thèmes: la souveraineté, l'unité (lutte contre les particularismes), la mise en avant du passé historique, la prétention à l'universalité (qui découle de l'eneignement de l'histoire). A partir de la fin du XIXe siècle, dans un contexte de risque, va se développer un nationalisme diffu, souvent militariste, et plus souvent encore xénophobe, et une grande partie de la population peut être touchée par ce mouvement. En France, avec la perte de l'AlsaceLorraine se développe un culte de la nation, exaltation de l'unité de la France, et donc une volonté de combattre tout ce qui y porte atteinte, et en particulier l'Allemagne. Se développe aussi un culte de l'armée, exaltation des valeurs guerrières, de la défense de la nation, avec une hostilité face au ennemis considérés comme héréditaires. Une dimension raciale viens s'y greffer (Vacher de la Pouge). C'est nationalisme peuvent se diffuser car ils en trouvent les moyens, en particulier par la presse, avec l'Action française, le Libre Parole d'Edouard Drumont, ... On retrouve ce même mouvement dans les autres pays: pan-germanisme, panslavisme, futurisme,... En Russie, la Ligue du Peuple russe encourage le respect de l'autorité, et une xénophobie aggressive. On retrouve ce mouvement aussi dans les petits Etats balkaniques (Main noire). C'est le cas aussi en Angleterre, où la grandeur de l'empire et de la race anglaise est exaltée notamment par Kipling, qui présente le colonialisme comme une vertu. En France, c'est Charles Peggy et Maurice Barrès (Les Déracinés) qui vont faire l'éloge de la nation. Ce nationalisme se renforce avec l'affaire Dreyfus, qui se teinte d'antisémithisme pour Barrès, fondateur de la Ligue de la patrie française, dans le but de défendre une certaine identité menacée par les étrangers et en particuliers les juifs. Dans la musique, c'est Claude de Bussy qui va manifester son attachement à la nation: il va le montrer en signant par Claude de France. De même en Allemagne chez Wagner. Même si on a cette imprégnation chez les artistes, les nationalistes constituent des mouvements qui sont minoritaires, qui se diffuse par les élites. 4 Les attributs de la nation Dans L'Invention d'une nation (1993), Dieckhoff montre que la nation s'invente à partir de différents outils, qui pré-existent, ou qui vont être inventés pour l'occasion. Il se fait par un stock d'images, « communauté imaginaire », qui va être le point de départ de plusieurs réflexions. La nation se constitue à partir du moment où s'affaiblissent voire disparaîssent des liens communautaires réels. Elle se fait par entropie sociale pour Gellner, lors du passage à la société industrielle, qui introduit l'exigence de rationalité, qui est le secret de l'esprit moderne. Les grandes caractéristiques de cet esprit moderne, c'est la recherche de cohérence et de continuité, notamment au service de l'efficacité. Cette modernité suppose une homogénéité de l'espace, alors qu'auparavant subsistaient des sous-mondes juxtaposés. La nation va être la caractéristique de ces homogénéités, car elle va réunir des individus qui sont séparés de leur communauté d'appartenance, et c'est cette coupure qui va être le moyen d'homogénéisation. Le projet d'union nationale pré-existe à la nation, comme conscience d'appartenir à un groupe, qui va permettre la naissance de la nation. La langue est le véhicule de cette homogénéisation. L'idée de langue nationale est récente: il n'y a avait pas de langue commune avant la création de la nation, elle vient alors que la notion de nation est déjà élaborée. En France, à la veille de la Révolution, le Français est loin d'être la langue de toute la population, alors même que c'est la langue de l'administration, de l'élite sociale. C'est un plurilinguisme qui existe dans toute la France, mais aussi dans les Etats voisins, qui correspond à des situations différentes. On va avoir une codification de la langue savante, qui va permettre d'imposer une même langue à l'ensemble de la population. En Europe de l'Est, on va voir les partisans d'un nationalisme juif de diaspora (nationalisme culturel), qui vont se montrer favorable au yeddish rénové; le nationalisme sionniste va préférer la modernisation de l'hébreux, pour rompre avec la diaspora. La langue va donc servir le projet politique. La langue va devenir par sa diffusion un instrument politique. On va avoir une codification qui va être réalisé, avec la rédaction d'un dictionnaire, et un principe de création de néologisme: c'est Eliezer Ben Yehouda qui va effectuer ce travail. Cette langue se généralise, devient la langue officielle, elle passe du service de dieu au service de la nation. En Irlande, le gaëlique renaît, avec en 1893 la fondation de la Ligue gaëlique, avec pour but de préserver l'usage de la langue, les traditions, avec la création d'école nationalistes. Après l'indépendance, le gaëlique devient obligatoire dans les écoles, mais il ne s'imprègne pas. Il a tout de même constitué un instrument de différenciation, permettant une mobilisation, une auto-identification du groupe. Dieckhoff ajoute que « le fonctionnement idéologique de la langue est symptomatique d'un fonctionnement du nationalisme, qui prétenduement engagé au nom d'attachements primordiaux largemenent mythifiés, constitue en réalité un mécanisme d'accession à la réalité ». Pour Gellner, toutes les langues modernes sont artificielles, instruments politiques. Aux Etats-Unis, Webster va réaliser des dictionnaires afin de fixer l'usage de l'anglais. La langue va être au centre du discours sur la nation, avec une généralisation de la langue par les élites. La langue devient une incarnation de la nation. Pour Herder, la langue est le symbole du génie d'un peuple, et le rôle des intellectuels va être de rassembler tous les champs populaires, pour constituer un noyau qu'il va falloir valoriser, pour ensuite diffuser la langue par le biais de l'enseignement. Le drapeau est aussi un symbole fort. La naissance des drapeaux pourrait être datée de la société féodale. Avant 1789, en France, l'usage du drapeau se fait dans l'armée et dans la marine, mais rarement comme emblème de la nation. Il ne s'impose que lors du consulat et de l'Empire, avec une codification des couleurs très précise. Dans le cas du drapeau sénégalais, le choix des trois couleurs montre une influence française, et l'unité des trois partis au service de la nation. Autres codifications, l'image de la trinité chrétienne, le vert de l'Islam, le jaune pour la priorité accordée aux questions économiques au moment de l'indépendance, mais aussi des question culturelle (couleur de la robe des professeurs de lettre), le rouge couleur du sacrifice, du courage, de la vaillance militaire, symbole de la lutte pour le développement. L'Etoile représente la perfection, la lumière, et les valeurs spirituelles, verte pour souligner l'espoir que soulève l'indépendance. Le drapeau porte les valeurs de la nation. On ancre la nation dans le passé, source de légitimité nationale. On retrouve cet ancrage dans le choix du drapeau israëlien: l'étoile de David sur fond blanc, les rayures bleues qui rapellent le châle de prière, le drapeau est un signe de ralliement, et dans ce sens on comprend les usages codifiés du drapeau: interdiction de les brûler, en France, on doit le plier en laissant le bleu apparent (symbole de la victoire de la République sur la royauté). Autre symbole, les hymnes. Comme pour les drapeaux, les hymnes nationaux vont émerger avec les Etats-nations. Le premier est l'hymne anglais au début du XIXe siècle. On peut avoir selon le régime un appel au sens de la patrie, plus ou moins offensif, avec la Marseillaise établi en 1879, de même qu'en Pologne ou en Irlande, appel à la polulation en arme pour la défense de la nation. C'est un élément d'intégration à la nation, élément de culte national, unifiant la nation, et la transmettant, qui donne immédiatemment la nation à voir. Par le nationalisme, il y a la généralisation d'une certaine haute-culture, qui veut avoir valeur universelle. Hroch distingue différentes phases dans la construction de la nation: une phase de découverte de la culture nationale par les lettrés, qui vont la réunir; une période d'agitation patriotique; la phase d'émergence d'un mouvement de masse. Il met en avant le rôle des élites dans la transmission du patrimoine national, et il reprend par ailleurs l'expression de Renan, et ajoute que c'est aussi une mobilisation affective, qui produit unification et identification. Cette mobilisation va s'effectuer autour de revendication unificatrices, afin de produire un nous auto-fondé: on passe à la nation quand on crie vive la France plutôt que vive le roi. La création de représentations sélectives communes est important dans le sentiment national. Le respect de la loi est le résultat assuré par l'apprentissage du politique, et les caractéristiques de la nation ne suffisent pas pour fonder un processus d'intégration, si le projet politique n'est pas renouvellé par des institutions communes. D'où le relais nécessaire des institutions. L'action de l'Etat ne va avoir pour but que d'établir le fonctionnement politique, et la légitimité qui fonde le respect des citoyens. Les élections vont traduire l'égalité des citoyens, l'appartenance de chacun à la communauté nationale. Ce qui va permettre la nationalisation des masses, c'est l'école, avec la diffusion de la langue, l'école ayant pour fonction d'instituer la nation, d'où l'appelation d'instituteurs. Les cours d'histoire mais aussi de morale se développent, avec le livre Le Tour de France par deux enfants, exaltation du territoire national. L'Etat maîtrise les programmes. En Israël, les religieux peuvent garder leur enseignement, mais l'Etat détermine les grandes orientations des programmes, et les méthodes: loi de 1953 qui énonce des principes sur lesquels l'éducation doit se faire, l'amour de la patrie,... Cette loi révèle le soucis de maîtriser l'éducation de l'Etat. On renforce le sentiment d'appartenance, permettant une mobilisation de la population pour la défense de la nation. En Grande-Bretagne, dès 1840, on va avoir des lois qui introduisent les exigences du gouvernement dans les programmes scolaires. En Allemagne, c'est le Kulturkampf, lutte de l'Etat contre l'influence catholique, qui va progressivement pousser à établir l'autorité de l'Etat dans l'éducation. La laïcisation se développe car vu comme seule garante de l'unité nationale. C'est dans le même sens que s'institue la laïcité en France. A la place, l'école va développer une sorte de religion nationale, qui va se développer dans les représentations, avec la personnification de la nation. Depuis les années 1880, il semble y avoir une modification dans l'approche de l'histoire nationale: l'école à un rôle d'unification au profit de la défense de la partie. On présente la République comme triomphante. Dans les années 1880, l'unité nationale se fait par les thèmes abordés, avec notamment une présentation de la colonisation comme une des oeuvres maîtresses de la IIIe République, mais soulevant quelques problèmes d'injustices, d'inégalité des droits, mais la colonisation n'est pas remise en question, et la mission civilisatrice reste vue comme valorisante. Les critiques vont être portées sur des disfonctionnements, et non pas sur un système. Cet européo-centrisme commence à être mis à distance, avec l'utilisation de précautions dans le discours. Ces questions viennent sur le devant de la scène: désormais on a plus d'acceptation du discours officiel, avec une critique d'un point de vue historiographique. C'est une rupture d'avec l'historiographie traditionnelle: certains pans de l'histoire viennent au premier plan, mais on a des étapes de consensus spécifiques On a aussi la création de romans, d'épopées, qui vont avoir pour fonction de construire l'identité de la nation. En Finlande en 1884, on ressort le Kalevala, ensemble de vieux textes populaires authentiques: il s'agit d'un immense poème composé à partir de champs populaires de Finlande par un poète, Elias Lönnrot. Cette publication va avoir un impact énorme: il va passionner les érudits, avec un engouement, car il répond à une demande depuis 1807 (traité de Tilsit, la Finlande passant sous domination russe), développant une culture nationale, avec le développement du finlandais, tentative de marginalisation de l'influence suèdoise. D'autres textes vont prolonger ce phénomène, du fait de l'activité de recherche et de traduction qui va être menée, devenant l'élément le plus prestigieux de la nation: sa publication (le 28 février) devient jour de fête nationale en Finlande. L'Estonie va faire la même chose, avec le Kalevipoeg, première oeuvre littéraire en estonien. On a aussi une valorisation de la nation par les saints, par les héros. Cette héroisation se fait par les hommes mais aussi par les femmes, en particulier dans le cadre de lutte pour l'indépendance. Dans l'Espagne franquiste, la guerre civile va fournir un certain nombre d'héroïnes dans les deux camps: Dolores Ibarruri, la « passionaria », qui dirige l'association des femmes contre le fascisme, mais aussi des combattantes, qui deviennent les héroïnes du camps républicain. Avec la victoire de Franco, d'autres figures vont apparaître: Pilar Primo de Rivera (soeur du dictateur de 1923 à 1930) et Mercedes Sanz Bachiller, organisatrice de la phalange féminine. Ces héroïnes font elles-même référence à d'autres figures: Sainte Thérèse d'Avilla, ou encore Isabelle de Castille. Les femmes sont les gardiennes des valeurs de la nation: maternité éducation, religion, ... Elles défendent ces valeurs de la nation. Ce sont des modèles nationaux sur la manière d'être une femme. De même en Grèce, les femmes participent activement à la lutte pour l'indépendance, dont certaine sont héroisées: Lascarina Bouboulina, armatrice, ou encore Mado Mavroyenous la « belle héroïne de Mycône ». Après l'indépendance, il n'y a pourtant pas d'initiative émancipatrice. Cette héroisation participe de la valorisation d'une nation. L'ensemble des représentations collectives ont toujours participé à la formation d'une « communauté imaginée »: selon Anderson et Balibar, seules les communautés imaginaires sont réelles. A travers les mythes vont se diffuser une norme dans la société, des éléments d'identité collective, parce qu'ils diffusent une notion du passé commun de la nation, parcequ'ils créent du consensus, effacent les dissidences, le staut quo. Cet entretient constitue l'un des facteurs principaux de la cohésion nationale (Marcel Mauss: « la nation, ce sont les citoyens animés d'un consensus »). Ce consensus permet de résoudre les conflits par la discussion, le compromis, la référence à une valeur général, un investissement effectif. Il s'agit de participation affective, déterminée par le mythe, qui devient le principal instrument de la cohésion du groupe. André Green définit ce qu'il appelle les objets collectifs transitionnels, champ intermédiaire d'expérience, qui va permettre la structuration psychique que les individus ont en commun. Green explique que les mythes seraient des productions de l'inconscient, dont il exprimerait les conflits, en formulant des interdits, ce qui ne doit pas être mais qui existe à l'état de fantasme. Le mythe agit comme norme sociale, en définissant le champ de l'interdit, mais aussi comme symbole et donc comme système compensatoire, permettant d'évacuer fantasmes et interdits, mais aussi de les évacuer en leur donnant un lieu pour les exécuter, par la représentation imaginaire. Par leur biais, les membres d'une communauté peuvent prendre conscience de ce qu'il ne faut pas, où s'exprime ce qu'ils voudraient faire mais ne peuvent faire. Ce réalise les fantasmes interdits, et se définissent des normes par ces figures, et la définition d'exemples. Ceci permet de comprendre le caractère normatif des mythes nationaux, donnant l'exemple. Ces mythes vont donner une vision collective entrainante, exemplarité qui ont souvent pour fonction de moraliser l'histoire. C'est une sorte d'instrument pédagogique, une lecture sélective, qui détermine ce qui doit rester du passé dans le vécu des groupes, c'est-à-dire dans la mémoire collective. Cette définition renvoi à l'analyse de Roland Barthes. On ne peut pas opposer mythe et réalité, car le mythe fait partie de l'histoire, est une vision du passé. Ces mythes sont spécifiques à chaque nation: ils ne sont pas figés, ils vont suivre l'histoire nationale, certains vont disparaître, remplacés par d'autres. Ils vont même précéder l'histoire dans la mémoire collective. En faisant une comparaison entre les mythes américiains et israëliens, on peut constater certaines similitudes, qui ramènent à une période de la jeunesse de l'Etat qui est vue comme un âge d'or, qu'on ancre dans un passé plus lointain. Le mythe confère un passé plus long qu'il ne l'est réellement, et permet l'assurance d'une cohérence nationale. Quand une collectivité va se trouvé agressée par l'extérieur, un dispositif est mis en place pour renforcer cette cohérence nationale, ce qui n'est pas nécessaire en période normale. C'est ainsi que les pioniers sont vus comme des héros. Frederick Jackson Turner affirme que la guerre du VietNam va impliquer une rupture dans le modèle américain, et l'image de l'ouest va être remise en question lorsque les nouveaux historiens vont remettre en cause cette image, et parler d'une oppression des minorités dominées. Ce renouveau historiographique va interroger les mythes, faire apparaître les Etats-Unis comme une mosaïque de communautés, la nation n'est plus un modèle universel, mais elle en vient à être considérée comme une communauté de difficultés. Cette évolution est très visible dans le cinéma, avec les westerns, à la gloire des colons, sans présentation des massacres perpétrés. Dans les années 70, après le guerre du Viet-Nam, on a une évolution certaine, avec des films qui prennent le contre-pied: récit du massacre de Sand Creek. Ces nouveaux historiens vont être critiqués par des politiques, et dans la presse populaire, et dans une exposition à Washington sur l'ouest américain, les critiques se déchaînes. Ces réactions d'hostilité sont suscités par un attachement profond à ces mythes, ce qui induit qu'ils soient remplacés par de nouvelles représentations, et c'est une peur du vide qui produit des blocages vis-à-vis de cette remise en cause des représentations collectives. En Europe, au début du XXe siècle, la colonisation entretient aussi ces représentations collectives. Lors de la perte de cet empire, il est impossible de parler de guerre d'Algérie (terme accepté en 1999). Marc Ferro souligne qu'un certain nombre de dérapages sous la colonisation étaient connus, mais il était implicitement impossible d'en parler: dans certains textes, on parlait de certaines exactions connues et publiques, mais les dénoncer était présenté comme remettre en cause l'oeuvre de la France. Ce blocage a été particulièrement long, et fait toujours débat. Ils contribuaient à l'image de grandeur nationale. La nation n'est donc pas un tout donné, même si des mythes peuvent en véhiculer l'idée: elle est construite par des représentations, les éléments objectifs ne suffisent pas, ce qui est portant ce n'est pas ce qui existe en soit, mais la croyance en une même origine, une même histoire, ce n'est pas parce qu'un peuple a des caractéristiques communes qu'il constitue une nation, c'est parce qu'il constitue une nation qu'il a des caractéristiques communes. C'est en ce sens qu'actuellement on parle de nation minée de l'intérieur ou de l'extérieur. CHAPITRE 2: Questions d'actualité sur la nation, le nationalisme et l'ethnicité I Vers une remise en cause de l'Etat-nation et de l'idée nationale? On avance souvent le rôle des conflits mondiaux dans cette remise en cause, rôle de la Première Guerre mondiale, après laquelle les nations doutent, puisque la guerre est imputée au développement des nationalismes. Elle est perçue comme une remise en cause de l'attachement national, avec l'idée de limiter l'expression du sentiment national, et de limiter la porter des nations dans leurs relations. Or l'appellation de nation est toujours présente, notamment avec la SDN, qui fait toujours référence au cadre national. On désignait par nation des peuples, différents des Etats. La stratégie était de contrôler cet attachement en donnant un cadre supérieur aux nations. La notion de race-nation est disqualifiée par la Seconde Guerre mondiale: les régimes totalitaires tombent, et l'Allemagne doit renoncer au nationalisme, ce qui va entraîner la constitution précoce d'un courant néo-nazi, le NPD, qui émerge dans les années 60, et connaît une résurgence depuis la réunification. Dans la processus de la guerre froide, avec l'émergence de deux grandes puissances, le monde se divise en deux blocs antagonistes, et donc les nations ne constituent plus que des unités de ces blocs, renforcé par la mondialisation, la création d'organisations internationales, ce qui représente un changement d'échelle au détriment de l'Etat-nation. L'intégration européenne, avec l'OECE, puis l'OCDE, induit un rapprochement des Etats-Unis; puis entre européens, la CECA implique la volonté d'aller au-delà des nations, et même de créer une nation européenne. Ce processus d'occultation des nations se poursuit avec la mondialisation. La mondialisation induit l'interdépendance internationale, une certaine homogénéïsation culturelle, qui semble effacer les spécificités nationales. Emergent de nouvelles revendications, notamment avec la Ligue du Nord en Italie, mouvement populiste, favorable à la création d'une fédération italienne, défendant les meilleurs, ceux du nord, contre le fardeau du sud, avec une rupture de la solidarité nationale. On veut le développement d'Etats-régions, qui peut faire éclater le territoire natonal. On a aussi l'émergence de séparatismes, avec le FLNC en 1976. On a un processus de nationalisme régionaliste qui émerge en Afrique, qui vont participer à ce changement d'échelle. C'est le cas du Biafra, partie du Nigeria, qui prend le nom de République du Biafra, se déclarant indépendante, reconnue par certains pays africains: c'est une région minière riche, qui tente de se distinguer de la population musulmane, alors qu'eux sont animistes. Une guerre se déclenche, très dure: le conflit va jouer un rôle important puisque c'est à cette occasion que va se créer MSF, qui va avec d'autres ONG, dont la Croix Rouge, intervenir dans la région. Le même type de séparatisme se réalise au Congo. Cela montre qu'il n'y avait pas cette homogénéité qui permettait l'émergence d'une identité homogène. On se rend compte que la nation reste cependant une entité relativement présente. II Une réalité encore très présente A Les nationalismes de libération L'Etat-nation semble encore largement étaloné le politique: dans le cadre des nationalisme, on cherche à faire émerger un Etat par l'affirmation d'un esprit national, alors que la nation ne va émerger qu'après coup. C'est le cas lors de la décolonisation: on a une dénonciation de la nation impérialisme, que l'on va rencontrer en Europe, dans les colonies, qui fait apparaître les colonies comme injustifiées. La colonisation, la lutte armée au côté des métropoles, va faire murir l'idée d'une identité nationale. La nation, les idées 1789, vont se retourner contre la nations colonisatrices. Le refus du nationalisme dans les métropoles alimente ce refus dans les colonies. Ces pays se sentent en décalage par rapport à l'Europe, qui doit être comblé par la création d'une nation. C'est le cas de la Côte d'Ivoire, avec Félix Houphouët-Boigny, personne imprégnée des valeurs françaises, député français, puis ministre, fondateur du Rassemblement démocratique africain; élu sept fois Président de la République, et la dernière il a eu un adversaire, Laurent Gbagbo. Il s'emploie à créer une nation ivoirienne, alors que coexistent des tribus différentes, parmi lesquelles les Baoulés, les Sénoufos, Malinkés, Agnis,... Il essaye de réaliser une unité, faire de la religion chrétienne une religion officielle, fait de Yamoussoukro la capitale (son village natal). En réalité, c'est une idéologie qui est une façade pour son pouvoir personnel: il incarnerait le pouvoir national. Cette idéologie est reprise après sa mort, et avec le coup d'Etat Gbagbo en 2000: il affronte une rébellion, puisque le nord se rebelle et affronte les forces gouvernementales aidées de mercenaires: les soldats du nord se rebellent parce qu'ils sont exclus de l'armée pour défaut d'ivoirité, on les accuse de ne pas être assez ivoirien. En effet le nord est plus multiculturel du fait de sa richesse qui attire différentes populations. Gbagbo veut mettre en place cette notion d'ivoirité, notamment avec la mise en place d'un code électoral, qui impose pour l'éligibilité une ascendance ivoirienne, met en place des boucs-émissaires, ce qui entraîne cette rebellion du nord, véritable guerre civile à partir de 2002-2003, l'arrivée de casques bleus: les accords de Marcousis ne résouent rien, et les heurts reprennent. Très récemment un nouvel accord de paix est signé, le but étant de réconcillier la population, pour sortir d'une approche qui a entraîné une sorte de xénophobie, une méfiance identitaire, alors qu'on est face à une population très diverse, multiculturelle. Dans la décolonisation, on a l'émergence de modèles caricaturaux de nation. En Asie, le modèle n'est pas le même, puisque le modèle étatique existait avant la colonisation, avec un maillage administratif préalable chez les Khmers, qui ne nécessite pas une sur-imposition du modèle national européen. La conjugaison de la volonté d'émancipation, de l'assimilation du modèle européen, le dessin de frontières par les colonisateurs conduisent à une volonté nationaliste. On reprend ces cadres rigides, mais sans adaptation au contexte local. B Des identités nationales encore bien affirmées De Gaulle reproche à la IVe République de s'être trop attaché au bloc américain, ce qui va entraîner une politique d'indépendance. Cette politique se traduit dans le développement de la dissuasion nucléaire, dans le sport (en particulier dans les matchs de football entre l'Allemagne et la France). Les commentaires sportifs se chargent de caractèrent identitaires, avec l'exacerbation des symboles, et des caricatures sur les nations. Dans les empires multinationaux, on va voir un attachement longtemps refoulé à la nation, en particulier dans l'ex-URSS: avec l'éclatement du bloc ressurgissent des sentiments nationaux, des discours qui justifient la nation. C Le cas de l'URSS, des origines au démantellement Staline s'est beaucoup intéressé aux questions nationales, et a écrit dessus. Il va s'en charger une fois au pouvoir. Cette question apparaît comme majeure dès la prise de pouvoir, puisque l'un des premier décrets concerne cette question: on déclare la souveraîneté et l'égalité des anciennes provinces russes: ils peuvent s'émanciper. Plusieurs peuples proclament leur indépendance: les Polonais, les Géorgiens, les Azéris,... Il existe un risque de désagrégation totale du pouvoir, et Staline rappelle les limites de cette autonomie, et va restreindre dès 1921 l'autonomie des nations rattachées à la Russie, car il ne doit pas s'agir de l'autonomie de « nations bourgeoises »: pendant la guerre civile, les territoires déclarés indépendants sont reconquis. Lénine conçoit une union libre de nations, à l'inverse de Staline. Il y a une reconnaissance de l'identité nationale des individus. Staline doit se plier, notamment à l'occasion de la constitution de 1922. C'est Lénine qui l'emporte, avec le choix d'une nationalité à l'âge de 16 ans, mais à sa mort, Staline impose le contrôle du pouvoir russe sur la périphérie. Les républiques délèguent des fonctions essentielles au centre russe: représentation internationale, défense, commerce extérieur, budget, monnaie,... Moscou procède à un certain nombre de remaniements territoriaux, avec de nouvelles républiques fédérées, comme l'Ouzbékstan, ou le Turkmenistan, et en intègrant certaines au pouvoir russe. Les peuples ont le droit de disposer d'eux-même, mais à condition que le prolétariat contrôle ce droit, qui est représenté par le PC: c'est donc lui qui contrôle ce droit. Staline impose une culture soviétique, en réalité russe, aux cultures nationales, dont la spécificité doit être dépassée: on assiste à une russification à haute dose de l'union, qui sera dénoncée par Krouchtchev en 1956. Dès 1956, en Azerbaïdjan, le Soviet suprême proclame l'Azéris langue officielle unique. La seule chose qui soit possible au début est l'émancipation par la langue, qui est au premier plan des revendications de l'époque. Mais les Russes gardent le pouvoir, et on assiste à une amorce limitée d'indépendance. En 1977, les 14 républiques fédérées nonrusses disposent de 480 députés sur 750 dans le Soviet suprême. En 1978, Hélène Carrère d'Encausse annonce l'éclatement de l'URSS du fait de l'importance de ces revendications identitaires, qui menacent l'unité de l'URSS. On a 4 types de revendications qui émergent: Les revendications politiques: en Géorgie, dans les pays baltes, en Arménie, des manifestations se multiplient, pour acquérir l'indépendance, et recréer des Etats souverains. Les revendications liées à des problèmes socio-économiques, entre le centre russe et la périphérie dominée et sous-développée. Les revendications des groupes apatrides, en particuliers des Tatars de Crimée, déportés par Staline, puis réabilités très tard, accusés de collaboration avec l'Allemagne, de même pour les Tchétchènes, et autres peuples; on déporte aussi les nationalistes, notamment en Ukraine, qui s'oppose à la soviétisation forcée; des abus ont été reconnus, et les retours se sont multipliés, mais n'ont pas été facilités, et ont conduit à des affrontement, et c'est à partir de 1972 que ces peuples ont le droit individuellement de choisir leur lieu de résidence, 1979 pour les Tatars de Crimée. L'émergence de tensions ethniques marquées, où s'articulent les notions de nation et d'ethnie: en Asie centrale, on a le problème du mélange des ethnies sur un même territoire, phénomène renforcé par les migrations forcées; les républiques connaissent une forte diversité au sein de leur population, en particulier en Asie centrale, ce qui va conduire au démantellement de l'URSS; certains conflits subsistent. Dans le Caucase, on définit des nationalités par des langues et des droits: le Daghestan connaît une dizaine de langues officielles, ce qui permet de limiter les regroupements contre le pouvoir soviétiques. Certaines nationalités ont existé comme Etat comme la Géorgie et l'Arménie. D'autres ne disposaient que d'un dialecte comme l'Abkhazie. Cette reconnaissance ponctuelle a conduit à la formation d'un profond sentiment national, et à la création d'une élite nouvelle qui va véhiculer ce sentiment, ce qui va nourrir ce sentiment et fera exploser l'URSS. La Géorgie est peuplée d'une majorité d'Orthodoxes, et d'une minorité de musulmans. En 1989, on a une manifestation de jeunes qui portent au pouvoir un anti-communiste qui installe un régime autoritaire. Une dictature va être installée, mais le territoire est en proie à l'expression de minorités: abkhaze, ossète. En ce qui concerne les Ossètes, c'est une population transfrontalière entre Russie et Géorgie: en 1992, la minorité abkhaze tente l'indépendance du fait de la domination de la Géorgie sur le territoire; après un an de conflit, grâce au soutient des Russes, ils gagnent, chassent tous les Géorgiens d'Abkhazie, avec un phénomène de réfugiés, qui vont être hébergés dans des centres d'accueil. Aucun règlement du conflit n'a été adopté. La violence de ces conflist est une obsession qui hante les peuples de revendiquer un passé prestigieux, qui doit expliquer l'éviction des minorités: c'est une rigidification des identités, avec une véritable politique de purification ethnique, qui va réduire la puissance abkhaze qui résulte d'une unification, encouragée par la Russie qui y a investi pour préserver sa domination, avec une idée de purification de la nation, et une exclusion de tout ce qui est différent. On voit se récréer un désir d'unification nationale, mais sur des éléments ethniques, identité exclusive, absence d'une conception civique de la nation. Seconde étude de cas, celle du Haut-Karabakh, région rattachée à la République d'Azerbaïdjan en 1923, peuplée très majoritairement d'Arméniens, et à partir de 1988, le territoire réclame son rattachement à l'Arménie. C'est la justification religieuse qui est mise en avant: ils sont chrétiens, mais stigmatisés par les musulmans. D'où un conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Les Arméniens du Haut-Karabakh proclament donc une république indépendante. En 1987, son président est nommé premier ministre de l'Arménie, et on a une relation très étroite entre les deux pays, reliés par un espèce de couloir, et on reste depuis dans une situation de statut quo. Des négociations sont menées entre les deux pays, mais la question n'est pas réglée. L'élément mis en avant est la religion, qui justifie cette opposition, mais il y a aussi le recours à la notion d'ethnie, pour faire apparaître des groupes homogènes. La nation se fonde sur une homogénéité ethnique. En réalité la population est extrêment diverse dans ces espaces. L'idéal de l'Etat-nation paraît donc difficile à apporter. D'où le besoin de déterminer un caractère dominant. Dans le même sens, on a la tchétchénie, où des nationalismes s'opposent avec plus ou moins de violences, et on assiste à une radicalisation des positions, et le nationalisme russe se renforce en diffusant une image caricaturale des Tchétchènes, avec une forme de déshumanisation, qui n'a cessé de se renforcer, et cette transformation va en fait légitimer un discours d'élimination. Cette hostilité a été encouragée par Poutine, parce qu'il y voit un moyen de souder la population russe. La population tchétchène est elle-même fractionnée et en proie à de graves problèmes, et cette opposition au pouvoir russe a pris la forme d'un islamisme radical, extérieur au territoire, mais qui va légitimer le combat. C'est un appel à des éléments identitaires au service d'un nationalisme actif. Dans cette région la seule situation qui laisse un peu d'espoir, c'est celle du Kazakstan: république fédérée depuis 1936, avec la mise en cause du pouvoir de la Russie en 1991, et la prise de l'indépendance, dont la constitution fait une république laïque. Il y a la volonté de laisser ouverte cette république, pour intégrer la diversité religieuse: le russe reste la langue de communication pour ne pas laisser s'installer un fractionnement linguistique, ce qui permet de ne pas construire une identité exclusive autour d'une seule langue, une seule religion. On privilégie un consensus pluri-ethnique. C'est ainsi la seule zone calme de cet espace, car on a pas ce cloisonement identitaire, le pouvoir appartenant à un Etat et non-pas à une nation. La fin de l'URSS a donc entraîné la revendication de créations d'Etat-nations. Le phénomène est moins brutal qu'il ne semble l'être, car il y a déjà eu une évolution sous Brejnev: les institutions locales ont commencé à avoir un poids plus important, ouverture cependant insuffisante, entrainant un mouvement de revendication à partir des élites. Dans le même temps il y a eu un recentrage de la Russie sur l'héritage non-soviétique, avec le retour à la religion orthodoxe; ce nationalisme russe va être repoussé localement, et être pris comme modèle, entrainant une ethnicisation des groupes en présence, ce qui rend les affrontements beaucoup plus durs. Ces affrontements font apparaître deux choses: la persistance de la vivacité du modèle national, et l'émergence et la violence des revendications ethniques, et en même temps une prise de conscience des Etats dans lesquels s'effectuent ces revendications. III Questions d'actualité sur la nation, le nationalisme et l'ethnicité A Vers une remise en cause de l'Etat-nation et de l'idée nationale Le débat sur l'identité nationale est remis sur la table par les revendications nationalistes en France, en particulier avec la Nouvelle-Calédonie et la Corse. Depuis 1988 se pose la question de l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, dont le statut particulier rend possible une autre vision du problème. Les problèmes sont plus marqués dans le cas de l'Espagne, du Canada, de l'Italie, où le nationalisme de nature s'est sociologiquement et politiquement ancré. Il s'agit de régionalisme qui se développe dans des Etats de droit, en avance sur le plan technologique et économique, mais qui ne profite pas assez de l'Etat providence. La notion de communauté nationale est au final mis à mal, au départ pour des questions économiques, en particulier pour la Ligue du Nord en Italie, un des ensembles économiques les plus puissants de l'UE. Cette prise de position s'appuit ensuite sur le passé, et au parlement essaye de faire voter une loi pour étendre les prérogatives des régions. En Belgique, les Flamands demandent une régionalisation fiscale pour ne pas avoir de transfert vers la Walonie, solidarité de classe dans une région homogène qui nourrit un mouvement identitaire. Dans ces régions, on a un parlement, un gouvernement, des partis à vocation régionale. Ces régions disposent d'institutions économiques, et des strutures sociales, un réseau associatif, qui font de ces régions des sortes de communautés pré-étatiques. Face à ces différents mouvements, les réactions des anciens Etats-nations, ont été la décentralisation ou la régionalisation. Le choix de la décentralisation s'est fait très tôt en particulier en Italie, avec la constitution de régions, institutions régionales, qui ont joué rapidemment un rôle marquant dans la politique du pays. Elles élaborent leur propre statut sous le contrôle du parlement national et de la cour constitutionnelle, avec des compétences très larges. Au Royaume-Uni, le politique adoptée a été celle de l'émancipation régionale, avec la création d'assemblées régionales, pour moderniser l'Etat, améliorer son fonctionnement, et désamorcer le nationalisme. Cette évolution a été admise dans ces cas. En France une certaine évolution s'est dessinée, à un degré moindre. L'Espagne a fait le choix de la fédéralisation: la constitution de 1978 affirme que l'Etat s'organise en communes, provinces, communautés autonomes, qui vont s'organiser, avec la notion d'identité et d'héritage historique qui va reconnaître un caractère autonome, qui va se traduire par un statut d'autonomie, et par des compétences très étendues de ces communautés. Ces compétences vont petit à petit s'élargir. La seule condition est de respecter les prérogatives exclusives de l'Etat: égalité de droits et de devoir des citoyens, défense, justice, affaires étrangères. Ces communautés sont dotées d'une assemblée législative et d'un gouvernement, un président, dotées de fonctions administratives. On a donc une véritable autonomie de ces régions. La langue officielle est le castillan, mais d'autres langues régionales sont reconnues, et la Galice, la Catalogne est le Pays-basque ont des prérogatives plus importantes. Au mois de février 2007, l'Andalousie a obtenu des compétences élargies, qui vont surement être adoptées pour d'autre régions: le texte reconnaît une nationalité historique. Pour la Catalogne, on va plus loin, puisque le terme de nation a été adoptée. On voit ainsi un écart entre la Catalogne et les autres régions, et on s'attend à ce que cela nourrisse la revendication d'autres nations. La reconnaissance de l'attachement identitaire renforce cet attachement. On se demande alors si on peut encore parler d'une nation espagnole. En Belgique, l'appellation de fédération est adoptée. Les revendications régionales sont fondées sur des critères précis. La bourgeoisie qui parle français dommine l'Etat: c'est la langue de l'élite, et qui va voter au suffrage censitaire. La Walonie domine la Flandre dans le développement industriel jusqu'aux années 50, et on assiste à une francisation de la fonction publique. Le clivage linguistique recouvre le clivage sociologique depuis l'indépendance. Va donc émerger un sentiment de frustration dans la population flamande, avec la création d'un mouvement identitaire à la fin du XIXe siècle, contestation des relations de domination imposées par la bourgeoisie de langue française. Ce mouvement veut arrêter le francisation de la société flamande par deux moyens: développer et renforcer son impact sur plusieurs députés, action assez efficace puisqu'elle va permettre l'autorisation de l'utilisation du néerlandais dans l'espace public flamand, qui devient seconde langue officielle en 1898; une néerlandisation de l'enseignement en Flandre pour édifier de nouvelles élites sociales face aux élites francophones. On a donc en 1988 la formation de trois régions, avec des compétences de plus en plus élargies entre les deux communautés: Bruxelles, Flandre et Walonie. A ces trois régions correspondent trois communautés qui sont des communautés de langue, qui font de la Belgique un Etat fédéral. On a un niveau fédéral avec un parlement, et au niveau des communautés un parlement, un gouvernement, et des compétences en matières culturelles, pour l'enseignement et une partie de l'action sociale. Troisième niveau, le niveau régional. En Flandre, la communauté et la région ont fusionné. On peut parler d'une gestion de la pluriculturalité, mais qui entraîne une modification de l'organisation du territoire. C'est donc un modèle qui va être contesté par certain. Dans le cas espagnole, l'évolution peut être dangereuse, dans celui de la Belgique, il peut amener trop de complexité. En France, il y a deux outils de la construction nationales, apparaissant comme ne jouant plus ce rôle: l'armée et l'école. Ce qui va être mis en avant, c'est de redonner plus de rôle à l'école, et un retour au service militaire, avec la volonté de faire disparaître les préférences individuelles, en particulier au-delà des religions. Cette approche induit des obstacles. D'autres veulent donner un contenu complémentaire à cette construction, que l'on retrouve dans des mouvements nationalistes de type FN, qui réclame un retour à des éléments organiques de la nation, avec comme idéal la fin de la diversité sociale. Dans ces deux approches, il n'y a pas de prise en considération des mouvements identitaires, ce qui fait qu'il y a un risque de heurt à la réalité. On l'a vu, d'autres vont mettre en avant la prise en considération de ces mouvements, avec la notion de gestion de la pluralité, de la différence, avec une réflexion sur le multiculturalisme, pour qui c'est l'Etat qui doit faire coexister des minorité plurielles. Comment appréhender la différence ou les débuts de la réflexion sur le multiculturalisme: le différencialisme signifierait accepter par delà les différences individuelles, de reconnaître l'autre comme un égal à soit même, un être de même nature, et cela suppose d'accepter l'irréductibilité de certains universaux. Ces la question qui se posait à l'époque des grandes découvertes, notamment avec la controverse de Valladolid en 15501551, qui oppose deux théologiens: pour Sepulveda, la guerre coloniale est juste car les autochtones sont des barbares, et c'est une mission que de diffuser la religion chrétienne; pour Las Casas, il y a un désir de comprendre le indiens, et demande la fin de l'esclavage en échange de l'enseignement de l'évangile. Cette controverse trouve sa clé dans les deux approches de l'autre: pour Las Casas, les indiens sont communs aux européens, alors que pour Sepulveda, ce sont des animaux. Ces deux attitudes vont distinguer les différencialistes, ceux qui vont partager l'approche de Sepulveda mettant en avant l'impossibilité de coexister entre différents groupes en raison de différences de nature, et les universaliste, qui font apparaître que les différences sont liées au contexte, et mettent en avant l'universalité de la condition humaine, qui fait que les hommes peuvent vivre ensemble, les attachements historiques relevant du domaine privé, et celui de la citoyenneté relevant de l'égalité. On peut définir des éléments communs qui vont être aux fondements de la nation. Le melting pot est un idéal qui est apparu à la fin du XIXe siècle à partir d'un texte anglais paru en 1908 de Israel Zangwill, traduit sous le nom de creusé. Hector Saint-John de Crevecoeur, avait déjà au XVIIIe définit la « race américaine » comme un mélange de plusieurs peuples: on peut faire de l'un à partir de la multiplicité. D'où la devise des EtatsUnis, Et pluribus unum. Le melting pot est une négation de l'hérédité biologique: les différences peuvent être dépassées pour créer une unité, à partir du moment où ce ne sont pas des différences de culture. C'est autour de cette notion de melting pot que s'est créé ce rêve américain. Au moment même où il est défini il rencontre des difficultés, du fait de certaines mesures du gouvernement, en particulier les quotas d'immigrants en fonction de l'origine des immigrants: les caractères ethniques sont considérés comme indélébiles car on a une différenciation des immigrants. Ce fait remet donc en cause le concept de melting pot. De même cette contradiction continue avec la ségrégation raciale, avec les noirs, et encore aujourd'hui les indiens. Ce qui va à l'appuit de ces approches, c'est la persistance des ghettos. La Première Guerre mondiale est le révélateur de cette contradiction, avec des immigrants qui sont repartis se battre avec leur pays d'origine, notamment les immigrés allemands. La thématique du melting pot est donc remis en cause, en particulier par un texte de 1963 de Nathan Glazer et Daniel Moynihan (Beyond the melting pot), qui affirme que le melting pot n'existe pas. Se développe alors une réflexion sur la notion d'assimilation, avec une conception de la pluralité. La sociologie de l'Etat inter-ethnique se met en place autour de l'école de Chicago, groupe s'intéressant notamment aux groupes ethniques dans la ville, avec William Thomas et Robert Ezra Park. Pour les étudier, il faut d'abord connaître leur situation d'origine, d'où des études sur les peuples d'origines (notamment les paysans polonais). Avant la migration, le migrant vis dans une société de règles et de coutumes. Lors de la migration, on a une désorganisation, et la formation de nouvelles règles en fonction de leur nouvel environnement, imprégnation du mode de vie américain. La troisième étape est une assimilation, mais sans rejet des origines. C'est une vision relativement optimiste au départ. Ils vont par la suite montrer que des phénomènes se constituent, notamment celui de castes. Dans les années 20-30, l'idée qui est centrale, c'est celle qui consiste à penser que l'assimilation n'est pas handicapée par le respect des origines. Dans les années 50, les sociologues commencent à penser à une dissolution progressive des cultures d'origines. Les conclusions de l'école de Chicago sont remises en cause, présentant la société américaine comme complètement ouverte, sans tenir compte de la stratification sociales. L'accent va alors être mis sur l'appartenance sociale à l'intérieur de ces groupes. On n'étudie plus les relations interethniques, mais les groupes sociaux. On supperpose les deux analyses, stratification sociale, et hiérarchie des statuts des groupes ethniques et raciaux. Les trois catégories ethniques sont les WASPS, classe supérieure et moyenne, et les noirs, qui restent en bas de la hiérarchie sociale. Ce qui apparaît, ce sont de véritables castes, des différences entre les groupes, et une méfiance vis-à-vis de l'assimilationisme, qui n'est vu que comme un moyen du maintient de la hiérarchie sociale. On voit apparaître un discours qui se prononce pour un plus grand respect de la diversité culturelle, d'où émerge la question de l'affirmative action. Va émerger un discours de ce type. En 1915, Horace Kallen s'oppose au melting pot, de même en 1924, où il prononce un discours pour le multiculuralisme. Dans un ouvrage de Royot et Whitfield, émerge l'idée que la représentativité des groupes ethniques doit être affirmée pour respecter la diversité culturelle. On a l'idée que ces différences sont en réalité irréductibles. On a tendance à ne plus voir les aspects communs. La mise en place de la politique d'affirmative action, inscrite en 1964 dans la loi sur les droits civiques est le résultat de cette volonté de mettre en valeur le multiculuralisme. Cette politique est perçue comme mauvaise par certain: ce serait un moyen d'assoir la domination WASPS, la politique visant à égaliser par l'assimilation les différentes communauté, elle ne met pas en valeur la diversité culturelle, mais tend à l'uniformité, avec la domination du système WASP, mesure d'hégémonisme, avec l'apparition d'un néologisme, « Amerikkk », qui fait référence au Ku Klux Klan, manière de critiquer l'ethnocentrisme américain, en particulier du sud. On remplace le concept de melting pot par celui de salad bowl, qui tient plus compte de la réalité. Pour certains, cette politique menée va conduire à la reconnaissance d'une diversité linguistique, qui va finalement menacer l'identité américaine. On voit apparaître des groupes contre l'espagnol, pour l'universalisation de la langue anglaise aux Etats-Unis: l'affirmative action est un obstacle au melting pot. Dans le prolongement, on va avoir la critique selon laquelle l'affirmative action est un obstacle à la suprématie blanche: on voit apparaître des études sur l'intelligence en fonction des races, les noirs n'ayant pas la capacité physique pour utiliser la langue anglaise, en prenant l'aspect de la scientificité. Lors du procès O.J.Simpson, avec l'aquitement suite au meurtre de sa femme et de son amant, une enquête est menée: la majorité des blancs est convaincue de sa culpabilité, la majorité des noirs est convaincue de son innocence. La presse se sert de ses études: la femme blanche a trahi sa race et devait être punie (de plus son amant était juif). On ne peut vivre ensemble sans que cela mène à la violence: l'affirmative action ne peut donc que mener à la violence. Autre argument contre l'affirmative action, c'est d'y voir un phénomène de ghettoïsation. On risque de renforcer les discours raciste par un renforcement du discours simpliste. Ceux qui veulent lutter contre ce risque craignent le monopole des noirs, notamment des études afro-américaines. Pour d'autres, le problème est celui de la limitation qu'impose la politique de quotas: on doit expliquer la place des noirs américains pas seulement par des théories faisant appel à la race. Ce qui détermine la place d'un groupe ethnique, ce sont des mêmes comportements, des mêmes habitudes, et des mêmes attitudes dans le domaine du travail. C'est cet héritage qui doit déterminer la place dans la société: la discrimination positive est un moyen de sur-imposer des normes sociales, en dissuadant les individus d'exploiter le capital humain qui leur est propre. Ce sont ce type de discours qui se sont développés dans les années 80, avec une part d'explication biologique. Certains réfutent cette approche, car on revient à un lien de sang dans le discours sociologique. Ce débat se déplace vers l'Europe, et suscite des oppositions tranchées, certains envisageant le multiculturalisme de manière tranchée. Il faut distinguer intégration et assimilation. Pour certain, la priorité sera l'intégration, entrer dans la société en gardant ses valeurs d'origine, paur d'autres l'assimilation est synonyme d'intégration: il faut adopter les valeurs du pays pour pouvoir s'intégrer. Dans le premier cas, on va trouver des défenseurs de l'intégration non-assimilationistes, montrant que les liens communautaires rendent plus faciles l'intégration. On va voir dans cette importation du débat une incitation à la réflexion et à la vigilance. Le cas américain, contre-exemple? Denis Lacorne, dans La Crise de l'identité américaine, rapproche la discrimination des juifs d'Europe et la politique d'affirmative action: dans les deux cas il s'agit d'une discrimination, manière de mettre à part. Il faut que cette politique soit circonscrite dans le temps, limitée à certains groupes, et limitée socialement. Cette politique ne peut s'exporter car elle répond à une culture spécifique, à une histoire particulière, marquée par le leg de l'esclavage, les massacres d'indiens, ... Ce qu'il soulève comme problème, c'est que cette politique conduit à la création de groupes victimisés. Aux Etats-Unis, cette politique a été mise de côté, notamment en Californie, et ce qui est mis en avant est un droit à l'indifférence, ce que réclame depuis longtemps d'autres groupes, notamment les homosexuels, dont c'est la revendication principale depuis 1969, mais aussi par les groupes de défénse des femmes. Les activistes multiculturalistes luttent ainsi contre toutes les discriminations. On a donc un refus de l'importation du modèle, que l'on va retrouver dans d'autres textes. Pour certains, la France est une nation non-ethnique, mais une nation civique. Il n'y a pas de place pour autre chose que la conception volontariste de la nation, et il n'y a pas de place pour une différenciation. Nier le caractère ethnique de la nation permet de la préserver de toute expression des particularismes et donc de guerres civiles. Les immigrés sont les principales victimes du rejet de l'assimilation. Ce refus du modèle américain, c'est un moyen de favoriser l'integration des immigrés à la nation. Les minorités seraient maintenues dans leur statut de populations différentes, et donc ghettoïsées; ce serait un outil de différenciation, et non pas un outil d'intégration, qui s'inscrirait en faux avec les principes de l'école républicaine, outil de l'intégration et de l'assimilation. Tout ce débat se retrouve aujourd'hui autour de la question des statistiques ethniques. Certains pensent que ce serait un facteur de différenciation, élément de marginalisation et obstacle à l'intégration. Ce qui apparaît pour que le multiculturalisme soit acceptable, c'est le fait de permettre une égalité de droit entre des groupes différents. C'est le débat qui doit fonder une société multiculturelle, promouvoir l'idée d'une même valeur de culture différenciée, dont le principe fondamental est défini par Charles Taylor est le respect qui repose sur la possibilité de débattre en fixant au départ un certain nombre de valeurs communes. Cette approche est reprise par Michel Wievorka, qui propose une troisième voie, entre intégrationisme et assimilationisme à la française: une valorisation de la différence ethnique dans les limites des principes universalistes, dont le but est d'accéder à l'égalité sociale, avec toujours l'existence d'un pôle communautaire. Comment mettre en pratique ce multiculturalisme? Ce qu'il faut souligner, c'est que la structure politique peut se présenter sous différentes formes, une multinationalité dans le droit, et qui se décline sous la forme privilégiée du fédéralisme, et par ailleurs, d'un autre modèle, celui de la con-sociation, qui correspond au cas de la Suisse. Le fédéralisme n'apparaît pas comme une formule miracle, car elle ne parvient pas à limiter les considérations nationalistes, notamment dans les cas espagnol et belge, avec la victoire permanente du Vlaams Blok au parlement belge. Certain politistes proposent de réformer le fédéralisme, et de donnner aux entités fédérées un projet de société spécifique à défendre, des droits et des pouvoirs dont ne bénéficieraient pas des entités uniquement administratives, transférer des pouvoirs fédéraux aux entités à fondement identitaire. Mais cette solution peut empêcher une réelle stabilisation politique à terme. C'est une mise en place très difficile, et la réussite se produit lorsque les divisions ne sont pas trop profondes. Dans le cas suisse, le principe qui l'emporte est celui d'un cloisonnement institutionnalisé, en particulier en matière linguistique, avec la constitution des cantons. On a donc cette reconnaissance officielle, et dans les textes des cantons, la reconnaissances des langues propres à ces cantons. On a une fixation par les textes des frontières linguistiques. Mais il n'y a pas de mélange religieux, et la réglementation entre Eglises et Etat relève des cantons. On a donc pas de diversité à l'intérieur des espaces. D'une part les étrangers ne sont pas bien vus, et d'autres parts il n'y a pas de reconnaissance de droits collectifs et culturels. L'interdiction du port du voile par les enseignantes peut être vue comme un surcroit d'hétérogénéïté, qui attempterait à l'équilibre de la société. On reconnaît donc une autonomie aux différents groupes, mais aussi une coopération entre ces groupes. Le gouvernement fédéral suisse est composé selon ce que l'on appelle « la formule magique », avec traditionnellement 2 radicaux, 2 socialistes, 2 démocrates chrétiens et 1 de l'union démocratique du centre. Il y a donc la volonté de tenir compte de la diversité au niveau gouvernemental. On a donc un système qui repose sur un équilibre entre les niveaux national et cantonal. Le système fonctionne d'autant mieux que le gouvernement n'est pas responsable devant le parlement, ce qui permet une stabilité gouvernementale. Il y a ainsi une prise en compte de la diversité linguistique au sein du gouvernement, de même qu'un équilibre religieux. On retrouve ce système d'équilibre dans toutes les instances, et même au sein de la justice. Cela rend donc difficile de trouver sa place quand on ne correspond pas à une des catégories. Il existe un droit d'initiative qui permet à une partie de la population, avec la signature de 100 mille citoyens, la possibilité de proposer une nouvelle règle de droit. Ce que montre cet exemple, c'est d'abord l'affirmation de la nationalité, et deux modes de fonctionnement sont envisagés: le premier consiste à distinguer appartenance nationale et appartenance étatique ou civique, en promouvant une identité civique commune au sein de l'Etat et parralèllement d'assurer la reconnaissance de nations constitutives; cela suppose qu'il n'y ait pas la volonté d'imposer une seule culture, une seule histoire, une seul langue à l'ensemble de la population; cela permet aussi de corriger une politique de la nation suffisament dense avec la reconnaissance de particularités, la supranation prend le pas uniquement au niveau civique, avec la supposition de l'accord autour d'un même ordre constitutionnel. C'est ce que Habermas nomme le « patriotisme constitutionnel », qui désigne cet attachement à l'Etat de droit supranational. En 1907, Otto Bauer rêve d'une organisation politique, dans laquelle les différentes nations se chargerait de s'occuper des affaires nationales, alors qu'un Etat s'occuperait de leur intérêt à toutes. La nationalité relèverait d'un choix personnel. On tend donc à discocier nationalité et citoyenneté. L'idéal serait d'avoir tout de même un Etat avec certains traits spécifiques. On pourait évoquer ainsi le cas de la GrandeBretagne, rassemblement de peuples divers, qui se retrouvent dans des règles communes. Certains distingues les communautariens que sont les penseurs qui s'intéressent à l'émergence de revendications de groupes particuliers, et ces analyses se font souvent dans le cadre d'une critique du libéralisme, et dans la volonté de fonder la société sur autre-chose que les normes du juste, et entendent redonner du sens à la notion de bien commun. Il y a ainsi une sorte de contre-sens entre l'émergence de communautés nationales, et les communautaristes qui tendent à effacer les valeurs communes. En France cette tentative de prise en compte de la diversité est vue comme une remise en cause de la nation. L'ethinicité est une notion assez neuve en Europe (années 70), mouvement qui s'impose dans le prolongement des droits civiques. Le concept apparaît dans les études, en France à la fin des années 80, dans le champ d'étude des relations inter-ethniques. Cela induit un sentiment d'appartenance, qui suppose l'appartenance à un groupe, mais se raprochant du sentiment d'appartenance nationale, avec la différence du fait que l'ethnicicté ne revendique pas d'Etat. Cette ethnicité suscite de la méfiance de la part des Etats, perçue comme une menace. Elle est donc plus ou moins bien tolérée. Michel Wievorka distingue deux approches: un multiculturalisme intégré, et un multiculturalisme éclaté. L'intégré se rencontre au Canada, par rapport au Québec, mais aussi d'autres groupes, adopté par le Canada en 1971, avec une Charte des droits et des liberté, qui l'intègre à la constitution en 1982. Il touche les domaines de la langue, la culture, l'éducation, mais aussi s'affirme pour la lutte contre les disciminations, pour l'égal accès à l'emploi et à l'avancement. Il ne s'agit pas de penser le Canada comme un Etat multipolaire. Globalement, il a été un outil dans la construction d'un Etat national. On a l'association d'éléments de reconnaissance culturelle, et une volonté sociale. A partir de 1978, l'Australie adopte un ensemble de dispositions par des agents, afin de corriger les désavantages des immigrés sur le plan social, et si on voulait résumer, ce serait un moyen de conserver leur culture dans le cadre d'un respect de la culture domminante. Cette approche induit un attachement à la constitution et aux valeurs communes. On a donc la reconnaissance civique et le respect des particularités culturelles. Les différences culturelles et sociales viendraient d'un même processus. Il se met en place à des échelles plus petites, notamment de la ville en Europe (Francfort). A l'opposé, on a le multiculturalisme éclaté, à l'oeuvre aux Etats-Unis, avec une prise en charge différenciée des problèmes culturels et sociaux. Les mesures mises en place sont des mesures sociales: le principal est de s'intégrer socialement, ce qui a cependant un impact sur les pratiques culturelles. Les mesures culturelles existent, mais sont dissociées dans mesures sociales, et résultent souvent de démarches de groupes, d'associations, comme c'est le cas pour les femmes. Ces nouvelles visibilités aboutissent à des rapports de pouvoir plus aigus. Par ailleurs, la nouvelle visibilité de ces groupes aboutit à une forme de reltivisation, avec l'idée que toutes les voix peuvent avoir une valeur, ce qui va participer à la remise en cause d'un discours scientifique. En Turquie, la question kurde est la cause permanente d'un conflit civil. L'ethnicité peut donc se présenter comme un groupe concurrent de la nation. La volonté de réaliser une unité de la population peut pousser à certaines actions que l'on peut qualifier d'ethnocides. Les populations kurdes représentent de 20 à 25 millions de personnes, dont la moitié vit en Turquie. La langue est le Turkmanji, et religieusement, en majorité sunnites. Atatürk refuse d'appliquer le traité de respect des libertés des Kurdes. En 1923, un nouveau traité engage à faire respecter ces libertés, mais dès 1923, le gouvernement interdit la langue kurde. En 1925, on a un soulèvement kurde réprimé durement. Cette population est désigné comme « Turcs montagnards ». On a aussi une politique d'assimilation qui est menée, avec des déportations pour faire éclater tous liens, les diviser et les rendres minoritaires. Les révoltes continuent, toujours écrasées. Parallèlement se met en place une forme de coopération régionale. Des liens vont se nouer entre les différents pays pour limiter la subversion kurde. Après la Seconde guerre mondiale, les conflits se multiplient. L'étau se resser un peu du fait de la libéralisation du pays. L'armée prend le pouvoir en 1980, avec une forte répression, interdiction des libertés fondamentales, et interdiction de la langue même dans la sphère privée (constitution de 1982). On parle de « Turcs orientaux ». Cette politique favorise en 1978 l'émergence d'un parti marxiste au kurdistan, qui lutte pour l'obtention de droits, avec une politique de guérilla contre les Turcs, véritable guerre civile. Le gouvernement refuse toujours la nationalité kurde, bien que le parlement ait reconnu le droit d'enseignement et de publication de la langue. On décide d'instaurer un Etat d'exception dans les provinces kurdes, avec un gouverneur d'exception pour lutter contre le parti kurde. La justice a interdit depuis 2003 deux partis kurdes estimants qu'ils portaient atteinte à l'unité du pays. Ce problème est transfrontalier, et en fait, dans tous les cas, le processus est le même: répression et négation identitaire. Par exemple, dans le régime irakien, les kurdes se manifestent dès le début du régime, et vont être vite réprimés, le régime s'en prenant aux populations et aux partis kurdes, et cette politique amène à la destruction de nombreux villages, alors qu'ils constitutent plus de 20% de la population irakienne. On a une phase de trève à partir de 1970, et la conclusion d'un accord basé sur le principe de l'existence d'une nationalité, et d'une autonomie partielle, qui n'est pas reconnue par le parti kurde, qui se rebelle avec l'aide de l'Iran (alors qu'ils sont réprimés en Iran). L'autonomie n'est pas appliquée, et les Kurdes vont être d'autant plus mal traités qu'ils sont divisés face à cette autonomie. Certains l'accepte, d'autres se rebellent. En fait le parti démocratique du Kurdistan va être l'allié de l'Iran contre l'Iraq, donc ennemi des Kurdes iraniens, au contraire de l'autre parti qui s'oppose à l'Iran. A la fin du conflit, l'Iraq va vouloir se venger de ceux qui ont soutenu l'Iran, et on a une campagne de nettoyage ethnique qui fait 180 000 morts, avec l'utilisation du napalm. Cet exemple montre que la revendication ethnique ne va pas de soit car on a pas d'homogénéïté de la population. Le seul élément qui peut être unificateur, c'est la religion, d'autant plus que les populations d'acceuil ont intérêt à cette division. On a donc l'utilisation de la notion d'ethnie par le groupe pour se définir alors qu'il n'est pas homogène, et de même pour l'extérieur. L'ethnie est donc un objet de classification, et il n'y a pas d'ethnie sans relations ethniques. Les Kurdes vont profiter de la situation du régime en 1991 pour élire une assemblée kurde, qui proclame un Etat fédéré d'Iraq du Nord. Finalement, l'Iraq reconnaît deux nationalités principales, l'une arabe et l'autre kurde, et dans le même temps, il va être obligé de reconnaître d'autres nationalités. On a donc un effet de contagion, conséquence qui est redoutée par les groupes centraux dominants. Il existe aussi des minorités non-reconnues autres que les Kurdes. Ces groupes sont parfois beaucoup plus réduits que les Kurdes. Le pouvoir turc était convaincu que les Arméniens avaient participé à la résistance kurde, méfiance qui nourrit la répression, avec la volonté de créer une nation unique en Turquie. Mais c'est au nom de la lutte contre la dimension ehtnique qu'on renforce la dimension ethnique de la nation. En même temps, les partis kurdes se déchirent: en 1996, le PDK et l'UPK signent un accord de partage des ressources financières, et enterrinent le partage du territoire kurde en Iraq. Cette représentation unifiée se construit par la volonté de rapprochement des deux partis. En réalité on a dans la notion de nation une dimension de volonté très forte. Progressivement la turquie s’est rappprochée d’une définition identitaire ethnique de la nation, il niait l’existence d’une certaine pluralité. Dans cette question kurde, il y a un autre point. Les parties kurdes sont censés représenter une même ethnie. Mais ils se déchirent. En irak, affrontements qui ont ressurgi entre 1994 et 1998. Le parti démocratique kurde a même fait appel aux forces militaires de Saddam. Finalement accord en 1998 sous pression de Washington. Accès au ressource égalitaire et séparation du kurdistan en 2. Construction d’une ethnie sur de la diversité. Elle se construit sur la revendication, en dépit des tensions. Fin du processus en Iran. Après le changement très important entrainé par le renversement du régime du Shah d’Iran, le mouvement autonomiste kurde a été écrasé. Pendant le régime du Shah d’Iran, il y a vait eu des tentatives pour renforcer le pouvoir central, donc répression sur les périphéries. Mouvement de répression des minorité mais pas de persécussion car les perses kurdes n’étaient pas considérés comme kurdes. Fin 1945 se forme un parti démocratique du Kurdistan irannien, qui proclame en 1946, la première république autonome kurde. Ca ne dure pas longtemps. Un peu plus d’un an puis sombre dans la répression. Tentative de révolte matée par le pouvoir iranien. République islamique: régime ou pouvoir politique et pouvoir religieux fusionnent avec Koménie. Il déclare la guerre sainte aux kurdes « athés hypocrite, agent d’Israel et impérialiste ». Justifie la répression contre les kurde. Ils ne sont pas athés mais en Iran la religion majoritaire est le chiisme, alors que majorité sunnites pour les kurdes. L’élément religieux vient au centre du conflit. Amorce de libéralisation du régime avec Kadami, quelques députés kurdes sous l’appelation d’indépendants. La langue kurde est alors devenue langue d’enseignement. A Théhéran, manifestation culturelle autour de cette langue. La situation s’est dégradée depuis 2004. Les candidatures de kurdes aux élections législatives étant invalidées. Depuis l’arrivé de Ahrmadinejad, en 2005, cette situation s’est complètement renversée par rapport à la situation sous Kadami. En Iran, les kurde représentent 10 millions de personnes sur 60 millions. Donc c’est une question centrale. Partout où se pose la question kurde, on trouve toujours d’autres dénominations. Ce qui l’emporte c’est une extrême méfiance. Ce n'est pas une question mais un problème. Cela est révélateur de la méfiance de toute question relevant de l’ethnie comme responsable d’instabilité régionale de conflit et finalement comme un frein au développement de ces pays. La turquie voit dans la question kurde un frein à son entrée dans l’UE. Le risque dénoncé par ceux qui refusent l’expression d’une diversité est celui d’une sécession. Perçu comme remise en cause de l’intégrité nationale et perçu comme passant forcement par la douleur. A travers l’histoire les sécessions se sont passés dans la difficulté sauf cas de de la Norvège et Suède en 1905 (unis depuis 1814). Conflit en 1892 lorsque le parlement norvégien a décidé que la Norvège voulait avoir un pavillon propre, des diplomates propres. La Suède est d’accord si plébiscite qui est favorable donc s’impose. On est plus dans une question de nationalité, d’une référence à l’histoire. Elle va se rattacher à ce passé en donnant la courronne au petit-fils du roi. Autre exemple, la révoltuion de velour de la Tchécoslovaquie. Accord politique, loi, réalisation de cette partition en janvier 1993. Il y a eu une préparation, on est encore dans une approche historique qui revient sur la formation de l’Etat arbitraire. Globalement ailleurs plus violente est la sécession. D’autre part, dans la méfiance qui existe vis-à-vis de la notion d’ethinicité, perçue comme rejet des valeur universelles, elle s’inscrit dans une approche qui en particulier dans la deuxième partie du Xxe siècle, va dans le sens d’un attachement à un référent identitaire. Surgissent en même temps des mouvements d’appartenance de différentes formes. Développement du féminisme, d’un mouvement homosexuel. On a aussi le modèle de développement du mouvement noir aux Etats-Unis dans les années 60. Tous ces mouvements sont perçus comme nouveaux positionnement identitaire. Ce mouvement est perçu comme le prolongement d’une vague de relativisation qui se développe au lendemain de la seconde guerre mondiale par rapport à la légitimité du discours scientifique qui induit un repositionnement. Critique du pouvoir beaucoup plus large. Pouvoir recherché dans l’ensemble des relations humaines (homme/femme, homo/hétéro…) Remise en question du système de valeur, du système occidental. Ce mouvement va s’accompagner d’une découverte d’autres espaces du monde, remise en cause de l’eurpéo-centrisme pour se tourner vers d’autres valeurs possibles comme par exemple les valeurs asiatiques. Face à cette évolution, les réactions qui émergent sont celles d’une méfiance par rapport à tous ces mouvements, comme c’est le cas avec l’ethnicité comme étant à l’origine de conflits souvent durables (question du Soudan actuellement, Cachemir en Inde). Ethnicisation qui fait que ces conflits durent, trainent, qu’ils s’enlisent mais permet aussi à des acteurs d’avoir une lisibilité. Conflits violents meurtriers sur la durée, et qui sont aussi meurtriers ponctuelllement avec massacres et pratiques génocidaires. L’ethnicité est perçue comme responsable de crimes contre l’humanité. La volonté de purification ethnique c'est-à-dire d’élimination de populations qui pourtant sont installés de longue date apparaît comme résultat d’une impossible coexistense avec l’autre. Thématique du rapport à l’autre centrale dans ce cours. Donc élimination, soit physiquement (génocide au cambodge, pour des raisons idéologico-raciales) mais aussi en terme de déportation (cas des Balkans). On peut vivre avec la diffrénce de l’autre sauf si c’est une diffrénce de nature. Cloisonnement total, loi du plus fort. Changement d’échelle des conflits. Ils devienent des conflits locaux, régionaux mais avec répercussions internationales. Il faut évidemment associer à cet élément qu'est l’emergence de l’ethnicité, l’impression d’un éclateemnt des identités de la fragmentation, car plus au centre est la notion d’universelle mais beaucoup plus l'est celle de différence. De la progession des mouvements à caractère identidaitre de différentes formes. Désire de se rattacher à un référent identitaire qui établit du prévisible car cette émergence résulte d’un retour de rapports de domination parfois qui ont duré très longtemps. Ce désir va avoir tendance a entretenir le conflit plutôt que la paix. Pas de volonté de domination d’un groupe sur un aute. Tous ce qui ressurgi, c'est la question avec la controverse de Valladolid entre différencialisme et universalisme. La Yougoslavie apparaissait comme un modèle, avec une population majoritaire mais jamais excessive, une grande diversité. C'est un élément religieux qui va être mis en avant par soucis de préserver son identité: en 1054, le grand schisme entre Bizance et Rome, entre Eglise catholique et Eglise orthodoxe. D'où une division entre Croates, catholiques romains, et Slovènes. Seconde ligne de fracture, qui vient de la conquête ottomane qui porte l'Islam dans cet espace, une population musulmane importante en Bosnie, avec des musulmans plus tournés vers l'Europe que vers la Mecque, en plus du Kosovo et de l'Albanie. Cela complexifie la composition de la population, ce qui conduit à des manipulations de l'histoire. Les Serbes de Belgrades estiment qu'ils doivent contrôler le Kosovo pour des raisons historiques qu'ils vont chercher au XIVe siècle, victoire ottomane et début de la domination de la Turquie. Les Serbes orthodoxes présentent ce lieu comme le berceau de leur histoire (champ de bataille). Ils ont donc la volonté de récupérer cette zone et supprimer toute volonté séparatiste du Kosovo. Pour la population du Kosovo, soutenue par les Albanais, il s'agit de conserver cet espace pour faire reconnaître qu'ils sont les vrais autochtones, qu'ils dominent historiquement, géographiquement, depuis plus longtemps que les Serbes. Millosevic va en réponse encourager le nationalisme serbe. Le schéma de morcellement est très ancien. Le congrès de Berlin redessine la carte des Balkans, principe des nationalités, pour doter chaque nationalité de son territoire et de son Etat. C'est ce que Gossiot appelle l'« ethno-nationalisme ». La nationalité est conçue comme une projection politique de l'ethnie, et comme une entité collective conçue comme naturelle, et se posant en tant qu'acteur politique. On a une tendance des Serbes au centralisme qui va irriter leurs concitoyens et donner naissance à un mouvement terroriste fasciste (Oustachi), qui va faire assassiner en 1934 le roi de Serbie (à Marseille), ce qui aura un rôle accélérateur de la Seconde Guerre mondiale. Puisque les institutions ne reflètent pas la réalité des nations alors même que la constitution reconnaît l'égalité de toutes les nationalités, principe de représentation adéquate. Dans chaque organe fédéral, les nationalités doivent être représentées comme il convient, avec la mise en place de quotas. Gossiot parle de prime à la situation minoritaire qui conduit à une structure ethnique. On a donc une ethnicisation de la Yougoslavie qui se traduit de manière très lisible dans les résultats des enquêtes. C'est un schéma qui va vers le renforcement de la revendication identitaire. Progressivement, la nationalité ne va plus relever d'un choix personnel, mais du fait de résider dans tel ou tel espace, à la fin de la période Tito. Ces attachements sont de plus en plus forts mais toujours réprimés. Quand Tito meurt en 1980, ces nationalismes sont prêts à exploser et vont progressivement créer des conflis divers. Il y a des gestes symboliques: à la fin des années 80, Millosevic supprime le statut du Kosovo et de la Vojvodine; en 1991, indépendance de la Slovénie, Croatie et Macédoine; en 1992, indépendance de la Bosnie; en 1991 au Kosovo, les Albanais se délarent indépendants. En Bosnie, le conflit dure de 1992 à 1995: tueries, viols, épurations ethniques, massacres civils. Quelles sont les raisons d'un tel acharnement ethnique par les Serbes mais aussi des autres offensives? Pour marquer la domination du territoire, et par volonté de concurrence démographique. Ces pratiques sont possibles dans la mesures où il y a eu avant un renforcemenent de l'ethnicisation et une situation de guerre, qui ont entraîné une rigidification de la structure ethnique et de l'identité nationale et ethnique qui sont apparus comme étant indispensables. Il n'y a aucune place pour la mixité, et les critères de différenciation ont été remobilisés (différences religieuses), avec l'idée qu'il faut se marier dans la même appartenance (endogamie). Avec ces différents processus, on est près de la définition de la pureté ethnique, pas de place pour le métissage. Par ailleurs on se retrouve dans une situation proche de celle de la veille de la Première Guerre mondiale, avec un pullulement des nationalités et un maximum de diversité. La séparation avec l'autre est impossible mais toujours souhaitée. En 1995, un accord de paix est signé qui prévoit la restauration de la souveraineté croate sur tout son territoire, et le maintien d'un Etat bosniaque unitaire. Les musulmans sont les vaincus de cette paix. On peut prévoir une certaine instabilité dans cet espace, avec la nécessité de vivre ensemble de groupes qui se radicalisent. Au Kosovo, à la fin des années 90, les forces serbes de Millosevic ont lancé un mouvement de répression contre les Kosovars. Après l'intervention de l'OTAN, on a une négociation internationale sur le Kosovo, avec un plan qui prévoit une forme d'indépendance du Kosovo (solution qui n'est pas acceptée par les Serbes). La politique qui a été menée jusqu'alors a renforcé l'ethnicisation, les clivages et la solution possible apparaît la séparation, d'association, problèmes qui restent en suspend. Le sentiment d'appartenance devient la source de conflits et marque la difficulté à accepter l'autre qui est une menace. On a une tendance à la simplification identitaire qui permet de se sentir plus fort.