Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val de Seine Séminaire / 2010-2011
Master 1ère année - Séminaire - Semestre de printemps
Domaine d'études 4 "Processus de conception - Méthodes et supports théoriques"
HABITER L'OEUVRE
Responsable Autres enseignants
Rémy Butler Cyrille Simonnet, Alain Farel, Myrielle Hammer
Code de l’enseignement : UEM S2
Nombre d’heures : 72 heures
Objectifs pédagogiques
Poursuivre, à l'issue du cours de
théorie de 3ème année, les
recherches sur la signification et
la pertinence de certains mots
clefs du vocabulaire architectural
tels qu'échelle, symétrie,
ornement, rythme...
Eléments de contenu
Reprenons la phrase d’Alberti qui
résonne si pertinemment aujourd’hui
« sans théorie, l’architecture
n’est qu’un commerce ».
La mondialisation de la marchandise
et sa fille le « merchandising »
ont réussi à occulter, dans les
pays développés, la réalité du
monde.
La production de l’architecture n’y
échappe pas. Des débats sur sa
fonctionnalité ou sur la vérité de
sa construction si actifs au milieu
du siècle passé, il ne reste
aujourd’hui qu’une course d’images
qui consacre le culte momentané de
l’apparence.
L’architecture, ou la pratique
architecturale, aurait-elle perdu
sa / ou ses théories ? Quelles
furent-elles au-delà des recettes
du bien construire, du savoir-faire
issu des corporations de maçons ou
de charpentiers ? Il y a bien le
fétiche retrouvé de Vitruve
laborieusement décliné par les
architectes de la renaissance puis
ceux de l’âge classique. On y
trouvera peu de théorie, voire
aucune si l’on excepte le concept
trilogique qui assemble «Venustas,
Soliditas et Commoditas» pour
qualifier l’architecture.
Aux prémices du monde contemporain
et aujourd’hui encore, on assiste à
des tentatives d’énonciations
souvent suspectes d’être issues
d’une posture commerciale ou
purement polémique, d’autres plus
sincères (Tchumi, Koolhaas, après
Loos, Jenks, Zevi…)
Absence de débat, sûrement pas,
absence de théorie probablement. Et
pourtant ce mot revient sans cesse,
il accompagne depuis qu’il existe
l’enseignement de l’architecture.
Depuis que la pratique de
l’architecture quitta le statut
«d’ars mecanica» pour prendre celui
d’ «ars libera» (Vasari), on nomme
par le monde des professeurs de
théorie dans toutes les écoles
d’architecture et aucun ne la
dispense, au mieux s’y substituent
des doctrines ou leurs pires
avatars : des postures (Ciriani).
Après l’abolition du vocabulaire
classique (les mots qui nomment les
choses et non les formes
architecturales (1) aussi tard
qu’au milieu du XXe siècle, il
n’existe aujourd’hui aucun vocable
partagé susceptible d’énoncer
l’architecture. D’où la dramatique
disparition de toute critique, et
partant de tout débat sérieux.
(1) L’architecture a souvent été
prise pour un langage !
L’architecture aurait-elle plus
failli que d’autres énoncés
artistiques à forger ses outils
théoriques. Le choc du Sacre du
Printemps de Stravinsky puis le
combat des dodécaphonistes n’ont
pas constitué une théorie mais un
combat d’écoles, au mieux
doctrinaire. La vérité en peinture
que promettait Cézanne n’a jamais
été présente que dans sa manière de
peindre (Damish ou est-ce Derrida
?)
Les arts en général, et celui-là en
particulier sont-ils théorisables
en dehors d’une histoire raisonnée
de leur développement (Gombrich, E.
Malle, Steiner, Panovsky) ou d’une
Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val de Seine Séminaire / 2010-2011
interrogation sur leur mystérieuse
nécessité ?
La tentation théorique ne serait-
elle pas alors celle d’éclairer
cette mystérieuse nécessité de
l’énoncé artistique, son apparente
gratuité (Mauss mais aussi Marx et
Lukcas), son rôle imminent dans la
fabrication d’un lieu social ?
L’architecture se révèle alors
particulière et si sa gratuité
disparaît sous les contraintes de
son édification, son rôle social
pèse de toutes ses tonnes.
Ses prémices voisinent les premiers
pas d’une culture humaine (le
premier geste des sapiens est de
constituer des tombes. Elle trace
les limites, constitue le cœur de
l’oekoumène (Bergue, Choay). Elle
est le cadre de l’habitat des
hommes sur la terre (on distingue
dans ce cadre les édifices
collectivement appropriés, en terme
symbolique, des édifices d’une
représentation privée).
Ce voisinage, voire cette
identification à l’Habitat trouble
aujourd’hui dans l’énoncé
démocratique égalitaire, sa
lecture. On a en effet souvent
assimilé l’architecture à la
production de monuments (Valéry :
Tombeaux et Trésors) et
conséquemment à celle de la
représentation du pouvoir. Ne faut-
il pas y voir la représentation
qu’une société se donnait d’elle-
même à travers les institutions qui
momentanément la situerait dans le
monde ? Et à lire l’histoire de
l’architecture avec cet œil là, les
bâtiments seraient bien des énoncés
métaphysiques, d’où leur
nécessaire, puisque concrets,
artissité.
Alors se situerait, à défaut de
théorie, le champ théorisable de
l’architecture ? Entre transmission
des savoir-construire et
édification institutionnelle (cf.
Caillois)
On vient de le comprendre, l’énon
artistique de l’art architectural
est particulier, il s’énonce dans
l’immense travail des chantiers, il
rend compte des moyens de sa mise
en oeuvre et il témoigne dans le
temps du moment de sa conception
avec une présence inévitable (O.
Wilde).
Si la musique s’épanouit dans
l’espace, l’architecture occupe le
temps…
Cette responsabilité vis-à-vis de
l’histoire, condition liée à la
pérennité du bâti, et la
responsabilité qu’elle implique
vis-à-vis des générations à naître
interdit à l’architecture la
fantaisie qui peut saisir
momentanément d’autres activités
artistiques.
Il y a probablement deux issues à
la question de la théorie
architecturale impossible, l’une
est dans la manière dont les
architectes la font, et la manière
n’est pas responsable du savoir-
construire. C’est surtout la
manière de dire mais aussi,
indissociablement la manière de
faire qui constitue une philosophie
du monde. C’est un peu le 4e
critère de Panowsky dans son essai
d’Iconologie (préface de Teyssedre)
mais aussi, face à un état du
monde, cet art d’assembler les
contraintes, de les hiérarchiser au
nom d’une analyse, pas toujours
explicite, qui constitue un
jugement sur le lieu et sur la
société a travers l’énoncé des
institutions. L’autre consiste à
identifier la particularité de
cette production dans l’idée que
les hommes se font de leur
histoire.
Mode d'évaluation
Contrôle continu 60%
Exposé 40%.
Nature des travaux
restitués par les
étudiants
Exposé thématique
individuel sous la
forme de compte rendu
de lecture accompag
d'une trace écrite
Intervenants envisagés
Cyrille Simonnet
Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val de Seine Séminaire / 2010-2011
Eléments de bibliographie
Robert Venturi, Louis Kahn, Jacques Lucan, Rudolph Arnheim, Cyrille
Simonnet...
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