ma fable « le Lièvre et la Tortue » a plu au Grand Louis et aux nobles sujets de
la cour. Mes écrits sont très réputés, connus de par le monde.
D’autre part, cette fable vous concernant ne reflète que la vérité et je ne referai
pas de course car vous n’êtes point les seuls à vous plaindre !
J’ai bien d’autres plaintes d’animaux, qui, comme vous, Lièvre, prétendent avoir
été les dindons de la farce. Ainsi, le Lion, qui prétend qu’il a coupé le filet lui-
même avec la petite griffe de sa patte gauche. Et le Chêne, qui proclame que le
roseau l’avait chatouillé et aspergé d’eau, ce qui l’aurait déstabilisé et fait choir.
La Cigale prétend avoir fait ses réserves, mais pendant qu’elle chantait, la
fourmi les lui aurait ravies.
Epargnez-moi donc vos plaintes, vous comprendrez que j’en fais déjà assez. Je
préfère encore enduire de cirage les escarpins du Grand Roi que de me charger
de résoudre vos enfantillages.
De plus, vous, Lièvre, vous êtes d’une grande mauvaise foi en ce qui concerne
ce malheureux croche-pattes ! Enfin, monsieur le Lièvre, vous me prenez pour
un sot, comment voulez-vous qu’une tortue puisse vous faire un croche-pattes
avec ses membres inférieurs, qui sont bien entendu trop courts pour cela ! Je
pense que les personnes que vous avez accusées sont innocentes, car le berger,
qui est un ami de longue date, n’aurait jamais fait ceci. Pourquoi vous arrêtez-
vous en cours de route pour acheter un présent à votre rivale ? Cela est fort
étrange, et permettez-moi, encore une fois de douter de votre crédibilité. Tout
cela est désopilant !
Quant à vous, madame la Tortue, vous inventez une foule d’excuses pour vous
vanter d’avoir remporté la victoire face à un lièvre : qu’est-ce donc que ce
galimatias dont vous me parlâtes: la grande roue, le cinéma 3D… Qu’est-ce
qu’un soda, vous vouliez dire un seau d’eau… Et puis la glace n’a point d’âge!
Un lièvre aurait eu la faculté de manger des hot-dogs, surtout dix ? Comment un
animal herbivore, mangeur de carottes, aurait-il mangé dix chiens chauds ?
Je dois vous dire clairement que je ne comprends guère. De quelle époque
grotesque venez-vous donc pour inventer l’ensemble des mots insolites que vous
avez imaginés puis écrits dans votre droit de réponse ?
Tous deux vous me séduisez par un flot de paroles interminables, vous
m’enjôlez avec vos mensonges, tout cela pour avoir le dernier mot. Vous ne
savez point dialecter, autant l’un que l’autre. Tout cela est un discours bien trop
confus pour moi. Pour quelle raison n’allez-vous point voir ce peu glorieux
Esope? Je vous rappelle que ce n’est point à moi qu’est venue l’idée de faire
échouer le lièvre. C’est Esope l’auteur de cette morale ! Il aura sûrement plus de
temps que moi à vous accorder, il n’a point d’embêtement avec les morales des