3ÈME PARTIE

publicité
3ÈME PARTIE
LA FRANCE DE LA Ve RÉPUBLIQUE
12h
Attention partie qui recoupe beaucoup les autres, notamment la Guerre Froide avec le
choix de la France d’appartenir au bloc de l’Ouest, donc importante diffusion du modèle
idéologique états-unien
Il y a aussi la décolonisation => quelle place de la France dans le monde suite à
l’affirmation du Tiers-Monde.
 donc partie largement à diluer dans les autres chapitres.
Attention « la France » en histoire : politique en tant qu’entrée principale car « Ve
République », mais aussi sociale et économique, culturelle
 quelle société met en place cette République, questionnement sur les débats qui traversent
l’opinion publique et qui façonnent la politique => font-ils évoluer les institutions ?
 comment réagit le modèle politique et social français dans la mondialisation ??? cad avec la
mondialisation, la complexification des relations internationales dues à leur imbrication
accrue, comment réagit l’échelle nationale face au transnational et au mondial ?
Ve République : signifie qu’il y en a eu 4 avant, la plus longue ayant été la 3ème : ces
régimes correspondent à des moments historiques, à une société particulière => il faut donc
remettre en lumière le contexte historique qui a vu l’éclosion et la formulation de cette V
République car les institutions sont mises en place par des hommes et des femmes d’une
société particulière ≠ universelle => quelles évolutions depuis 1958 ? Correspond-elle encore à
notre société contemporaine ???
République vient du latin « res publica », soit la chose publique => organisation
politique de la société.
A partir du 18e, dans la contestation de l’absolutisme émise par le courant des Lumières,
le terme de République devient tout gouvernement légitime où le pouvoir exécutif « est
ministre du souverain », où des lois sont établies et où s’applique le principe de séparation des
pouvoirs => donc peut être une monarchie ou une démocratie. Ce terme se définit dans la
contradiction à l’arbitraire et à la tyrannie => cf république mise en place par la Révolution
Américaine.
Aujourd’hui, dans l’héritage direct : Forme de gouvernement où le pouvoir et la puissance
ne sont pas détenus par un seul, et dans lequel la charge de chef de l’Etat (=
président)n’est pas héréditaire (mais pas forcément SU)
 donc importance du rapport avec le président : quelle fonction ?
comment s’établit les rapports entre les 3 pouvoirs ?
différent de démocratie => question de la place du peuple ?
CHAPITRE 1 :
UN NOUVEAU SYSTÈME RÉPUBLICAIN
INTRODUCTION : POURQUOI UNE VE REPUBLIQUE ?
La Ve République remplace la IVe née seulement 12 années plus tôt : comment expliquer
un tel changement ?
Tout d’abord, née sur les décombres et le traumatisme de l’Etat français, la IVe met du temps à
naître (3 référendums, 2 élections législatives) : la vie politique française est déchirée par de
profonds désaccords entre les grandes familles politiques . Ainsi les socialistes et communistes
veulent un régime d’assemblée (pouvoir législatif> exécutif, souvent assemblée unique) ≠ DG veut un
régime présidentiel (régime fondé sur la séparation des pouvoirs entre législatif (qui ne peut pas
renverser le gvmt) et l’exécutif (ne peut pas dissoudre le parlement), ce dernier n’étant responsable
que devant le président (= chef de l’Etat)), sa logique étant un homme fort au-dessus des partis 
finalement régime parlementaire dont la constitution est votée le 13 octobre 1946 (régime fondé sur
l’équilibre entre le pouvoir exécutif (qui peut dissoudre le Parlement) et le pouvoir législatif (qui peut
renverser le gouvernement parce qu’il est responsable devant le parlement)).
 cf doc 2 p. 296 manuel => assemblée nationale est
le pivot du système car elle élit le président et et contrôle et investit le gouvernement et le président
du conseil.
L’un des héritages de la IVe dans la constitution de la Ve est son préambule (cad ensemble
des principes et des valeurs qui doivent régir la Constitution et donc les lois)

héritage révolutionnaire avec la DDHC mais élargissement de la notion de démocratie
avec l’égalité sociale et politique entre les sexes

importance de la pensée keynésienne : vision d’un Etat Providence dont la mission
protectrice est écrite dans le préambule « La nation assure à l’individu et à la famille
les conditions nécessaires à leur développement. Elle garantit à tous, notamment à
l’enfant, à la mère, et aux vieux travailleurs la protection de la santé, la sécurité
matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui en raison de son âge, de son
état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de
travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »
Un système politique qui apparaît instable : rapidement une double opposition se forme
face au régime : le RPF (rassemblement du Peuple Français) de DG qui demande une révision de la
constitution (discours de Bayeux de juin 1946) et les communistes qui dès mai 1947 quittent un
gouvernement qui s’allie avec les Etats-Unis dans un contexte de GF. Or les deux oppositions ont une
aura importante => résistance dans un contexte de « syndrome de Vichy » (expression mise en place
par l’historien H. Rousso désignant l’état d’esprit des Français jusqu’aux années 1960 qui « oublie » la
collaboration mise en place par Pétain et considère la France comme victorieuse car résistante).
Donc pour répondre à cette forte opposition, les gouvernements doivent mettre en place une coalition
rassemblant divers partis, diverses opinions politiques ; or ce genre de coalition est très fragile ( cf
Italie avec Romano Prodi aujourd’hui)  « valse des ministères »  doc 3 p 296 manuel. De plus le
choix du scrutin à la proportionnelle valorise les petits partis ce qui émiette encore plus le Parlement
(donc énorme difficulté pour prendre des mesures)
Un problème fatal : la décolonisation : Dien Bien Phû et les accords de Genève (Pierre
Mendès France), mais la IVe ne peut surmonter le second choc colonial : LA GUERRE D’ALGERIE =>
radicalisation de la réponse française lorsque G. Mollet envoie les troupes armées, donc nouvelle
logique de guerre qu’une grande partie de l’opinion française ne veut pas + scission entre ceux qui
veulent garder l’Algérie française et ceux qui ne veulent pas => guerre des passions
 les manifestations d’Alger du 13 mai 1958, jour d’investiture d’un nouveau président du conseil
Pflimlin (favorable aux négociations avec le FLN) entraînent le retour de DG au pouvoir et précipite la
chute de la IVe République : en effet, DG est vu comme un sauveur tant par les partisans de l’Algérie
française que par les Français lassés de cette instabilité ministérielle et qui veulent un exécutif fort
(sentiment de sécurité) : le 1er juin, afin d’éviter une guerre civile, DG est investi président du conseil
et le 2 juin l’Assemblée l’autorise à préparer une nouvelle constitution ( coup d’Etat ???)
Ainsi la Ve République est la réalisation même de DG et de sa vision de la politique : il est
appelé au pouvoir pour réformer les institutions et stabiliser la vie politique. Or DG est contre la
logique de parti, indépendance d’un exécutif fort par rapport à l’Assemblée + haute estime de la
France sur la scène internationale.
 PBL : QUELLES SONT LES INSTITUTIONS MISES EN PLACE A PARTIR DE 1958 POUR RESOUDRE LA CRISE
DE GOUVERNANCE EN FRANCE ?
COMMENT CETTE REPUBLIQUE S’EST-ELLE PERENNISEE ? OU QUE FAIRE DE L’HERITAGE GAULLISTE ?
I)
LA REPUBLIQUE GAULLIENNE (1958 – 1969) : L’IMPLANTATION D’UN REGIME
NOUVEAU MAIS SOLIDE
A) Un visage institutionnel inédit
La rédaction de la constitution est rapidement menée à bien pendant l’été 1958, par les hauts
fonctionnaires proches du général DG, notamment Michel Debré, ministre de la Justice =>
présentation du projet au peuple le 4 septembre, place de la République à Paris et DG propose aux
électeurs de voter par référendum (plébiscite pour ou contre DG?) => donc donne le sentiment au
peuple de lui redonner en main les affaires politiques (question du référendum encore centrale
aujourd’hui). Toutes les forces politiques hormis le PC et quelques socialistes refusent.
 participation massive => 79% de Oui  acte de naissance de la Ve République
Elle est promulguée le 4 octobre 1958.
Quelles sont les institutions mises en place ?
 doc 2 p. 298 manuel
 régime parlementaire certes, mais le reste (hormis le préambule) est en rupture avec la
précédente : elle affirme donc la primauté de l’exécutif sur le législatif, le 1er ministre est
désormais nommé par le psdt de la République qui incarne un pvr exécutif fort et indépendant du
parlement.
Attention en 1958, le psdt est élu par un conseil de grands électeurs (donc suffrage indirect ≠ SU),
référendum, le psdt peut aussi dissoudre l’assemblée nationale et en cas de crise grave, prendre les
pleins pouvoirs (article 16) ; il est aussi le chef des armées.
Le gouvernement (autre pendant de l’exécutif) est nommé par le psdt, mais motion de censure possible
de l’assemblée donc il reste responsable devant elle. Cependant il peut gouverner par ordonnance (acte
législatif décrété par le gouvernement, avec l’accord préalable de l’assemblée sur son orientation
générale. Il permet une grande rapidité d’action).
l’assemblée nationale (= 1 des chambres du parlement, donc pouvoir législatif) ne se réunit plus de
manière permanente et ses pouvoirs sont limités, notamment par l’article 49.3 « le Premier ministre
peut, après délibération du conseil des ministres, engager la responsabilité du gouvernement devant
l’assemblée nationale sur le vote d’un texte. Dans ce cas ce texte est considéré comme adopté, sauf si
une motion de censure, déposée dans les 24 heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues à
l’alinéa précédent… ».
Le Sénat confirme les lois votées par l’assemblée mais en cas de désaccord, c’est l’Assemblée qui a le
dernier mot.
Elections législatives uninominal cad choix pour un représentant, ce système permet d’éliminer les
petits partis et d’éviter l’émiettement de la vie politique en la bipolarisant : gauche / droite (débat
ultra contemporain : Bayrou, Voynet…)
Innovation gaullienne : le CONSEIL CONSTITUTIONNEL qui va prendre une place de plus en plus
grande dans la vie politique en tant que garant de l’Etat de droit), vérifie la constitutionnalité des lois
(en fait pour DG permet de surveiller les assemblées)
 donc régime parlementaire de nom mais de nombreuses dispositions ont permis de définir ce
régime comme étant « semi-présidentiel ».
B) La pratique gaullienne : la « monarchie républicaine »
1°) L’ambiguïté du partage de l’exécutif, un héritage gaullien
Pour DG, double victoire : sa vision constitutionnelle passe comme acte politique et importance
du soutien populaire : référendum aux allures de plébiscite, son nouveau parti l’UNR remporte les
élections législatives en novembre et il est élu président de la République le 21 décembre 1958 à 68
ans.
 Il a désormais les mains libres pour traiter les problèmes cruciaux de la République, notamment
celui de la guerre d’Algérie (ou plutôt événement d’Algérie) et celui de politique étrangère (Europe et
indépendance face aux Etats-Unis) ou de la monnaie (franc fort). Il laisse donc à son 1er ministre,
Michel Debré, l’intendance de la politique intérieure et la gestion de l’administration => or origine
d’une ambiguïté dans le partage du pouvoir exécutif jusqu’à l’heure actuelle entre psdt et 1 er ministre :
cette ambiguïté se révèlera épineuse lors de la cohabitation à partir de 1986.
DG et le peuple : il entretient des relations particulières avec le peuple français, presque inédites :
pratique du « bain de foule » (cf Sarkozy), référendum fréquent, mais surtout grand utilisateur des
médias et notamment de la TV (alors qu’au début il n’aimait pas ça) => il réduit donc considérablement
la vie parlementaire et déplace le centre de gravité de la vie politique du Palais Bourbon à l’Elysée.
 doc 3 p 300 manuel.
la résolution du problème algérien : lorsqu’il arrive au pouvoir, porté par les manifestations
algéroises de mai 1958, DG n’a pas une claire idée sur la résolution à apporter : plan Constantine en
automne 1958 laisse la question ouverte : quelle continuité avec l’Algérie française ? Réalisme ?
Mensonge aux pieds-noirs ?
A partir de septembre 1959 : principe de l’autodétermination du peuple algérien, donc inflexion visible
dans sa politique (industrialisation + opérations militaires), puis en 1960 => recherche négociée vers
l’indépendance => janvier 1961 : il organise un référendum pour l’indépendance algérienne qu’il
remporte avec 72% de oui (population française)
 radicalisation des partisans de l’Algérie française, création de l’OAS => tentative de putsch des
généraux (Challe, Jouhaud, Salan, Zaller) mais le régime tient bon : l ‘armée reste du côté du général
DG.
Ainsi le pb algérien, malgré les crises et les tensions, a-t-il permis d’enraciner le régime puisqu’il a
montré la solidité et la validité de celui-ci, personnifié en DG : accords d’Evian du 18 mars 1962 .
2° Le tournant de 1962
 De plus, le pb algérien a accentué le rôle du psdt car le dossier fut directement traiter par
DG ; mais pour DG, son action et sa constitution ne sont pas finies : il entend donner à la Ve
République ses traits définitifs, notamment en établissant l’élection du psdt de la République
directement au SU. En effet, il redoute qu’après lui, on retourne dans un régime d’assemblée.
L’attentat du Petit-Clamart le 22 août 1962 organisé par des membres de l’OAS et dont il réchappe
de peu précipite sa mise en forme => dès le 12 septembre il annonce au pays son intention de proposer
une révision de la constitution par référendum.
Fortement attachés à l’idéal parlementaire, tous les partis s’y opposent sauf le parti gaulliste, au nom
des principes de la constitution : ils s’opposent donc non seulement à la pratique du référendum sur ce
point mais aussi à l’élection du psdt au SU => la confrontation entraîne la dissolution de l’assemblée
(qui avait voté pour une motion de censure du gouvernement Pompidou).
 le peuple se prononce pour l’élection au SU à 68% lors du référendum du 28 octobre 1962 (alors que
tous les partis sauf l’UNR avaient appelé à voter contre) + élections législatives => majorité stable.
La majorité sort, quant à elle, considérablement affaiblie : elle doit se poser une question cruciale,
celle d’un rapprochement notamment entre les socialistes et les communistes (alors que GF) => ils
décident finalement de soutenir pour la présidentielle de 1965 une candidature unique, celle de F.
Mitterrand (auteur du Coup d’Etat permanent) : c’est le début de la bipolarisation de la vie politique
française
 texte Mitterrand sur le « coup d’Etat »
C) Apogée et usure du pouvoir (1962 – 1969)
1°) les premières déconvenues gaulliennes : le choc de l’élection de 1965
Cependant DG, trop afféré par la politique étrangère (ouverture de l’économie française sur
l’Europe et le monde, décolonisation de l’Afrique avec la loi-cadre Deferre, tient tête aux Etats-Unis
assez rapidement), délaisse les affaires intérieures => cependant un certain nombre de craquements,
de ruptures venant des jeunes générations, se fait sentir dès l’élection présidentielle de 1965.
En effet, la France est en pleine croissance économique, cependant, elle ne profite pas à toutes les
catégories : les mineurs entament une longue grève à partir de 1963, soutenus pas les syndicats et les
partis de gauche, les jeunes aussi ont l’impression de vivre dans une société bloquée où le principe
d’autorité est maître et détenu par les grandes institutions de socialisation traditionnelle : Eglise,
Ecole, Etat, rôle de la famille aussi reste important.
 la 1ère élection présidentielle de décembre 1965 est donc une déconvenue pour DG : il est mis en
ballotage (pas de majorité absolue au 1er tour) à la surprise générale. Il est cependant vainqueur du
second tour, mais paradoxalement il est ingéré par la logique de parti et représente désormais la
droite de l’échiquier politique. Il n’est plus le symbole du rassemblement national.
Les oppositions se ressaisissent donc et s’organisent notamment la gauche non-communiste qui forme
la FGDS autour de F. Mitterrand => aux élections législatives de 1967, les gaullistes ne conservent la
majorité que de justesse.
2°) L’explosion multiforme de mai 1968
Attention, mai 1968 est en fait une succession de 3 crises :
a) la crise universitaire : concerne la génération des « baby-boomers » qui, nombreux, aspirent
au changement : ces étudiants rencontrent de plus en plus de problèmes matériels, sont
confrontés à des inégalités sociales criantes => politisation rapide, souvent dans les
extrêmes (généralement d’extrême gauche rejetant la société de consommation,
anticapitalistes et antisoviétiques : trotskistes, maoïstes, tiers-mondistes…) : les
« gauchistes » : dès mars des incidents éclatent à la fac de Nanterre, mais ce sont des
heurts entre étudiants et forces de police début mai qui déclenchent le mouvement : en qqs
jours, les universités sont paralysées par la grève : barricades, notamment dans le Quartier
Latin à Paris (« nuit des barricades » aussi en souvenir des mouvements populaires
révolutionnaires du XIX)
b) une crise sociale s’ouvre alors : en protestation de la répression policière les syndicats
ouvriers appellent à la grève générale le 13 mai (1ers dans l’usine Renault dont le PDG est
Papon) => en qqs jours la grande majorité des entreprises françaises se mettent en grève ou
sont occupées.
c) La crise devient ensuite politique devant la paralysie apparente du régime : essai de
dissociation des mouvements : accords de Grenelle le 26 mai avec les ouvriers, DG appelle
à un référendum sur la « participation » (3ème voie imaginée par DG entre communiste et
capitalisme), mais rien n’y fait => le 28 mai le pouvoir semble vacant et Mitterrand se
déclare candidat à la prochaine présidentielle.
 Finalement, DG disparaît qqs heures le 29 mai (va à Baden-Baden rencontrer le général Massu en
Allemagne), puis revient et dissout l’assemblée et reprend le pouvoir face à une opinion lassée du
désordre, voire inquiète => il fixe les élections législatives à fin juin (23 et 30 juin), Pompidou, 1 er
ministre, joue alors sur la peur du désordre (cf aujourd’hui insécurité) => la droite remporte les
élections !!!
3°) Le départ de DG
Mai 1968 est à replacer dans un contexte plus global de malaise dans les sociétés occidentales
à partir de la fin des années 1960 (cf cours sur le modèle idéologique) : d’autres pays sont touchés
comme la Tchécoslovaquie ou les Etats-Unis. I.Wallerstein parle de « révolution mondiale » de 1968
(globalement contestation de l’ordre mondial né en 1945). Cependant la France est particulièrement
secouée par cette crise => DG est personnellement ébranlé et sa victoire ne doit être vue que comme
un sursis.
Il décide d’organiser un nouveau référendum en février 1969 (réforme du Sénat et régionalisation,
mais dans les faits il compte sur un plébiscite), cependant à l’intérieur même de sa majorité, VGE
appelle à voter non => DG en fait une affaire personnelle et déclare alors à la TV que le non signifiera
son retrait de la vie politique : le vote du 27 avril est sans appel : 52% des Français refusent !
 En 11 années de pouvoir, DG a marqué profondément la France, tant par sa personnalité dont la
Constitution porte l’empreinte, mais aussi parce qu’il a doté la France d’institutions solides et stables.
Il reste encore aujourd’hui l’un des hommes dont on réclame l’héritage, la flamme (cf pendant les
présidentielles)
 doc 5 p. 301 manuel
 Mais comment le régime réagit-il au départ de son fondateur ? Après DG, évolution ou continuité ?
II)
LA VE REPUBLIQUE A L’EPREUVE DU TEMPS : AFFIRMATION DE L’HERITAGE GAULLISTE
ET PREMIERES REMISES EN CAUSE ( 1969 – 1986)
A) l’héritage gaulliste de Georges Pompidou (juin 1969 – avril 1974)
1°) « La continuité dans le changement » et la nouvelle société
G. Pompidou, ancien 1er ministre, remporte les élections : le gaullisme politique n’est donc aucunement
remis en cause par le départ du général DG. Il se pose dans l’héritage gaulliste mais il prône « la
continuité dans le changement » : en effet, il doit gérer l’après-mai 1968 et le contexte de forte
croissance :
=> il souhaite donc moderniser et industrialiser la France mais en s’accrochant plus au secteur privé
=> son 1er ministre J. Chaban-Delmas, un gaulliste « social » lance un projet de « nouvelle société » afin
de réformer une société « bloquée »: il mène donc une politique libérale et sociale afin de permettre
une meilleure répartition de la croissance (information plus libre, suppression du ministre de
l’information, politique de concertation entre syndicat et patronat, SMIG => SMIC.
2°) la rénovation de la gauche et le retour au conservatisme
Mais l’opposition (= la force politique qui n’est pas au gouvernement donc sous Pompidou la
gauche) se renforce => congrès d’Epinay (juin 1971) pendant lequel transformation du PS et dont F.
Mitterrand devient le 1er secrétaire : il propose une union de la gauche (radicaux de gauche, PC et PS)
pour battre la droite à la prochaine présidentielle => programme commun de gouvernement signé en
juillet 1972
 doc 4 p 299 manuel
=> BIPOLARISATION CROISSANTE.
Même à l’intérieur de la majorité des contestations conservatrices s’élèvent et bientôt le président
lui-même entraîne la démission de Chaban-Delmas => retour au conservatisme.
Il meurt en cours de mandat le 2 avril 1974.
B) VGE : l’impossible gouvernement au centre (1974- 1981)
1°) une « société libérale avancée »
VGE est élu de justesse au second tour (50, 81%) devant F. Mitterrand le 19 mai 1974. La
gauche, profitant de son programme commun connaît une dynamique importante.
La France apparaît alors comme coupée en 2, ce qui marque de manière inédite la bipolarisation de la
politique : la gauche est dans l’opposition et la droite et le centre sont majoritaires. Le président (un
centriste) n’a pas la majorité à l’assemblée, il est donc obligé de composer avec l’UDR (parti gaulliste)
=> il prend J. CHIRAC comme 1er ministre.
Il entend mettre en place une « société libérale avancée », sous le mot d’ordre du
« changement ». De fait dès le mois de juin des réformes sont engagées : majorité fixée à 18 ans,
divorce par consentement mutuel et surtout en janvier 1975 , la loi Veil sur l’interruption volontaire de
grossesse (mais pas d’arrêt de la peine de mort cf affaire Ranucci en juillet 1977), ORTF réformée en
plusieurs sociétés indépendantes, saisine du conseil constitutionnel ouverte aux députés de
l’Assemblée nationale.
=> cette expérience montre bien la rupture d’avec la pratique gaullienne correspondant à la France
post-1945. Désormais Pompidou gouverne une France des années 1970 cad incluse dans l’accélération
de la mondialisation libérale, de la communication et des innovations technologiques, acceptant le
changement social profond amené par les 30 Glorieuses (cf chapitre sur l’économie et la société)
2°) l’échec du centre contre la bipolarisation croissante : l’impossibilité de
gouverner au centre
-
-
L’année 1976 marque un double tournant dans le septennat de VGE :
J. Chirac démissionne en août afin de fonder son propre parti, le RPR en décembre 1976, dans
l’héritage gaulliste, contre les libéraux giscardiens rassemblés au sein de l’UDF. En effet,
Chirac conteste l’autorité du président issu du petit parti, considérant qu’il n’a pas les moyens
de gouverner (+ libéralisme proeuropéen de VGE), il pratique une sorte de « guérilla »
parlementaire contre VGE => en réponse l’UDF, en tant que parti du président, est créée
comme un rassemblement de petits partis qui conservent leur autonomie
// la progression de l’Union de la gauche aux élections cantonales et municipales mais à partir
de 1977, cette union implose sous la pression du PCF, ce qui provoque la défaite des partis de
gauche aux législatives de 1978.
 les forces politiques dessinent ainsi un « quadrille bipolaire » « en 1978, quatre partis obtiennent des
scores très voisins, légèrement au-dessus de 20% des suffrages exprimés. Le RPR et l’UDF forment la
coalition de droite, le PS et le PCF celle de gauche » (Pierre Bréchon, Les partis politiques en France).
« gauche »
« droite »
Fig. 1. Une visualisation simple
du quadrille bipolaire.
 montre ainsi cette bipolarisation croissante => donc impossibilité de gouverner au centre (et
aujourd’hui ?) ainsi que le début de la politique spectacle, cad personnalisation du débat et non
plus un débat d’idées.
3°) Le temps des difficultés : le « changement » entravé par la crise
Autre difficulté, économique et sociale désormais, l’ouverture de la crise suite aux chocs
pétroliers (1973 et 1979) et à la fin du système de Bretton Woods (1971) : progression conjointe de
l’inflation et du chômage (> 1 million de chômeurs) et l’appel à l’économiste Raymond Barre comme 1er
ministre et sa politique d’austérité ne changent rien hormis un mécontentement populaire croissant.
De plus, il est perçu par les Français comme qq’1 de hautain et distant.
 VGE qui se proposait de rassembler « deux Français sur trois » a perdu son pari de « décrispation »
politique. Le désarroi des Français face à la crise qui s’éternise (nouvel acteur politique désormais !) et
l’internationalisation croissante de l’économie, le mécontentement social et politique profitent à la
gauche qui remporte l’élection présidentielle de 1981.
C) Le temps de l’alternance : la gauche au pouvoir en 1981 (F. Mitterrand)
Le 10 mai 1981, la gauche arrive au pouvoir, pour la 1ère fois sous la Vème République, avec 51, 7% des
voix. Adversaire résolu du général de Gaulle depuis 1958 (et donc de la Vème République et de ses
institutions), Mitterrand va pourtant disposer pour réaliser son programme, d’une durée et de
pouvoirs étendus grâce à la construction gaullienne : c’est l’alternance.
La droite, quant à elle, sort affaiblie des élections présidentielles : sentiment de traditionalisme,
crise accrue avec le 2nd choc pétrolier, division entre le centre et le RPR de Chirac
1°) La volonté de changement des français
De nombreux Français espèrent un changement, face à la crise qui se répand. Ils voient en
Mitterrand un vent de nouveauté qui permettra de faire baisser le chômage et d’améliorer la vie
quotidienne, en bref de « changer la vie » comme le scandent les « 110 propositions » du candidat
(catalogue de mesures proposées par Mitterrand concernant essentiellement la paix, l’emploi et les
libertés), mais sans trop basculer du côté communiste (Mitterrand devance largement G. Marchais
candidat communiste) => le soir du 2nd tour, explosion de joie dans l’électorat de gauche (grande fête
organisée place de la Bastille à Paris), pratique gardée jusqu’à aujourd’hui.
L’alternance est confirmée par le succès de la gauche aux élections législatives avec 37,7% des voix :
donc majorité solide à l’assemblée pour gouverner.
Le 1er gouvernement est dirigé par P. Mauroy, il est soutenu par les communistes (dont 4 ministres
communistes, 1ère fois depuis 1947). De nombreuses réformes sont adoptées immédiatement comme
l’abolition de la peine de mort, décentralisation (transfert par l’Etat de certaines attributions aux
collectivités locales) et nationalisations des groupes industriels et bancaires, réformes sociales avec
les 39 heures hebdomadaires, 5ème semaine de congés payés, politique culturelle libérale et ambitieuse
(fête de la musique, autorisation des radios libres) => « état de grâce »
2°) La fin de l’état de grâce
Hausse de l’internationalisation et du rôle de l’économie dans la politique : ainsi la politique
keynésienne (cad Etat-Providence, très présent dans l’économie et rôle social important par une forte
redistribution afin de relancer la consommation) entreprise par Mitterrand à partir de 1981 se heurte
à la politique libérale (moins d’Etat et politique d’austérité) qui se développe en Europe et aux EtatsUnis :les déficits se creusent, le chômage continue d’augmenter et à partir de 1983, Mitterrand fait
le choix d’une politique de rigueur budgétaire => nouveau 1er ministre L. Fabius.
Le mécontentement des Français ne cesse de grandir : grandes manifestations notamment pour la
défense de l’école libre (= école privée) déclenchées à partir de 1984.
En parallèle, les extrêmes se reformulent en politique : les communistes quittent le gouvernement en
1984, mais c’est surtout l’apparition de l’extrême-droite avec le Front National de J.M. Le Pen qui
obtient 11% des voix aux élections européennes de 1984.
Mitterrand sent rapidement venir, pour les élections législatives de 1986, la défaite de la gauche : il
se concentre donc sur les domaines réservés au président…
3°) Une pratique gaullienne des institutions
Bien qu’ayant critiqué ces institutions pendant la période gaullienne, Mitterrand (auteur du
Coup d’Etat permanent) profite pourtant largement des pouvoirs donnés par les institutions de ce
régime « semi-présidentiel ». Ainsi, alors que le programme commun de la gauche de 1972 demandait
une réduction des pouvoirs présidentiels au profit du gouvernement, Mitterrand conserve cependant
les institutions en l’état : ils conservent donc des pouvoirs présidentiels aussi étendus que ses
prédécesseurs.
=> Les décisions politiques sont donc toujours prises à l’Elysée, et Mitterrand, dans l’héritage
gaulliste garde bien précieusement le « domaine réservé », soit les affaires étrangères, la défense et
la construction européenne .
Cependant il aime moins et pratique peu les bains de foule, au contraire, personnage aussi
charismatique que DG, il retourne la relation en « invitant » la foule et ses fidèles sur son passage.
 cf manuel p. 306
Enfin dernière caractéristique de cette pratique « monarchique présidentielle » : dépenses
somptuaires, politique de grandeur architecturale, chantiers « pharaoniques », à la gloire de la
République et surtout du président : pyramide du Louvre, opéra Bastille, arche de la Défense puis
bibliothèque Nationale.
Question de l’audiovisuel : plus grande marge de manœuvre : CSA et pluralité des radios libres,
création de chaînes privées (M6, canal +…) mais en // pb des écoutes téléphoniques.



Si 1981 marque un changement de cap de la politique française, l’alternance permet
aussi la consolidation des institutions par F. Mitterrand qui s’accommode très
rapidement de ce régime semi-présidentiel.
La tendance à la personnification de la politique en la personne du président et à la
politique spectacle continue.
Le poids de l’international complexifie durablement les décisions politiques qui
doivent désormais prendre en compte la pression internationale (notamment pour
la politique européenne), la mondialisation et la crise qui s’installe durablement
(changement de système)
 les institutions mises en place par DG fonctionnent bien, s’ancrent solidement dans la
société française et modèlent une pratique politique sur le long terme, et ce malgré le
départ de DG. Les grands traits originels tendent à s’affirmer : présidentialisme, logique
binaire (quadrille bipolaire), poids du conseil constitutionnel dans l’opinion et les
institutions face à la personnalisation du pouvoir
 l’échelle internationale (multiplication des acteurs et des domaines avec l’économie)
prend une place de plus en plus importante: la France connaît le passage d’une
DEMOCRATIE REPUBLICAINE TRADITIONNELLE A UNE DEMOCRATIE LIBERALE, dont le modèle,
largement présent dans le monde occidental, se répand (cad remise en question de la
place de l’Etat notamment en tant qu’acteur économique et dans son rôle social,
importance des acteurs économiques dans la vie politique, libéralisme économique).
III) LA
VE
REPUBLIQUE
DANS
REDISTRIBUTION ELECTORALE
LES
DEBATS
:
COHABITATION,
EROSION
ET
(1986 A NOS JOURS)
Les élections législatives de 1986 marquent une rupture fondamentale dans l’évolution
constitutionnelle de la France : le pouvoir exécutif est désormais partagé entre deux hommes
de partis opposés. Pourtant, malgré la déconvenue de la gauche aux législatives, Mitterrand décide
de rester au pouvoir et nomme un représentant de la nouvelle majorité comme 1 er ministre : J.
Chirac (RPR). De 1986 à 2002, 9 années sur 16 se passent sous l’égide de la COHABITATION :
comment gérer cette ambiguïté inhérente à la Ve et quelles sont les conséquences sur la pratique
du pouvoir ? comment comprendre ce vote des Français ?
A) La cohabitation de gauche à droite
1°) Sous la présidence de F. Mitterrand (1986 – 1995)
-
La 1ère cohabitation se fait de 1986 à 1988 entre Mitterrand et J. Chirac.
Phénomène inédit sous la Ve et non prévu par DG, ils doivent donc établir les règles de leur dyarchie :
au président le « domaine réservé » (politique étrangère, place de la France dans le monde et
construction européenne et défense) et au Premier ministre tout le reste (article 20 de la
constitution : le gvmt détermine et conduit la politique de la nation).
pendant 2 ans, l’affrontement est permanent, mais s’établit à l’avantage de F. Mitterrand qui montre
du doigt les réformes entreprises par le gouvernement de droite (privatisation, suppression de
l’impôts sur les grandes fortunes…) comme origine des maux des Français et se réapproprie donc des
relations privilégiées avec son électorat (ainsi lorsqu’une grève éclate en décembre 1986 à la SNCF,
Mitterrand soutient ouvertement les grévistes et se pose en gardien des « acquis sociaux ») : il
retrouve ainsi une popularité qui lui permet de remporter à nouveau les élections présidentielles de
1988.
En effet, la droite, toujours divisée entre les centristes (UDF de R. Barre) et les gaullistes de Chirac
est en recul tandis que le FN poursuit sa percée insurmontable depuis 1981 : 14,4% des voix.
Devant un PCF (Parti Communiste Français) en recul (6, 8% des voix), Mitterrand représente encore
pour l’électorat de gauche le seul candidat => il est donc réélu au 2nd tour.
Dès son arrivée au pouvoir il décide de dissoudre l’assemblée => majorité relative jusqu’en 1993
(Michel Rocard comme 1er ministre : RMI et CSG).
Cependant les difficultés s’amoncellent pour le pouvoir : scandales politico-financiers (sang contaminé,
financement occulte), hausse du chômage jusqu’à 3 millions de chômeurs en 1993, divisions internes au
parti : évolution vers une social-démocratie répandue dans les pays occidentaux (donc moins
révolutionnaire) ce que refusent certains socialistes…
- La 2nde cohabitation entre Mitterrand et Balladur (1993 – 1995) :
échec historique de la gauche aux élections législatives => 1er ministre E. Balladur qui renoue avec
une politique libérale (notamment hausse des cotisations pour les retraites du secteur privé de
37,5 ans à 40 ans + privatisation).
Lors de l’ouverture de la campagne présidentielle, la droite apparaît divisée entre E. Balladur et J.
Chirac (fait historique, tous les deux issus du RPR) et chez les socialistes, L. Jospin. J. Chirac n’est
pas du tout donné gagnant, mais il lance sa campagne sur la « fracture sociale », un thème
traditionnellement à gauche (cad manque de lien social à cause de trop fortes inégalités).
La campagne est de plus en plus médiatisée et médiatique => cf les Guignols de l’info quel impact sur
l’opinion publique ???
Résultats : les votes d’extrême, cad de contestation, qu’ils soient d’ extrême gauche ou d’extrême
droite sont élevés, l’écologie fait elle aussi un bond en avant.
 J. Chirac est élu président de la République au 2nd tour avec 52, 5% des voix.
2°) Sous la présidence de J. Chirac (1995 – 2002)
-
-
De 1995 à 1997 : retour à une pratique gaullienne typique, avec une majorité de droite à
l’assemblée => A. Juppé comme 1er ministre. Celui-ci entame une politique de rigueur afin de
réduire les déficits, + projet de réduction des retraites et de la protection sociale appelé
« plan Juppé » => mécontentement social énorme avec une vague de grandes grèves en
novembre – décembre 1995. Donc en avril 1997, J. Chirac décide de dissoudre l’assemblée afin
d’être sûr d’avoir une majorité jusqu’en 2002…
Définition : politique de rigueur (budgétaire) = réduction des dépenses de l’Etat cad moins de
redistribution (retraites, sécurité sociale), moins de fonctionnaires ou gel de leurs salaires.
Entraîne un retrait de l’Etat de la sphère sociale. A l’inverse les politiques de relance (de la
consommation) entraîne un réengagement de l’Etat notamment par la redistribution afin
d’augmenter la consommation.
5 années de cohabitation Chirac – Jospin ( juin 1997 – mai 2002) : élections législatives
anticipées sont un échec pour la majorité sortante, notamment par le maintien du FN qui a
totalisé un bon score, de tous ses candidats au 2nd tour : 76 triangulaires (élection dans laquelle
s’affrontent 3 candidats au 2nd tour) + promesse faite par la gauche de créer de nombreux
emplois et semaine de 35 heures et surtout coalition de gauche dite « gauche plurielle » (PS,
PC et Verts) => L. Jospin est nommé 1er ministre le 2 juin.
 C’est un échec personnel pour Chirac mais il décide de rester au pouvoir. Lionel Jospin
gouverne donc les affaires intérieures du pays pendant 5 années. Son gouvernement prend un
certain nombre de mesures sociales appréciées de l’opinion publique : février 1998 loi sur les 35
heures, PACS, loi sur la parité homme/femmes… Ces lois tentent de suivre une évolution des
mentalités de plus en plus rapide.
L’expérience de la cohabitation entraîne une évolution rapide du socialisme français vers la
social-démocratie. Cependant la « gauche plurielle » se divise peu à peu sur les questions
sociales (comme les communistes qui en appellent à une gauche plus sociale) ou politique (J.P.
Chevènement quitte le gouvernement sur la question corse) ; l’opposition d’extrême-gauche
(LCR et LO) ne laissent non plus pas de répit au gouvernement tandis que l’extrême-droite
s’impose elle aussi, notamment par les thématiques de campagne politique : insécurité,
communautarismes, terrorisme (en ramenant tout à l’immigration)…
 Les années 2000 un tournant pour la Ve République ?
- Par référendum, le mandat du président est diminué à 5 années en septembre 2000 =>
volonté de réduire les pouvoirs sur le long terme du président ??? contre la cohabitation ?
Les Français commencent de se lasser de la cohabitation qu’ils ont pourtant agréée pendant
15 années : elle favoriserait l’inertie et éviterait donc une politique « trop à gauche » (peur des
communistes ???) ou « trop à droite » (car modèle libéral occidental contradictoire avec le
modèle social français). Mais à terme, développement d’une « pensée unique » entre les deux
chefs de l’exécutif, ce qui exaspère les extrêmes et les altermondialistes.
en 2002, toujours dans cet héritage gaulliste très fort (importance du président, personnalisation du
pouvoir, bipolarisation de la politique), mais la Ve a connu des mutations importantes dans la pratique :
montée des extrêmes et surtout complexification des relations sociales et donc politiques (pbl des
réformes de fond revient tout le temps) entraînent une perte de confiance d’une partie de l’opinion
publique qui s’exprime à travers les élections présidentielles, sentiment de déconnexion entre les
partis et les hommes au pouvoir ( qui adoptent une logique globale, mondiale, économique => démocratie
libérale) et les Français (vision locale ou sociale, défense d’un modèle social, des « acquis sociaux »,
veulent voter ce qu’ils considèrent comme strictement juste).
B) le choc de 2002
L’élection présidentielle de 2002 est le révélateur de cette déconnexion, de cette fracture civique
entre les Français et la politique.
En effet, la multiplicité des candidatures à
gauche , le très fort taux d’abstention au 1er tour
(28%), et les Français de tout bord qui ont besoin
d’un discours qui les rassure ou leur plaît (tant
socialement qu’économiquement : cf extrême –
gauche avec 10, 44% des voix) et non plus d’un
discours politique (cad la gestion du « mieux »
dans ce système-monde où les dynamiques de
changement sont extrêmement complexes)
permettent de comprendre, non pas tant la
montée de l’extrême-droite mais surtout la
défaite du PS (qui a entraîné la démission de
Lionel Jospin).
Mais ce 1er tour a entraîné une vive réaction qualifiée de « front républicain », cad une
mobilisation démocratique très forte à la fois d’en-bas (la rue et les citoyens) et d’en-haut (tous les
candidats ont appelé à voter Chirac sauf Lutte Ouvrière) contre le FN jugé anti-démocratique. J.
Chirac fonde alors l’UMP (Union pour la Majorité Présidentielle puis Union pour un Mouvement
Populaire) pour rassembler tous les partis de droite => 82% des voix et un fort taux de participation.
 cf Une Libé (fichier PDF sur le site)
Puis lors des élections législatives : large majorité au parti du président face à une gauche
complètement déstabilisée.
 on retrouve donc la configuration classique de la Ve et de la « monarchie républicaine » : la
droite dispose alors des pouvoirs à tous les échelons de la vie politique : nationale, mais aussi
régionale et départementale : politique libérale avec Raffarin comme 1er ministre et N. Sarkozy
comme ministre de l’intérieur (importance du thème de l’insécurité, immigration, quotas pour la
police…). Ils impulsent alors la vie politique intérieure et extérieure.
Mais NOUVELLE FORME DE COHABITATION, suite au projet de réforme des retraites en
2003 => grandes manifestations => élections régionales passent majoritairement à gauche en 2004.
Désormais la vie française est ponctuée par de grandes crises sociales et politiques qui montrent la
crispation entre l’évolution accrue et effrénée vers une démocratie libérale et les attentes et les
peurs des Français face à la mondialisation: NON au référendum européen en mai 2005 qui voit la
chute du gouvernement Raffarin => Villepin, crise des banlieues en novembre 2005 puis surtout CPE en
mars 2006 => retrait du projet de loi.
 2002 a été un tournant durable dans la prise de conscience des Français de l’importance de la
question politique. La peur d’un nouveau 2002 reste dans les mémoires, l’opinion s’est rendue compte
que la démocratie n’est pas absolue, qu’elle « s’entretient » => cf en 2007 : question du vote utile, très
forte participation dès le 1er tour, recherche aussi de la mobilisation civique en multipliant les espaces
de rencontre politique/peuple : internet, journaux, TV, radios..
C) La présidence de Sarkozy (depuis 2007 …)
-
regain d’intérêt pour la politique : le premier tour montre un fort éclatement idéologique et
partisan avec 12 candidats, mais la jeunesse des candidats (moyenne d’âge de 54 ans) et le
relatif renouvellement des personnalités politiques a relancé l’intérêt des Français.
Renouveau démocratie participative notamment à gauche afin de renouer les Français avec la
politique
 Assez fort taux de participation (entre les deux tours 80%)
Renouveau du centre avec Bayrou
-
L’arrivée au pouvoir de Sarkozy est marquée par une hyperprésidentialisation du régime cad
une redistribution des pouvoirs au sein de l’exécutif se manifeste par une gestion directe de
tous les dossiers par le président et le Premier Ministre est relégué au rôle d’exécutant.
Ses thèmes de campagne ont séduit à la fois l’électorat de la droite traditionnelle, de
l’extrême-droite et une petite partie du centre pour le second tour.
Les élections législatives de juin ont assuré au nouveau président une majorité confortable à
l’Assemblée
-
peopolisation du politique pendant les 3 premières années de son mandat mais évolution depuis
2010 car dérange l’opinion publique tant dans la droite traditionnelle qu’à gauche.
-
« droite décomplexée » : ne reconnaît plus du tout le modèle social français, prend modèle sur
les Etats-Unis => l’Etat doit se retirer massivement des domaines économique et social.
Comment expliquer alors la politique européenne de Sarkozy lors de la crise de 2008
(importance de l’intervention étatique) => pensée néolibérale !
-
éclatement de la gauche avec le NPA, le PC, le PS et nouveau parti de Melenchon, Front de
Gauche, tandis que le centre paraît retombé en désuétude. A droite, rassemblement autour de
l’UMP et montée de l’extrême-droite notamment suite aux débats menés sur l’immigration,
l’insécurité et la laïcité.
D) quelle démocratie en France aujourd’hui ?
1°) Les craintes d’une démocratie libérale : la montée des extrêmes
Depuis les années 1990 l’extrême gauche ne cesse de monter dans les sondages et lors des élections,
hormis celle de 2007 car une partie de son électorat a été inquiétée par la question du vote utile dès
le 1er tour + grande diversité des candidatures entre LO (Laguillier puis Arthaud), LCR => NPA
(Besancenot puis Poutou), altermondialiste (Bové, pas de candidature en 2012) et PCF de M.G. Buffet
(pas de candidature en 2012 car réunion avec le Front de Gauche). La nouveauté d’une candidature
altermondialiste montre l’évolution des problématiques et des inquiétudes dans l’opinion publique.
hausse du vote écologiste depuis les années 1980 : cf pbl essentielle pour les présidentielles de 2007,
extrêmement médiatisée avec le pacte écologique de Nicolas Hulot. En 2012 Eva Joly n’a obtenu que
2% des voix car femme + vue comme étrangère et la contestation était beaucoup plus sociale.
Cependant l’intégration des thématiques écologiques dans les débats montent qu’elle devient un
intérêt pour les Français.
A l’opposé, l’extrême droite continue sa progression notamment dans les problématiques posées :
identité nationale, question européenne, immigration dans un monde où les repères sont en
questionnement (rapidité, complexité, quelles accroches spatiales ???), notamment celui de l’Etatnation. Les classes populaires, les plus touchées par la crise, sont de plus en plus attirées par ce vote
de contestation et de déception face à la politique libérale classique (cf « gauche caviar »). Cependant
défaite du FN lors du 1er tour de 2007 car peur de 2002 (contestation est-elle utile ?) +
réappropriation par le programme de la droite des thématiques lancées attribuées depuis les années
1980 au FN.
En 2012 : 17,9% pour Marine Le Pen fille du fondateur => rôle de plus en plus important du FN dans
les élections. Pq ? vote de contestation de la politique menée par le gouvernement Fillon +
paupérisation des classes moyennes basses + depuis 7 ans importance des thématiques de
l’immigration, « islamisation », insécurité etc développée par le pouvoir en place.
 Donc la bipolarisation induite par les institutions ne semble pas résister au mécontentement et aux
attentes des électeurs : ils votent de plus en plus par contestation et par conviction, sans volonté de
compromis (héritage de la cohabitation ?). En conséquence, le programme commun de la gauche, cette
gauche plurielle, ne tient plus face à la radicalisation des minorités de gauche et en // à la
« centralisation » de la gauche qui espère avoir le pouvoir => évolution vers une social-démocratie
présente dans les démocraties libérales occidentales.
A droite, le projet de l’UMP de mettre en place une droite unique n’a pas tenu sur le long terme => cf
score de François Bayrou au 1er tour (18,6%) qui a rassemblé les nostalgiques de la cohabitation et les
centristes traditionnels qui repoussent le néolibéralisme contre « l’exception française » : donc deux
partis importants l’UMP et le PD (ancien UDF). Cependant entre 2007 et 2012, le centre s’est étiolé.
Cependant, l’extrême-droite de plus en plus « normalisée » tente de faire imploser la droite.
2°) La Ve république est-elle en crise ?
-
délaissement par les Français des voies politiques traditionnelles pour de nouvelles formes
d’engagement ? taux d’abstention fluctuants : en 2002 fort ou pour certains référendum qui
marque une crise de confiance dans la tenue de la politique traditionnelle mais on ne peut pas
réellement parler d’une crise de la démocratie car pour 2007, très forte participation qui a
étonné à l’étranger, comme en 2012 (80%) ; multiplication des réseaux civiques, notamment
pour la jeunesse et surtout démultiplication des nouvelles formes d’engagement qui
apparaissent d’autant plus crédibles dans l’opinion publique : les associations humanitaires,
écologiques, les forums sociaux mondiaux, l’importance des mouvements de grève aussi depuis
2002. Or ces nouvelles formes d’engagement arrivent à concurrencer les institutions
traditionnelles de la Ve République : cf grève de mars 2006 contre le CPE => retrait du projet,
association les enfants de Don Quichotte => mise en place d’une loi sur le droit au logement
opposable pour 2012…
➥ démocratie participative ???
-
hypermédiatisation, peopolisation de la vie politique est un héritage de la pratique gaullienne,
mais aujourd’hui exacerbation => cf pb pour 2007 pas de débat d’idées, plutôt importance de la
place dans les médias, de la personnalité… cf meetings à l’états-unienne, blog sur internet
(segosphère et http://nicolas-sarkozy-2007.skyrock.com/ pour Sarkozy en 2007 puis en 2012
pour François Hollande http://francoishollande.fr/ et pour Sarkozy une adresse facebook)
 l’évolution depuis 2000 de la pratique politique en France permet de comprendre les dynamiques à
l’œuvre dans le monde contemporain :
- les peurs d’une société post-moderne : fin de la croyance, depuis les années 1980 , en la toutepuissance de la technologie, retour à la nature, à l’environnement.
- Mondialisation et globalisation financière à vitesse grand V : que faire du politique face au tout
économie ? et le social ? Que faire de l’Etat ? Quelle place de la France ? Quelle Europe ?
- Déconnexion croissante entre la vie politique traditionnelle et la complexification du monde :
autres formes d’engagement, citoyen nouveau.
Conclusion : Ainsi la Ve République apparaît-elle comme un régime stable et solide. Héritage d’un
homme, d’une pratique politique, celle de DG, elle a cependant su s’adapter aux dynamiques
contemporaines et résoudre certaines de ses ambiguïtés devant des grandes crises (mai 1968,
cohabitation, abstention…).
Même si aujourd’hui certains personnages politiques réclament l’avènement d’une VIe République afin
de montrer aux Français un renouveau des voies traditionnelles, le poids de DG et de ses successeurs
comme Mitterrand reste intact : cf Nicolas Sarkozy en pèlerinage à Colombey les deux Eglises et
contre mai 1968 (contre DG) et F. Hollande faisant référence à Chirac dans sa lutte républicaine
contre le FN.
Téléchargement