Résumé du mémoire :
Le système hypothalamoneurohypophysaire (SHN) est constitué essentiellement de
neurones magnocellulaires (NMCs) qui sécrètent de la vasopressine (AVP) et de l’ocytocine
(OT) et dont les corps cellulaires sont principalement regroupés dans les noyaux
supraoptiques (NSO) et paraventriculaires (NPV) de l'hypothalamus. Les axones de ces
NMCs parcourent l’éminence médiane et se terminent en majorité dans le lobe nerveux
hypophysaire. Le lobe nerveux hypophysaire ou neurohypophyse (NH) est constituée de
terminaisons nerveuses des axones des NMCs, de dilatations subterminales et de cellules
gliales de type astrocytaire spécifiques, appelées pituicytes. Les produits de sécrétion, la
vasopressine (VP) et l'ocytocine (OT), sont libérés dans l'espace périvasculaire de la veine
cave puis dans la circulation générale. Ces deux neurohormones peptidergiques régulent
principalement l’homéostasie hydrominérale et la reproduction.
Le SHN est doué d’une plasticité morphologique remarquable. Dans les conditions basales
de neurosécrétion, les NMCs sont séparés par les fins prolongements astrocytaires. Au cours
d’un stimulus tel que la déshydration ou la lactation il y a une réduction considérable des
prolongements astrocytaires qui couvraient les NMCs. En même temps, ses NMCs qui étaient
séparés par ses prolongements entrent en contact par leurs surfaces membranaires et leurs
dendrites.
Une plasticité concomitante est observée au niveau de la NH, les pituicytes couvrent les
axones et leurs prolongements limitant ainsi l’accès des terminaisons nerveuses à la lame
basale périvasculaire, donc limitent la libération de la VP ou de l’OT. En cas de stimulus, il y
a rétraction des prolongements des pituicytes et les terminaisons nerveuses se mettent en
contact avec la lame basale des vaisseaux sanguins fenetrés.
La modification dans l’expression des protéines du cytosquelette au niveau des NMCs et
des cellules gliales reflète probablement ce remodelage neuronal et glial. Cette transformation
cellulaire est accompagnée par l’expression de différents gènes et protéines. De plus il a été
montré que l’activité neurosécrétoire du SHN fait intervenir certaines protéines du
cytosquelette subcortical qui forment un complexe protéique positionné à la face interne de la
membrane plasmique la reliant aux filaments d’actine. Parmi les protéines subcorticales, on
retrouve les dystrophines (Dp), l’utrophine (Up), et les protéines qui leurs sont associées
(DAPs). Ces protéines interviendraient dans différents phénomènes comme la neurosécrétion,
la transduction de signaux intracellulaires, le regroupement des récepteurs membranaires et
probablement la plasticité cellulaire. Ceci nous a amené à rechercher l’expression et la
localisation de ces protéines dans les structures du SHN de rat Wistar après injection
intrapéritonéale de solutions salines, afin d’aborder l’aspect fonctionnel que peut revêtir leur
présence.
Notre étude consiste à examiner la distribution des Dp et les Up dans les structures situées
au niveau du noyau supra-optique (NSO), noyau para ventriculaire (NPV) et neurohypophyse
(NH). Par des approches immunohistochimiques, basées sur l’utilisation d’anticorps couplés à
la peroxydase, nous avons montré que certaines structures, NMCs et cellules gliales, que nous
avons caractérisé par des anticorps (AC) spécifiques sont immunopositives aux Dp et aux Up.
Sur des coupes de cerveaux et d’hypophyses traitées par des Ac spécifiques aux Dp,
l’immunoréactivité apparait au niveau du NSO, du NPV et de la NH. Elle est membranaire et
cytoplasmique au niveau des neurones magnocellulaires (NMCs), mais aussi perivasculaire,
traduisant un marquage des prolongements gliaux (astrocytaires ou pituicytaires), et
probablement aussi des cellules endothéliales. Cette immunoréactivité apparaît aussi au
niveau des différents éléments neuronaux, terminaisons nerveuses et dilatations
subterminales. L’utilisation d’Ac spécifique aux Dp et Up montre aussi une importante
immunoréactivité au niveau de la lame gliale ventrale (LGV) avec une diminution de son
épaisseur après stimulation traduisant une plasticité gliale. Ces résultats suggèrent des rôles
pour les Dp et Up dans l’activité sécrétrice et la plasticité structurale au niveau du SHN.