La croissance économique
Section I : La notion de croissance économique :
I.1) Définition
La croissance économique est l’accroissement durable de la production globale d’une économie.
C’est donc un phénomène quantitatif que l’on peut mesurer.
Il ne faut pas confondre croissance et expansion. La croissance économique est une augmentation
régulière de la production d’une économie. En revanche, l’expansion est une hausse de la
production d’un pays durant une courte période.
De même, il ne faut pas confondre croissance et développement ! Le développement désigne
l’ensemble des transformations techniques sociales, démographiques et culturelles accompagnant
la croissance de la production. Le développement traduit l’aspect structurel et qualitatif de la
croissance (amélioration du niveau de vie et du niveau d’instruction, bien être pour l’ensemble
de la population).
Les facteurs de la croissance sont nombreux : - augmentation de la population active et
amélioration de sa qualification
- accroissement du capital technique et son
perfectionnement
- progrès technique et innovations
Ces facteurs peuvent jouer différemment et conduire à deux grands types de croissance : une
croissance dite extensive qui résulte de l’augmentation quantitative des facteurs de production
(davantage de travailleurs et d’équipement conduisent à plus de croissance) ; une croissance dite
intensive qui résulte de l’augmentation de la production du fait d’une utilisation plus efficace des
facteurs de production.
I.2) Mesure de la croissance
Elle est mesuré par le taux de variation de la production exprimée en termes bruts (c’est à dire en
intégrant les amortissements entre deux riodes). Dans la Comptabilité Nationale Française
(CNF), elle est dévaluée par le PIB.
Les indicateurs de mesure de la croissance économique sont restrictifs. Ainsi la production
domestique n’est pas prise en compte dans le PIB. De même, le secteur informel couvrant les
activités économiques non officielles (= économie souterraine c’est à dire le « travail au noir »,
non déclaré, et d’autres activités illicites comme le trafic de stupéfiants) échappe aux statistiques.
Or, dans de nombreux pays en développement, une partie importante de l’activité s’effectue hors
marché : troc, rémunérations en nature, autoconsommation.
Enfin, les agrégats de mesure de la croissance prennent mal en compte des effets externes
(externalités), c’est à dire les conséquences des activités économiques sur l’environnement.
I.3) L’analyse des cycles
I.3.1) Cycles mineurs Kitchin
L’américain Kitchin crée ces cycles en 1923. D’une durée d’une quarantaine de mois, le cycle
est lié à la variation de stock, son effet est général mais il se produit sans crise. En effet, une
simple récession marque le sommet de la conjoncture. Selon qu’ils anticipent une forte demande
ou un marasme économique, distributeurs et producteurs constituent ou liquident leurs stocks ce
qui engendre surchauffe ou mévente. Période d’expansion ; période de récession
Carnets de commandes pleins
Stockage rapide
Production maximale
Recul des commandes
Déstockage
Croissance ralentie
I.3.2) Cycles majeurs Juglar
Ils durent de 7 à 11 ans et s’inscrivent à l’intérieur de mouvements de longue durée. Le français
Clément Juglar (1819-1905) les met en évidence, et en fait l’une des analyses les plus
perspicaces. On en dénombre 15 entre 1816 et 1938, ils comportent quatre phases :
1. Expansion : prix salaires, profits, emploi augmentent en même temps
2. Crise : période brève la tendance se renverse, prix et profits cessent d’augmenter,
l’activité se ralentit puis baisse. L’excès de stocks, accumulés en prévision de la
prospérité, cause le retournement : un simple ralentissement de l’expansion conduit à
cesser toute nouvelle commande avant d’avoir écoulé les marchandises en attente.
3. Dépression : Prix, salaires profits emploi diminuent en même temps
4. Reprise : nouveau renversement de tendance. Le niveau des stocks est au plus bas. Durant
la dépression, les entreprises ont dû brader pour les écouler. Petit à petit, elles les
reconstituent, les premières commandes, prudentes, relancent la production, donnant le
signal du redémarrage.
I.3.3) Cycles longs Kondratiev
I.3.3.1) Des ondes longues d'une cinquantaine d'années
A la fin du XIXème siècle, on remarque des vagues longues dans le mouvement des prix. Elles
sont mises en relation avec d'autres facteurs concordants : production, profits, commerce
extérieur. L'économiste soviétique Nicolaï Kondratiev (1892-?) montre dans sa thèse de 1922 que
les cycles majeurs s'inscrivent dans des mouvements de 30 à 50 ans. Schumpeter les baptisera
cycles Kondratiev.
Kondratiev se base sur l'observation des prix. Les phases A sont marquées par l'inflation, elles
coïncideraient avec une croissance accélérée de l'activité. Baisse des prix et croissance ralentie
caractériseraient les phases B.
I.3.3.2) L'énigme des cycles longs
Parmi les économistes ayant proposé une explication des cycles longs, Schumpeter retient le
facteur explicatif du progré technique.
Chaque phase A correspond à une vague d'innovations en grappe, qualifiée de destruction
créatrice, qui clenche une phase d'investissements. Un phénomène de saturation déclenche la
phase descendante, les investissements de capacité devenus inutiles sont remplacés par des
investissements de rationalisation (diminuer les coûts à quantités stables). Durant cette période,
se préparent les innovations qui feront la phase suivante. Comme dans le cycle mineur,
l'investissement joue les premiers rôles. Elément essentiel et variable de la demande, il détermine
l'offre en quantité et en qualité.
Certes, ces facteurs sont évidemment essentiels, il est difficile d'en expliquer la régularité. Ainsi
le XXè siècle présente deux vagues prospères (1920-1929, 1945-1973) entrecoupées d'une
dépression mais fondées sur les mêmes ressorts technologiques. Il serait peut être plus fécond de
passer du temps économique au temps historique c.à.d de renoncer à une causalité cyclique pour
s'intéresser aux traits de chaque époque (rapports sociaux, innovation, etc...).
Section II : Les modèles de croissance économique
II.1) Les classiques : épargne, division du travail, esprit
d'entreprise
II.1.1) Les principes originels
Le schéma libéral de la croissance repose sur l'augmentation de la productivité permise par une
production de plus en plus spécialisée (division du travail) et de plus en plus capitalistique. du
fait du machinisme et de l'invention. Selon la loi des débouchés de J-B Say, toute production crée
sa propre demande car elle induit une distribution de revenus d'un montant équivalent. L'équilibre
est assuré par la flexibilité des prix : le taux d'intérêt égalise épargne et investissement, le taux de
salaire l'offre et la demande de travail, les prix celles des biens et des services.
Le modèle classique retient l'épargne comme facteur premier : elle ne doit pas être thésaurisée, ni
dépensée somptuairement, ni stérilisée dans des acquisitions foncières et immobilières, mais
consacré à l'investissement productif source de richesses et d'emplois " Mieux vaut épargner que
faire des enfants" dit J-B Say. Pour Adam Smith : "Les capitaux augmentent par l'économie, ils
diminuent par la prodigalité et la mauvaise conduite", (prodigalité = qualité d'une personne
prodigue c.à.d qui dépense à l'excès de façon inconsidérée) "La cause immédiate de
l'augmentation du capital, c'est l'économie et non le travail". On en déduit les conditions de la
croissance :
- institutionnelles : laissez faire laissez passer, l'entrepreneur doit pouvoir créer et
vendre librement, il faut abandonner les régimes favorables aux revenus du monopole et de la
rente ;
- sociales : les revenus doivent être concentrés pour qu'une classe aisée soit à
même d'épargner, et l'inciter à investir en aidant la rentabilité.
L'économiste américain W.W Rostow précise les conditions qui permettent de passer d'une
société agricole stagnante à la société de consommation à travers des étapes durant lesquelles les
initiatives des entrepreneurs sont progressivement libérées.
1ère étape : on est dans une société traditionnelle : l'organisation de la société est de type féodal
et autarcique. L'agriculture est traditionnelle et il n'y a pas de progrès technique.
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