Venezuela
La nouvelle hospitalisation d’Hugo Chavez agite le paysage politique vénézuélien
(MFI / 06.03.12) Au Venezuela, les autorités locales ont annoncé mardi 28 février
le succès de l'intervention chirurgicale d'Hugo Chavez, la veille à Cuba. Plusieurs
mois après sa première opération en juin 2011 pour soigner son cancer, et après
plusieurs séances de chimiothérapie, le président vénézuélien qui semblait revenir
en forme, s'est vu retirer une nouvelle lésion cancéreuse. A quelques semaines de
l’élection présidentielle, pour laquelle Chavez a déjà annoncé qu'il se portait
candidat, le pays est désormais plongé dans le doute. Chavez sera-t-il capable de
se lancer dans une campagne qui s'annonce difficile ?
Aucune information ne filtre sur la nature du cancer qui touche le président
vénézuélien. Le vice-président Elias Jaua a juste confirmé le 28 février que l'opération
s'était bien passée à l'hôpital Cimeq, le plus moderne de la Havane. Apparemment,
celle-ci aurait duré 1h30 selon une source médicale proche de l'équipe soignante du
chef de l'Etat. Hugo Chavez se remettrait correctement de cette intervention.
Désormais, des examens sont effectués sur les tissus prélevés lors de l'opération pour
savoir s'il s'agit d'une lésion maligne ou pas.
Mais le mystère autour de ce cancer donne lieu à toutes sortes de rumeurs, plus ou
moins alarmistes. Mercredi 29 février, de nouveaux courriels privés publiés par
Wikileaks et provenant de la société américaine Strafor, dans lesquels on peut lire des
échanges d'informations secrètes proches du renseignement d'Etat sur la santé du
président Chavez, évoquent un cancer grave et deux ans d’espérance de vie, selon les
dires de médecins cubains et russes.
Toutes ces informations ont été reprises, amplifiées dans des milliers de tweets. Selon
les autorités de Caracas, ce ne sont que des spéculations morbides, une campagne de
dénigrement et de déstabilisation.
Une bonne affaire pour l'opposition
Du côté de l'opposition, désormais incarnée par le nouvel adversaire de Chavez à la
prochaine présidentielle, Capriles Radonski, on semble invité à la retenue, alors que
beaucoup ne cachent pas leur joie. Randonski a lui même souhaité un prompt
rétablissement au président Chavez, et le veut en forme pour pouvoir l'affronter en
octobre 2012. Il n’empêche que cette absence est une bonne affaire pour lui.
L’opposant déroule son programme, prend la place médiatique de l'absent, appuie
où ça fait mal, notamment sur l'insécurité, véritable fléau après 14 ans de chavisme.
En revanche, on constate une véritable effervescence religieuse autour de la maladie
du président. Tous les jours, des veillées de prière sont organisées aux quatre coins du
pays par ses fidèles, souvent des militants du Parti socialiste uni du Venezuela. Pas
seulement des messes catholiques ou chrétiennes, mais aussi beaucoup de sorcellerie.
Et il semble que du côté chaviste, on a un petit peu sombré dans l'irrationnel. On se
tourne vers Dieu pour sauver le « héros des pauvres », l'homme « de la providence ».
Et beaucoup attendent son retour, un petit peu comme la résurrection du Christ.
La question de la succession
Malgré tous les optimismes, au sein de la formation chaviste, plusieurs noms circulent
pour prendre la relève. Il y a bien entendu le vice-président Elias Jaua, homme de
parti, universitaire un peu gris, devenu désormais l’homme de confiance de l’actuel
président, celui qui lit les communiqués, qui tient le pouvoir pendant l'absence du chef.
On parle aussi du frère d'Hugo Chavez, Adan, l'actuel gouverneur de l'Etat de Barinas.
Mais il y a surtout le ministre des Affaires étrangères, Nicolas Maduro. A 49 ans, cet
ancien chauffeur de métro, syndicaliste virulent, président de l'Assemblée nationale
puis chef de la diplomatie depuis 2006, a longtemps été caricaturé comme un « Chavez
bis », un petit télégraphiste.
Reste que sur beaucoup de dossiers, notamment sur le rapprochement diplomatique
entre le Venezuela et la Colombie, l'homme a démontré un vrai talent. Pendant
longtemps, on voyait toujours Maduro quelques pas derrière le chef. Aujourd'hui, il a
un petit peu disparu. Hugo Chavez s'en méfierait et lui aurait proposé, pour ne pas dire
imposé, de se lancer dans la campagne des régionales de décembre 2012 afin de
l'éloigner un peu plus du pouvoir central.
François-Xavier Freland
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