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L’AFFAIRE SIXTE
Emporté par son élan, notre bulletinier a parlé de conférence sur les HABSBOURG pour présenter ce
qui se veut plus une causerie qu’une conférence.
Parler des HABSBOURG en 45 mn serait un exploit car en comparaison ce serait tenter parler dans la
même durée de sept siècles l’histoire de FRANCE de 1273 à 1918 ; je doute qu’un historien puisse
relever le défi ; un metteur en scène américain peut-être ?
Chacun d’entre vous connaît au moins un membre de la famille Habsbourg.
(Marie-antoinette 14ème enfant de Marie-Thérèse et de François Etienne III de Lorraine)
Je me bornerai pour ce soir à vous parler d’un épisode dans la vie de l’empereur CHARLES 1er, qui
fut le dernier d’entre eux et qui vit son empire mis en pièces par le traité de Versailles.
Pourquoi les HABSBOURG plutôt que les Hohenzollern ? Tout simplement parce qu’en sept siècles
d’histoire cette dynastie comptait avec les Bourbons, les ROMANOF, parmi les trois plus importantes
d’Europe continentale. Elle fut même à l’époque de CHARLES QUINT la plus importante du monde
la devise de l’archimaison était alors A.E.I.O.U Austria est imperatori orbi urbi.
L’origine de la famille
HABSBOURG (HABITCHBOURG) 12 km d’Aarau dans le canton d’ARGOVIE en Suisse
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La situation géographique de l’ AUTRICHE-HONGRIE en 1914
625 000km² 45 400 000 habitants
La situation géographique de lAUTRICHE-HONGRIE en 2000
84 000 km² 7 700 000 habitants
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DATES ET EVENEMENTS
28 juin 1914
Sarajevo- Capitale de la Bosnie : assassinat de l’Archiduc François Ferdinand D’AUTRICHE-ESTE et
de son épouse la comtesse Sophie CHOTEK (mariage morganatique) par GAVRILO PRINCIP.
François Ferdinand était le fils de CHARLES Louis et de Marguerite de Saxe (marie Annuniciata de
BOURBON DEUX SICILES
FRANÇOIS JOSEPH 1ER empereur d’AUTRICHE (1830-1916) qui a succédé à FERDINAND LE
DEBONNAIRE avait épousé Elisabeth duchesse en Bavière (1837-1898) 3ème des huit enfants du
duc MAX EN BAVIERE et de LUDOVICA de BAVIERE (fille du Roi Marx 1er)
RODOLPHE prince impérial 1858-1889 marié à Stéphanie princesse de Belgique (Elisabeth-Marie
Otto prince de Windischgrätz (1893 1952) est mort à Mayerling avec sa maîtresse Marie VETSERA
(1871 1889)
A la mort de François Ferdinand, CHARLES fils de l’archiduc Otto et de Maria Josefa de Saxe le
17août 1887 qui était jusqu’alors l’héritier présomptif devient archiduc héritier. Il avait épousé Zita de
Bourbon Parme (1882-1989)
L’AFFAIRE SIXTE
La situation militaire en novembre1916
Le massacre durait depuis 19 mois. Sur le front clé de l’ouest, les hostilités s’enlisaient dans la boue
des Flandres, l’offensive allemande contre Verdun qui avait fait 300 000 morts et la contre-attaque
alliée sur la Somme venait de se dérouler au prix d’énormes pertes, mais sans grand avantage sur le
terrain.
Les vastes espaces du front oriental offraient une plus grande liberté et des percées plus spectaculaires.
Ainsi en juin 1917 la grande offensive de BROUSSILOV lui avait permis de capturer une armée
autrichienne de 250 000 hommes avec tout son équipement et d’enfoncer le front oriental de 60 km ce
qui, avec les moyens de l’époque était considérable.
Du coté de l’entente les états majors calculaient qu’à la fin de 1916 ils bénéficiaient encore d’une
supériorité en potentiel humain dans une proportion de cinq pour trois et que leurs réserves pour 1917
leur permettrait d’atteindre un effectif de neuf millions d’hommes.
L’humeur confiante et joyeuse d’août 1914 « on passera noël à la maison » avec laquelle les troupes
de toutes les nations étaient parties au combat s’était depuis longtemps évanouie. Maintenant le
troisième noël s’annonçait et les soldats ne souhaitaient plus que retrouver leurs foyers à l’exclusion
de toute autre considération.
L’accession au trône
Dès son accession au trône, dans sa première déclaration publique, CHRLES 1er s’était formellement
engagé à rendre à ses peuples les bienfaits de la paix.
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L’un de ses premiers actes secrets consista à tenter une ouverture personnelle auprès de l’ennemi dans
l’espoir de remplir sa promesse. Cette démarche indépendante, menée par CHARLES allait s’inscrire
dans l’histoire comme la célèbre affaire SIXTE, nom de l’intermédiaire principal, son beau frère
SIXTE DE BOURBON-PARME. (1er août 1886 à RORSCHACH CH- -14 mars 1934 PARIS)
Il s’agit d’un récit dont les péripéties sont difficiles à suivre. Tout d’abord si nous tenons à illustrer la
vie de l’homme qui nous intéresse, celle de CHARLES 1er, aucun exemple, ne saurait être plus
typique, plus essentiel que celui constitué par ses incessants efforts en vue de mettre fin à la guerre.
Dans son cas ceux-ci provenaient d’une combinaison de passions fervente et de froides raisons : la
haine de la guerre en tant que telle et la nette perception de ce qu’elle impliquait pour son empire.
Friedenskaiser, l’empereur de la paix fut le seul titre que ses successeurs républicains de 1918 ne
purent lui contester.
Aucun ne saurait mieux lui convenir, une démarche de canonisation a été engagée sous Jean Paul II.
Qu’en adviendra t-il sous le pontificat d’un pape allemand ?
Anatole FRANCE devait dire de lui : « le seul honnête homme qui émergea de cette guerre fut
CHARLES d’AUTRICHE ; mais c’était un saint et personne ne l’écouta »
Le prince SIXTE de BOURBON-PARME, frère aîné de Zita était l’ami de CHARLES depuis son
enfance.
Comme CHARLES le jeune prince de Bourbon redoutait l’hégémonie allemande qui menaçait
l’Europe occidentale. Comme CHARLES, il considérait que la meilleure parade consistait à
renouveler la politique de KAUNITZ qui au XVIII ème siècle durant le règne de MARIE-THERESE
avait lié l’AUTRICHE à la FRANCE.
Bien entendu SIXTE n’est pas politiquement neutre, il n’était ni suisse, ni suédois mais français.
SIXTE et son frère Xavier résidaient à SCHWARZAU quand la guerre éclata. FRANÇOIS-JOSEPH
intervint pour qu’ils puissent partir par la Suisse le 20 août 1914 ; ils vécurent donc deux semaines en
territoire ennemi au tout début de la guerre.
La loi de 1889 interdisant l’armée aux princes des maisons régnantes, ils effectuèrent en vain des
démarches pour incorporer l’armée britannique comme interprètes. Le roi des belges, avec lequel ils
étaient parents, accepta de les nommer officier dans son armée en 1915.
Il est typique d’une telle famille internationale que deux autres frères se soient engagés dans l’armée
austro-hongroise après avoir obtenu l’assurance qu’ils ne se battraient jamais sur le front français.
Les premières initiatives en vues de contacts entre PARIS et VIENNE
Furent prise sous le règne de FRANÇOIS JOSEPH. Il ne s’agissait pas de propositions formelles mais
d’une recherche très nette de conversation. A la fin de 1915, SIXTE écrivit un certain nombre
d’articles pour le revue Le Correspondant. Articles dans lesquels il tentait d’expliquer pour quelles
raisons l’AUTRICHE Hongrie constituait un élément d’équilibre pour l’Europe et en conséquence
combien était déplacée la campagne de haine déclenchée contre ce pays par la presse française ? Celle-
ci affirmait-il aurait du être concentrée sur le véritable ennemi l’ALLEMAGNE.
M. de FREYCINET ministre d’état, personnalité en vue, lui demanda de ne pas manquer de lui rendre
visite. SIXTE se rendit à l’invitation, ce qui lui permit de rencontrer, outre Jules (secrétaire au
ministère des affaires étrangères) et Paul CAMBON (ambassadeur à LONDRES), le président
POINCARE. Toutes ces personnalités insistèrent auprès de SIXTE pour que celui-ci entrât en contact
avec son beau-frère à VIENNE qui, à l’époque, n’était encore que l’héritier présomptif.
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Mais SIXTE se récusa en arguant que cette démarche serait inutile tant que CHARLES n’aurait pas
accédé au trône.
Dès son accession au trône, le 22 novembre 1916, CHARLES demanda à l’impératrice ZITA d’écrire
à son frère afin de savoir s’il pourrait entrer en contact avec les français et organiser une première
rencontre en famille.
A noël, le roi des belge avait accepté que les deux princes qui servaient dans son armée, entreprissent
cette mission secrète souhaitée à la fois par VIENNE et par PARIS.
Le 29 janvier 1917, ils établirent un contact préliminaire avec leur mère la duchesse de PARME qui
leur avait aussi écrit à la demande de CHARLES. Elle devait simplement remettre à ses fils une lettre
de leur sœur les implorant d’aider à l’œuvre de paix, lettre que l’empereur avait approuvé par quelques
lignes.
La duchesse dut être dépassée quand SIXTE- qui lui, était dod’un véritable sens politique- profita
de l’occasion pour consigner et faire transmettre par l’intermédiaire de sa mère ses idées personnelles
sur les termes fondamentaux et préalables de l’Entente.
Ceux-ci comprenaient les points suivants :
1. La restitution de l’Alsace-Lorraine à la FRANCE
2. Le rétablissement de la souveraineté du la Belgique et de ses possessions du Congo
3. La reconstitution de la Serbie augmentée de l’Albanie
4. La cession de Constantinople aux Russes.
CHARLES reçut ces propositions au début de février.
Le 13 février, le comte Thomas ERDÖDY était de retour en Suisse pour remettre la réponse de
l’empereur aux deux princes.
CHARLES acceptait sans discussion les points 1,2 et 4. Pour le point 3, il préconisait la création d’une
monarchie slave moderne qui comprendrait la Bosnie Herzégovine, le Monténégro ; la Serbie et
l’Albanie.
La restitution de l’Alsace-lorraine intéressait évidemment les français, mais elle concernait aussi
l’empereur CHARLES en tant que chef de la maison de Lorraine. Ce lien ancestral explique en partie
l’estime personnelle que POINCARE, originaire de cette province, portait à l’empereur ;
A ce stade, le comte Ottokar CZERNIN, nouveau ministre des affaires étrangères de CHARLES fut
mis dans le secret. Il s’enthousiasma pour ce projet allant jusqu’à rédiger une note à l’intention de
l’impératrice dans laquelle il demandait au couple impérial de poursuivre sans désemparer ses
démarches familiale.
Après avoir reçu la réponse encourageante transmise par ERDÖDY, les français commencèrent à
insister auprès de VIENNE pour obtenir une déclaration formelle et si possible publique de l'empereur
relative à une initiative de paix séparée de la part de l’AUTRICHE.
La réponse que CZERNIN remit au comte ERDÖDY débutait par une déclaration sans équivoque
« ‘l ‘alliance entre l’AUTRICHE-Hongrie, l’ALLEMAGNE, la Turquie et la Bulgarie est absolument
indissoluble et la conclusion d’une paix séparée par l’un quelconque de ces états est finitivement
exclue »
Mémorandum non signé.
Mémorandum que CHARLES après maintes hésitations décida d’envoyer tel quel mais il y rajouta
quelques lignes à la main. La phrase clé du commentaire de CHARLES était l’engagement suivant :
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