Chaîne 4 Prologue 2 Souleille Céline CM1 Curie Floirac Magnant Véronique CM2 Camblanes Van Poucke Thierry CM2 Jaurès Floirac Droits de réponses Chers lecteurs, nous publions aujourd’hui les droits de réponses qui nous sont parvenus ces derniers jours. Croyez bien que notre journal contribuera toujours au rétablissement de certaines vérités ! Droit de réponse N°1 Monsieur de La Fontaine, Vous avez écrit une fable me concernant intitulée « Le lièvre et la tortue ». Ce que vous racontez sur moi est complètement faux et je vous demande de rétablir l’exacte vérité. 1.- Au départ de la course, la tortue m’a fait un croche-patte. Je suis tombé dans un fossé et je me suis enfoncé dans la boue. J’ai réussi à me dégager en m’accrochant à une liane. C’est alors que je me suis pris les poils dans un fil barbelé. J’ai mis bien entendu du temps à me sortir de ce traquenard. 2.- C’est en reprenant promptement le départ que je me suis aperçu qu’un chasseur me visait, pour sans doute faire de moi un civet avec quelques poireaux, endives et pommes de terre. Je suis alors aussitôt sorti de la piste pour me cacher. Avant que le chasseur s’en aille, j’ai encore perdu un bon bout de temps. Je pense que la tortue y était pour quelque chose… 3.- Plein de volonté, j’ai repris la course. Malheureusement, je me suis retrouvé nez à nez avec le loup qui s’est bien moqué de moi à cause de mes longues oreilles. Vexé comme un pou et fou de rage, je me suis laissé emporter : je me suis jeté sur l’animal pour lui donner une bonne leçon. Il avait dû être payé par Dame Tortue… 4.- J’ai pu enfin parcourir quelques mètres tranquille. Mais un troupeau de moutons a arrêté mon bel élan : j’ai dû les sauter un à un. Après le dernier, le berger m’attendait : j’ai reçu une bonne ration de coups de bâtons. Je suis en possession d’un certificat médical qui constate mes nombreuses ecchymoses et m’a octroyé quatre jours d’arrêt de travail. Et je suis en procès pour violences à autrui avec ce berger. Je crois également que ce troupeau n’était pas là par hasard… 5.- Fonçant comme un âne (et c’est déshonorant pour un lièvre) pour rattraper mon retard, j’ai entendu un sifflement qui m’a fait lever les yeux. C’était un oiseau qui était prêt de tomber de son nid. Au même moment, j’ai percuté un pin et je me suis retrouvé avec de beaux bleus supplémentaires sur la face et une bien vilaine bosse sur le crâne due aux pignes qui tombèrent sous le choc. Le sale volatile s’est mis à ricaner… Je n’ai plus de doute, vous l’aurez compris, sur les tricheries de la tortue. 6.- En cours de course, je me suis rendu compte que de très nombreux panneaux d’indications routières avaient été inversés. Heureusement, mon intelligence légendaire a su me guider. Mais le fait est quand même à signaler. 7.- N’ayant strictement aucun esprit de revanche, j’ai décidé de m’arrêter d’abord dans une pâtisserie, puis dans une bijouterie, enfin chez un fleuriste pour acheter quelques cadeaux à mon adversaire. Vous comprendrez aisément qu’il y a un écart considérable de valeur entre cette adversaire et moi. 8.- Nous avions décidé d’aller voter, puisque le bureau de vote se trouvait sur le trajet. J’ai accompli mon devoir de citoyen. Alors que la tortue s’en est bien gardée : j’ai vérifié les listes des votants. 9.- Je dois ajouter que j’avais oublié mes chaussures de sport, alors que j’avais un mal fou à courir en raison d’une opération de verrues plantaires. 10.- Je tiens enfin à préciser, de manière solennelle, bien que je n’en sois pas sûr à 100%, que la tortue a sans doute pris un raccourci. Et que, en plus, ce n’était pas la même tortue au départ et à l’arrivée… Monsieur de La Fontaine, je vous voue un immense respect : vous avez écrit tant de belles fables. Mais j’ai l’honneur de vous demander d’organiser une nouvelle course et d’en être le juge. Veuillez agréer, Monsieur de La Fontaine, l’expression de mes salutations respectueuse de fidèle lecteur. Signé : Lièvre Droit de réponse N°2 Monsieur de La Fontaine, Je vous envoie cette lettre pour vous dire que ce qu'a écrit le lièvre n'est que calomnie. Qui peut sérieusement croire qu'un animal comme moi, une tortue, soit capable de tricher ainsi ? Je suis scandalisée d'être ainsi traitée comme un chien. Laissez-moi vous expliquer pourquoi cette langue de vipère a menti. Si ce mauvais perdant vous a raconté des boniments, c'est qu'il était offensé, vexé et humilié d'avoir perdu contre un animal aussi lent que moi et en plus devant tous ses amis. Il m'a dit au début de la course – si, si, vous jure : - Madame Tortue, laisse moi gagner, ne me fais pas la honte. Jamais, je ne lui aurais lancé ce défi, s'il n'avait pas fait son coq constamment devant moi, se raillant de ma lenteur. Et bien maintenant, c'est de lui qu'on rit et il ne supporte pas d'être le dindon de la farce. Pour preuve de sa vanité, je sais qu'il a raconté à l'une de ses fiancées qu'il avait gagné le record de l'animal le plus musclé du monde. Mais moi, je sais bien que ce n'est pas vrai. D'ailleurs, j'ai lu toutes vos fables et aucune ne parle de victoire d'un lièvre, n'est-ce pas Monsieur de La Fontaine ? Sot comme un âne, il espère, en racontant des mensonges, avoir une revanche. Eh bien, il se met le doigt dans l’œil ! En plus, ce mangeur de carottes n'a aucune moralité. Connaissez-vous les rumeurs les plus folles qui courent dans nos bois ? Le lièvre aurait braqué plusieurs prothésistes dentaires pour leur extorquer des dentiers et n'aurait pas hésité, un mercredi, à prendre violemment celui de sa grand-mère. C'est une peau de vache qui cherche des poux à tout le monde. L'autre jour, je suis passée devant son école et ils m'ont dit que le lièvre avait tagué sur les murs de la cantine « carottes for ever ». Quel dommage que vous ne sachiez pas non plus ce que ce morveux a fait à sa maîtresse : il a mis des punaises sur sa chaise et quand la maîtresse s'est assise, je vous laisse imaginer la suite... On dit même qu'après avoir mordu son idole Bugs Bunny, il l'a kidnappé. On les voyait pourtant copains comme cochons quelques jours avant. Mais, à chaque fois, l'animal s'en sort, sautant par une fenêtre, courant à toute vitesse, il se cache et personne ne parvient à l'attraper. Comment la course s'est déroulée ?... C'est simple, j'ai juste fait preuve d'un courage considérable en faisant tout mon possible pour gagner. Je ne vais pas monter sur mes grands chevaux, mais je dois vous dire que j'ai une vidéo que je peux vous montrer. Le lièvre, lui, a-t-il une toute petite preuve de rien du tout ? Bien sûr que non ! Car qu'a-t-il fait pendant tout le temps où je me pressais ?... Il est allé avec ses cousins au restaurant et, bavard comme une pie, il a pris son temps. En plus, il a mangé comme un goinfre une dizaine de hot-dogs et bu cinq sodas. Après ça, pas étonnant qu'il baille aux corneilles ! Si seulement il avait repris la course à ce moment là, mais pas du tout ; Il est parti à la foire et a fait un tour de grande roue, de train fantôme et de grand huit. Il s'est même vanté de ne pas avoir eu peur alors qu'il a braillé comme un putois ! Puis, Monsieur est allé voir L'Age de Glace 4 qui venait juste de sortir au cinéma en 3D. Enfin, il était en train de jouer à cache-cache avec l'une des lapines du fermier quand il a vu avec stupeur que j'arrivais à la ligne d'arrivée. Enfin, Monsieur de La Fontaine, la lettre calomnieuse de ce vaurien de lièvre me fait subir un outrage insupportable. Je réclame un procès pour diffamations et je veux que mon affaire soit jugée dans les plus brefs délais. Je vous demande de prendre le taureau par les cornes et d'aller secouer les puces à ce lièvre parce que, personnellement, j'ai d'autres chats à fouetter. L'Association des Mangeurs de Salades dont je fais parti depuis longtemps ainsi que l'ensemble des animaux accusés par le lièvre, c'est-à-dire le loup, les moutons, les oiseaux et le chasseur sont prêts à témoigner. Mon avocat est en relation avec eux. De plus, comme j'ai gagné dans deux histoires, la vôtre et celle de Monsieur Esope, je mérite bien une petite récompense. J'ai pensé qu'une tonne de salade bien fraîche livrée tous les jours à 12h53 précises par le lièvre lui-même serait une juste rétribution. Quant à une prochaine course... je veux bien la faire quand les poules auront des dents ! Cordialement, La tortue Droit de réponse N°3 Cher Lièvre et Chère Tortue, Avec tout le respect que je vous dois, moi vivant à la cour de Louis le grand, le roi Soleil, le grand Roi de France, vous commencez à sérieusement m’irriter le cerveau. J’ai tellement de travail que je suis à bout de souffle : premièrement, j’ai bien d’autres fables à écrire, car le Roi m’en demande sans cesse. Il les trouve exquises et fabuleuses. Je suis un poète qui se moque des courtisans et de leur façon ridicule de vouloir plaire à tout prix au Roi. Je suis bien sûr et certain que ma fable « le Lièvre et la Tortue » a plu au Grand Louis et aux nobles sujets de la cour. Mes écrits sont très réputés, connus de par le monde. D’autre part, cette fable vous concernant ne reflète que la vérité et je ne referai pas de course car vous n’êtes point les seuls à vous plaindre ! J’ai bien d’autres plaintes d’animaux, qui, comme vous, Lièvre, prétendent avoir été les dindons de la farce. Ainsi, le Lion, qui prétend qu’il a coupé le filet luimême avec la petite griffe de sa patte gauche. Et le Chêne, qui proclame que le roseau l’avait chatouillé et aspergé d’eau, ce qui l’aurait déstabilisé et fait choir. La Cigale prétend avoir fait ses réserves, mais pendant qu’elle chantait, la fourmi les lui aurait ravies. Epargnez-moi donc vos plaintes, vous comprendrez que j’en fais déjà assez. Je préfère encore enduire de cirage les escarpins du Grand Roi que de me charger de résoudre vos enfantillages. De plus, vous, Lièvre, vous êtes d’une grande mauvaise foi en ce qui concerne ce malheureux croche-pattes ! Enfin, monsieur le Lièvre, vous me prenez pour un sot, comment voulez-vous qu’une tortue puisse vous faire un croche-pattes avec ses membres inférieurs, qui sont bien entendu trop courts pour cela ! Je pense que les personnes que vous avez accusées sont innocentes, car le berger, qui est un ami de longue date, n’aurait jamais fait ceci. Pourquoi vous arrêtezvous en cours de route pour acheter un présent à votre rivale ? Cela est fort étrange, et permettez-moi, encore une fois de douter de votre crédibilité. Tout cela est désopilant ! Quant à vous, madame la Tortue, vous inventez une foule d’excuses pour vous vanter d’avoir remporté la victoire face à un lièvre : qu’est-ce donc que ce galimatias dont vous me parlâtes: la grande roue, le cinéma 3D… Qu’est-ce qu’un soda, vous vouliez dire un seau d’eau… Et puis la glace n’a point d’âge! Un lièvre aurait eu la faculté de manger des hot-dogs, surtout dix ? Comment un animal herbivore, mangeur de carottes, aurait-il mangé dix chiens chauds ? Je dois vous dire clairement que je ne comprends guère. De quelle époque grotesque venez-vous donc pour inventer l’ensemble des mots insolites que vous avez imaginés puis écrits dans votre droit de réponse ? Tous deux vous me séduisez par un flot de paroles interminables, vous m’enjôlez avec vos mensonges, tout cela pour avoir le dernier mot. Vous ne savez point dialecter, autant l’un que l’autre. Tout cela est un discours bien trop confus pour moi. Pour quelle raison n’allez-vous point voir ce peu glorieux Esope? Je vous rappelle que ce n’est point à moi qu’est venue l’idée de faire échouer le lièvre. C’est Esope l’auteur de cette morale ! Il aura sûrement plus de temps que moi à vous accorder, il n’a point d’embêtement avec les morales des fables, car les animaux ne vont jamais le trouver pour se plaindre et geindre. C’est un raconteur de campagne, je suis un écrivain des villes, les animaux préfèrent tous s’adresser à un homme de la cour française plutôt qu’à un vulgaire écrivain grec. Certes, il a inventé toutes ces fables, mais c’est moi qui en ai fait des chefs-d’œuvre ! En revanche je pense qu’Esope aussi trouvera sûrement cela fastidieux. Je me porte volontaire pour lui apporter vos lettres. Ce n’est guère mon souci que vous ayez fait une course et un pari. Et ne me tourmentez plus avec vos histoires. Cessez de m’importuner. Adieu je l’espère, je vous prie maintenant, pour l’amour du ciel, de ne plus avoir le souvenir que je fus un jour présent sur terre, de m’effacer de vos mémoires primitives à tout jamais. Recevez mes chers compagnons, ma révérence la plus distinguée. Jean de la Fontaine