J. : Je suppose qu’à ce nouveau packaging correspond aussi une nouvelle campagne de pub ?
-Tout à fait. Nous avons voulu créer la surprise pour émerger et nous avons lancé 3 spots sur le thème des
fables de la Fontaine. Ces animaux, la cigale la fourmi, le lièvre et la tortue, la grenouille et le bœuf
abandonnent leurs morales traditionnelles et inventent une fin inédite. Nous leur avons donné des voix
d’acteurs célèbres pour que ces personnages soient plus familiers, plus proches. Nous avons lancé 3 spots
télé, d’une durée de 2-3 semaines chacun, le premier en été, le deuxième à l’automne et le troisième juste
avant Noël avec la fable de la Cigale et de la fourmi.
Badoit a investi plus de 4 millions d’euros en achat d’espace, entièrement concentré sur la télévision. Ce
très très gros budget faisait d’elle, à l’époque, le plus gros annonceur de ce segment de marché.
J. : Parlez-nous des perspectives actuelles de la marque. Ces dernières années sont particulièrement
difficiles pour les producteurs d’eau en bouteille. La concurrence est forte. Badoit réussira-t-elle à surmonter
la crise ? De quels atouts dispose-t-elle ?
-Il faut bien comprendre que l’enjeu est énorme. Les eaux gazeuses nature génèrent aujourd’hui, en hyper
et en supermarché, 430 millions d’euros de chiffre d’affaires (soit 28 % du marché total de l’eau). Badoit,
toujours leader bien que très affaibli, n’obtient plus que 18 % de part de marché en volume, alors qu’elle
culminait, il n’y a pas si longtemps, à près de 30 %. Nous faisons partie d’un quatuor historique qui
comprend : Perrier (groupe Nestlé), St-Yorre et Célestin (Castel/Neptune). Ce sont nos principaux
concurrents. Mais depuis les années 90, nous avons vu l’essor de petites nouvelles qui veulent elles aussi
prendre leur place sur la table des Français. Je veux parler de San Pellegrino (groupe Nestlé), Quézac
(Nestlé), Salvetat (Danone), Arvie (Danone). La plupart de ces marques sont venues sur le terrain de
prédilection de Badoit, à savoir celui des eaux qui offrent une pétillance fine, douce et équilibrée en goût,
afin d’accompagner agréablement le repas.
Pour la communication, nous restons sur l’idée d’une consommation qui se fait principalement pendant les
repas. Sociologues, psychologues et nutritionnistes parlent de convivialité des repas, nécessaire au bon
climat familial. Cette donnée sociologique nouvelle a comporté des changements dans la perception de
l’eau à table et de sa consommation, qui devient un plaisir. L’eau, comme le vin, s’accompagne
aujourd’hui de contenus émotionnels. Nous avons donc lancé un nouveau produit : Badoit rouge.
J. : Quel était l'objectif que vous vous étiez fixé pour cette campagne ?
Nous avons voulu attirer l'attention sur le côté innovant de Badoit rouge sur le marché des eaux. Innovation
technologique d'abord, avec un conditionnement qui conserve mieux le gaz. Les bulles sont vraiment plus
grosses. Innovation pour le packaging ensuite, avec cette bouteille rouge très repérable, inédite dans les
linéaires de boissons. Enfin, nous visons les jeunes de 18 à 35 ans, plutôt consommateurs de sodas et
réfractaires aux eaux. En trois mois, il s'est taillé 3,1 % de part de marché. Badoit reste leader sur son
marché, devant Perrier.
Enfin, Badoit rouge ne cannibalise ni les autres produits Badoit ni nos concurrents: il a conquis de nouveaux
consommateurs, plus jeunes, plus urbains.
Avec cette bouteille, B. ne se limite pas au territoire de la restauration classique et explore de nouveaux
circuits : distribution automatique, restauration « moderne » (fast food), stations service, restaurants
d’autoroute, restaurants d’entreprise.
Enfin, dernier atout. Nous venons de lancer des cours d'« eaunologie » et un site « labullebadoit.fr ». Il s’agit
de cours destinés à la fois au grand public et aux professionnels qui ont pour objectif d'apprendre au
buveur d'eau gazeuse à goûter l’eau comme on goûte le vin mais aussi de l'amener à associer dans son
esprit le nom de Badoit au raffinement de la table. Tout cela parce que nous sommes fidèles à notre slogan
désormais trentenaire : « Peut-on envisager un repas sans Badoit ? »