Françou / Vinc’ Tiare/Marjorie BACTERIOLOGIE 17/02/09 15h-16h Roger Volmer Les mycobactéries (2/2) II- Infection des ruminants… 2) … à Mycobacterium avium paratuberculosis Cette mycobactérie présente les caractéristiques communes aux autres mycobactéries et provoque généralement des symptômes à cause de la nature de sa cible : les macrophages. Le tout entraînant un mécanisme d’hypersensibilisation de type IV. C’est l’agent de la paratuberculose, maladie très importante chez les ruminants. Sur la photo du ppt, la vache du milieu est malade : elle est très amaigrie. Cette maladie se caractérise par un temps d’incubation long. On a donc des bovins qui sont atteints sans symptômes apparents mais qui contaminent les autres. La bactérie est localisée au niveau de l’intestin où elle reste un certain temps. On a ensuite apparition de diarrhées, d’où une malabsorption (défaut d’absorption des nutriments) et un amaigrissement important. Cette maladie est aussi appelée maladie de Johne ou Johne’s disease (« yonnès dizize »). On la rencontre surtout chez les bovins mais aussi chez les autres ruminants. La prévalence n’est pas très bien connue car la méthode de diagnostic est très difficile à mettre en œuvre. On a quelques chiffres mais pas en France (10% en Belgique et 50% aux Pays-Bas). La contamination se fait par voie orale de manière directe (d’animal à animal) : couple mère/veau par la mamelle souillée par des fèces et de manière indirecte par ingestion d’aliments souillés par un animal malade. La résistance de cette mycobactérie dans les fèces est d’environ un an. Elle est donc très résistante. Ainsi, la contamination peut se faire au sein des bâtiments d’élevage, mais aussi à l’extérieur. On peut également en trouver dans le lait qui constitue une autre voie de contamination. Pouvoir pathogène : La bactérie passe par voie orale et arrive dans l’estomac qui constitue la première barrière avec son pH acide, et qui détruit une partie des bactéries. Ensuite, les bactéries ayant survécu au pH passent dans l’intestin où elles pénètrent dans les cellules M (au-dessus des plaques de Peyer). Ces cellules transportent les antigènes jusqu’aux structures lymphoïdes des plaque de Peyer, présentant ainsi les bactéries aux macrophages. Cette bactérie a la particularité de survivre dans les macrophages, ce qui constitue le point central de la physiopathologie. Comme pour la tuberculose, les bactéries résistent dans l’organisme et provoquent une activation des macrophages qui sécrètent des cytokines, ce qui active les LT CD4+ qui produisent des interférons γ. Parfois, cette activation de l’immunité à médiation cellulaire est efficace, et parfois elle ne l’est pas car la bactérie persiste dans les macrophages (on a alors amplification, hypersensibilité de type 4 : on obtient des granulomes qui forment une coque afin de cerner une bactérie de façon concentrique). On observe des guérisons principalement chez les adultes. Quand un animal de moins de 6 mois a été infecté, on considère qu’il y a 50% de chances pour qu’il soit infecté à vie. Si l’animal est plus âgé, les bactéries n’ont aucune chance de l’infecter : elles sont directement éliminées. La contamination se fait donc chez les jeunes et la progression est très lente. De ce fait, on distingue trois types d’animaux chez les contaminés chroniques : BACTERIOLOGIE – Mycobactéries – page 1/4 - Animaux infectés asymptomatiques avec excrétion minime : pas beaucoup de réplications, peu d’excrétions. Pas forcément malades, - Animaux infectés et excréteurs : pas forcément de symptômes, - Animaux infectés, excréteurs et malades : ils excrètent beaucoup de bactéries dans leurs fèces. Progression de l’infection : La durée entre l’infection et l’apparition des symptômes varie entre 2 et 15 ans. L’évolution est plus rapide chez les laitières que chez les allaitantes. La maladie met autant de temps à se développer car elle dépend de l’efficacité de l’immunité à médiation cellulaire : au départ elle est contrôlée par une réponse immunitaire cellulaire efficace, et il y a besoin d’un facteur déclenchant tel que le stress, une carence en oligoéléments, une malnutrition, etc.…pour qu’il y ait développement des symptômes et apparition d’anticorps (réponse immunitaire à médiation humorale). La gestation peut aussi être un élément déclencheur chez les vaches, on n’a pas de symptômes pendant mais apparition après (car immunodépression simultanée à une forte demande énergétique). Progression de la maladie : Au début, les symptômes sont quasiment invisibles. On a parfois une altération du pelage (poil piqué, couleur terne), une baisse de la production laitière. Puis les symptômes deviennent de plus en plus identifiables : on diagnostique souvent la maladie grâce à la baisse de la production. A un stade plus avancé, on peut avoir une diarrhée intense mais intermittente : l’animal continue à manger, mais comme il est diarrhéique, il perd du poids puis meurt. On observe rarement de la fièvre. Lésions : Elles se situent principalement au niveau de l’iléon. Il a un aspect épaissi avec un grand nombre de plis. Ceci est du à l’inflammation et à la formation de très nombreux granulomes dans les couches sous l’épithélium (muqueuse, sous-muqueuse, séreuse, musculeuse). Les cellules inflammatoires sont recrutées de façon homogène, partout. On identifie l’épaississement global de la paroi intestinale. Les conséquences sont une perturbation des échanges par diminution de la taille des villosités entraînant une baisse de l’absorption. De plus, les échanges sanguins sont perturbés eux aussi, ce qui entraîne des troubles d’échange ionique et donc une diarrhée et un amaigrissement. Ces lésions sont caractéristiques de la paratuberculose. BACTERIOLOGIE – Mycobactéries – page 2/4 Remarque : Chez l’homme, la maladie de Crohne entraîne une inflammation chronique de l’intestin avec douleur et diarrhée, donc les mêmes types de lésion. Cette maladie est due à une bactérie. On la suspecte d’avoir une origine zootechnique commune avec la paratuberculose mais on n’en sait pas plus. Elle serait un des facteurs de la maladie mais pas l’élément déclencheur. Diagnostic - - - Par bactérioscopie, on effectue une coupe de l’intestin ou un prélèvement de fèces sur lesquels on réalise une coloration de Ziehl-Nielsen, les bacilles apparaissent en rouge (acido-alcoolo résistants). On voit également beaucoup de cellules inflammatoires au site d’infection (caractéristique). On peut rechercher des bactéries dans les fèces et les colorer. La sensibilité de ce test est faible : on ne détecte les bactéries que s’il y en a 105106/gramme de fèces. Or l’excrétion a lieue tardivement et il y a des intermittences, donc on peut passer à côté. Par culture bactérienne sur milieu spécial, la sensibilité est plus forte (102 bactéries/ gramme), la spécificité est très bonne. Le gros problème est la durée d’attente qui est de 12 à 16 semaines !! Par PCR : on peut amplifier les fragments du génome de la mycobactérie. Le délai est raccourci (48h) mais cette méthode n’est pas très sensible : la sensibilité est la même que la culture bactérienne car on travaille dans les fèces qui contiennent des inhibiteurs PCR. On a donc besoin d’une dilution importante des fèces. Par contre, elle est très spécifique. Par sérologie, avec test ELISA : on détecte des Anticorps anti-mycobacterium avium paratuberculosis. Choix des méthodes de diagnostic : adapter le test diagnostic à l’élevage rencontré : - Selon le stade de la maladie - Selon le statut sanitaire : Si on recherche le statut de l’élevage : culture sur mélange de fèces Si on veut identifier les animaux infectés : ELISA ou culture sur fèces individuels Si on veut l’éradication de la maladie : culture de mélanges de fèces de plusieurs groupes de 5 animaux puis culture individuelle si un groupe est positif Si confirmation de suspicion clinique de la maladie : nécropsie, culture, PCR, ELISA. Si on a un élevage indemne, il faut faire attention au statut des animaux entrants. La principale source de contamination dans un élevage est les animaux infectés asymptomatiques. On utilise le principe de l’hypersensibilité de type IV dans un but diagnostique. On fait une intradermoréaction (IDR) comparée pour le diagnostic de la paratuberculose bovine en injectant de la tuberculine bovine et de la tuberculine aviaire. On regarde donc s’il y a un gonflement de la peau au site d’injection. Cela traduirait le fait que les cellules immunitaires de l’animal soient activées (donc que l’animal est infecté ou l’a été). BACTERIOLOGIE – Mycobactéries – page 3/4 On peut aussi faire une recherche de la maladie avec de la Johnine (antigène spécifique de M. paratuberculosis). Si l’animal a produit des Anticorps, on aura une bosse à l’endroit de l’injection. Ce test n’est pas utilisé en France pour le moment. Lorsque l’animal est infecté, il répondra de manière positive à la tuberculine aviaire car elle est proche de le mycobacterium avium paratuberculosis. Les différents types de réactions seront abordés dans le cours de Picavet. III- Infection des domestiques autres espèces : Mycobactéries des carnivores Ces cas sont rares mais intéressants à connaître car ils peuvent être graves. 1) Tuberculose C’est une atteinte essentiellement pulmonaire. Chez les carnivores domestiques, la tuberculose peut être due à : - M. tuberculosis (penser au propriétaire), risque de zoonose par transmission du chien à l’homme (en fait en général c’est l’homme qui l’a transmis à son chien, et donc le chien joue le rôle de « sentinelle » de la maladie). - M. bovis, il s’agit d’une zoonose avérée, elle provoque une tuberculose pulmonaire chez l’homme. En général, c’est plutôt l’homme qui transmet la bactérie à son chien. Il faut faire également attention si présence de bovins aux alentours (le chien peut être contaminé par les vaches). Chez le chien, on observe des granulomes, mais plus petits que chez les bovins. - M. microti, très surveillée en Angleterre où il y a un centaine de cas par an. Les symptômes sont les mêmes, mais la bactérie est moins connue car plus difficile à cultiver. Remarque : Pour la tuberculose pulmonaire des carnivores, lorsque l’animal est malade, on doit montrer au propriétaire tous les risques possibles suite à la mise en place d’un traitement (en général c’est dissuasif). On veut éviter de traiter les animaux pour éviter les risques d’antibiorésistances et de sélection. 2) Mycobactérioses cutanées Elles sont dues à M. lepraemurium agent de la lèpre féline. Cette mycobactérie est véhiculée par les rongeurs : le chat se contamine donc en chassant. Elle se traduit par des lésions non diffuses, avec des granulomes localisés. Lors de la biopsie, on observe des macrophages entourés d’un très grand nombre de mycobactéries. Ces zones sont riches en cellules immunitaires à l’origine d’un granulome (gonflement de la peau) dur contenant des bactéries dans les macrophages. La maladie est très difficile à traiter (mais de toute façon on évite de traiter pour empêcher le risque d’antibiorésistances). Il faut systématiquement y penser lorsqu’on a une infection cutanée chronique qui ne guérit pas avec les traitements habituels. Conclusion Ce sont des bactéries très importantes car la tuberculose est un véritable fléau chez l’homme et elle est encore d’actualité. Pour les animaux, c’est également une maladie importante car on a encore quelques foyers en Dordogne et dans le Doubs chez les bovins. Les caractéristiques communes sont des maladies chroniques avec une évolution lente, une survie dans les macrophages qui permet d’échapper au système immunitaire. L’élimination de la bactérie est donc très difficile. Les lésions caractéristiques sont les granulomes tuberculeux de taille et forme variables (hypersensibilité de type IV). Elles sont d’une importance majeure en santé animale et publique. BACTERIOLOGIE – Mycobactéries – page 4/4