Le Secret des Muses de Nicolas Vallet à Amsterdam en 1615, Novum Pratum
Musicum à Anvers en 1592, Florilegium d' Adrian Denss à Cologne en 1594, The
Schoole of Musicke de Thomas Robinson en 1603 à Londres, Libro Primo
d'intavolatura di liuto de Hieronimus Kapsberger en 1611 à Rome, autant
d'éditions de musique pour luth qui, au début du 17ème siècle, présentent un très
large éventail de pièces pour luth, allant des préludes aux fantaisies, des gaillardes
aux pavanes, des voltes aux courantes en passant par des adaptations d'airs qui ont
joui de succès auprès du public de l'époque.
On retrouve d'ailleurs certaines des pièces dans plusieurs livres, preuve, s'il en
fallait, que les répertoires traversaient aisément les frontières. La mélodie et la
suite d'accords typique de la Pavane d'Espagne, qui, prenant son envol de son pays
d'origine en se répandant rapidement à travers toute l'Europe, donna naissance à de
nombreuses variations, est un exemple de cette mobilité. Une mobilité que les
musiciens eux-mêmes cultivaient, soit de leur propre initiative, soit par un
engagement auprès d'une cour étrangère ou de quelque ambassadeur. C'est ainsi
que l'on peut suivre John Dowland en France, en Allemagne ou en Italie et que
Giulio Caccini séjourna à la cour de France en 1604 ; Hieronymus Kapsberger,
venu d'Allemagne, s'était établi à Rome où il acquit une notoriété de virtuose hors
du commun. Nicolas Vallet, d'origine française, fonda une école de luth et de danse
à Amsterdam...
Celui-ci, d'ailleurs, comme Emanuel Adriaenssen ou d’autres, outre les
nombreuses pièces de luth que contient son Secret des Muses, y présente également
un chapitre intéressant d' “instructions” adressées au luthiste amateur. En véritable
pédagogue, il y livre des détails précis concernant le jeu du luth et l'interprétation
des signes d'ornementation inscrits dans la tablature.
Présentant des pièces chantées au luth, certaines de ces publications se trouvent à
mi-chemin entre les éditions de musique instrumentale et celles pour voix, comme,
par exemple, les Nuove Musiche de Giulio Caccini. Lui-même chanteur et luthiste,
Caccini y livre ses secrets sur la bonne manière de chanter et d'ornementer ses
airs. C'est une source précieuse pour l'interprétation de la musique vocale du
17ème siècle naissant, à laquelle le luthiste ou le chanteur d'aujourd'hui peut
puiser pour son interprétation des "Airs de cour", "Arie" et "Ariette", "Psaumes"
ou "Lute-songs" accompagnés au luth.
Alors très en vogue et ayant contribué fortement au développement du répertoire
chanté soliste, ils méritent d'être découverts...