-le second traite de la «cité industrielle.» Là, l’action « repose sur l’efficacité des êtres, leur performance,
leur productivité, leur capacité à assurer une fonction normale, à répondre utilement aux besoins »
(BOLTANSKI, THEVENOT,2000, P.254) ;
-le troisième porte sur la « cité marchande» où « les actions sont mues par les désirs des individus, qui
les poussent à posséder les mêmes objets, des biens rares dont la propriété est aliénable »
(BOLTANSKI, THEVENOT, 2000, P. 244) ;
-le quatrième s’inscrit dans la «cité du renom.» Là, c’est le côté narcissique de l’homme qui est mis en
avant. Le prestige et la domination symbolique sont les références majeures de cette « cité ». « Les
personnes sont toutes susceptibles d’accéder à [l’état de grandeur] parce qu’elles ont en commun d’être
mues par l’amour-propre. C’est l’amour-propre qui fait leur dignité d’êtres humains. Elles ont un même
désir d’être reconnues, la passion d’être considérées » (BOLTANSKI, THEVENOT, 2000, P. 224).
-le cinquième traite de la «cité civique.» Là, c’est le principe de l’intérêt général qui prédomine. « Les
actions des gens sont pertinentes lorsque, participant d’un mouvement social, elles participent d’une
action collective qui donne sens aux conduites des individus et les justifie… » (BOLTANSKI,
THEVENOT, 2000, P. 231, 232) ;
-enfin, le sixième type de logique s’enracine dans la «cité inspirée.» Là, l’action humaine n’est pas régie
par « les mesures, les règles, l’argent, la hiérarchie, les lois » (BOLTANSKI, THEVENOT, 2000, P.
200). Sa légitimité se forge dans les profondeurs de l’intériorité des êtres où « la passion qui les anime
leur procure , indissociablement, le désir de créer, que l’inspiration a réveillé en eux, l’inquiétude ou le
doute, l’amour pour l’objet poursuivi et la souffrance » (BOLTANSKI, THEVENOT, 2000, P. 201).
Ces différentes rationalités spécifiques de l’action humaine, conjuguées à la structure relationnelle
des acteurs insérés dans le procès de production, constituent l’essence de la force dynamique de
structuration spatiale que nous allons tenter de formaliser
(1)
1.3. Présentation formelle de la force dynamique de structuration spatiale
Les forces structurantes du champ économique empruntent à la fois aux théories traditionnelles de la
localisation et aux logiques différentielles des acteurs en présence.
1.3..1. L’approche traditionnelle de la localisation et l’aspect objectif de la force dynamique de
structuration
Si l’on s’arrête aux présentations traditionnelles de la structuration de l’espace, on peut, avec
Luc-Normand TELLIER (1985, p.6), mettre, en avant, la fonction suivante de la dynamique de
localisation des entreprises:
L(x) = L[(F1(x)…Fj(x)….Fm(x), G(x, y1)…G(x,yk)…G(x,yn)]
où :
F(x) renvoie « aux propriétés absolues du point x » (TELLIER, 1985, P. 6) lorsque l’on considère
les facteurs de localisation 1,j,m, ces derniers pouvant être « le loyer, le coût de terrain, les taxes
foncières, le zonage, [les ressources], etc) » (TELLIER, 1985, p.6) ;
G(x,y) est une fonction qui traduit la distance, la « position relative du point x par rapport à
certains autres points de l’espace » (TELLIER, 1985, p.6). Cette fonction permet d’examiner
Les chiffres entre parenthèses renvoient aux notes en fin d’article.