L’un de ses premiers actes secrets consista à tenter une ouverture personnelle auprès de l’ennemi dans
l’espoir de remplir sa promesse. Cette démarche indépendante, menée par CHARLES allait s’inscrire
dans l’histoire comme la célèbre affaire SIXTE, nom de l’intermédiaire principal, son beau frère
SIXTE DE BOURBON-PARME. (1er août 1886 à RORSCHACH –CH- -14 mars 1934 PARIS)
Il s’agit d’un récit dont les péripéties sont difficiles à suivre. Tout d’abord si nous tenons à illustrer la
vie de l’homme qui nous intéresse, celle de CHARLES 1er, aucun exemple, ne saurait être plus
typique, plus essentiel que celui constitué par ses incessants efforts en vue de mettre fin à la guerre.
Dans son cas ceux-ci provenaient d’une combinaison de passions fervente et de froides raisons : la
haine de la guerre en tant que telle et la nette perception de ce qu’elle impliquait pour son empire.
Friedenskaiser, l’empereur de la paix fut le seul titre que ses successeurs républicains de 1918 ne
purent lui contester.
Aucun ne saurait mieux lui convenir, une démarche de canonisation a été engagée sous Jean Paul II.
Qu’en adviendra t-il sous le pontificat d’un pape allemand ?
Anatole FRANCE devait dire de lui : « le seul honnête homme qui émergea de cette guerre fut
CHARLES d’AUTRICHE ; mais c’était un saint et personne ne l’écouta »
Le prince SIXTE de BOURBON-PARME, frère aîné de Zita était l’ami de CHARLES depuis son
enfance.
Comme CHARLES le jeune prince de Bourbon redoutait l’hégémonie allemande qui menaçait
l’Europe occidentale. Comme CHARLES, il considérait que la meilleure parade consistait à
renouveler la politique de KAUNITZ qui au XVIII ème siècle durant le règne de MARIE-THERESE
avait lié l’AUTRICHE à la FRANCE.
Bien entendu SIXTE n’est pas politiquement neutre, il n’était ni suisse, ni suédois mais français.
SIXTE et son frère Xavier résidaient à SCHWARZAU quand la guerre éclata. FRANÇOIS-JOSEPH
intervint pour qu’ils puissent partir par la Suisse le 20 août 1914 ; ils vécurent donc deux semaines en
territoire ennemi au tout début de la guerre.
La loi de 1889 interdisant l’armée aux princes des maisons régnantes, ils effectuèrent en vain des
démarches pour incorporer l’armée britannique comme interprètes. Le roi des belges, avec lequel ils
étaient parents, accepta de les nommer officier dans son armée en 1915.
Il est typique d’une telle famille internationale que deux autres frères se soient engagés dans l’armée
austro-hongroise après avoir obtenu l’assurance qu’ils ne se battraient jamais sur le front français.
Les premières initiatives en vues de contacts entre PARIS et VIENNE
Furent prise sous le règne de FRANÇOIS JOSEPH. Il ne s’agissait pas de propositions formelles mais
d’une recherche très nette de conversation. A la fin de 1915, SIXTE écrivit un certain nombre
d’articles pour le revue Le Correspondant. Articles dans lesquels il tentait d’expliquer pour quelles
raisons l’AUTRICHE Hongrie constituait un élément d’équilibre pour l’Europe et en conséquence
combien était déplacée la campagne de haine déclenchée contre ce pays par la presse française ? Celle-
ci affirmait-il aurait du être concentrée sur le véritable ennemi l’ALLEMAGNE.
M. de FREYCINET ministre d’état, personnalité en vue, lui demanda de ne pas manquer de lui rendre
visite. SIXTE se rendit à l’invitation, ce qui lui permit de rencontrer, outre Jules (secrétaire au
ministère des affaires étrangères) et Paul CAMBON (ambassadeur à LONDRES), le président
POINCARE. Toutes ces personnalités insistèrent auprès de SIXTE pour que celui-ci entrât en contact
avec son beau-frère à VIENNE qui, à l’époque, n’était encore que l’héritier présomptif.