des étudiants de première année d’université étudiant le français comme une matière parmi d’autres.
Les objectifs étaient donc différents pour chacun des deux groupes, mais un apprentissage situé
était visé dans les deux cas.
2.1 Deux groupes aux objectifs différents
Pour les Australiens, l’objectif était d’une part d’être immergé, autant que faire se peut avec des
débutants, dans un contexte culturel français (la France est ressentie comme très lointaine pour un
Australien, et pas seulement au plan géographique), d’autre part de communiquer de la manière la
plus authentique possible avec des Français : à défaut de la situation idéale du « bain de langue »
dans le pays, on peut penser qu’un apprentissage situé en langue peut être facilité par les
technologies qui d’un côté rapprochent le(s) pays dont on apprend la langue, par la dimension
d’information d’Internet, de l’autre permettent des interactions à distance avec des natifs, grâce à la
fonction de communication d’Internet (Mangenot, 1998). L’hypothèse, bien sûr, était que cette
contextualisation de l’apprentissage du français aurait des effets sur la motivation et sur l’efficacité
de l’apprentissage.
Pour les Français, les deux objectifs étaient d’une part de pratiquer la pédagogie du FLE avec de
vrais apprenants, avec un accent sur les approches interculturelles, d’autre part d’apprendre à se
servir des technologies dans l’enseignement des langues ; pour eux, le projet ne se contentait pas de
refléter une future situation de mise en œuvre de leur apprentissage, mais il constituait bel et bien
une situation pédagogique réelle. La suite de cette étude se concentrera sur le travail des Français,
pour lesquels ont été recueillies de nombreuses données qui seront abondamment citées :
questionnaires, entretiens semi-directifs, observations ethnographiques, production multimédia.
2.2 Un apprentissage collectif et autodirigé générateur d’une forte motivation
Quelques mots sur le dispositif pédagogique, notamment en ce qui concerne sa chronologie. Les
seize étudiants en maîtrise FLE ont consacré un semestre, dans le cadre d’une unité d’enseignement
optionnelle de 25h (« Analyse et intégration de matériel multimédia »), à créer des ressources de
divers types (voir plus loin). Le semestre suivant, ils ont joué – bénévolement - le rôle de tuteurs par
rapport aux Australiens qui utilisaient ces ressources.
Le mode de travail durant le premier semestre faisait une large part à la collaboration et à
l’autodirection : huit dyades se sont constituées et ont choisi le thème sur lequel elles allaient faire
travailler les Australiens. Les enseignantes australiennes avaient indiqué le manuel dont elles se
servaient, Tempo 1 (Didier), et l’on savait que les étudiants aborderaient une nouvelle unité de ce
manuel toutes les deux semaines. Par ailleurs, l’enseignant français (auteur de ces lignes) avait
donné pour consigne générale de réaliser des activités autocorrectives pour certaines et ouvertes
pour d’autres (cf. 3.3), ressources destinées à faire pratiquer le français mais également à présenter
des dimensions culturelles de la Franche-Comté (ou d’autres régions). Ces consignes ainsi que les
contenus linguistiques abordés par le manuel ont constitué le cadre de la création multimédia ; à
l’intérieur de ce cadre, « il y avait un grande part d’autonomie », comme l’exprime une étudiante
qui décrit la manière dont elle a ressenti le mode de travail :
[…] ça a changé beaucoup par rapport à d’autres cours. On n’est pas habitués à travailler
comme ça. On peut tous parler ensemble, en même temps on peut parler aux profs. C’était
pas du tout la même configuration de classe que les autres cours. Non, c’était assez
intéressant, c’était bien. […] une grande liberté quand même de choix d’objectifs, au niveau
des réalisations qu’on a pu faire, on avait vraiment une aisance totale, on faisait ce qu’on
voulait, c’était bien, quoi.
Les étudiants travaillaient donc sur les ordinateurs durant les séances de TD, l’enseignant jouant le
rôle de personne ressource que l’on pouvait appeler à l’aide sur le plan technologique ou sur le plan
pédagogique. Une doctorante
a également joué ce rôle, d’une manière plus intensive. En effet,
Katerina Zourou, qui prépare une thèse à Besançon sur les apprentissages collaboratifs à distance.