par cette nomination. Selon Lévi-Strauss, le nom propre est un opérateur de classe, un élément
provisoire avant la classification. Le nom a deux caractéristiques : la marque de
l’identification, il « confirme par la définition d’une règle la place de l’individu dans une
population donnée », avec l’étude des Senufos ; dans ce peuple, lorsqu’on a des jumeaux, ils
ont toujours des noms spécifiques, de même que l’enfant qui suit. La place de l’enfant est déjà
définie. L’individu apparaît dans un système social déjà organisé, le nom donnant une identité
individuelle et un sentiment d’appartenance. Lévi-Strauss y voit aussi la liberté de l’individu
qui nomme, qui exprime ainsi sa subjectivité. On a donc une centralité de ce nom dans
l’appartenance identitaire. La définition de l’identité se fait largement par la production
d’images de soi, des autres, qui vont donner naissance à des clichés, à des stéréotypes, ce qui
fait qu’il y a une possible dérive du travail de l’imaginaire, qui peut conduire à des attitudes
plus ou moins belliqueuses, par le dénigrement de l’identité d’autrui.
Le sentiment d’appartenance se fait par plusieurs critères possibles : langue, religion,
histoire, culture, sexe,… La langue est un élément important, car c’est grâce à la langue
commune qu’un groupe préexiste. Une langue a tendance à s’imposer dans un système où il y
en a plusieurs, dominant l’administration, l’éducation, les médias,… C’est le cas des Etats-
Unis, où des groupes de pression militent pour la pratique de l’anglais : inscription dans la
constitution, examen de langue pour l’obtention de la nationalité, fin des traduction et du
bilinguisme à l’école, car il y a la peur d’une dilution de l’identité américaine. 27 Etats ont
déjà adopté l’anglais comme langue officielle, d’autres essayant de maintenir le bilinguisme.
L’objectif est de maintenir cette identité américaine : la langue est le moyen du maintient de
la création permanente de cette identité. Seule la Suisse est le territoire à avoir plusieurs
langues officielles. Se pose donc la question de l’enseignement de la langue, avec des
coutumes, des normes.
Anne Christine Taylor, dans son Dictionnaire d’ethnologie et d’anthropologie,
souligne qu’on a un passage de la centralité de la nation à une centralité de l’ethnicité, qui
devient une valeur positive. Il y a un clivage entre la centralité de la notion d’ethnie, et sa
déconstruction permanente. Le livre de Dieckhoff expose une recrudescence de l’identité
nationale, et que la mondialisation constitue un facteur positif dans la stratégie d’affirmation
nationaliste. Dans les deux cas on retrouve une tendance essentialiste, organiciste, objective,
où la nation et l’ethnie sont présentées comme existant en elles-mêmes ; une approche
volontariste, situationniste, où la nation et l’ethnie n’existent que parce qu’un ensemble
d’individus déclare en faire partie.
Pour aborder la notion d’ethnie il faut tenir compte de toutes les utilisations du
concept. La question relative à l’immigration pose des amalgames qui ne facilitent pas la
réflexion, avec un discours ethnicisant. C’est une notion qui pose problème car elle a fait
l’objet de définitions connotées. Cette difficulté est renforcée par les anthropologues qui la
voient comme une notion trop floue. On peut à la fois dire que l’ethnie n’existe pas si on la
définie comme un groupe pur, si certains groupes ont des éléments communs, il n’existe pas
de groupes pur, identiques. Ce qui prévaut toujours, ce sont des unités sociales à la fois
inégales et hétérogènes. Qu’elle se détermine elle-même, ou de l’extérieur, toutes les sociétés
se définissent dans le même temps une unité identitaire et une altérité culturelle. Tous les
individus qui se définissent d’une ethnie ont intériorisé cette appartenance. C’est le cas dans la
colonisation africaine, où l’utilisation d’ethnies par les colons a été intériorisée. Il faut donc
définir ce terme pour l’utiliser comme outil d’observation.
A l’origine, le terme est un terme grec « ethnos » : les sociétés qui relevaient de la
culture grecque mais dépourvues de la structuration en cité-Etat. C’est un groupement humain
avec une structure familiale, économique, culturelle particulière, mais qui ne correspond pas à
l’organisation d’Athènes, avec déjà une dimension péjorative. Cette dimension se perpétue