Présentation des troubles en pédopsychiatrie, développement

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Dr L. BRUN-BARASSI
Cours IUFM
Présentation des troubles en pédopsychiatrie, développement
psychoaffectif, nosographie, modalités diagnostiques et
thérapeutiques.
I. Historique.
C’est une discipline récente qui n’a pris sa véritable autonomie que depuis peu.
La place des enfants, au sein de la société, s’est faite lentement. Pendant longtemps, l’enfant
n’a pas été reconnu dans sa spécificité. À la fin du XVIIe siècle, on commence toutefois à s’intéresser
à l’enfant et à ses potentialités. J.J. ROUSSEAU s’inspirant des thèses de Locke (philosophe anglais
du XVIIème) et de Condillac (philosophe du XVIIIéme) pose, dans son Traité intitulé Emile ou De
l’éducation de 1762, des questions sur l’éducation (Philosophe des lumières (XVIIIéme), a collaboré à
l’Encyclopédie). Il prône l’allaitement maternel et pressent ce qu’on dira des carences des soins
maternels.
Au XIXéme siècle, la prise en charge des « enfants idiots » et des « marginaux » illustre les
premiers pas en matière de pédopsychiatrie. C’est à cette période qu’un médecin, Itard, tente la
rééducation du « fameux sauvage de l’Aveyron ». Il est considéré comme le premier pédopsychiatre
et décrit un tableau d’autisme. Bourneville, en 1880, crée le premier service accueillant des enfants. J
Ferry, en 1881, rend l’école laïque obligatoire et gratuite. À la fin du XIXéme siècle, Binet, qui est
considéré comme le véritable fondateur de la psychologie expérimentale, étudie le comportement des
enfants normaux à l’école et celui des « arriérés » dans un asile. Sous son influence, le gouvernement
crée des classes spéciales pour les enfants ne pouvant suivre l’enseignement habituel. Piaget
(Psychologue suisse : 1896-1980) s’intéressera à la psychologie normative et particulièrement à celle
de l’enfant (il décrit 3 étapes dans la structuration de la pensée de l’enfant : phase sensori-motrice,
phase pré-opératoire et phase opératoire concrète). Wallon (psychologue français : 1897-1962)
précise dans deux de ces livres, les étapes essentielles du développement de l’enfant. Binet et Simon
élaborent le test du QI en 1905.
L’œuvre freudienne vient bouleverser complètement l’approche des troubles mentaux chez
l’enfant. Grâce à l’étude des cures psychanalytiques de ses patients, il reconstitue la vie instinctuelle
des enfants. Il décrit alors le complexe d’œdipe, l’angoisse de castration, de la scène primitive et
reconnaît une sexualité infantile. Freud (Neurologue et psychiatre autrichien : 1856-1939) montre
l’importance de l’environnent et tout particulièrement du milieu familial. Il insiste sur le fait que les
troubles psychiques retrouvés chez l’adulte se constituent pendant l’enfance. Les travaux d’Anna
Freud (psychanalyste britannique : 1895-1982) ont permis de développer par la suite la psychanalyse
d’enfants. En parallèle les travaux d’A. Freud se développent ceux de M. Klein (psychanalyste
britannique : 1882-1960).
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Les deux femmes sont en opposition et diffèrent dans leur perception du psychisme de
l’enfant. A. Freud insiste sur la prise en charge éducative des enfants, Klein décrit, elle, une précocité
de l’élaboration du surmoi et du conflit oedipien et décrit deux phases caractéristiques chez l’enfant de
moins de trois ans : une phase schizo-paranoïde et une phase dépressive. Pour M. Klein, le jeu est un
élément fondamental de la psychanalyse d’enfants puisqu’il est la voie royale de l’expression de
l’inconscient.
En 1943, Kanner décrit l’autisme précoce avec ses caractéristiques cliniques spécifiques. En
1949, Lacan décrit le stade du miroir. Bien d’autres ensuite ont affiné les connaissances en psychiatrie
infantile, que se soit Winnicott (pédiatre et psychanalyste britannique : 1896-1971), Bettelheim
(psychiatre et psychanalyste américain : 1903-1990. Etude des psychoses chez l’enfant) ou encore
Spitz (psychanalyste américain : 1887-1974. Description de « l’hospitalisme ») chez les Anglo-saxons,
ou Lebovici (médecin et psychanalyste français : 1915-2000), Dolto (psychanalyste française 19081988) et bien d’autres en France.
II. Principales théories du développement de l’enfant : le développement
affectif.
Il est important de connaître la place capitale des premiers échanges mère-enfant
(interactions précoces). Ils conditionnent la confiance que l’enfant va avoir en lui et en l’autre. Le
développement affectif permet de différencier le monde psychique propre à l’enfant distinct de celui de
la mère et du monde extérieur. Il conduit à l’autonomisation.
Il faut rappeler que les futurs parents au cours de la grossesse pensent à l’enfant. On
distingue ainsi 3 types d ‘enfant :
-
L’enfant imaginaire est celui imaginé par les parents, il est le fruit du désir de grossesse. Il
est issu du préconscient et du conscient. « Il est celui que chaque femme, même la plus
sincère dans son refus de maternité, vient un jour à désirer. Il est l’enfant manquant à
l’appel de celles qui par plusieurs naissances, ont comblé leur désir de procréation mais
non leur désir d’enfant (…). Il est l’enfant supposé tout accomplir, tout réparer, tout
combler : deuils, solitude, destin, sentiment de perte ; ». (M. Bydloswski).
-
L’enfant fantasmatique est celui de l’inconscient. Il naît de la réactivation des conflits
infantiles de la mère avant tout mais aussi ceux du père.
-
L’enfant réel qui est celui de la confrontation entre le bébé imaginaire et le bébé découvert
au moment de la naissance. Si la distance est trop grande entre le bébé imaginaire et le
bébé découvert dans les suites de couches, cela conduit généralement à des troubles des
interactions précoces.
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1. Notion d’affectivité.
Le développement psycho-affectif de l ‘enfant suit une ligne évolutive qui a ses
caractéristiques propres mais qui se fait en interférence constante et étroite avec les autres domaines
du développement (croissance physique, les acquisitions motrices et verbales ainsi que le
développement cognitif). L’affectivité est une notion difficile à définir, cependant on peut dire
globalement qu’elle renvoie aux expériences subjectives, aux domaines des émotions et des
sentiments ou aux affects, terme employé en psychanalyse pour caractériser « les états affectifs
pénibles ou agréables, vagues ou qualifiés, qu ‘ils se présentent sous la forme d’une décharge
massive ou comme tonalité générale » (Laplanche et Pontalis). Ainsi, il est question, selon les cas, de
bien-être et de malaise, de plaisir et de déplaisir, de détente et de tension, d’angoisse ou d’affect
dépressif, de peur, de colère…. L’étude du développement affectif est indissociable de celle des
relations sociales et notamment des relations avec les parents et la famille, elle est également
intriquée avec le développement de la personnalité dans la mesure où la découverte de soi est
corrélative à la connaissance d’autrui et que c’est au travers des rapports avec l’autre, ses
parents, sa fratrie… que la personne se construit peu à peu.
La compréhension du développement affectif comme la vie psychique en générale a été
fortement enrichie par les apports de la psychanalyse. Au cours de ce cette étude du développement
psycho-affectif, nous allons donc être amenés dans un premier temps à préciser et expliciter
quelques-uns uns de ces apports psychanalytiques.
2. Quelques notions psychanalytiques de base.
A. S. Freud
Il est difficile d’aborder ce domaine sans commencer par S. Freud dont les apports théoriques
ont été considérables et restent une référence dans la compréhension du fonctionnement psychique.
Freud décrit 3 éléments fondamentaux dans la description des faits psychiques :
- Point de vue dynamique : Freud met l’accent sur la notion de conflit. Pour lui, toute
conduite est le résultat d’un conflit, d’une opposition ou d’une interaction de forces en
présence ; conflit entre l’individu et le milieu extérieur mais aussi conflit à l’intérieur du
sujet lui-même (conflit intra-psychique) (ex : grandir).
- Point de vue topique : permet de repérer dans l’appareil psychique des zones
différentes caractérisées par un fonctionnement propre.
La description d’une vie
inconsciente, intervenant dans la détermination des conduites, est une des données
fondamentales de la psychanalyse. Freud a évolué et a substitué l’opposition initiale
syst. Inconscient- syst. Préconscient-conscient à la distinction de 3 systèmes (1920) :
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Importance de 3 instances : le Ça (réservoir des pulsions, syst. inconscient, instance
qui prédomine au début de la vie et qui obéit au principe de plaisir), , le Moi (pilier de
la personnalité, instance dérivé du ça confronté aux principes de réalité, partie
consciente du psychisme, lieu de compromis entre le ça et le Surmoi, qui lutte contre
l’angoisse liée aux conflits par certaines opérations psychiques inconscientes,
défensives appelées mécanisme de défense contre l’angoisse) et le Surmoi (instance
interdictrice interne inconsciente, qui correspond à l’intériorisation des interdits
parentaux).
-
Le point de vue économique permet d’évaluer le devenir de l’énergie
psychique qui se répartit entre la réalisation des pulsions « processus
dynamiques consistant en une poussée qui fait tendre l’organisme vers un
but » (Laplanche et Pontalis) et les opérations défensives s’opposant à
la réalisation d’une satisfaction pulsionnelle trop directe car alors
source d’angoisse. Elle permet d’évaluer la part de plaisir authentique et
de déplaisir ou d’angoisse.
Il est important d’évoquer de façon plus détaillée le développement pulsionnel décrit par Freud
qui, selon lui, oriente toutes nos conduites, y compris les plus précoces. Les pulsions sont l’expression
concrète et psychologique des intérêts profonds du sujet. Chaque pulsion a sa source dans une
excitation corporelle créant un état de tension, elle tend à la réalisation d’un but qui lui est spécifique
et qui supprime l’état de tension, elle cherche sa satisfaction dans un type particulier d ‘objet. Ainsi on
peut identifier la pulsion par son objet (ce par quoi est satisfaite la pulsion) et par son but (la libido
représente l’E de la pulsion sexuelle par ex.). La théorie freudienne des pulsions a connu plusieurs
remaniements. Il a d’abord opposé les pulsions sexuelles aux pulsions d’auto-conservation ou
pulsions du Moi puis dans un second temps, il oppose pulsions de vie comprenant les pulsions
sexuelles et les pulsions du moi aux pulsions de mort dont l’agressivité est une manifestation.
Les pulsions sexuelles représentent, pour Freud, le moteur de bien des conduites de l’adulte
mais aussi de l’enfant. En effet, « la sexualité ne désigne pas seulement les activités et le plaisir qui
dépendent du fonctionnement de l’appareil génital, mais toute une série d’excitations et d’activités
présentes dès l’enfance, qui procurent un plaisir irréductible à l’assouvissement d’un besoin
physiologique fondamental (respiration, faim, fonction d’excrétion, etc.) et qui se retrouvent à titre de
composantes dans la forme dite normale de l’amour sexuel » (Laplanche et Pontalis). Ainsi la libido se
manifeste différemment tout au long du développement et investit dans l’enfance des zones du corps
privilégié dites érogènes (orales, anales, phalliques) avant de se centrer sur le domaine de la sexualité
génitale adulte.
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La notion de refoulement
C’est un concept fondamental à la conception freudienne de la vie psychique. Il s’agit d’une
« opération par laquelle le sujet cherche à repousser ou à maintenir dans l’inconscient des
représentations (images, pensées, souvenirs) liées à une pulsion ». Le refoulement apparaît
donc comme un mécanisme de défense contre l’angoisse tout à fait essentiel. D’un point de vue
général, le refoulement peut être considéré comme « un processus psychique universel en tant qu’il
serait à l’origine de la constitution de l’inconscient comme domaine séparé du reste du psychisme. »
(Laplanche et Pontalis).
Sexualité infantile
Freud a mis en avant que la sexualité ne se réduit pas à la sexualité génitale adulte mais se
développe en deux temps : infantile et post-pubertaire, séparés par une phase de latence. La
sexualité infantile se développe en plusieurs phases, d’abord caractérisée par des pulsions partielles,
composantes de la pulsion sexuelle, rattachées à des sources d’excitations corporelles déterminées –
les zones érogènes – et se manifestent à travers des conduites isolées entraînant un plaisir
spécifique. Fonctionnant de façon plus ou moins indépendante au départ, les pulsions partielles
s’unifient et s’organisent sous le primat de la zone génitale entre 3 et 6 ans et définitivement lors de la
puberté. Les stades de l’évolution libidinale sont caractérisés par une zone érogène prévalente (orale,
anale, phallique) et par un mode de relation d’objet calqué sur l’activité de la zone érogène. Les
différentes périodes du développement affectif sont caractérisées par un investissement de l’énergie
pulsionnelle (libido).
Notion des stades :
L’enfant les franchit progressivement. La personnalité adulte va dépendre de l’histoire
de ces intégrations successives ainsi que des procédés mis en place pour résoudre les
conflits en présence et surmonter les frustrations. On parle de pathologie quand il existe une
évolution anormale ou en cas de régression.
Les différents stades évolutifs :
° Stade oral : (0-12 mois)
Le stade oral s’étend sur la première année, les pulsions partielles s’organisent sous le primat
de la sensibilité de la zone bucco-labiale. Le mode de relation d’objet est l’incorporation
équivalent psychique de l’activité alimentaire qui confère aux échanges avec la mère des
significations orales telles que : manger, être mangé, détruire l’objet en le dévorant, etc. Selon
Freud, au départ l’activité sexuelle n’est pas séparée de l’activité de nutrition, d’où la notion
d’étayage de la pulsion : celle-ci se satisfait en s’appuyant sur l’accomplissement d’une
fonction physiologique vitale (ici l’alimentation), pour s’en dissocier progressivement par la
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suite (ex : succion du pouce). Par voie de conséquence l’attachement à l’objet libidinal (la
mère) serait lui aussi secondaire, dérivé de la gratification alimentaire : c’est la répétition de
l’expérience de satisfaction qui amène l’enfant à se tourner vers l’objet qui en est la source et
à le rechercher. Il faut retenir que : la zone érogène est la cavité buccale. Le conflit est lié à
l’absence de sein qui génère de la frustration. La succion apporte le plaisir. Les relations sont
duelles avec différenciation progressive de la mère.
° Stade anal : (1-3 ans)
Le stade anal situé entre la deuxième et la quatrième année est caractérisé par l’organisation
des pulsions partielles sous le primat de la zone anale, et par un mode de relation à l’objet
marqué par les contraintes inhérentes à l’apprentissage de la propreté sphinctérienne.
L’acquisition progressive de la maîtrise de ses sphincters par l’enfant est source de nouveaux
plaisirs : plaisir de l’évacuation, plaisir de rétention. L’enfant accorde un très vif intérêt à ce
plaisir qu’il peut contrôler d’où sa valeur symbolique de cadeau qu’il peut accorder ou refuser
à sa mère. Le stade anal est marqué par une double opposition, un double conflit : opposition
passivité /activité, opposition soumission /domination. En résumé : la zone érogène est l’anus.
Le conflit est généré par la demande des parents de l’acquisition de la propreté. Le plaisir est
produit par l’expulsion des selles ainsi que le contrôle et la maîtrise de cette expulsion. Le
mode relationnel est ambivalent : aimer/haïr, prendre/rejeter.
° Stade phallique, génital et oedipien : (3-5 ans)
C’est la découverte de la différence anatomique des sexes qui ouvre et organise la phase
phallique à partir de la quatrième année. Cette découverte est vécue de façon très différente
par le garçon et par la fille désormais confrontés à la problématique oedipienne et à
l’angoisse de castration. A partir d’une relation duelle initiale l’enfant est amené à se situer
par rapport à ces deux parents dans une relation triangulaire.
- Stade phallique : la zone érogène est représentée par la zone urétrale et génitale. Le plaisir
provient de l’exhibition, être vu, voir l’autre. Le conflit naît de l’angoisse que suscite la
perception de la différence anatomique des sexes, angoisse de castration.
- Le complexe d’Œdipe (entre 4 et 7 ans) où l’enfant se rapproche du parent du sexe opposé
pour le séduire. Le mode relationnel est triangulaire. C’est le moment fondateur de la vie
psychique assurant le primat de la zone génitale, avec le dépassement de l’auto-érotisme
primitif et l’orientation vers des objets extérieur.
° Phase de latence : (6 à 12 ans)
Il existe lors de cette période, une désexualisation et un refoulement des questions du stade
oedipien (non totalement résolues). La sublimation est efficace et facilite les apprentissages.
Modes relationnels externes (amis, école). Le point essentiel consiste en une relative
obsessionnalisation de la personnalité que l’éducation et l’enseignement savent mettre à profit
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pour demander à l’enfant l’acceptation de rythmes régumiers et d’une discipline plus précise
(soumission à la règle).
° Adolescence (après 11 ans).
Il y a alors un réinvestissement de la zone érogène génitale. Les conflits sont en lien avec le
besoin d’indépendance vis à vis des parents (séparation/individuation), d’un nouveau rapport
au corps en lien avec les modifications corporelles, le deuil des objets infantiles (parentaux)
qui entraîne des réactions dépressives, un choix d’objet sexué en dehors de la famille, une
tendance au retrait narcissique et enfin un questionnement global sur l’identité.
Le développement psychoaffectif est une longue suite d’expériences plus ou moins
conflictuelles liées à la confrontation de désirs différents voir opposés entre l’enfant et son entourage,
à l’affrontement aussi entre elles des exigences internes diverses du sujet, celles des pulsions
sexuelles et agressives, celles des interdits internes mais aussi celles de l’instance chargée de
l’adaptation à la réalité.
B. Spitz.
Il définit la notion d’organisateur (qui correspond à l’intégration de plusieurs lignes de
développement aboutissant chaque fois à un remaniement structural de l’appareil psychique, à une
organisation à un niveau supérieur) qui a une véritable valeur maturative pour l’enfant. Pour lui, une
réorganisation importante de l’expérience du bébé jusque là dominée par l’absence de différenciation
entre le Moi et le non Moi, tient au repérage et à la réponse à un gestalt privilégié : le visage humain.
Le sourire du troisième mois est pour lui, le 1er organisateur : on passe de l’enfant entièrement
centré sur lui-même à un enfant tourné vers l’extérieur, le second organisateur est l’angoisse de
l’étranger au 6ème-8ème mois où l’enfant distingue le familier de l’étranger (la mère est alors
clairement identifiée parmi toutes les autres personnes de l’entourage) et enfin le 3 ème organisateur qui
est l’acquisition de la négation, le « non » à 18 mois (accession à une totale distinction d’avec la
mère).
C. M. Klein.
Elle définit 2 positions évolutives chez l’enfant :
-une position schizo-paranoide (1er mois) avec le clivage du bon et du mauvais objet. Pour elle, il
existe une relation d’objet dès le début de la vie psychique, mais il s’agit d’objet partiel. L’objet partiel
principal pour le nourrisson est le sein maternel (elle entend par sein maternel l’ens. des soins que la
mère prodigue y compris l’amour). Il s’agit d’un objet partiel dans le sens où il a, pour l’enfant, la
valeur d’un objet du monde extérieur capable d’apaiser ses tensions internes mais n’a pas la valeur
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d’une personne (ou objet total) avec laquelle on communique. En fonction de la satisfaction ou non de
ses désirs, l’enfant fait l’expérience du « bon sein» et du « mauvais sein». Le « bon sein intérieur »
fonde le narcissisme, la cohérence de la personnalité, le sentiment de confiance en soi et en
l’existence. L’enfant a recours tout d’abord à cliver « bon » et « mauvais sein » de manière à protéger
le bon sein. Il tend à projeter à l’extérieur le « mauvais sein ».
M. Klein désigne cette solution sous le nom de position schizo-paranoide. Il s’agit plus d’un mode de
fonctionnement mental que d’un stade de développement.
-puis une position dépressive (8ème mois) où l’objet devient total
(bon et mauvais) suivi d’une
ambivalence secondaire à l’objet. Par la répétition des expériences et sa maturation, l’enfant prend
conscience qu’il n’a pas à faire à 2 objets distincts mais à une seule et même personne. Il intègre
bons et mauvais aspects de son expérience mais prend dans le temps conscience de ses propres
aspects bons et mauvais, de son amour et de son agressivité d’où son angoisse de détruire,
d’endommager la personne dont il a le plus besoin : sa mère. Elle désigne alors sous le terme de
position dépressive le fonctionnement mental de l’enfant qui y correspond. Pour M. Klein, il s’agit
d’une position centrale, car de sa résolution va dépendre la capacité à développer le sens d la
réalité, la communication avec autrui et l’intégration de sa personnalité. L’enfant prend alors
conscience qu’il y a des conflits entre lui et le monde ext. mais aussi à l’int. De lui.
D. Winnicott
Il décrit une phase de préoccupation maternelle primaire où la mère se centre sur son enfant,
s’identifie à lui ce qui lui permet de ressentir les besoins de son enfant. Il définit également la notion
de mère « suffisamment bonne », qui permet à son enfant de s’autonomiser peu à peu après cette 1ère
période de dépendance absolue. Il décrit aussi la fonction de miroir de la mère au 3 ème, 4ème mois :
durant les échanges avec sa mère, l’enfant voit sur le visage de celle-ci son propre reflet, source de
sa première identification. Il désigne aussi les termes de handling (concerne les manipulations au
cours des soins apportés à l’enfant qui a pour but de lier le vécu corporel au vécu psychique), de
holding (qui concerne tout ce qui est lié au portage de l’enfant, contient une dimension protectrice). Il
est à l’origine du concept d’objet transitionnel (4-12 mois).
La période qui couvre les 15 à 18 premiers mois est capitale, les expériences affectives du
nourrisson sont fondamentales pour l’avenir psychique de l’enfant et de l’adulte. Les intérêts du
nourrisson sont limités. La zone orale et les soins alimentaires occupent une place prépondérante :
plaisir lors de l’absorption alimentaire mais aussi plaisir tiré de la seule existence de la zone orale.
D’autres gratifications sont nécessaires et fort importantes pour le bien être du nourrisson qui a besoin
de biens d’autres apports physiques que ceux de l’alimentation : gratifications tactiles (contacts
cutanés), kinesthésiques (besoins d’être tenu, bercé, manipulé), auditives, mais aussi olfactives. Un
maternage de bonne qualité suppose que la mère ou son substitut assure de façon suffisante la
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satisfaction de tous ces besoins. Certaines mères ou nourrices essentiellement centrées sur
l’alimentation sont à l’origine d’authentiques carences de soins.
Une première période permet à l’enfant de passer d’une relation de dépendance
absolue à la mère ou à son substitut et d’une expérience subjective de confusion entre lui et sa
mère à l’accession à un certain degré d’autonomie, à une différenciation de l’image de soi et à
une reconnaissance de la mère et d’autrui. Pendant les premières semaines, l’enfant forme avec
sa mère une véritable unité psychosomatique. Il y a pour l’enfant, au cours du nycthémère, une
alternance entre des états de tension ou de bien être. Ce sont essentiellement les besoins créés par
les stimuli internes, cénesthésiques et proprioceptifs (digestifs musculaires) mais aussi les autres, et
les réponses que leur apporte la mère qui rythme cette alternance. Le nourrisson participe activement
à cette alternance dans un jeu interactif permanent entre lui et sa mère ou son substitut. Le rôle de
pare-excitation, de protection de la mère vis à vis de son enfant permet de l’apaiser. Il est important de
souligner un aspect essentiel, à ce stade, c’est la compétence du bébé à participer activement à
l’interaction avec son entourage, avec sa mère. Il joue un rôle actif dans les échanges entre lui et sa
mère.
III. Le développement psychique et moteur de l’enfant.
L’évaluation du développement psychomoteur d’un nourrisson ou d’un enfant est un temps
essentiel qui permet :
-
d’apprécier le stade physiologique de la maturation neurologique,
-
d’apprécier la maturation psychique,
-
d’apprécier la qualité des interactions notamment avec les personnes qui l’entourent.
Importance des interactions entre le psychique et le moteur. Il est capital, pour un bon
développement psychoaffectif de l’enfant, que l’environnement et les échanges relationnels soient
riches qualitativement mais aussi quantitativement. Il existe un lien évident entre les acquisitions
motrices et le développement intellectuel.
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1. Développement psychomoteur.
Il existe d’abord chez l’enfant un dialogue tonique qui précède le dialogue verbal et qui permet
de rendre compte du bon développement de l’enfant. On apprécie lors de l’examen : le tonus, la
posture, les réflexes, la motricité (spontanée, provoquée) ainsi que la latéralité acquise.
a. Le tonus musculaire.
L’évaluation du tonus musculaire est un élément de diagnostic fondamental. L’enfant va faire
différentes acquisitions au cours de son développement. Les acquisitions concernent 2 plans : le
tonus axial et le tonus périphérique.
-
Tonus axial : on observe la posture spontanée. Au départ, le nourrisson présente une
hypotonie axiale, qui évolue vers un tonus de maintien suivant une progression céphalocaudale. La tête est ballante à la naissance puis le nourrisson tien sa tête vers 3 mois. La
position assise s’acquière vers 8-9 mois après une phase vers 6 mois où le bébé tient
assis avec appui. Vers 10-12, il acquière la station debout, indépendante qui prépare à la
marche.
-
Tonus périphérique : il existe une hypertonie initiale (MS en flexion) qui évolue vers une
légère hypertonie avec hyperextensibilité à 8-9 mois permet vers 18 mois l’acquisition du
tonus normal.
Evolution de la motricité : l’enfant passe d’une motricité massive, anarchique (spontanée) et
explosive à une motricité devenant progressivement fine et différenciée avec une progression
céphalo-caudale : d’abord au niveau de la tête (mimique, sourire, pleurs) puis au niveau des MS
(préhension) puis les MI (marche).
b. Les réflexes.
Il existe au moment de la naissance des réflexes archaïques qui se définissent par des
automatismes moteurs présents à la naissance mais qui sont transitoires et qui disparaissent entre 2
et 4 mois. On distingue : le grasping, l’enjambement, le réflexe de marche automatique, et les ROT
qui sont difficiles à mettre ne évidence chez l’enfant.
Seuls les variations très marquées (exagération ou abolition) ont une valeur pathologique.
c.
Développement du schéma corporel, de la communication, de la socialisation.
Le développement psychomoteur ne dépend pas que de ces acquisitions toniques, posturales,
motrices et des réflexes, mais dépend aussi du bon fonctionnement des fonctions sensorielles comme
l’audition, la vision et le langage mais aussi de la pensée. Tous ces éléments contribuent à la
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constitution du schéma corporel
qui est une représentation mentale que l’enfant acquière
progressivement de son corps.
-
La vision et l’oculomotricité débutent vers un mois avec le début de l’accommodation
pour arriver à une vision adulte vers 4 mois (importance du contour des formes).
-
L’audition apparaît précocement puisque le fœtus de 20-26 semaines devient sensible
aux bruits qui lui parviennent.
-
L’odorat est présent dès la naissance.
-
L’accès à la communication par le langage est une conséquence et en même temps une
condition du développement psychomoteur. Il évolue progressivement avec lors des 1ères
semaines (de 4-6 sem à 2-3 mois) l’apparition du vagissement puis vers 2mois 1/2–3 mois
il est remplace par le gazouillis, c’est la période des « Areu ». (C’est à ce stade que
s’arrête l’enfant sourd). Puis vers 6-7 mois apparaît le babillage (sons plus riches et variés
avec essais d’imitation de la voix des parents).A 9 mois, c’est les 1ers mots « papa »
maman ». L’enfant de 18 mois dit une vingtaine de mots. A 2 ans, il construit une phrase
(vers la fin de la 2ème année intériorisation du langage et formation de la pensée). A 3 ans
c’est le stade du « je ».
- La latéralisation apparaît vers 4-5ans (50% des enfants sont droitiers, 10% gauchers et le
reste ambivalents).
- L’image du corps et de soi apparaît vers 8-12 mois quand l’enfant se reconnaît différent
des autres.
- La propreté diurne s’acquière entre 15 et 36mois et la propreté nocturne à partir de 24
mois jusqu’à 5 ans.
2. Le développement cognitif de l’enfant.
Il donne accès à la connaissance et au savoir et suscite le désir d’apprendre.
- Théorie de Piaget : Pour Piaget, la « pensée » naît de l’action. Il existe une interaction entre
l’innée et l’acquis. Il développe ses théories à partir de l’étude des relations de l’enfant par rapport au
monde extérieur. Il insiste sur l’importance de la répétition et de la succession des expériences pour la
mise en place de la structure de base de l’enfant. Facteurs interviennent dans le développement
cognitif de l’enfant : la maturation de SNC, les expériences progressivement intégrées, les interactions
sociales et l’autorégulation.
-Les différents stades du développement cognitif :
°De 0 à 2 ans : intelligence sensori-motrice.
Jusqu’à un mois, le nourrisson fonctionne à partir de réflexes archaïques (succion..) puis de 1
à 5 mois, apparaît la reproduction active d’actions désignée sous le terme de « phase autistique » où
l’enfant ne s’intéresse à l’objet qu’en fonction de son désir immédiat (Quand il n’y a pas de désir de
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l’objet, celui-ci disparaît pour lui). De 5 à 8-9 mois, l’enfant présente une meilleure coordination, une
meilleure préhension ainsi que qu’une meilleure vision qui vont lui permettrent de développer des
réactions circulaires secondaires. C’est la phase de permanence partielle de l’objet. De 18 à 24 mois,
c’est le stade de la pensée pré-opératoire avec naissance progressive de la représentation mentale
de l’action. L’enfant accède à la fonction symbolique en 5 étapes : imitation différée, le jeu
symbolique, le dessin, l’image mentale et l’accès au langage.
° De 3 à 8 ans : la pensée opératoire.
De 3 à 4 ans, apparaît la pensée symbolique et pré-conceptuelle, l’enfant devient capable
d’évoquer un objet par un symbole (langage). Puis de 4 à 8 ans, c’est la pensée intuitive.
° De 7-8 ans à 11-12 ans : stade des opérations concrètes.
L’enfant peut réaliser de véritables raisonnements concernant des problèmes abstraits. La
pensée devient de plus en plus abstraite.
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