Rubrique « Culture par culture » : LE PETIT POIS Arborescence : 1ère page de présentation (titre) Photo « Pois 1 » La culture Photo « Pois 1 » La plante Photos « Pois 2 » et « Pois 3 » Les variétés Photo « Pois 4 » L’implantation Photo « Pois 5 » La fertilisation L’irrigation Photo « Pois 6 » Le désherbage Photos « Pois 7 » et « Pois 8 » Les maladies du sol - Fontes de semis - Nécroses racinaires Photos « Pois 9 » et « Pois 10 » Les maladies de végétation - Anthracnoses - Botrytis ou Pourriture grise - Mildiou - Oïdium - Rouille - Sclérotiniose - Autres maladies peu fréquentes Graisse bactérienne Viroses Les ravageurs - Cécidomyie - Limaces - Pucerons - Sitone - Thrips du lin et des céréales - Tordeuse - Autres ravageurs occasionnels Bruche Thrips du pois Tipule La récolte La gestion des reliquats azotés après récolte Photos « Pois 11 » et « Pois 12 » Photos « Pois 13 » et « Pois 14 » Photos « Pois 15 » et « Pois 16 » Photo « Pois 17 » Photo « Pois 18 » Photo « Pois 19 » Photo « Pois 20 » Photo « Pois 21 » Photos « Pois 22 » et « Pois 23 » Photos « Pois 24 » et « Pois 25 » Photo « Pois 26 » Photo « Pois 27 » Photos « Pois 28 » et « Pois 29 » Photo « Pois 30 » Page de présentation : LA CULTURE DU PETIT POIS POUR L’INDUSTRIE Photo « Pois 1 » LA CULTURE Surfaces et zones de production Photo « Pois 1 » Le petit pois destiné aux industries de transformation françaises est cultivé sur environ 28 000 hectares chaque année, qui fournissent en moyenne 195 000 tonnes de pois frais. Les cultures sont réparties dans trois grands bassins de production : - L’ensemble Nord – Picardie – Centre - Bourgogne concentre plus de la moitié des surfaces et produit majoritairement des pois fins et clairs, pour la conserve. - La Bretagne regroupe plus d’un tiers des emblavements. Sa production est davantage orientée vers les pois foncés, adaptés à la surgélation. - Enfin, le Sud-Ouest représente environ 8 % des surfaces avec une spécialité : les garden peas, pois de gros calibre aussi appelés «pois anglais» et destinés à la surgélation. A ces surfaces, s’ajoutent encore 8 à 10 000 ha de pois emblavés par les surgélateurs belges dans le nord de la France (Nord – Pas de Calais – Picardie). Le rendement moyen national avoisine les 7 tonnes/ha. Calendrier de culture Le cycle du pois potager s’étend sur 75 à 115 jours environ, suivant sa précocité et ses conditions de culture. Afin d’allonger au maximum la durée de fabrication et d’assurer un approvisionnement régulier aux usines de transformation, les variétés hâtives sont semées les premières dans les zones précoces tandis que les variétés tardives sont semées les dernières dans les secteurs les plus tardifs. De cette manière, la campagne de récolte de pois dure 6 à 7 semaines dans le nord de la France et 5 à 6 semaines dans le Sud-Ouest. Au nord de la Loire Les semis sont échelonnés du 20 février à mi-mai. La récolte débute généralement mi-juin et se termine début août. Les pois les plus précoces sont souvent suivis d’une seconde culture en Bretagne (haricot, épinard, brocoli, ray-grass, navet…) ; cela est moins systématique en Nord-Picardie. Dans le Sud-Ouest Les semis s’étalent de début février à fin mars pour une récolte qui s’étend de mi-mai à fin juin. Le pois y est systématiquement suivi d’une seconde culture (haricot, maïs doux, brocoli…). Malgré de multiples tentatives visant à gagner en précocité, les cultures d’hiver ne se sont jamais développées, faute de variétés adaptées. LA PLANTE Le petit pois, Pisum sativum, aussi appelé pois potager, est une légumineuse à cycle court, tout comme le haricot vert, le flageolet ou la fève. Durée du cycle Le cycle du petit pois se décompose en plusieurs phases : - La levée a une durée très variable en fonction des conditions de semis, allant de 10 jours à un mois. - La croissance végétative, entre la levée et la floraison, est déterminée par la précocité (facteur variétal) et donc le nœud de la première fleur (9 ème à 18ème). Elle s’étend sur 35 à 50 jours. - La phase de remplissage des gousses et des grains, plus dépendante des conditions climatiques (températures), s’étale sur 25 à 45 jours. Il résulte de ces trois phases une durée du cycle comprise entre 75 et 115 jours suivant la variété, la date de semis et les conditions climatiques de l’année. Stades clés Photo « Pois 2 » Avant la floraison, les stades du pois se définissent par le nombre de feuilles ou de nœuds de la tige principale, sachant que les deux premiers nœuds (souterrains) n’émettent que de simples écailles. Photo « Pois 3 » Chaque étage florifère reproduit ensuite un schéma de développement identique : - émergence des boutons floraux, - ouverture des fleurs et fécondation, - allongement des gousses, - gonflement (formation du calibre). Le rendement est élaboré à partir des 3 à 5 premiers étages fructifères. Leur développement correspond donc à la phase la plus sensible du cycle (stress thermique ou pathologique). LES VARIETES Photo « Pois 4 » La palette variétale du petit pois est extrêmement large. Plus de 140 variétés sont utilisées chaque année pour élaborer un plan de semis de 30 000 hectares environ. Les différents marchés commerciaux font en effet appel à des types de grain bien spécifiques, en couleur comme en calibre, avec une gamme de précocité étoffée pour allonger au maximum l’approvisionnement des usines de transformation. Les types de grain Les pois vert clair : ils représentent plus de la moitié de la production nationale et sont utilisés pour la conserve. Le type de grain, lisse à l’origine, a subi de nombreux croisements. Les variétés claires actuelles peuvent ainsi être de type lisse ou ridé. Les pois vert foncé : ils sont utilisés pour la surgélation et les variétés retenues sont toutes de type grains ridés. Moins riches en amidon et moins farineuses que les lisses, elles se déshydratent lentement et maintiennent longtemps saveur sucrée et tendreté. Ces qualités conviennent particulièrement à la surgélation qui ne permet ni d'attendrir ni d'ajouter un jus sucré. Ces variétés, anciennement tardives et grosses, ont elles aussi été beaucoup sélectionnées afin d'y introduire finesse et précocité. Le calibrage Les sortes fines, qui comprennent les calibres extra-fins et très fins, sont recherchées principalement par la conserve, qui vise un seuil minimum de 70 %. Certaines variétés peuvent atteindre 90 % de sortes fines dont 70-75 % d’extra-fins. Elles sont cependant délicates à conduire du fait d'une maturation rapide. L’exigence de finesse est moindre en surgelé. Deux types de pois cohabitent d’ailleurs sur ce marché : - les pois doux, de type ridé vert foncé, plutôt fins, à l’instar de la conserve ; - les garden peas, aussi appelés « gros pois anglais », qui présentent un gros calibre (> 10,2 mm) et sont également de type ridé vert foncé. Cette production est largement exportée. Grille de calibrage en fonction des types de grain Diamètre (mm) Pois lisses (conserve + surgelé) Pois ridés = pois doux (conserve + surgelé) Garden peas (surgelé) Extra-fins Très fins Fins Mi-fins < 7,5 < 8,2 < 8,75 < 9,3 < 7,5 < 8,2 < 9,3 < 10,2 - Moyens hors calibre hors calibre > 9 - 9,3 Les autres critères de choix d’une variété sont : la précocité, la productivité, le type de plante et son aptitude à la récolte mécanique, le groupement de maturité et la souplesse de récolte, la résistance aux maladies. L’IMPLANTATION Le choix de la parcelle Le petit pois peut se cultiver sur une large gamme de sols, pourvus que ceux-ci soient homogènes et profonds. L’homogénéité du sol est essentielle pour obtenir une maturité régulière, maîtriser la tendérométrie et donc la qualité de la récolte. Les sols profonds permettent à la culture de s'alimenter correctement en eau et en éléments minéraux. Le pois dispose en effet d’un système racinaire ramifié et puissant, susceptible de descendre à 90 cm de profondeur en l'absence d’obstacle. Les parcelles ressuyant bien sont à privilégier afin d’optimiser le semis comme le désherbage, et éviter toute asphyxie racinaire de la culture. Pour les semis précoces, le réchauffement rapide du sol est également important (zéro de végétation du pois = 4,5°C). Enfin, pour faciliter la récolte, les parcelles planes et sans cailloux sont préférées. La rotation Même en l’absence d’attaques caractérisées de nécroses racinaires, au delà de 3 pois en 10 ans, les rendements commencent à chuter de façon durable. Un délai de 5 ans (= remise en culture la 6ème année) est par conséquent recommandé entre deux pois, mais aussi entre un pois et une autre légumineuse (haricot, pois protéagineux, luzerne…). Cette rotation est nécessaire pour limiter les risques de maladies foliaires (mildiou, botrytis, sclérotinia) comme de nécroses racinaires (pied noir). En cas de présence du champignon Aphanomyces euteiches, le risque est tout autre et peut aller jusqu’à l’abandon de la parcelle pour la culture de pois. La préparation de sol avant semis Photo « Pois 5 » La préparation de sol soignée doit assurer une levée rapide et régulière de la culture ainsi qu’un enracinement profond. Le lit de semences idéal présente une structure grumeleuse, de manière à : - assurer une bonne aération ainsi qu’une installation rapide des nodosités (qui sont aérobies), - éviter la battance ou l’asphyxie. Il faut veiller à ne pas multiplier les passages d’outils, qui risquent de tasser le sol en profondeur, et travailler en conditions ressuyées. Le sol doit aussi être bien nivelé et surtout pas soufflé, afin d’optimiser le désherbage et faciliter la récolte. Le semis La dose de semis est fonction : - du poids de 1000 grains (PMG) qui varie de 80 grammes pour un pois extra-fin à 200 grammes voire plus pour un garden pea, - de la faculté germinative (environ 90 %, valeur minimale légale = 80 %), - du peuplement visé. Le peuplement optimal diffère en fonction des aléas auxquels la semence est exposée (climat, parasitisme…) et donc des créneaux de précocité : Peuplement visé Semis précoces Semis intermédiaires Semis tardifs 120 à 140 plantes/m² 100 à 120 plantes/m² 80 à 100 plantes/m² Dose de semis (en kg/ha) = Peuplement visé (en plantes/m2) x PMG (en grammes) Faculté germinative du lot (en %) La graine doit être déposée entre 3 et 5 cm de profondeur pour bénéficier d’un milieu humide et aéré, à l'abri du gibier. La majorité des semis de pois est réalisée avec des semoirs à céréales dont les inter-rangs varient de 12,5 à 18 cm. Le semoir monograine, ou semoir de précision, est également utilisé. Il présente l’avantage de mieux maîtriser la profondeur, le plombage et la répartition des graines sur le rang, d’où une levée plus régulière. LA FERTILISATION Besoins en éléments minéraux Mobilisations et exportations d’une culture de pois en éléments minéraux MOBILISATIONS EXPORTATIONS (/ha) (/ha) à la récolte Azote (N) 250 kg 75 kg (30 %) Phosphore (P2O5) 70 kg 20 kg (30 %) Potassium (K2O) 210 kg 30 kg (15 %) Calcium (CaO) 135 kg 3 kg (2 %) Magnésium (MgO) 20 kg 5 kg (25 %) Soufre (SO3) 40 kg 8 kg (20 %) Fer (Fe) 5500 g 280 g (5 %) Mn 430 g 30 g (7 %) Zn 245 g 75 g (30 %) B 190 g 15 g (8 %) Cu 65 g 20 g (30 %) Mo 10 g 3 g (30 %) Ces chiffres représentent une situation moyenne, établie en 1997 à partir de 11 parcelles récoltées par machine. Pas d’azote sur pois Les besoins du pois en azote sont compris entre 240 et 280 kg/ha. Ils sont pourvus par : - les fournitures du sol (40 à 80 kg/ha en moyenne) - les nodosités du pois (fixation de l’azote atmosphérique par l’intermédiaire de bactéries, les Rhizobium, qui forment des nodosités sur les racines). En conditions normales de culture, la fixation symbiotique est capable de compléter les fournitures du sol à hauteur des besoins de la plante (soit environ 75 % du total). Tout apport d’engrais azoté est donc inutile, au risque d’inhiber l’activité des nodosités et de favoriser un excès de végétation. La fertilisation azotée minérale est d’ailleurs interdite par la Directive Nitrates qui s’applique en zones vulnérables. Par contre, il est important de soigner la préparation de sol de manière à favoriser la formation et le fonctionnement des nodosités. S’il est légitime de retrouver la culture de pois sur une sole servant de surface d’épandage à des effluents d’élevage, il faut néanmoins veiller à les apporter sur les cultures précédentes et non avant la culture de pois. Fumure phospho-potassique : en entretien La fumure phospho-potassique se raisonne au niveau de la rotation. Il s’agit d’une fumure d’entretien, réalisée au printemps, qui vise essentiellement à maintenir la fertilité du sol. Les doses d’engrais sont calculées à partir de l’analyse de sol (datant de moins de 5 ans). En phosphore, les apports conseillés sur la base des exportations moyennes de la culture sont au maximum de 60 kg/ha. Les phosphates naturels sont à éviter car peu solubles. Préférer les formes superphosphate ou phosphate bicalcique. En potasse, les apports conseillés sur la base des exportations moyennes de la culture sont au maximum de 150 kg/ha. Chlorures et sulfates peuvent s’envisager indifféremment, à ceci près que la forme sulfate apporte du soufre dont le pois fait une forte consommation. Pour un bon équilibre de la nutrition, le pH doit se situer entre 6 et 7,5 suivant le type de sol. L’IRRIGATION Photo « Pois 6 » L'irrigation des pois est pratiquée si besoin sur certaines surfaces du Centre, de Bourgogne et du Sud-Ouest, en fonction de la pluviométrie, de la date de semis et du niveau de réserve en eau du sol. Les grands bassins du nord de la France (Bretagne et Nord-Picardie) y ont peu recours en raison des conditions climatiques douces et humides qui y prévalent. Le pois est peu sensible au manque d’eau durant la phase végétative. La période la plus critique se situe lors de la mise en place des grains, du début floraison jusqu’à la formation des gousses. Un stress hydrique à cette période entraîne un risque de coulure de fleurs et d’avortement de gousses. L'irrigation est généralement déclenchée à partir de la floraison, et fait appel à un ou plusieurs apports de 25 mm. Par la suite, elle assure un bon remplissage du grain. Pour raisonner l’irrigation, l’agriculteur peut utiliser différentes méthodes : - le bilan hydrique simplifié, basé sur l’équation suivante : Réserve d’eau finale = réserve en eau du sol + pluies (mm) + irrigation (mm) - consommation du pois (Kc x ETP) Coefficients culturaux du petit pois (Kc) : De la levée jusqu’à la formation des boutons floraux Floraison Formation des gousses Remplissage des grains - Kc Kc Kc Kc = = = = 0,6 0,8 1,0 1,2 la méthode de pilotage IRRINOV POIS, mise au point par l’ITCF et utilisant des sondes Watermark®. LE DESHERBAGE Le petit pois exige un désherbage soigné car la présence d’adventices limite la productivité, gêne le battage et génère des pertes à la récolte. Certaines adventices peuvent aussi conduire au refus de la parcelle du fait de la présence de baies (morelle), de capitules (chardon, matricaire) ou de siliques (ravenelles, sanves), difficiles à trier parmi les grains. La prélevée absolument Photo « Pois 7 » Les herbicides utilisables sur pois ont tous une efficacité restreinte, garantie selon des conditions précises : type de sol, conditions climatiques, stade des adventices… Pour répartir les risques, il faut donc privilégier les programmes de type «postsemis puis postlevée». Même en terre très propre et ressuyant bien, l’impasse de postsemis-prélevée est risquée : - le désherbage de postlevée seul est aléatoire sur certaines adventices ; - la pluviométrie printanière peut empêcher d’intervenir au moment opportun et rendre la situation incontrôlable par la suite. Un premier désherbage s’impose donc avant la levée des pois, en présemis incorporé ou en postsemis-prélevée. La postlevée en complément Photo « Pois 8 » C’est en fonction de la réussite du postsemis-prélevée que se raisonne la suite du désherbage : - nécessité ou non de réintervenir en postlevée, - si oui, choix de l’herbicide tenant compte de la flore présente. Le désherbage de postlevée ne doit s’effectuer que sur un pois de plus de 5 cm, en bon état végétatif. Il faut donc avant tout s’assurer : - que l’herbicide de postsemis ait agi (certains produits à action racinaire peuvent agir à retardement, après l’arrivée d’une pluie), - que la culture se soit remise de l’éventuelle agressivité de ce premier désherbage et soit redevenue poussante. Aucune intervention de postlevée ne doit s’effectuer sur un pois chétif, jaunâtre ou hétérogène car le cumul des phytotoxicités –postsemis puis postlevée- est très pénalisant. Une fois ces conditions réunies, il convient de ne pas trop tarder pour toucher les adventices à un stade jeune (4 feuilles au maximum). Plus l’adventice est développée, plus elle est difficile à détruire. Pour connaître les spécialités utilisables et leurs doses d’emploi, consulter la base e-PHY du Ministère de l’agriculture en cliquant sur http//e-phy.agriculture.gouv.fr LES MALADIES DU SOL Fontes de semis Les fontes de semis se traduisent par la disparition de plantules, de la levée au stade 2-3 nœuds. Elles sont dues à différents champignons (Pythium, Fusarium, Ascochyta, Phoma…) et se développent principalement en conditions humides et froides (températures inférieures à 10°C), entraînant une levée lente. L’asphyxie du système racinaire et la battance sont également des facteurs propices aux fontes de semis. Moyens de lutte : - Réaliser l'ensemble des façons culturales dans de bonnes conditions afin d'éviter les problèmes d'asphyxie. - Le traitement de semences, réalisé systématiquement, demeure le seul moyen de lutte. Nécroses racinaires Les maladies du sol sont en recrudescence sur pois depuis une quinzaine d’années. Plusieurs champignons sont en cause. Ces champignons agissent seuls ou associés, simultanément ou en se succédant. Peu à peu, ils affaiblissent le système racinaire et la croissance des plantes se ralentit. Des plages jaunissantes apparaissent alors dans les parcelles, de taille plus ou moins grande. La totalité de la parcelle est rarement atteinte. Plus les attaques du système racinaire sont précoces, plus elles sont graves. Deux contextes se distinguent : - le complexe classique, aussi appelé «pied noir», - Aphanomyces euteiches, auquel s’associe la plupart du temps le complexe classique. Le complexe classique ou « pied noir » Photo « Pois 9 » Les dégâts sur le système aérien restent souvent discrets jusqu’à la floraison des pois. Sur le collet des plantes, des nécroses d’abord présentes sous forme de traits de plume s’élargissent et progressent en profondeur. Au fur et à mesure de l’extension des lésions, le système racinaire devient déficient, les plantes ont des difficultés à s’alimenter. Des foyers de plantes jaunissantes et chétives apparaissent, entraînant échaudage, blocage du développement et perte de rendement et de qualité. Deux champignons sont principalement en cause : Fusarium solani et Phoma medicaginis var. pinodella (aussi appelé Ascochyta pinodella). Ils se sont développés depuis fort longtemps dans les anciennes zones de culture du pois, en affectant les parcelles les plus sollicitées. D’autres champignons tels que les Phythium sp., Rhizoctonia solani ou Ascochyta pinodes peuvent également s’associer à ce complexe. La Bretagne et la Picardie sont les régions principalement touchées. La maladie s’exprime en premier lieu sur les parcelles compactées, ressuyant mal, et/ou à rotation trop courte, incluant éventuellement d'autres légumineuses. Les excès de pluviométrie sont également propices à l’expression des symptômes. Moyens de lutte : - Travailler la terre en conditions ressuyées, notamment en sol argileux et limoneux. - Effectuer un sous-solage en cas de matraquage du sol. - Respecter une rotation de 5 ans entre deux légumineuses (pois, haricot, luzerne…). - Evaluer le risque par un test de sol (à réaliser plusieurs mois avant le semis). - Le traitement de semences est le seul moyen de lutte chimique. Il assure une protection partielle non négligeable. Aphanomyces euteiches Photo « Pois 10 » Souvent associé aux champignons précédents, Aphanomyces euteiches n'a véritablement été identifié qu'à partir de 1993. Particulièrement virulent au stade précoce de la culture, il est en pleine phase d'expansion. Les premiers symptômes visibles se caractérisent par des jaunissements de plantes qui apparaissent par foyers. Ils sont précédés par l’apparition de lésions molles, translucides puis couleur «café au lait», sur le collet et les radicelles des plantes, autour du stade 5-6 feuilles. Les tissus sont atteints profondément. Par la suite, l'installation d'autres champignons saprophytes masque bien souvent l'origine de la première attaque. La majeure partie des plantes atteintes meurt avant de produire des gousses. La Bretagne et l’ensemble Nord-Picardie-Centre sont les régions principalement touchées par Aphanomyces. Comme pour le pied noir, la maladie s’exprime surtout sur les parcelles ressuyant mal, à mauvaise structure de sol et à rotations courtes. Les attaques sont plus marquées lorsque la pluviométrie est importante d’avril à juin. Le rôle des autres légumineuses (haricot, luzerne, trèfle, féverole) dans le maintien ou l'aggravation de la maladie reste encore à préciser. Moyens de lutte et perspectives d'avenir En l’absence de toute solution chimique, la lutte culturale constitue le seul recours : - Les parcelles atteintes sont à exclure pendant au moins 10 ans pour la culture de pois. Un test de sol permet de mesurer le risque encouru. - Les façons culturales doivent s’attacher à réduire au maximum le compactage du sol. - Enfin, la rotation reste la principale mesure préventive. LES MALADIES DE VEGETATION Anthracnoses à développement aérien Les anthracnoses font partie des maladies courantes sur pois. Elles sont dues à deux champignons, Ascochyta pisi et Ascochyta pinodes, qui sont transmis par les semences et disséminés par voie aérienne (vent, pluie). A. pinodes se conserve très bien dans le sol. Les attaques peuvent survenir sur l’ensemble du cycle, notamment lorsque les températures avoisinent 15-20°C avec une humidité saturante. Les symptômes diffèrent selon le champignon en cause : Photo « Pois 11 » Ascochyta pisi : Lésions beiges à bordures foncées, avec au centre, de nombreuses ponctuations noires (pycnides). Photo « Pois 12 » Ascochyta pinodes ou Mycosphaerella pinodes : Petites ponctuations noires pouvant s'agrandir et se rejoindre pour former de larges taches foncées. Attaques fréquentes à la base des tiges (nécroses noirâtres). Moyens de lutte : - Semences saines. - Rotation de 5 ans entre deux légumineuses. - Traitement de semences : il assure une protection efficace durant six semaines environ. - A partir du stade floraison : un à deux traitements fongicides. ___________________________________________________________________________ Botrytis ou Pourriture grise Photos « Pois 13 » et « Pois 14 » Le botrytis est l’une des principales maladies du petit pois. Elle n’apparaît qu’en fin de cycle, à partir de la floraison. Le champignon responsable, Botrytis cinerea, est présent dans le sol à l’état endémique. Il se développe sur les pétales fanés qui restent attachés à l’extrémité des gousses, ou tombent sur le feuillage et les tiges. Une pourriture grise apparaît sous forme de taches sur les feuilles, les tiges et les gousses. Il y a alors perte de rendement par coulure de fleurs, avortement de gousses et mauvais remplissage des grains, et risque de refus de la parcelle pour cause de grains tachés. En conditions humides, la maladie se propage très rapidement à toute la plante, puis à toute la parcelle. L’optimum thermique du botrytis se situe autour de 15-20°C. Les cultures denses, mal aérées ou versées sont un terrain de prédilection pour la maladie. Moyens de lutte : - Eviter les excès de végétation en limitant la fourniture d’azote par le sol (fumure organique). - Préférer les variétés à port léger et dressé. - Eviter des peuplements trop denses (semis de précision). - Soigner le désherbage. - Protection fongicide préventive dès la floraison en alternant les matières actives pour éviter l'apparition de souches résistantes. ___________________________________________________________________________ Mildiou Photos « Pois 15 » et « Pois 16 » Le mildiou est une maladie grave pour la culture de pois, qui peut conduire au refus de la parcelle pour cause de grains tachés. Le champignon responsable, Peronospora pisi, est spécifique du pois. L’attaque primaire (aussi appelée attaque systémique) touche les jeunes plantules qui deviennent naines, recroquevillées, couvertes d'un feutrage gris violacé. Leur nombre étant généralement limité, ces attaques précoces passent souvent inaperçues. A partir de ces foyers, le mildiou essaime dans toute la parcelle (attaques secondaires). Les feuilles présentent alors des jaunissements sur la face supérieure et un duvet gris violacé sur la face inférieure. Sur gousses, les symptômes extérieurs sont peu perceptibles (taches vert clair sans sporulation). Par contre, à l'intérieur, un mycélium blanc est bien visible. A ce stade, les grains sont tachés ou absents. Cette maladie est favorisée par un climat humide (pluie, rosée, forte hygrométrie), peu ensoleillé, avec des températures comprises entre 1 et 18°C (optimum = 6°C). Elle est stoppée au delà de 20°C mais les températures comprises entre 15 et 20°C favorisent une abondante production d’oospores. Ces spores se conservent 6 à 10 ans dans le sol. Les cultures présentant une végétation excessive sont particulièrement exposées. Moyens de lutte : - Rotation la plus longue possible entre deux cultures de pois (protéagineux et conserve). - Traitement de semences : en protégeant les pois jusqu’au stade 5 feuilles environ, il limite les infections primaires. - Utilisation de variétés peu sensibles. - Protection fongicide préventive en végétation, au stade 7-8 nœuds du pois (= 5-6 feuilles). ___________________________________________________________________________ Oïdium du pois Photo « Pois 17 » L’oïdium est une maladie estivale, qui apparaît à la faveur d’un temps chaud (16-28°C, avec un optimum à 23°C) et humide : temps orageux, journées chaudes et nuits fraîches favorisant l’apparition de brouillards matinaux et de rosée. Les cultures tardives, récoltées en juillet, sont par conséquent les plus exposées. Les pois vert foncé sont aussi plus souvent touchés. Cette maladie est causée par un champignon : Erysiphe polygoni f. sp. pisi. Elle apparaît sous forme de petites taches blanches et poudreuses qui colonisent d’abord les feuilles âgées. Un mycélium blanc et pulvérulent se développe ensuite sur tous les organes aériens. Ce feutrage s’enlève facilement au passage du doigt. Les attaques peuvent être spectaculaires par leur rapidité et leur intensité. Moyens de lutte : - La résistance variétale existe. Elle est surtout développée sur les garden peas. - La lutte fongicide peut être préventive sur les variétés sensibles, ou menée de façon curative (dès les premiers symptômes) avec du soufre. Les résultats sont généralement bons dans la mesure où il s’agit d'un mycélium superficiel. ___________________________________________________________________________ Rouille Photo « Pois 18 » La rouille est une maladie assez peu courante sur pois, qui affecte essentiellement les zones continentales à climat sec et chaud (optimum thermique aux environs de 21°C). Elle se développe à partir de la floraison. Des pustules fauves apparaissent alors à la surface des feuilles, provoquant une accélération de la maturité et des pertes de rendement. Les champignons en cause sont : Uromyces pisi - Uromyces viciae-craccae - Uromyces viciae fabae. Moyens de lutte : Appliquer une triazole en respectant le délai avant récolte. ___________________________________________________________________________ Sclérotiniose Photo « Pois 19 » La sclérotiniose est une maladie grave, en pleine extension sur les cultures de petit pois. Elle peut causer des chutes de rendement sévères et des refus de parcelle pour présence de sclérotes (= organes de conservation de la maladie) dans la récolte. Cette maladie est due à un champignon, Sclerotinia sclerotiorum, qui se développe sur de très nombreuses cultures : carottes, céleris, haricots, choux... ainsi que toutes les légumineuses et crucifères. Seules les plantes monocotylédones ne sont pas touchées. Sur pois, la sclérotiniose apparaît généralement à partir de la floraison, sous forme de taches humides et irrégulières sur toutes les parties de la plante, et notamment sur les tiges. Puis, un mycélium blanc et cotonneux se développe. A ce stade, la plante est bien souvent détruite. Des sclérotes de forme irrégulière, blancs puis noirs, apparaissent ensuite sur les parties malades des plantes. Ils permettent au champignon de se conserver dans le sol durant 8 à 10 ans. Leur taille est très voisine de celle d’un grain de pois. Deux modes de contamination existent : au niveau du sol par mycélium, et par voie aérienne grâce à l’émission de spores. Des températures comprises entre 15 et 20°C et une forte hygrométrie (> 92 %) sont particulièrement propices à la maladie. Les cultures à végétation abondante et/ou versée sont particulièrement exposées, de même que les rotations incluant des cultures sensibles : oléoprotéagineux, trèfle, luzerne, cultures légumières… Moyens de lutte : - Inclure des céréales ou des graminées fourragères dans la rotation. - Eviter les précédents légumineuses, tournesol et colza. - Préférer les variétés à port léger et dressé. - Réduire la densité de semis (semis de précision). - Soigner le désherbage. - Eviter tout excès de végétation : ne pas apporter de matière organique. - Protection fongicide préventive et performante à partir de la floraison. - Lutte biologique dans la rotation avec un champignon parasite. - Attention au choix des cultures intermédiaires pièges à nitrates (crucifères, légumineuses). ___________________________________________________________________________ Autres maladies peu fréquentes Graisse bactérienne du pois Photo « Pois 20 » La graisse est due à une bactérie, Pseudomonas syringae pv. pisi, transmise par les semences. Elle provoque des taches huileuses sur les organes aériens, qui s’agrandissent en éventail et prennent une couleur brun clair sur les feuilles, et forment des taches brunes sur les gousses. La maladie progresse en foyers et est favorisée par un temps chaud (optimum = 28°C). Elle peut survenir après une gelée ayant lésé les tissus, ou après une averse de grêle ayant blessé les plantes. Moyens de lutte - Semences saines (élimination les lots infectés par le test ELISA). - Pas de moyen de lutte chimique, hormis les traitements cupriques appliqués en préventif (si gel ou grêle) ou dès l’apparition des premiers symptômes. Viroses du pois Photo « Pois 21 » Il existe de nombreuses viroses sur pois. Les plus fréquentes en France sont : - la jaunisse apicale du pois, provoquée par le Pea Top Yellow Virus (PTYV) ; - la mosaïque commune du pois, provoquée par le Pea Common Mosaic Virus (PCMV) ; - la mosaïque énation, provoquée par le Pea Enation Mosaic Virus (PEMV) ; - le Pea Seed-borne Mosaic Virus (PSbMV), seul virus transmissible par les semences ; - le Clover Yellow Vein Virus (CYVV), détecté en France en 1996. La jaunisse apicale est plus courante au nord de la France et la mosaïque énation au sud. Les symptômes sont parfois peu visibles, d’autant qu’ils apparaissent en taches dans la parcelle. Les plantes contaminées sont généralement petites et ont un port modifié. L’identification du ou des virus en cause est assez délicate. Seul un test immunologique (ELISA) peut certifier le diagnostic. Toutes les viroses présentes en France sont véhiculées par les pucerons. Le Pea Seed-Borne Mosaic Virus peut également être transmis par semences. De nombreuses légumineuses (pois, féverole, trèfle, luzerne…) sont des plantes hôtes. Symptômes les plus caractéristiques Jaunisse apicale du pois (PTYV) Mosaïque commune du pois (PCMV) Mosaïque énation (PEMV) Pea Seed-borne Mosaic Virus (PSbMV) Clover Yellow Vein Virus (CYVV) - : jaunissement de la partie supérieure des plantes feuilles petites, érigées et cassantes symptômes variables selon la race de virus et la variété de pois typiquement : mosaïque avec plages vertes et jaunes éclaircissement des nervures des feuilles et stipules réduction de la taille des plantes touchées éclaircissement des nervures et taches translucides déformation des tiges, feuilles et gousses rabougrissement des extrémités de tiges excroissances irrégulières (appelées énations) peu visible sur les plantes : légère chlorose, bord des feuilles enroulé, faible mosaïque parfois retard de maturité nécrose des tiges, feuilles, stipules et gousses qui peut se généraliser à toute la plante aplatissement des gousses et avortements Moyens de lutte : - Contrôle efficace et rapide des populations de pucerons, vecteurs de la maladie. - Test ELISA permettant d’identifier le Pea Seed-borne Mosaic Virus sur les semences. - La résistance génétique existe pour la mosaïque commune et la mosaïque énation mais elle est peu développée. LES RAVAGEURS La cécidomyie (Contarinia pisi) Photos « Pois 22 » et « Pois 23 » La cécidomyie est un moucheron jaunâtre de 2-3 mm, à l’abdomen gris. L’adulte sort du sol de mi-mai à mi-juin, s’accouple, puis se déplace sur quelques centaines de mètres, à la tombée du soir, vers les parcelles de pois. Il dépose alors ses oeufs par paquets à l’intérieur des boutons floraux en formation. Les larves, des asticots blanc laiteux de 3 mm, se développent dans les fleurs et injectent une substance toxique qui entraîne la formation de «galles». Les boutons floraux gonflent, se dessèchent et avortent. Le second vol de début juillet est normalement sans conséquence. La cécidomyie du pois n’affecte que le nord-est de la France. La proximité d’une parcelle contaminée l’année précédente est un facteur de risque. Le pois est sensible tant qu’il présente des boutons floraux fermés, soit du stade 7-8 feuilles à la floraison. Lorsque toutes les fleurs sont ouvertes, le pois n’est plus sensible. La lutte est alors inutile. Moyens de lutte : - Eviter de semer des pois à proximité de parcelles fortement infestées au cours des 2 années précédentes. - Se référer aux avertissements locaux, et les compléter par l’observation dans les parcelles au stade boutons floraux. On parvient à voir les femelles en pinçant les boutons verts encore enserrés dans les stipules puis en les ouvrant doucement. L’idéal est d’inspecter 5 fois 5 plantes à suivre en bordure de parcelle. - La lutte insecticide vise les adultes avant qu’ils ne pondent : dès le début du vol, en fin de journée, avec un volume de bouillie important. Renouveler éventuellement la protection si le vol se prolonge. ___________________________________________________________________________ Les limaces : Grises (Deroceras reticulatum) et noires (Arion hortensis) Sur pois, les attaques très précoces, sur les graines en germination ou les plantules, peuvent conduire à d’importantes pertes de peuplement. Par la suite, les feuilles basses des plantes attaquées présentent des limbes lacérés, avec des traces de mucus. Ces attaques sont généralement sans conséquence, le pois ayant de grandes capacités de compensation. Le préjudice est essentiellement qualitatif, lorsque les limaces sont présentes dans les pois à la récolte. Elles sont difficilement éliminées au battage et au lavage. Les facteurs favorables aux limaces sont bien identifiés : - Précédents colza, tournesol, engrais verts - Techniques culturales simplifiées - Sols motteux ou caillouteux - Temps humide, récoltes nocturnes, végétations versées. Moyens de lutte : - Nombreux prédateurs naturels (carabes, fourmis, batraciens), souvent eux-mêmes sensibles aux matières actives utilisées contre les limaces. - Des façons superficielles répétées à l’interculture permettent de réduire le stock d’œufs de la parcelle. - Les applications de granulés anti-limaces sont efficaces jusqu’à environ 1 mois après la levée, tant que le pois ne couvre pas le rang. Une application avant la levée permet de protéger le peuplement. Elle peut être renouvelée une fois au bout de 10-15 jours si le risque reste élevé. - Le piégeage permet de connaître le niveau d’infestation et l’évolution des populations d’une parcelle. Le risque est fort au-delà de 12 limaces/m². ___________________________________________________________________________ Les pucerons Puceron vert ou rose du pois (Acyrthosiphon pisum) Photo « Pois 24 » Puceron noir de la fève (Aphis fabae) Photo « Pois 25 » Le puceron vert est très courant, le puceron noir est plus rare mais plus difficile à éliminer. Leurs dégâts, dus à la ponction de sève, sont identiques : affaiblissement des tiges piquées, coulures de fleurs et avortements de gousses, déformations de gousses. Ils peuvent aussi parfois être à l’origine de la propagation de virus engendrant des jaunissements apicaux. Les hivers doux favorisent les éclosions précoces et les printemps secs favorisent les colonisations. Moyens de lutte : Les nombreux ennemis naturels des pucerons (syrphes, coccinelles, champignons pathogènes, parasites…) permettent de limiter les faibles colonisations (quelques individus par plante). Les traitements avec des aphicides stricts se justifient en cas de pullulations (30 pucerons/tige ou plus) ou si la transmission de virus est suspectée. Dans ce dernier cas, il est nécessaire d’intervenir dès l’apparition des premières colonies. Vérifier l’innocuité des matières actives choisies vis-à-vis des abeilles en période de floraison. ___________________________________________________________________________ Le sitone (Sitona lineatus) Photo « Pois 26 » Le sitone est un charançon allongé brun-gris, long de 4-5 mm, avec des élytres striées longitudinalement et un rostre court. Les adultes émergent en mars, pondent sur les jeunes plantes de pois et dévorent les feuilles de la base en pratiquant des encoches semi-circulaires sur le pourtour. Ces morsures sont peu préjudiciables tant que les limbes ne sont pas complètement dévorés. Par contre, les larves rongent les nodosités et les racines, et perturbent l’alimentation azotée des plantes. Ces attaques occasionnent une diminution du nombre de gousses et des chutes de rendement pouvant aller jusqu’à 1 tonne/ha Toutes les régions productrices de pois sont concernées par ce ravageur. Les cultures précoces tendent à concentrer les adultes provenant des parcelles environnantes. Les attaques sont favorisées par la proximité de haies, bois, jachères, abritant les adultes pendant l’hiver, ainsi que par le voisinage de cultures de légumineuses. Moyens de lutte : La meilleure protection passe par le traitement des semences lorsqu’il existe. Les traitements insecticides en végétation sont moins efficaces et ne contrôlent pas les larves responsables des principaux dégâts (seuil d’intervention = 5 encoches/plante). ___________________________________________________________________________ Le thrips du lin et des céréales (Thrips angusticeps) Photo « Pois 27 » Le thrips est un minuscule insecte brun-noir, de 1 mm de long, aussi appelé «bête d’orage». Il se manifeste dès la levée des pois. C’est sa salive, toxique pour les pois, qui est à l’origine des dégâts : feuilles gaufrées et tachées, nanisme précoce, aspect buissonnant avec émission de nombreuses tiges stériles. Cet insecte est surtout présent en Nord-Picardie, Normandie, Centre, Bassin Parisien, Champagne crayeuse. Les semis précoces sont les plus à risque, de même que les précédents lin et céréales. Un temps froid, qui retarde la croissance du pois, favorise également les attaques. Moyens de lutte : La lutte la plus efficace passe par le traitement de semences, lorsque celui-ci est disponible. En végétation, le seuil d’intervention est fixé à 1 thrips par pied lorsque 80 % des plantes sont levées. Il faut intervenir très rapidement, dès l’insecte détecté. Passé le stade 5-6 feuilles, le pois n’est plus sensible. ___________________________________________________________________________ La tordeuse (Cydia nigricana ou Laspeyresia nigricana) Photos « 28 » et « 29 » La tordeuse est un petit papillon brun-gris de 15 mm d’envergure. Son vol a lieu de mi-mai à fin juillet, essentiellement dans la moitié nord de la France (Bretagne, Nord-Picardie, Centre). Cet insecte pond sur les fleurs ou les gousses de pois. La chenille, blanc jaunâtre à tête noire, de 1 à 15 mm selon son stade, éclot et est «baladeuse» pendant 1 jour environ. Elle pénètre ensuite dans une gousse où elle grignote les grains successivement. L’impact sur le rendement est négligeable. Les conséquences sont essentiellement qualitatives : grains rongés ou souillés, présence de chenilles dans les lots de pois. Elles peuvent conduire au refus de la parcelle. Les dégâts ne surviennent que lorsqu’il y a coïncidence du vol et du stade sensible du pois : à partir du 1er étage en gousses plates. Moyens de lutte : - Se référer aux avertissement locaux, réalisés grâce à des réseaux de piégeage. - Seuil de nuisibilité du pois de conserve : 4 papillons par piège à partir du début floraison. - Traitement avec une pyréthrinoïde à la dose d’usage tordeuse, à réaliser tard le soir ou tôt le matin avec un fort volume de bouillie. Viser la chenille baladeuse, soit une semaine après le début du vol, dès la présence de gousses plates sur le premier étage en fleur (= 810 jours après la floraison). Renouveler l’application tous les 7-8 jours tant que le vol persiste. ___________________________________________________________________________ Autres ravageurs occasionnels La bruche (Bruchus pisorum) La bruche est un coléoptère long de 4-5 mm, trapu, de couleur brun-noir avec des taches blanchâtres et de grandes antennes. Il vole au printemps, se nourrit du pollen et des pétales de pois, s’abrite et s’accouple dans les fleurs. La larve, blanche à tête brune, perfore la gousse et pénètre dans un grain où elle se développe jusqu’à la maturité. Les dégâts sont essentiellement qualitatifs, par la présence de grains de pois «habités». Le pois est sensible à partir de la floraison. Ce ravageur est surtout présent au sud de la France, dans les zones de production de protéagineux ou de semences. Il apprécie les environnements boisés abritant les adultes. Moyens de lutte : Du fait de l’absence de stade baladeur de la larve, seule la lutte contre les adultes avant la ponte est envisageable. Rechercher la présence des adultes dans les fleurs. La lutte peut être combinée avec le traitement anti-pucerons. L’endosulfan est l’insecticide le plus efficace. Traiter au stade début floraison, par beau temps, pour augmenter les chances de contact avec les insectes. Le thrips du pois (Frankliniella robusta) Le thrips du pois est un insecte de 1,5 mm de long, presque noir, avec 2 paires d’ailes frangées. Il vole en mai-juin, à la faveur d’un temps orageux et lourd, et s’abrite dans les fleurs de pois. La larve, orangée et très mobile, se nourrit en piquant les pousses et les gousses, puis se laisse tomber dans le sol où elle hiberne. Les gousses piquées prennent un aspect brillant et se déforment. De fortes attaques entraînent des arrêts de croissance et des chutes de fleurs. Cet insecte se rencontre principalement au nord de la France, en début d’été, sur les sols légers et les pois tardifs. Moyens de lutte : - Une rotation longue permet de réduire les sorties d’adultes à partir du sol. - Lutte difficile du fait de la localisation des adultes dans les fleurs. - Traiter au seuil de 2 individus/fleur, par beau temps. La tipule (Tipula paludosa, T. oleracea) Aussi appelée «cousin», la tipule ressemble à un grand moustique sans trompe. Elle vole le matin et à la tombée de la nuit, de juillet à septembre, et pond à même le sol, sur des terrains couverts de végétation. L’éclosion a lieu 15 à 20 jours plus tard. La larve, longue de 3-4 cm, de couleur grise et d’aspect boudiné, est souterraine. Elle monte la nuit à la surface du sol pour se nourrir aux dépends des cultures. Elle dévore les graines en germination et cisaille les collets des plantes. Les dégâts sont localisés dans les zones les plus humides de la parcelle. Ne pas confondre avec les dégâts de limaces (pas de trace de mucus). La Bretagne est particulièrement concernée par ce ravageur, notamment en cas de précédents prairies et dans les zones très humides. Seul le stade plantule du pois est sensible. Moyens de lutte : - Détruire précocement la culture précédente pour éviter les pontes à l’automne. - Des façons superficielles répétées à l’interculture permettent d’assécher le sol et de diminuer le stock de larves. - Du fait de leur activité souterraine et nocturne, les tipules sont assez difficiles à détruire en végétation. Par ailleurs, il n’existe pas d’usage phytosanitaire en traitements généraux. - La lutte s’apparente à celle contre les noctuelles terricoles : mêmes matières actives, traitements le soir, mouillage important. LA RECOLTE La décision de récolte Le tendéromètre est l’outil d’appréciation de la tendreté des pois frais le plus répandu en France. Sa mesure permet d’arrêter la date optimale de récolte et de juger de la qualité du produit fini. Elle est obtenue par écrasement-cisaillement du grain. L’indice tendérométrique visé à la récolte est de : - 110 points pour les pois destinés à la surgélation, - 130 points pour les pois destinés à la conserve (mesure sur les sortes fines). Jusqu’à 85-90 points d’indice tendérométrique, c’est-à-dire à quelques jours de la récolte optimale, l’évolution se fait lentement, à raison de 2-3 points quotidiens. Ce seuil passé et selon les conditions agroclimatiques de la période, la maturité s’accélère et la parcelle «prend» en moyenne 10 à 15 points par jour, laissant une fenêtre de 2 à 4 jours pour la récolter. Le suivi au champ est donc particulièrement important. Selon les caractéristiques de la variété, les températures et la réserve en eau, les pois peuvent durcir très rapidement. La décision de récolte est prise par le transformateur ou l’organisation de producteurs. Deux autres techniques de mesure de la texture des pois sont développées : - l'AIS ou dosage biochimique des composés insolubles dans l'alcool ; - la spectroscopie dans le proche infrarouge, plus récemment. Ces mesures sont très utiles dans une approche organoleptique et sont principalement utilisées en surgélation. Le matériel de récolte Photo « Pois 30 » On utilise des machines spécialisées, appelées «cueilleuses de gousses», pour récolter les parcelles de petit pois. Ces batteuses automotrices à peigne frontal sont également utilisées pour la récolte des flageolets. Elles ont une capacité de récolte de 40 à 50 ares de pois/heure en moyenne. Le pois est un légume particulièrement fragile dans la mesure où il est récolté avant maturité complète. Les récolteuses doivent donc extraire des gousses un grain tendre, qui se blesse facilement si le battage est trop violent, et le trier suffisamment énergiquement parmi le reste de la végétation pour limiter les pertes. La chambre de battage est par conséquent la partie stratégique de la machine. La portance de la machine est également importante. D’une part, la machine doit pouvoir récolter quelles que soient les conditions climatiques afin d’assurer l’approvisionnement des usines. D’autre part, son poids doit être suffisamment bien réparti pour préserver au mieux la structure des sols. Trois constructeurs se partagent actuellement le marché français : Ploeger (entreprise hollandaise), FMC (multinationale américaine) et BCMH (entreprise française). LA GESTION DES RELIQUATS AZOTES APRES RECOLTE Sur l’ensemble des éléments minéraux, les exportations à la récolte ne dépassent jamais 30 % des quantités mobilisées par le pois. De ce fait, les restitutions au sol sont importantes. L’azote contenu dans les déchets de récolte représente un total de 180 kg/ha environ. Une partie de ce pool azoté est rapidement minéralisable. Il doit être pris en compte si une culture dérobée est implantée après le pois (fourrage, épinard, brocoli, carotte, haricot, maïs doux…). Par contre, si aucune culture n’est prévue immédiatement durant l’été, il est recommandé de mettre en place une culture intermédiaire «piège à nitrates» afin que cet azote ne migre pas en profondeur sous l’effet des pluies. Les possibilités de pièges à nitrates sont nombreuses : phacélie, graminées… Les légumineuses (trèfle, vesce…) et crucifères doivent par contre être évitées pour des raisons parasitaires (champignons du sol, sclérotinia).