Une reconnaissance? La revue Prescrire cite :
« Si on décide de consacrer du temps à recevoir les visiteurs médicaux, c'est pour tout autre chose
que pour l'information : le plaisir de la "pause", de voir quelqu'un qui n'est pas malade, qui ne se
plaint pas, qui nous fait des compliments, qui ne nous critique pas, qui nous dit qu'on fait partie des
meilleurs, qui nous donne des tuyaux pour avoir l'air d'être "dans le coup" sur le plan
thérapeutique, sans effort personnel de formation, sans investissement financier particulier. Sans
parler des petits ou grands cadeaux, qui tendent à faire passer de la convivialité à la connivence,
poussant certains à la compromission, voire d'autres carrément au racket. »
Une récréation? Aux Etats-Unis, un témoignage d'un ancien visiteur médical déclamant un mode de
communication jouant sur la séduction dans le sens propre du terme:
« Ce business, c’est du donnant-donnant par excellence ». « Ce qui implique les dîners bien arrosés
ou alors le paiement d’une « hôtesse » pour tenir compagnie à tel médecin en manque d’humanité
et frustré par les malheurs que les patients déversent à longueur de journée »
Moins ironique, la visite médicale pourrait selon certains être une fenêtre sur le discours des firmes
et amener à se renseigner sur les nouvelles molécules qui sortent. Dans le cas présent, je ne me
serais peut-être pas posée la question de l'utilité de ce médicament si on ne m'en avait pas parlé. Les
laboratoires savent nous mettre à l'épreuve en se mettant à la place du patient: Quand il est marqué
sur le visuel « meilleure efficacité, meilleure tolérance, simplicité d'utilisation », n'est ce pas
anticiper la demande de nos patients? Dans ce cas il serait intéressant de se poser la question pour
pouvoir leur répondre que parfois la simplicité ne suffit pas, savoir leur exposer les effets
indésirables non dits ou la réelle efficacité de ces molécules. C'est quand je lis « Trucoxib° est plus
efficace que Machinprophène° » que je me demande si c'est vrai ou pas! Et dans quelle indication?
Ou est l'arnaque? Et etc...
Quoiqu'il en soit, recevoir des visiteurs médicaux n'est en rien obligatoire. Forger son sens critique
en revanche, que ce soit sur une molécule présentée par un labo ou non, c'est savoir utiliser des
sources d'informations indépendantes et savoir chercher les failles quand elles ne le sont pas, et c'est
fondamental.
Je ne sais pas si je recevrai des visiteurs médicaux quand je serai installée. J'avoue avoir peur que
Monsieur Machin me demande du Supertrucophène° parce que ca a bien marché chez sa sœur, (et
non substituable parce que de toute façon ca ne l'est pas!) sans m'être posée la question de son
utilité au moment ou c'est sorti sur le marché.
Faut-il que l'information sortant fraichement des firmes (ou la désinformation pour certains) passe
uniquement par les instances dirigeantes puis par le généraliste installé ou par tous en sollicitant le
sens critique (ou la naïveté) de chacun?
Sources:
http://www.esculape.com/medicament/ezetimibe,.html
Revue Prescrire sur l'Ezetrol°: http://www.prescrire.org/bin/ryo/?id=23695 article 2004 24:(251)
405-409
Indications HAS: www.HAS.fr
AFFSAPS: http://afssaps-
prd.afssaps.fr/php/ecodex/frames.php?specid=60981789&typedoc=N&ref=N0062309.htm
De l'instauration d'un régime hypolipémiant: www.AMELI.fr : Revue médicale de l'assurance