Frederic-Nathan-Murat_Heurts-et-malheurs-de-l`identite-Identite

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Colloque ALI : Fez 25-28 05 06
Heurts et malheurs de l'identité
Frédéric NATHAN-MURAT
10 rue Saint Antoine 75004
Tel 01 48 87 29 40
06 80 90 99 65
Identité : two in one like libido
Identique : sont-ils deux, analogues, égaux, équivalents, pareils
semblables, bien que parfaitement distincts ou est-il unique, toujours
le même bien qu'il se voit nommé ou représenté de manière
différente ? Est-ce l'individu qui se trouve identique à lui-même,
rigidifié dans sa psychose à se croire toujours le même, égal à lui-
même, comme il se dit ? Ou es-ce la langue qui se voudrait identique,
selon ce qu'il en va de sa proposition logique, celle de l'identique, où
sujet et prédicat se condensent tautologie ?
Déjà faut-il différencier s'il s'agit d'une notion à prendre dans l'univers
dont on parle ou dans l'univers où l'on parle.
Car comme il est dit dans l'argument qui préside au colloque, si aucun
groupe humain ne se distingue sans se référer à une instance qui lui
confère identité, force est de s'apercevoir que cette instance peut-être
totémique, politique, religieuse, nationale, voire au-delà du point de
vue sociologique, philosophique, scientifique, oedipienne, éthique.
En un mot que cette instance de reconnaissance auprès de laquelle le
sujet cherche à s'y voir reconnu être, que cette instance est discursive.
Mais alors, il n'y aurait pas de connaissance pré ou mieux extra
discursive ? Et si les hommes pouvaient tout connaître avant le
discours, pourquoi parleraient-ils ?
Mais alors, si toutes les connaissances ne peuvent qu’être discursives
pourquoi y a-t-il des silences proprement humains ?
C'est que l'univers du discours vient peupler de ses fictions le cosmos
où nul être animé ne réside, tout comme le monde peuplé de ces êtres
animés trop végétaux ou trop animaux pour que les cris et
mugissements qu'ils entendent dans leur fuite, ne les fassent prendre
conscience d'un eux-même qu'ils auraient soif de discuter.
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L'uni-vers des lents gagiers conjugue son identité sur le mode de la
coupure, celle qui nous précipite dans la fameuse crise de l'identité,
qui, comme le dit C.Lévy-Strauss, "apparaît comme l'indice
attendrissant et puéril que nos petites personnes approchent du point
où chacune doit renoncer à se prendre pour l'essentiel."
Comme il le dit encore, il s'agit "de déconstruire la notion d'identité en
récusant le mythe d'une insularité."
Dans le même ouvrage F.Héritier nous en donne illustration à travers
l'identité Samo faite de la conjonction d'un corps, de sang, de l'ombre
portée, de chaleur et de sueur, du souffle, de la vie, de la pensée, du
double et enfin du destin individuel.
Auxquels s'ajoutent des attributs : le nom, qui situe à sa place,
l'homonyme surréel, puissance hostile extra humaine, qui a bien voulu
tolérer cette naissance et qui sert de terme par lequel s'interpellent
deux personnes portant le même nom, la marque d'une hérédité
incarnant un ancêtre, qui parfois récusent de revenir et enfin la
présence de génies qui déterminent sa clairvoyance ou sa folie.
Bref, comme il se peut constater la complexité se fait nouage où
chaque signifiant ne représente le sujet qu'auprès d'autres signifiants
nous dirait Lacan.
Serions-nous donc forcés à admettre qu'il soit impossible d'introduire
dans le discours ce qui n'y est pas déjà ? Qu'on ne puisse pas définir le
sens d'une notion sans la connaître discursivement, soit sans l'avoir
déjà définie ? Nous voilà, en présence d'un cercle discursif, qui
s'exprime dans la tautologie, qui dit qu'on ne peut parler que de ce
dont on parle.
C’est de là, que Lukasiewicz, conçoit le principe d’identité.
« Il est impossible de formuler le principe de contradiction, si cher à
Aristote, sans avoir deux jugements, dont l’un est la négation de
l’autre et qui forment ensemble un produit logique. Le principe
d’identité comme de double négation, se laissent au contraire formuler
sans recours à deux jugements constituant un produit logique.
De plus on peut exprimer le principe d’identité, sans utiliser la notion
de négation, alors qu’il est impossible d’en faire autant avec le
principe de contradiction.
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Avec le principe d’identité, chaque définition concerne alors un fait
qui apparaît avec elle et qu’elle contient et pour cette raison chaque
définition est vraie. »
Si quelqu’un dit : « J’entends par jugement vrai, un jugement qui
attribue à l’objet la propriété qu’il possède. » Il s’attribue la propriété
de comprendre quelque chose par le jugement vrai, propriété qu’il
possède effectivement puisqu’il l’affirme par l’énonciation de la
définition. Cette définition est donc vrai conformément à la
description de la vérité qu’elle contient.
Ainsi, pour que le cercle ne soit pas vicieux, force nous est de le
parcourir complètement, au point qu'il nous faudra bien constater que
la fermeture de notre savoir absolu ne s'en soutiendra pas moins d'un
écart qui s'honore de son seul parcours.
La définition se fait compréhension et la compréhension se fait
définition.
"Le sens du compréhensible, c'est à dire de la chose pouvant être
comprise dans et par une notion, est l'essence de celle-ci, en tant que
détaché de son existence."
Là joue la transcription. Thèse. Là, le lien se fait à l'univocité.
Ou "le sens du compréhensible est le sens de la notion qui se rapporte
à la chose, en tant que détaché de son morphème."
Là joue la translittération. Antithèse. Là le lien se fait à la plurivocité.
Le concept est l'uni-totalité des essences détachées de l'existence.
Ou, le concept est l'uni-totalité des sens détachés de tout morphème, le
concept est temps, nous dit A. Kojéve dans son commentaire du savoir
absolu Hégélien. Les deux et entre les deux la traduction. Synthèse.
Entre deux rapports métonymiques, un rapport métaphorique.
Le concept oscille ainsi entre sa saisie complète en termes de logique
classique et le risque d’incomplétude de sa saisie en terme de logique
ensembliste, pourrait-on dire en suivant les théorèmes de gödel.
Entre les deux, trône l’algèbre de Boole, qui du haut de sa séquence
fixe 1 0 0 1, comme les mille et une nuit, peut jouer le métafort,
propre à combler la faille des métaphores, celles où se singulariseront
les « troumatismes » des transmissions des noms des pères, au gré des
coupures qu’induisent les recettes de cuisine de leurs prohibitions
incestueuses.
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Puis Kojéve précise, un morphème dont le sens ne peut être détaché
est un signe, un morphème dénué de sens est un symbole.
Et voilà qu'il nous faut nous interroger sur le petit "a", l'objet du
fantasme, qui vient se coincer là, dans ce lieu du non-sens, pour y
instruire la mathématique symbolique de ses enjeux oedipianisés.
C’est que « l’un », n’étant pas une notion univoque, récuse de se
confondre avec « l’Un » du nombre et se comporte à la barbe de la
psychologie, comme « Pas un ».
Car si l’on peut supposer une identité admissible dans le champ de la
psychanalyse, elle ne peut se concevoir, que comme celle première qui
nous produit « prématuré » et nous réduit « parl’être ».
« L’ordre du symbole n’est pas constitué par l’homme, mais le
constitue. » écrit Lacan. « L’extériorité du symbolique par rapport à
l’homme est la notion même de l’inconscient, qui ne laissent aucune
des actions de l’être humain hors de son champ. »
Le savoir grec nouait géométrie et arithmétique. Concept et nombre.
Et il fallut que Descartes conceptualise les espaces sur le mode
algébrique, pour que Désargues puisse élaborer la théorie des
coniques, permettant de concevoir la transformation d'un même objet,
de sa finitude à son infinitude. Selon l'inclinaison qu'il donnait au plan
de coupe d'un conique, il pût démontrer l'unité qui présidait au cercle
et à l'élipse, objet fini, avec la parabole et l'hyperbole, objet infini.
Ainsi conciliait-il le divin de la course des astres célestes, avec le trou
topologique par lequel l'humain se devait indéfiniment de passer.
Exemple d'identité surprenante, le dessin qui circule, analogisant trois
droites parallèles à un croisement à trois brins témoigne de l'écriture
des méridiens, vus localement dans leur finitude à l'équateur ou
globalement dans leur infinitude aux pôles.
Avant sa naissance et au-delà de sa mort, la lettre produit ses effets
dans l’homme, dont la folie est la limite de sa liberté, car loin de
l’être, la lettre, force lui est d’en acquérir l’usage, s'il veut inférer sur
la façon dont il en subit l'instance.
Mais le trait unien, identification de l’Autre à l’un, aliène le sujet dans
une identification première, qui forge l’Idéal de son Moi.
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L’Etre au niveau du symbolique n’est autre que le réel, qui ne se
manifeste nulle part ailleurs que dans la coupure, car il est le moins
signifiant des signifiants, dit Lacan.
C’est qu’il y entre, comme sujet par la voie d’une béance spécifique
de sa relation imaginaire à son semblable, qui le projette dans le défilé
radical de la parole, induisant qu’il ne sait plus dans son image au
miroir, laquelle de ses « dits mentions », à donc bien pu s’inverser.
Là, la chose Freudienne, le désir se fait tourment pour l'homme, dans
la quête de son bien. Le principe de plaisir trouble la perception de
l'objet et récuse de se mettre au service du principe de réalité.
Car le miroir produit ses ombres. Pour les objets à deux dimensions,
comme une main découpée dans une feuille de papier, il ne produit
aucune inversion. Dés que la main se trouve orientée par la
nomination ou discrimination de ses faces, on ne sait plus quelle
dimension s'inverse. Essayez donc de vous y serrer la main !
Et voilà que dans la diachronie du discours, la structure de langage
insiste de sa synchronie.
Et voilà que dans la connaturelle harmonie où le sujet, sous l'égide de
la théorie de la connaissance, s'identifie profondément à son objet, le
désir dévoile le sujet dans un rapport tiers à son fantasme.
C'est qu'en s'identifiant au savoir absolu de la connaissance, l'homme
advient machinique, mais quand il préfère l'ignorer, il persiste animal.
Et voilà que plus il se sent défaillir dans sa certitude, dans sa
désignation de sujet, plus il s'accroche à son support, l'objet "a" de son
fantasme.
C'est qu'il à son désir dans l'Autre et que dans ce lieu de la parole,
quelque chose fait défaut, pour lui permettre de s'identifier comme
sujet de ce discours qu'il tient. C'est que ce discours de l'inconscient
est pris à ses dépens de sujet bien réel, bien vivant, assujettissant ses
besoins à la demande, pour les lui restituer aliénés.
Et voilà que chaque fois qu'il s'agit de désir, il lui faudra payer la
castration, le prix nécessaire à ce repérage défaillant de lui-même.
Et voilà que quelque chose de réel, sur lequel il n'a que prise
imaginaire, est porté à la pure et simple fonction de signifiant, le
remaniant tout entier.
Celui qui parle ne sera jamais qu'un "je" qui s'acoquine avec n'importe
qui, le réduisant à n’être qu’un « tu » qui se tait, puisqu’il s’objective
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