De l’approche par compétences à la mise en place de cheminements d’apprentissage différenciés…vers
une meilleure prise en compte de l’hétérogénéité des apprenants ? Violaine Page-Lamarche – AIPU
2008
Si la recherche de solutions s'est d'abord portée vers une amélioration de la
configuration des environnements d'apprentissage, puis vers une modélisation des
contenus à mettre en ligne, nous entrons depuis quelques années dans une dynamique qui
se centre davantage sur l'apprenant et ses besoins. Ces recherches visent à comprendre les
relations entre les caractéristiques des apprenants, le matériel pédagogique et le contexte
dans lequel se déroule l’apprentissage en ligne. Le processus d’apprentissage est
influencé par des dimensions psychologiques, socio-affectives et environnementales
propres à l’apprenant ainsi que par des dimensions cognitives dont relève notamment
l’examen des différences et des caractéristiques des apprenants (Peng, 2003). Ainsi l’une
des clés avancées pour expliquer la persévérance aux études viendrait de la prise en
compte des différences comme facteur influençant et optimisant les résultats
d’apprentissage (Peng, 2003). Lorsqu’on interroge les apprenants sur les raisons de leur
abandon, ces derniers mettent très fréquemment en avant les problèmes liés à des
obstacles matériels, le manque de temps (ou la difficulté à gérer le temps) ou les
contraintes familiales et professionnelles. Ces causes sont bien entendu réelles, mais
insuffisantes pour expliquer l’ampleur du phénomène. La recherche a tenté d'expliquer le
phénomène de l’abandon en mettant l'accent sur différentes variables; telles que les
caractéristiques socio-démographiques des apprenants, leurs aptitudes, leurs résultats
scolaires antérieurs, leurs sources de motivation, leurs traits de personnalité ou encore
leur situation financière (Bertrand, Demers, Dion, 1994; Powell, Conway & Ross, 1989;
Coldeway, 1986). Un autre axe de recherche s’est intéressé aux variables liées au
phénomène de la distance (Gibson et Graff, 1992; Garrison, 1987; Roberts 1984) ou
encore à celles portant sur l'interaction entre les caractéristiques des institutions de
formation et celles des apprenants (Kember, 1989; Sweet, 1986). Depuis le début des
années 1990, les théoriciens (Coldeway, 1986; Garrison, 1987) insistent sur la nécessité
d'une approche qui prenne en compte les caractéristiques des apprenants au centre des
systèmes d'apprentissage, ce qui amène à considérer les environnements d'apprentissage
dans une perspective socioconstructiviste.
Kember (1990), a élaboré un modèle de l’abandon spécifiquement adapté aux
formations à distance et qui représente le modèle de référence actuelle pour expliciter
l’abandon dans ce type de formation. Ce modèle porte sur l’intégration académique et
sociale. S’interrogeant au départ sur la différence entre les étudiants qui attribuaient leur
échec à l’impossibilité de concilier leurs études et les autres contraintes de leur vie, et
ceux qui, aux prises avec les mêmes contraintes, complétaient leurs études avec succès,
Kember propose un modèle qui explique cette différence au moyen du concept
d’intégration (Bourdage, Delmotte, 2001) c’est à dire la capacité de l’apprenant à intégrer
toutes les demandes liées à sa situation : vie professionnelle, vie familiale, vie associative
et vie étudiante. Chacune de ces composantes influence les autres composantes selon une
dynamique systémique. Parmi les composantes du modèle de Kember on trouve :
1) Des aspects académiques : matériel pédagogique, interactions entre les différents
acteurs de l’apprentissage, etc.;
2) L’engagement : la motivation intrinsèque et extrinsèque;
3) Les caractéristiques de l’apprenant : genre, âge, statut civil, nombre enfants,
style d’apprentissage;