Master 1ère année - Séminaire - Semestre de printemps Domaine d'études 4 "Processus de conception - Méthodes et supports théoriques" HABITER L'OEUVRE Responsable Rémy Butler Autres enseignants Cyrille Simonnet, Alain Farel, Myrielle Hammer Code de l’enseignement : UEM S2 Nombre d’heures : 72 heures Objectifs pédagogiques Poursuivre, à l'issue du cours de théorie de 3ème année, les recherches sur la signification et la pertinence de certains mots clefs du vocabulaire architectural tels qu'échelle, symétrie, ornement, rythme... Eléments de contenu Reprenons la phrase d’Alberti qui résonne si pertinemment aujourd’hui « sans théorie, l’architecture n’est qu’un commerce ». La mondialisation de la marchandise et sa fille le « merchandising » ont réussi à occulter, dans les pays développés, la réalité du monde. La production de l’architecture n’y échappe pas. Des débats sur sa fonctionnalité ou sur la vérité de sa construction si actifs au milieu du siècle passé, il ne reste aujourd’hui qu’une course d’images qui consacre le culte momentané de l’apparence. L’architecture, ou la pratique architecturale, aurait-elle perdu sa / ou ses théories ? Quelles furent-elles au-delà des recettes du bien construire, du savoir-faire issu des corporations de maçons ou de charpentiers ? Il y a bien le fétiche retrouvé de Vitruve laborieusement décliné par les architectes de la renaissance puis ceux de l’âge classique. On y trouvera là peu de théorie, voire aucune si l’on excepte le concept trilogique qui assemble «Venustas, Soliditas et Commoditas» pour qualifier l’architecture. Aux prémices du monde contemporain et aujourd’hui encore, on assiste à des tentatives d’énonciations souvent suspectes d’être issues d’une posture commerciale ou purement polémique, d’autres plus sincères (Tchumi, Koolhaas, après Loos, Jenks, Zevi…) Absence de débat, sûrement pas, absence de théorie probablement. Et pourtant ce mot revient sans cesse, il accompagne depuis qu’il existe l’enseignement de l’architecture. Depuis que la pratique de l’architecture quitta le statut «d’ars mecanica» pour prendre celui d’ «ars libera» (Vasari), on nomme par le monde des professeurs de théorie dans toutes les écoles d’architecture et aucun ne la dispense, au mieux s’y substituent des doctrines ou leurs pires avatars : des postures (Ciriani). Après l’abolition du vocabulaire classique (les mots qui nomment les choses et non les formes architecturales (1) aussi tard qu’au milieu du XXe siècle, il n’existe aujourd’hui aucun vocable partagé susceptible d’énoncer l’architecture. D’où la dramatique disparition de toute critique, et partant de tout débat sérieux. (1) L’architecture a souvent prise pour un langage ! été L’architecture aurait-elle plus failli que d’autres énoncés artistiques à forger ses outils théoriques. Le choc du Sacre du Printemps de Stravinsky puis le combat des dodécaphonistes n’ont pas constitué une théorie mais un combat d’écoles, au mieux doctrinaire. La vérité en peinture que promettait Cézanne n’a jamais été présente que dans sa manière de peindre (Damish ou est-ce Derrida ?) Les arts en général, et celui-là en particulier sont-ils théorisables en dehors d’une histoire raisonnée de leur développement (Gombrich, E. Malle, Steiner, Panovsky) ou d’une Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris – Val de Seine Séminaire / 2010-2011 interrogation sur leur mystérieuse nécessité ? La tentation théorique ne seraitelle pas alors celle d’éclairer cette mystérieuse nécessité de l’énoncé artistique, son apparente gratuité (Mauss mais aussi Marx et Lukcas), son rôle imminent dans la fabrication d’un lieu social ? L’architecture se révèle alors particulière et si sa gratuité disparaît sous les contraintes de son édification, son rôle social pèse de toutes ses tonnes. Ses prémices voisinent les premiers pas d’une culture humaine (le premier geste des sapiens est de constituer des tombes. Elle trace les limites, constitue le cœur de l’oekoumène (Bergue, Choay). Elle est le cadre de l’habitat des hommes sur la terre (on distingue dans ce cadre les édifices collectivement appropriés, en terme symbolique, des édifices d’une représentation privée). Ce voisinage, voire cette identification à l’Habitat trouble aujourd’hui dans l’énoncé démocratique égalitaire, sa lecture. On a en effet souvent assimilé l’architecture à la production de monuments (Valéry : Tombeaux et Trésors) et conséquemment à celle de la représentation du pouvoir. Ne fautil pas là y voir la représentation qu’une société se donnait d’ellemême à travers les institutions qui momentanément la situerait dans le monde ? Et à lire l’histoire de l’architecture avec cet œil là, les bâtiments seraient bien des énoncés métaphysiques, d’où leur nécessaire, puisque concrets, artissité. Alors où se situerait, à défaut de théorie, le champ théorisable de l’architecture ? Entre transmission Mode d'évaluation Contrôle continu 60% Exposé 40%. des savoir-construire et édification institutionnelle (cf. Caillois) On vient de le comprendre, l’énoncé artistique de l’art architectural est particulier, il s’énonce dans l’immense travail des chantiers, il rend compte des moyens de sa mise en oeuvre et il témoigne dans le temps du moment de sa conception avec une présence inévitable (O. Wilde). Si la musique s’épanouit dans l’espace, l’architecture occupe le temps… Cette responsabilité vis-à-vis de l’histoire, condition liée à la pérennité du bâti, et la responsabilité qu’elle implique vis-à-vis des générations à naître interdit à l’architecture la fantaisie qui peut saisir momentanément d’autres activités artistiques. Il y a probablement deux issues à la question de la théorie architecturale impossible, l’une est dans la manière dont les architectes la font, et la manière n’est pas responsable du savoirconstruire. C’est surtout la manière de dire mais aussi, indissociablement la manière de faire qui constitue une philosophie du monde. C’est un peu le 4e critère de Panowsky dans son essai d’Iconologie (préface de Teyssedre) mais aussi, face à un état du monde, cet art d’assembler les contraintes, de les hiérarchiser au nom d’une analyse, pas toujours explicite, qui constitue un jugement sur le lieu et sur la société a travers l’énoncé des institutions. L’autre consiste à identifier la particularité de cette production dans l’idée que les hommes se font de leur histoire. Nature des travaux restitués par les étudiants Exposé thématique individuel sous la forme de compte rendu de lecture accompagné d'une trace écrite Intervenants envisagés Cyrille Simonnet Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris – Val de Seine Séminaire / 2010-2011 Eléments de bibliographie Robert Venturi, Louis Kahn, Simonnet... Jacques Lucan, Rudolph Arnheim, Cyrille Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris – Val de Seine Séminaire / 2010-2011