21 janvier 2010 Front commun FHP- Fehap

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21 janvier 2010
Front commun FHP- Fehap-associations contre un projet de ré-intégration de l'érythropoïétine dans le
forfait de dialyse
Les fédérations de l'hospitalisation privée (FHP et Fehap) et les associations de patients insuffisants
rénaux ainsi que les néphrologues ont organisé ensemble une conférence de presse jeudi pour dire leur
opposition à la sortie des érythropoïétines (EPO) de la liste des médicaments facturés en sus des
prestations d'hospitalisation et leur ré-intégration dans le forfait de dialyse.
Cela n'est pas encore fait mais le ministère de la santé leur a transmis un projet d'arrêté, qui devrait être
publié le lundi 1er mars, radiant toutes les formes d'érythropoïétines de la liste des produits facturés en
sus.
De plus, plusieurs intervenants ont indiqué qu'ils avaient précisément posé la question à la directrice de
l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), Annie Podeur, et que celle-ci leur avait confirmé sa
volonté de ré-intégrer ces médicaments dans le forfait de dialyse.
Ils ont indiqué en revanche n'avoir aucune information sur une modification du montant du forfait dialyse
après l'intégration de l'EPO.
Mais même dans l'hypothèse où il y aurait une intégration "à l'euro l'euro", cela finirait tout de même par
être défavorable, ce forfait ayant tendance à baisser (la dernière hausse ayant été de 0,5%, inférieure à
l'inflation, a indiqué un intervenant).
Régis Volle, président de la Fédération nationale d'aide aux insuffisants rénaux (Fnair), a rappelé
qu'avant les érythropoïétines, les patients, très anémiés, étaient "essoufflés et fatigués en permanence".
L'arrivée de ce traitement a été "une révolution, une renaissance", leur permettant de "vivre de façon
active".
Mais au début, ce traitement fut "contingenté", puis il a été intégré dans le forfait dialyse, ce qui était déjà
mieux mais "la moitié des patients n'y avaient pas accès". Les associations ont "continué le combat" et
ont fini par obtenir la sortie du forfait et leur financement en sus, et actuellement "90 à 95% des patients
sont traités".
Le représentant des patients s'est inquiété des conséquences de la ré-intégration dans le forfait. "Pour
nous [ce traitement] est vital. Le gouvernement n'a pas compris les conséquences de la mesure qu'il
voulait prendre". Alors que "Mme Bachelot se dit la ministre de la qualité des soins et de l'égalité d'accès
aux soins", cela va être "remis en question".
Si cette mesure passe, "il y a un risque que sur incitation des directeurs de centres, les médecins
prescrivent moins. Si les centres ne peuvent plus boucler leur budget, l'érythropoïétine sera la première
chose sur laquelle on va tirer, et les patients seront les premiers pénalisés".
Jacques Chanliau, de la Société francophone de dialyse et du Syndicat national des néphrologues du
secteur associatif, a estimé que cette mesure "risqu[ait] d'être plus péjorative pour les alternatives
comme le maintien à domicile, où l'impact financier sera[it] plus important".
David Causse de la Fehap, rappelant que le secteur associatif fait 80% des dialyses hors centre (à
domicile, en unités médicalisées, ou dialyse péritonéale), estime qu'il y a un mauvais calcul de la part du
gouvernement car si dans ces modes alternatifs de traitement on ne peut plus donner l'EPO, "les patients
retourneront en centres, ce qui coûtera plus cher en tarifs et en transports sanitaires". De plus, "cela
freinera la dynamique de développement du hors centre".
Thinga Nguyen de l'association Aura Paris (qui prend en charge 20% des patients d'Ile-de-France) s'est
inquiétée des conséquences pour les patients. "Il est impossible de standardiser la prescription dans un
tarif unique. Elle doit être adaptée à chaque patient".
Il y a donc un risque que les établissements soient incités à "limiter la prise en charge des patients les
plus lourds et les plus coûteux", par exemple ceux qui présentent un syndrome inflammatoire ou ceux
infectés par le VIH, qui seront alors renvoyés vers d'autres centres.
Autre inquiétude: si l'on baisse les doses des patients nécessitant les plus fortes doses, qui sont
souvent des patients à risque cardiaque, on risque d'augmenter le risque de crises d'angor, voire
d'infarctus ou de pontage coronaire, et donc d'augmenter le nombre d'hospitalisations et les coûts, a
estimé Brigitte Lantz de la Fondation du rein.
Jacques Chanliau craint également que les centres soient incités à prescrire les érythropoïétines les
moins chères, en l'occurrence les biosimilaires arrivés récemment sur le marché. Or, il rappelle que la
société savante s'est prononcée en défaveur de l'utilisation de ceux-ci, car on n'a pour le moment pas de
preuve qu'il y ait aucun risque de formation d'anticorps anti-érythropoïétine, comme cela a été vu dans le
passé avec un produit, entraînant des cas d'érythroblastopénie, une complication grave. De plus, il a
évoqué avec des biosimilaires des difficultés à "maîtriser le dosage".
Lamine Gharbi, président de la FHP MCO (cliniques privées en médecine, chirurgie, obstétrique), a
rappelé que le coût des EPO dans l'insuffisance rénale n'était que de "70 millions d'euros par an". Le
bénéfice économique de la mesure de ré-intégration dans le forfait apparaît modeste alors que le
ministère "n'a pas mesuré l'impact médical et social".
Il a affirmé que "le combat [contre cette mesure] sera[it] mené jusqu'à son terme. C'est une question
d'éthique et de principe". "Si sous huit jours nous n'avons pas l'assurance d'un retrait du projet, une
campagne de communication et de lobbying sera menée", a-t-il menacé.
Interrogés sur l'absence de l'hospitalisation publique à cette conférence de presse, alors qu'elle est
potentiellement aussi concernée, des intervenants ont souligné qu'avec une taille plus importante
(particulièrement pour les CHU), les hôpitaux publics avaient plus de marge pour négocier les prix des
médicaments avec les fabricants, ce qui "permettrait de surmonter la difficulté". Néanmoins, le
représentant de la Société francophone de dialyse a souligné le fait que celle-ci représentait aussi bien
les médecins du public que du privé; au niveau médical, le public était donc représenté.
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