CANCER ET HOMMES CELEBRES
BARTH Marie, HECKY Géraldine, REMY Frédéric, ROBERT Nathalie
Face au cancer, les hommes célèbres ne sont pas épargnés ; différentes manières d’appréhender la maladie
ont été observées.
Napoléon Bonaparte1 est déporté sur l’île de Ste Hélène par les Anglais en 1815. Il décède le 5 mai 1821
à l’âge de 51 ans. Sur sa propre demande, son corps fut autopsié afin de constater la cause physique de sa
maladie. Le gouverneur britannique de l'île diagnostiqua une mort causée par un cancer de l'estomac
avec ulcères qu’il notifia dans le testament. Mais il a été récemment démontré de manière scientifique
que Napoléon aurait en fait été empoisonné à l’arsenic. Le cancer aurait donc été utilisé autrefois pour
cacher son empoisonnement car même s’il n’était pas détectable, il était également difficile de confirmer le diagnostic
sans examen histologique et l’absence à l’époque de réel traitement de cette pathologie justifiait la mort avancée de
l’empereur. Actuellement quelques historiens préfèrent encore croire que Napoléon est mort d’un cancer plutôt que
d’un empoisonnement par les anglais pour garder un côté plus noble à son décès.
Georges Pompidou2 fut le 19ème Président de la République Française. Les premiers symptômes de son
cancer se manifestent lors de sa campagne présidentielle (fin 1968). Dès le début de son mandat, une
grande fatigue le marque alors que son emploi du temps est celui de tout chef d’état. Les petites
infections se succèdent. Le diagnostic est établi en 1972 : Georges Pompidou souffre de la maladie de
Waldenström, sorte de lymphome malin. La notion de cancer a longtemps été cachée. Bien que
déconseillé, le Président est traité par de la prednisone à haute dose. Dès lors, Georges Pompidou change de
comportement : il montre une indécision permanente, allant jusqu’à la contradiction. A partir de décembre 1972, il
annule de nombreuses cérémonies, prétextant à chaque fois la grippe. Il maintient tout de même quelques voyages en
1973 : c’est le corps gonflé, jauni, aux traits alourdis qu’il fait front devant le président Nixon. En juin, il va en Chine
où il essaie de sauver la face jusqu’à se moquer de la mine fatiguée de Mao. Il ironise sa mort qu’il sait prochaine,
commentant que tout le monde à ses soucis : « Nixon a le Watergate sur les bras, et moi je vais mourir ! ». En 1974
apparaissent de nombreuses complications induites en grande partie par la prednisone. Il meurt le 2 avril 1974 à la suite
d’un cataclysme hémorragique. Sa mort ne surprit personne. Georges Pompidou sût supporter son calvaire avec
vaillance, alors qu’on se demande même où il a puisé l’entêtement à ne pas s’effacer.
François Mitterrand3 a été élu Président de la République Française le 10 mai 1981. Le diagnostic de
cancer de la prostate avec métastases est posé six mois plus tard. Le président fait alors le choix de ne rien
dire à personne, au nom du « secret d’état ». Les bulletins de santé signés par le médecin de l’Elysée
(Docteur Gubler) ont été falsifiés. François Mitterrand met en place une formidable machine de combat
contre la maladie ; pourtant à partir de 1983, son caractère change. François Mitterrand est réélu en mai
1988. Dès 1989, l’équipe médicale qui le suit s’agrandit. En 1992, l'opinion publique apprend que le président vient
d'être opéré d'un cancer de la prostate. En 1993, François Mitterrand subit une chimiothérapie qui durera jusqu’à la
seconde intervention en juillet 1994. Selon le Dr Gubler, dès novembre 1994, le Président n’aurait plus été capable
d’assumer ses fonctions : « son programme quotidien se déroulait au lit : il ne s’habillait que le mercredi, jour du
conseil des ministres». A sa mort en 1996, François Mitterrand aura survécu quinze ans. Pourtant, comme beaucoup
de grands de ce monde, il n’aura pas été bien soigné, étant l’enjeu de rivalités, d’ambitions, de jalousie de ses
médecins; la qualité des soins aura souvent été sacrifiée à la nécessité absolue du secret d’état.
Sigmund Freud4 est né le 6 mai 1856 à Freiberg (République Tchèque). Il commença par des études de
médecine à Vienne, s'attarda à des cours de philosophie pour devenir ensuite le père de la psychanalyse.
Grand consommateur de cigares, il a souffert du cancer pendant les seize dernières années de sa vie. Il
souffrait d'un carcinome récidivant au niveau de la bouche, a subi une trentaine d'opérations jusqu'à sa
mort. Malgré tout il continuait à fumer car il estimait que le tabac lui assurait ses facultés intellectuelles.
Gêné par son infirmité dans son langage, il se faisait représenter par sa fille Anna lors de conférences de psychanalyse.
« Il a trouvé quelque chose d'étranger dans son corps mais au lieu de le chasser de son esprit, il l'adopta comme une
partie de lui-même. Il prenait une attitude psychanalytique vis-à-vis de sa maladie. » (Sandor Ferenczi ami de Freud et
psychanalyste). Il parlait de son « bon vieux cancer avec lequel il partageait son existence ». Il mourut le 23 septembre
1939 après injection d'une forte dose de morphine à sa demande.
Dans le cancer, la personnalité du malade est perturbée jusqu’au plus profond de l’être, sa relation avec la
réalité devient tenue et chancelante. Concernant les hommes politiques, leur santé ne pèsera-t-elle pas tôt ou tard sur
leur conduite ? N’influencera-t-elle pas certaines décisions à prendre ?
1 http://www.napoleonicsociety.com/french/fournierfr.htm / 2 P. Accoce. Ces malades qui nous gouvernent. 1979 ; 226-248 / 3 http://www.md.ucl.ac.be/ama-ucl/edito21.htm / 4 www..medarus.org