Introduction : Proposer aux professionnels une éthique, c’est-à-dire un comportement adéquat par rapport à la responsabilité sociale que revêt la publicité n’est pas une mince affaire. On tient farouchement, dans ces métiers, à sa liberté d’action et de création. A quel titre certains professionnels pourraient-ils imposer une règle aux autres ? La recherche d’un étique publicitaire pose d’autres questions : comment me fixer des règles de comportement qui me soient propre, ou qui me permettent de répondre à une situation particulière, mais qui soit aussi universalisables pour qu’elles soient celles de toute une profession. Enfin : une déontologie professionnelle peut-elle prétendre être une éthique ? N’est-ce pas plutôt une réglementation interne, voir un simple contrôle de qualité ? La recherche du comportement adéquat en publicité conduit à se poser la question éternelle de la réflexion morale. Elle doit intégrer une dimension particulière : c’est une éthique publique, qui a des conséquences sur le public. Une affiche, un spot Tv peuvent choquer et blesser. Cela impose un questionnement particulièrement vigilant. Il faut s’interroger ainsi, dans un secteur en plaine évolution, sous l’effet notamment des nouvelles technologies. C’est d’ailleurs dans le développement de ce qu’on appelle le HM, que l’on demande à la publicité de se fixer des limites. Si l’on définit sommairement la publicité comme la communication des entreprises on voit sous nos yeux, l’extension constante de cette activité. On diffuse aujourd’hui des messages publicitaires sur un téléphone portable, et bien évidement par internet. Ce développement de la publicité accroît le poids économique de ce secteur, mais aussi ses effets sur le plan culturel et social. C’est dire que les annonceurs, les agences et les supports doivent se montrer encore plus attentifs que par le passé aux conséquences de leur action sur le public. En publicité, il faut être du côté de celui qui reçoit le message publicitaire si l’on veut assumer la raison d’être de son métier et en évaluer les conséquences. Le récepteur ne se réduit pas à la cible commerciale recherchée : il est, le public dans son ensemble. Dans la publicité, il y a toujours le public. Se soucier du public est pour toute communication publique la première exigence. Mais les multiples contraintes qui pèsent sur les acteurs en jeu rendent son respect moins aisé qu’il n’y paraît de prime abord. Selon Oliviero Toscani, photographe choc des campagnes Benetton, dans un débat paru dans l’Express : toute création artistique, y compris publicitaire, ne peut se fabriquer sans une prise de risque maximale : une bonne pub ne se conçoit que dans l'insécurité absolue. Or connaissez-vous une seule entreprise qui irait investir plusieurs millions d'euros dans une campagne si celle-ci doit la mettre en péril, elle ou bien l'une de ses marques ? Les patrons exigent avant tout des publicitaires qu'ils les protègent, qu'ils les rassurent. Le risque est une notion insupportable aux yeux des experts en marketing. Nous touchons là à l'une des raisons qui expliquent la pauvreté du discours publicitaire d'aujourd'hui. L'exigence d'éthique, réclamée de toutes parts, n'est-elle pas un frein supplémentaire à l'exercice de la création publicitaire ? Cependant, certains osent encore utiliser des thèmes spécifiques et déroutants pour attirer. Par exemple, dans un article de l’Express Marie Cousin dit que le gouvernement souhaite punir les usagers de substances illicites d'une amende, les stratèges en marketing abusent du créneau de la «défonce». L'entreprise Rossignol a déjà lancé ses skis THC: ces initiales sont à la fois celles du Triple Hybrid Core, un matériau révolutionnaire pour les fans de glisse, et celles du tétrahydrocannabinol, la substance active du cannabis, bien connue de ses amateurs. D'autres produits, tout à fait légaux mais au nom évocateur, planent sur l'image de la transgression, de l'interdit, liée aux substances illicites : le Canna'bul, limonade biologique aromatisée au chanvre, mais aussi l'Absente, allusion à l'absinthe, boisson interdite en France depuis 1915. Le dernier rapport moral du Bureau de vérification de la publicité (BVP) souligne la tendance des annonceurs à utiliser des «références directes ou suggérées à des substances illicites». Leurs motivations ? «Toucher une cible jeune particulièrement réceptive qui connaît bien les codes et le vocabulaire de cette sphère», répond le BVP. Exemple : le chewing-gum X-Cite, dernier-né de Wrigley. Difficile de ne pas faire le rapprochement entre ces petites boules blanches et les pilules d'ecstasy, appelées «X» par les initiés. Même l'agence de communication chargée des campagnes événementielles du produit reconnaît que le parallèle est troublant. La pub nous ferait-elle gober n'importe quoi ? «En aucun cas notre volonté n'a été de créer un produit qui puisse être assimilé à un stupéfiant, explique-t-on chez Wrigley. Le choix du X est lié à la technologie, le high-tech.» Un hasard stupéfiant. Voyeurisme, sadisme, masochisme, machisme, orgies macabres... Après avoir exploré, l'an passé, la vraie vie des vrais gens avec la tendance «real life», la publicité française s'aventure, selon Ipsos, sur le terrain de toutes les transgressions. Une jeune Japonaise se fait surprendre par son patron à quatre pattes sur une photocopieuse en marche (Mikado, Euro RSCG BETC). Des momies en décomposition avancée guinchent dans une crypte, entourées de satyres aux chairs nécrosées (Perrier, Ogilvy & Mather). Des savants torturent un pauvre accro aux bonbons Michoko en lui envoyant des décharges à chaque fois qu'il tente de toucher le paquet de friandises (BDDP\TBWA). Voyeurisme, sadisme, masochisme, délires gothiques... Le palmarès, établi par Ipsos, des meilleures campagnes en 2000 comporte des créations pour le moins audacieuses. «Nous sortons d'une année euphorique économiquement et créativement, estime Monique Bensimon, directrice générale d'Ipsos ASI. Les publicitaires ont pris énormément de libertés avec la forme, en s'exprimant sur pléthore de registres, et avec le fond, sans frein sur les thèmes abordés.» En effet: les époux sont infidèles (Perrier, Ogilvy & Mather), les animaux réinventent le Kama- sutra (Spontex, BDDP\TBWA), les hommes revendiquent leur machisme, tout système pileux dehors et entourés de pépées en bikini (Quick, Young & Rubicam). Loin d'être triste, la chair peut être trash. «En publicité, on entre dans l'ère de la transgression, analyse Jean-Marc Lech, le coprésident du groupe Ipsos. Une publicité Gucci abordait récemment le thème du masochisme en montrant une femme lascive agenouillée aux pieds d'un homme. En GrandeBretagne, la marque de sous-vêtements Gossard recommandait aux femmes, dans une de ses campagnes, de "commencer toutes seules si leur homme était en retard". Pour Nicolas Monnier, le président de l'agence Alice, les choses ne sont pas si simples : «Qui dit transgression dit morale. Or il n'existe pas de morale en publicité. Il s'agit plus de l'apparition de nouveaux schémas de persuasion que d'un désir de transgresser les tabous.» On ne sert plus les mêmes vieilles ficelles au consommateur matraqué d'affiches, d'annonces et d'écrans publicitaires. «Il y a peu, la publicité tournait autour de l'idée que les gens voulaient s'identifier à ce qu'ils voyaient, poursuit le publicitaire. Aujourd'hui, les consommateurs souhaitent ressentir des émotions. Ils ne recherchent plus le sacro-saint principe de réalité.» Les publicitaires estiment donc que l'on peut aujourd'hui quasiment aborder tous les thèmes en publicité. À condition que le traité soit approprié. Mais un traité approprié, qu’est-ce que cela veut dire, et qui en jugera ? Nous allons étudier un des acteurs qui veille au respect de l’éthique publicitaire : le BVP et son influence. Nous verrons en 1ère partie : le BVP, un garant de l’éthique publicitaire et en 2 ème partie : L’autodiscipline des publicitaires. I- LE BVP, UN GARANT DE L’ETHIQUE PUBLICITAIRE Il y a une demande sociale pour que la publicité s‘assume comme une activité responsable. Le BVP, association loi de 1901, est l'organisme d'Autodiscipline de la publicité en France. Il a pour but de "mener une action en faveur d'une publicité loyale, véridique et saine dans l'intérêt des professionnels de la publicité, des consommateurs et du public.". En d'autres termes, sa mission est de parvenir à concilier liberté d'expression publicitaire et respect des consommateurs. Le maintien de cet équilibre entre créativité et responsabilité est au cœur de l'autodiscipline publicitaire. Ses adhérents se regroupent en quatre catégories : - des annonceurs - des agences de publicité - des supports et des membres correspondants (associations, fédérations, syndicats professionnels ou interprofessionnels). Son financement du BVP est donc assuré par les cotisations forfaitaires annuelles de ses adhérents. 1- ROLES ET MISSIONS DU BVP : CONCILIER RESPECT ET CREATIVITE Concrètement, cette mission ambitieuse renvoie à différents types d’actions : - Elaboration de codes de bonne pratique : le BVP, avec tous les acteurs de la publicité (agences, annonceurs, supports de publicité, syndicats professionnels), détermine la déontologie. Il s'agit de règles d'Autodiscipline que la profession se donne volontairement pour que la publicité en France soit exemplaire, au-delà de la simple application des lois qui peuvent déjà la réglementer. A la diligence soit du BVP, soit d’organisations professionnelles ou interprofessionnelles, soit, encore des pouvoirs publics, des commissions techniques ad hoc sont constituées. Elles élaborent des recommandations générales ou sectorielles réunies dans un recueil. L’évolution constante du monde socio-économique, de la législation et de la jurisprudence implique parfois des modifications de ces recommandations. En ce cas, la commission technique concernée est de nouveau réunie et une nouvelle recommandation est substituée à l’ancienne. Les recommandations n’obligent que les adhérents du BVP. Cependant, le fait qu’elles soient élaborées par des organisations professionnelles représentatives, leur donne valeur de référence pour le pouvoir judiciaire aussi bien que pour tout professionnel de la publicité (annonceurs, agences, supports) même s’il n’est pas adhérent au BVP. Les recommandations du BVP s’appliquent à tous les supports (presse, radio, TV, publicité extérieure, cinéma, publicité directe, multimédia). Les recommandations doivent être interprétées conformément à l’intention des commissions techniques qui les ont élaborées. D’intérêt général, elles ne doivent pas servir un quelconque intérêt personnel ou privées. - Mise en application des règles déontologiques : les équipes du BVP s'assurent au quotidien de la bonne prise en compte de ces règles déontologiques. Le BVP pige par sondage la publicité faite dans les médias. Consommateurs, individuels, associations de consommateurs, publicitaires, etc… adressent au BVP les publicités qui leur paraissent suspectes ou répréhensibles. Le courrier consommateur est un bon baromètre pour le BVP. Un tiers de ce courrier concerne des publicités diffusées dans des supports adhérents du BVP. Deux tiers de ce courrier émanent de consommateurs isolés (ne sachant pas à qui s’adresser) et porte sur des litiges contractuels et/ou concernant des entreprises non adhérentes du BVP ou n’ayant pas effectué de publicité via les supports adhérents du BVP. Le BVP se préoccupe de publicité « commerciale », c’est-à-dire, de la publicité en faveur de produits ou de services faite soit par des entreprises privées, soit par organismes publics. La publicité par petites annonces n’est pas soumise à la pige ; néanmoins, le BVP peut intervenir dans ce domaine s’il est sollicité par un particulier ou un support ou s’il décide de mener une opération ponctuelle. Saisi de ces affaires, le BVP intervient auprès de l’annonceur en l’invitant soit à justifier ses assertions, soit à modifier ses messages afin de les mettre en conformité avec la réglementation. En cas de refus de l’annonceur, et après mise en demeure, le BVP demande aux supports concernés de cesser de diffuser les messages en question. Pour cela, trois étapes principales : - Le BVP conseille tous médias, avant la finalisation des publicités : les adhérents du BVP peuvent lui demander conseil sur leurs projets. Le BVP examine ainsi en conseil plus de 13000 visuels différents par an. Un projet sur deux environ fait l'objet d'une demande de modification de sa part. Cet avis ne constitue pas un label, un visa ou une garantie, mais permet d’éviter aux annonceurs et aux publications d’enfreindre, volontairement ou involontairement, les dispositions législatives réglementaires ou déontologiques. - Il donne son avis sur la publicité télévisée, juste avant la diffusion : à la demande des régies TV, le BVP fournit obligatoirement un avis (« favorable », « à modifier », « à ne pas diffuser ») sur tous les films télévisés finalisés. Bien évidemment, les professionnels peuvent faire examiner préalablement le futur film à l’état de scénario ou de « copie de travail » par le service juridique, conseils et avis étant délivrés sous quarante-huit heures. La Télévision est le seul média soumis à cet examen préalable systématique. Cet avis ne constitue pas un label de conformité, un visa ou une garantie, mais permet d’éviter aux annonceurs et aux publications d’enfreindre, volontairement ou involontairement, les dispositions législatives, réglementaires ou déontologiques. - Il pratique l’autosaisie, après la diffusion des publicités : le BVP peut s'autosaisir, après diffusion, des cas constituant des manquements à la déontologie et demander, selon la gravité, une modification de la campagne publicitaire ou même une "cessation de diffusion". 2- LE BVP, UN PALLIER AVANT LA JUSTICE Les poursuites pénales sont déclanchées par le procureur de la République, la ou les victimes peuvent se constituer partie civile pour défendre un intérêt collectif. La responsabilité revient à « l’annonceur pour le compte duquel la publicité est diffusée à titre principal de l’infraction commise ». Sont coresponsables, ceux qui ont réalisé la campagne à titre de co-auteur ou complice : c’està-dire l’agence de publicité, les supports de diffusion, un salarié de l’annonceur, un prestataire ayant réalisé l’étude pour l’annonceur… etc. Ces personnes encourent les mêmes peines que l’annonceur. C’est ce qu’on appelle le principe de responsabilité solidaire. L’intérêt des recommandations du BVP est d’être un code de conduite qui est proposé aux professionnels avant la création des messages publicitaires Si ce sont des règles qu’on se contente de surveiller dans leur application après la diffusion de la publicité, elles perdent de leur efficacité préventive. C’est la raison pour laquelle le BVP fait partie des organismes qui veut privilégier le conseil avant diffusion, comme il le fait systématiquement avec la télévision. Le BVP est le seul à pouvoir examiner des cas concrets avant diffusion alors que la loi ne peut intervenir qu’après quand le mal est fait. 3- LES PRINCIPALES RECOMMANDATIONS DU BVP Les règles déontologiques applicables aux publicités reçues ou perçues en France ont pour source originelle le Code international de pratiques loyales en matière de publicité de la Chambre de Commerce Internationale (CCI). A partir de là, le BVP élabore avec l’interprofession publicitaire les codes et recommandations constituant ainsi un véritable code de déontologie publicitaire. a) Liste des recommandations du BVP : Alcool Animaux familiers Allégations santé Appel à la générosité Arguments écologiques Attestations Automobile Crédit à la consommation Deux roues à moteur Emplois commerciaux Kiosques télématiques Livres Mentions rectificatives Méthodes de jeux Objets de collection Offres de travail à domicile et propositions diverses Produits pour l’horticulture et le jardin Produits destinés à l’alimentation particulière Publication de manuscrit Enfant Etudes de marché et d’opinion Expositions, foires, salons congrès Hygiène et beauté Identification de la publicité Image de la personne humaine Immobilier/construction Immobilier/maison individuelle Jeux promotionnels Jouets Publicité sur Internet Races, religions et ethnies Respect des attributs de la personne Sciences occultes Sécurité Services conviviaux et érotiques Téléphone Traitement de l’eau Vocabulaire publicitaire b) Un exemple de recommandation du BVP : L’image de la personne humaine Le respect de la dignité humaine est un principe universel. En matière de publicité, le Code de pratiques loyales de la Chambre de Commerce International (CCI) illustre ce principe par des dispositions générales, reconnues par tous, qui posent les principes de décence, de non discrimination et plus largement de responsabilité sociale dans la représentation de la personne humaine, quels que soient, notamment, ses origines, ses opinions ou croyances, son sexe ou son âge. Ainsi : « La publicité doit proscrire toute déclaration ou présentation visuelle contraire aux convenances selon les normes couramment admises.» Art.2 du Code de la CCI « La publicité ne doit cautionner aucune forme de discrimination, y compris celle fondée sur la race, l’origine nationale, la religion, le sexe ou l’âge, ni porter en aucune façon atteinte à la dignité humaine. » Art.4 du Code de la CCI « La publicité ne doit contenir aucune incitation ni sembler cautionner ou encourager des comportements illicites ou répréhensibles. » Art. 4 du Code de la CCI Il en découle que la publicité doit éviter toute dévalorisation ainsi que toute exploitation abusive de la personne humaine et de son image. Le respect de ces principes doit s’apprécier selon la sensibilité du corps social à un moment donné, le public exposé à la publicité, le contexte social ou culturel et son évolution, l’actualité. La publicité doit donc, quelle que soit sa forme, respecter les règles déontologiques suivantes. → Dignité, décence La publicité ne doit pas être susceptible de heurter la sensibilité, choquer ou même provoquer le public en propageant une image de la personne humaine portant atteinte à sa dignité et à la décence. Lorsque la publicité utilise la nudité, il convient de veiller à ce que sa représentation ne puisse être considérée comme avilissante et aliénante. D’une façon générale, toute représentation dégradante ou humiliante de la personne humaine, explicite ou implicite, est exclue, notamment au travers de qualificatifs, d’attitudes, de postures, de gestes, de sons, etc., attentatoires à la dignité humaine. → Stéréotypes sexuels, sociaux et raciaux La publicité ne doit pas réduire la personne humaine, et en particulier la femme, à la fonction d’objet. La publicité ne doit pas cautionner l’idée de l’infériorité d’une personne en raison de son appartenance à un groupe social, notamment en réduisant son rôle et ses responsabilités dans la société. L’expression de stéréotypes, évoquant les caractères censés être représentatifs d’un groupe social, ethnique, etc., doit tout particulièrement respecter les principes développés dans la présente recommandation. La publicité ne peut valoriser, même indirectement, des sentiments ou des comportements d’exclusion, d’intolérance ou de racisme. → Soumission, dépendance, violence La publicité doit éviter d’induire une idée de soumission ou de dépendance dévalorisant la personne humaine et en particulier les femmes. Toute présentation complaisante d’une situation de domination ou d’exploitation d’une personne par une autre est exclue. La publicité doit éviter toute scène de violence, directe ou suggérée, et ne pas inciter à la violence que celle-ci soit morale ou physique. La notion de violence recouvre au minimum l’ensemble des actes illégaux, illicites et répréhensibles visés par la législation en vigueur : - la violence directe se traduit par la représentation de l’acte de violence proprement dit ; - la violence suggérée s’entend par une ambiance, un contexte voire par le résultat de l’acte de violence ; - la violence morale comprend notamment les comportements de domination, le harcèlement (moral et sexuel). La publicité ne doit, en aucun cas, par ses messages, ses déclarations ou sa présentation, banaliser la violence. 4- LA CREATION D’UN CONSEIL DE L’ETHIQUE PUBLICITAIRE Le 14 décembre 2005 s'est réuni pour la première fois le Conseil de l’Ethique publicitaire. Avec la création du Conseil de l’Ethique Publicitaire, le BVP a décidé d’ouvrir l’autodiscipline de la publicité à des personnalités indépendantes de ces professions. Se poursuit ainsi le processus d’ouverture du dispositif de l’autodiscipline publicitaire sur la société. La mission du Conseil de l’Ethique Publicitaire est d’évaluer la production publicitaire au regard à la fois de l’évolution de la société et des règles déontologiques des professions publicitaires. Cette analyse se fait sur les publicités déjà diffusées. Le Conseil n’examine pas les projets de publicité soumis au conseil ou à l’avis préalables du BVP. Chaque année, ce Conseil, dans un rapport rendu public, se prononce sur la pertinence des différentes règles déontologiques que le BVP est chargé d’appliquer, ainsi que sur l’efficacité de l’autodiscipline telle que pratiquée en France. Il formule au Conseil d’Administration du BVP un avis sur les améliorations qu’il estime souhaitable d’apporter, soit aux mécanismes de l’autodiscipline, soit au contenu des codes de conduite établis par les professionnels. Ce rapport est publié à l’occasion de l’Assemblée générale annuelle du BVP. Cette nouvelle instance s’inscrit dans l’évolution de l’autodiscipline vers davantage d’ouverture voulue par les administrateurs du BVP. Deux novations importantes ont déjà permis, en 2005, de renforcer les liens avec la société civile : - consultation, désormais systématique, des associations agréées avant la rédaction des règles d’autodiscipline, dans le cadre de la Commission de Concertation de la Publicité (janvier 2005) - inauguration d’un débat public élargi à toutes les parties prenantes de la publicité, avec la première édition du Forum Pub et Cité (novembre 2005) L’esprit de la création de ce Conseil est de donner à la démarche déontologique toute sa vigueur et d’en renforcer le bien-fondé et l’autorité, illustrant ainsi le souci permanent d’ajustement de l’autodiscipline aux enjeux nouveaux. La campagne La City épinglée par le BVP Le Bureau de vérification de la publicité (BVP) a envoyé un avis à La City et aux afficheurs Dauphin et Métrobus, pour leur demander de retirer un visuel de la dernière campagne de cet annonceur, représentant une femme dévêtue à quatre pattes face à un mouton, sous l'accroche «J'ai envie d'un pull». Le BVP affirme avoir reçu «une douzaine» de lettres de protestation sur cette affiche, qui fait partie d'une série de quatre visuels conçus par l'agence DDB Paris. La campagne qui a commencé le 13 avril devait se terminer à la fin de la semaine. La violence de l’image de cette association de protection et d’assistance des enfants est caractéristique de nombreuses publicités pour institutions à but non lucratif. La rencontre des contraires a valu à cette annonce toutes les interprétations et toutes les critiques. LE BVP PUBLIE SES RECOMMANDATIONS SUR LE RESPECT DE LA DIGNITÉ DE LA PERSONNE HUMAINE Les nouveaux interdits de la publicité Respect de la dignité de la personne humaine, rejet de l'humiliation et de la violence, refus du corps objet... Le Bureau de vérification de la publicité (BVP) répond au débat sur l'image de la femme dans la publicité avec de nouvelles règles de déontologie. Reste à les appliquer... Une publicité pour les vêtements en cuir Oakwood s'étale actuellement sur les murs dans le métro parisien. On y voit des jeunes filles en tenue d'Ève dissimulant leur vertu avec les pans de leur veste. Sur l'une de ces affiches, une main rageuse a écrit au feutre noir : « Le corps humain n'est pas une marchandise. » Ce casseur de pub ne pourrait pas être plus d'actualité. Le Bureau de vérification de la publicité (BVP), l'organisme d'autorégulation de la profession, vient justement de toiletter son ancienne recommandation concernant l'image de la femme dans la publicité, qui datait de 1975. Cette refonte était attendue, après la remise du rapport sur le même sujet à la secrétaire d'État aux Droits des femmes, Nicole Péry, en juillet dernier. Réagissant aux excès de certaines campagnes relevés par les associations féministes (La City, Weston, Gucci, etc.), le rapport proposait l'actualisation des règles déontologiques de la profession. Pour l'occasion, le BVP a réuni un comité de parrainage, exclusivement composé de femmes représentant les annonceurs, les médias et les agences. Ce groupe a planché tout l'été et, dès le 6 septembre, le conseil d'administration de l'organisme validait la nouvelle formulation. Avec quatre grandes recommandations. 1- Évitez toute forme de discrimination Le changement saute aux yeux dès l'intitulé de la recommandation. L'ancien terme « image des femmes », considéré comme sexiste, a cédé la place à l'« image de la personne humaine ». Plus que le refus du sexisme, c'est le principe du « respect de la personne humaine » qui est mis en avant. Le texte rappelle que « la publicité ne doit cautionner aucune forme de discrimination, y compris celle fondée sur la race, l'origine nationale, la religion, le sexe ou l'âge, ni porter en aucune façon atteinte à la dignité humaine ». Toujours dans les principes généraux, le texte précise que « la publicité ne doit pas sembler cautionner des comportements illicites ou répréhensibles ». Le BVP n'a pas attendu d'officialiser ses nouvelles règles pour recaler le spot Vivendi Universal Mobile, réalisé par Jamel Debbouze, dans lequel un téléphone portable tournait comme un joint. 2- Ne montrez plus de femmes à quatre pattes... La recommandation s'attaque au vif du sujet avec le thème « Dignité, décence ». « Toute représentation dégradante ou humiliante de la personne humaine, explicite ou implicite, est exclue, notamment au travers de qualificatifs, d'attitudes, de postures, de gestes, de sons etc., attentatoires à la dignité humaine », énonce le BVP. Sont clairement désignées la publicité pour La City montrant une jeune fille à quatre pattes face à un mouton, ou celle de Celio qui présente un jeune homme fessant une girafe gonflable (une affiche qui n'a finalement jamais été diffusée). En revanche, le recours à la nudité n'est plus « déconseillé », comme il l'était dans la précédente recommandation. Il est même toléré dans le cas de produits d'hygiène ou de sous-vêtements. Simplement, le texte précise que la représentation de la nudité ne doit pas être « avilissante et aliénante ». L'image de femme en pâmoison de la publicité Opium d'Yves Saint Laurent, qui n'a pas choqué grand monde en France, reste acceptable car elle est esthétique et pudique. En revanche, la campagne Benetton montrant une naturiste sexagénaire a été refusée par les afficheurs, car considérée comme complaisante. 3-... ni de femmes ligotées Le BVP réplique aux provocations du porno chic, qui ont agité le landernau publicitaire l'année dernière, dans l'article « Soumission, dépendance et violence » : « La publicité doit éviter d'induire une idée de soumission ou de dépendance dévalorisant la personne humaine et en particulier les femmes. [...] La publicité doit éviter toute scène de violence, directe ou suggérée. [...] La publicité ne doit, en aucun cas, banaliser la violence. » Les images de femmes attachées ou couvertes de cambouis, vues chez Ungaro et Dior, sont dans le collimateur de ce paragraphe, de même que la publicité Weston, qui montrait une femme «dominée» par une chaussure masculine. Mais il est vrai que ces visuels sont déjà passés de mode, et que, depuis, Weston a changé de registre (voir Stratégies n° 1206). Un autre cas récent implique une publicité Ligne Roset, signée Callegari Berville Grey, qui met en rapport une chaise en cuir avec un corps de femme nue qui semble enserrée dans des lanières de cuir. Le BVP a adressé un courrier à l'agence pour lui rappeler la déontologie de la profession. 4- Ne réduisez pas le corps à un objet La recommandation du BVP revient sur la question des « stéréotypes sexuels, sociaux et raciaux ». Elle rappelle que « la personne humaine, et en particulier la femme », ne doit pas être réduite « à la fonction d'objet ». Se repose alors le problème des affiches Oakwood où certains peuvent lire une exploitation du corps féminin. Mais les hommes sont tout aussi concernés par la campagne LG, qui réussissait le prodige d'exhiber un fessier masculin tout en associant la femme au statut de ménagère. Cet article insiste également sur la nécessité de proscrire les stéréotypes sexistes, sociaux ou ethniques. Le BVP se livre là à un jeu d'équilibriste entre les clichés acceptables (par exemple, l'Écossais économe) et les préjugés culturels condamnables. Sur le principe, la nouvelle recommandation du BVP, approuvée à l'unanimité par les membres du groupe de travail, satisfait tout le monde. Elle intervient en réaction à certaines dérives qui avaient été reconnues par les publicitaires eux-mêmes et prend en compte l'évolution de la société. Le problème réside dans son application, plusieurs termes laissant la porte ouverte à des interprétations subjectives, comme « représentation implicite » ou « violence suggérée ». Dans le cas de la publicité Ligne Roset, Pierre Berville, le président de Callegari Berville Grey, revendique sa liberté de création : « Le public sait faire le tri entre la représentation d'un imaginaire érotique et la réalité de la violence », affirme-t-il. « C'est l'interprétation du texte par rapport à une image donnée qui va compter », estime Evelyn Soum, la présidente de l'agence Ailleurs exactement, qui faisait partie du comité de parrainage. « Tout est affaire d'appréciation. Comme pour la loi Évin, les créatifs vont devoir rivaliser d'imagination pour contourner les règles. » Aux agences de faire passer le message aux créatifs avant que les litiges n'apparaissent. Deux problèmes particuliers devront cependant être pris en compte : l'affichage et les marques de luxe, d'où viennent la plupart des publicités contestées. « Au contraire de la presse qui permet de cibler les publics, l'affichage s'impose à tous, et en particulier aux enfants, souligne Valérie Henaff, l'une des dirigeantes de l'agence BDDP & Fils. Nous avons une responsabilité particulière sur ce support. Dans l'affaire de l'affiche Sport Leader avec le pit-bull, nous avons été mis en cause par des maires de banlieue qui vivent la violence au quotidien. Si c'était à refaire, nous publierions plutôt cette campagne en presse spécialisée. » L'Union de la publicité extérieure affirme vouloir mener « une campagne d'évangélisation de l'ensemble des interlocuteurs » pour éviter d'en arriver à des retraits d'affiches, contraignants et difficiles à appliquer. Du côté des marques de luxe, il n'y a guère que Chanel qui soit membre du BVP. Les autres n'en ont cure. Chez Gucci, on rappelle que « la création des images de la marque est réservée à Tom Ford qui travaille à l'instinct et ne se préoccupe pas de stratégie. D'ailleurs, il ne connaît pas le BVP. » Ce dernier est décidé à se faire connaître : il vient de lancer une prospection auprès des annonceurs du luxe pour les inciter à devenir membre. II. Des acteurs engagés : l’autodiscipline 1. L’autodiscipline, une notion fondamentale L’autodiscipline est un des fondements essentiels du BVP et des professionnels de la publicité. En juin 2004, Anthony Simon, Président Marketing d’Unilever a déclaré que « les annonceurs, les agences et les médias doivent non seulement agir ensemble mais aussi montrer qu’ils mettent en place une autodiscipline au sein d’un marché unique. » L’autodiscipline consiste à se fixer des règles qui vont au-delà des obligations établies par la Loi. Il s’agit donc d’un engagement tout à fait volontaire et c’est ainsi qu’en publicité, les règles d’autodiscipline sont élaborées par les professionnels eux-mêmes, sous le contrôle du BVP, qui est d’ailleurs chargé de veiller à l’application de ces règles. Par ailleurs, en décembre 2003, des accords institutionnels à l’échelle européenne ont été signé afin de définir clairement l’autodiscipline et l’autorégulation (que nous verrons par la suite) entre les acteurs européens de la publicité. Par acteurs, on entend bien sûr, les annonceurs, les agences de publicité, les régies, les médias… Cet accord était donc destiné à définir un objectif qui se voulait commun et a tout naturellement été signé par l’Alliance Européenne pour l’Ethique en Publicité, qui est un organisme rassemblant tous les organismes d’autodiscipline. La notion d’attachement commun est donc très forte car ces accords ont été signés à l’échelle européenne. La présence d’Agnès Pantelouri (directeur des affaires du consommateur à la Commission Européenne) a donné un caractère officiel à l’évènement et symbolise ainsi le caractère sérieux de cet accord. La définition qui a été construite est donc la suivante : « on entend par autodiscipline la possibilité pour les opérateurs économiques, les partenaires sociaux, les organisations non gouvernementaux ou les associations, d’adopter entre eux et pour eux mêmes des lignes directrices communes ». En avril 2005 au Louvre, le BVP a organisé les Premières Assises de l’Autorégulation, preuve que ce thème est vital et primordial pour le BVP et la profession. Le thème abordé était : « L’autodiscipline, source de progrès technique et d’efficacité économique. » Si vous souhaitez en savoir plus, des vidéos sont disponible sur le site Internet du BVP et vous pourrez y retrouver des tables rondes, des interventions et les différentes réactions. Un système restreint… mais pas fermé. Pour qu’un pareil système fonctionne, il y a certains points indispensables à respecter : - La responsabilisation des acteurs est le premier ressort de l’efficacité de ce système. Il faut pousser les publicitaires et les agences à adhérer au BVP afin d’éviter les dérives et de donner une image saine de cette profession. - Il doit y avoir un engagement volontaire des acteurs avec une appropriation des règles d’autodiscipline, c’est-à-dire que les acteurs de la publicité doivent non seulement respecter ces règles mais aussi s’y adapter. - Le troisième point est le plus important. Il s’agit de la prise de conscience des professionnels car ceux-ci savent maintenant qu’ils ont peut-être plus à y perdre en transgressant ces règles qu’à y gagner car ils ont prit conscience qu’il est facile de se mettre les consommateurs et le public à dos. Mais si des règles à ne pas transgresser existent, cela ne veut pas forcément dire que ce système est fermé. En effet, les règles d’autodiscipline évoluent avec le temps et se doivent d’être à l’écoute de la société et des pouvoirs publics également, comme par exemple le ministère de la parité. Les règles évoluent car les publicitaires doivent prendre en compte les demandes et les inquiétudes des individus (notamment des femmes ou plus récemment des enfants avec l’obésité). Il est important pour les publicitaires et les annonceurs de s’adapter afin de ne pas choquer et de montrer également au public qu’ils sont à leur écoute et que provoquer et marquer les esprits de manière négative ne sont pas leur seul but. Si les acteurs de la publicité consentent librement à respecter ces règles et à s’y adapter, alors ce système fonctionnera sans problème. Mais ceux-ci doivent faire preuve de bonne volonté et de mobilisation. 2. L’autorégulation et l’autodiscipline L’autorégulation consiste à se gouverner soi-même grâce aux règles que les publicitaires se fixent eux-mêmes librement. Si l’autorégulation détient une part importante dans la publicité, ce n’est pas le seul secteur professionnel à y être soumis. On recense entre autres les professionnels de la banque, de la vente à distance, etc… On passe de l’autorégulation à l’autodiscipline quand les professions concernés décident librement, non seulement de déterminer elles-mêmes leurs règles de comportement, mais de se charger aussi de leur application grâce à une discipline librement acceptée. L’autorégulation crédibilise les professionnels de la publicité auprès du public car ils prouvent ainsi leur engagement et leur bonne volonté. L’autorégulation est très flexible car il suffit de compléter ou de changer une règle déontologique. Cela est l’affaire de quelques mois et permet de s’ajuster très vite aux enjeux d’une société en mouvement constant. Une autocensure consentie. A travers les règles d’autodiscipline que ce sont fixées les professionnels de la publicité, ceuxci s’autocensure et se force à ne pas dépasser les limites et occulte ainsi des thèmes comme le sexisme, la violence, ou s’il l’emploie, ceux-ci jouent sur l’ironie et l’humour pour faire passer le message. 3. Une publicité sous contraintes ? Mais si les professionnels de la publicité sont soumis à des règles qu’ils ne peuvent pas transgresser, on peut naturellement se poser la question de savoir s’ils se sentent emprisonnés ou enfermés dans une publicité que nous pourrions qualifier de contraignante. La première réponse que m’ait venu à l’esprit est non car en effet les règles d’autodiscipline sont écrites par des professionnels pour des professionnels et après concertation avec ces mêmes professionnels. Ils sont donc tout à fait conscient des limites qu’ils s’imposent et consentent même à aller toujours plus loin et à les faire évoluer. Si elles s’avéraient trop contraignantes, pourquoi les rédiger alors ? Pour appuyer mon opinion, j’ai consulté le site de l’AACC (Association des Agences Conseil en Communication) et j’y aie trouvé un article intéressant datant de mai 2003 qui disait que les professionnels de la publicité, l’autorégulation est une réponse appropriée aux évolutions de la société et de la place qu’y tient la publicité. Mais cependant, en y réfléchissant plus profondément, les publicitaires sont soumis aux évolutions de la société et doivent sans arrêt s’adapter à de nouvelles lois ou à de nouveaux phénomènes. Je vais prendre le cas de l’obésité infantile. Récemment, le BVP a été alerté sur le problème de l’obésité grandissante chez les enfants et pour y répondre, celui-ci (en accord avec les professionnels de la publicité), a intégré récemment un chapitre enfant à sa charte de déontologie destinée aux publicitaires. Ainsi, par exemple, en ce qui concerne le grignotage, « la publicité ne doit pas inciter les enfants à s’alimenter de façon inconsidérée tout au long de la journée » et « le grignotage ne doit pas être présenté comme substituable à un repas. » Les publicitaires sont donc quelque part restreints dans leur création puisqu’ils ne peuvent pas tout montrer ni suggérer. Pour conclure cette partie, je dirais donc qu’en s’autorégulant et en se fixant des règles d’autodiscipline, les publicitaires assument leur responsabilité face au public. Ces règles servent de cadre de conduite aux professionnels et elles permettent parfois de combler « les lacunes » de la loi. Par exemple, la loi Evin n’est pas toujours très claire et est mal rédigé et peut aboutir à des difficultés d’interprétation. Conclusion : Oubliées les pin-up en string sur des panneaux de 4 mètres sur 3, la peau huilée, les reins cambrés. Terminé, les brunes lascives au dos des Abribus, les fesses tendues sous le nez des mouflets éberlués. «Dis, papa, ça veut dire quoi "Je suis vierge, et vous ?"» La pub se refait une vertu. Dans une déclaration commune, qui devait être signée le 27 novembre avec Nicole Ameline, ministre déléguée à la Parité et à l'Egalité professionnelle, les publicitaires s'engagent pour la première fois auprès des pouvoirs publics à «faire preuve de la plus grande vigilance» afin de prévenir les dérapages sexistes. La profession promet d'éviter «les images ou les messages publicitaires qui pourraient être interprétés comme une incitation à la discrimination envers des personnes, ou des groupes de personnes, en raison de leur sexe ou de leur orientation sexuelle, réelle ou supposée». De son côté, le Bureau de vérification de la publicité (BVP) cogéré par les annonceurs, les agences et les médias - recommande à ses membres de «solliciter son conseil préalablement à toute campagne susceptible de poser des problèmes particuliers d'ordre déontologique». L'avis du BVP est obligatoire à la télévision, mais facultatif pour la presse et surtout pour les affiches, au cœur des polémiques actuelles. Les écarts de conduite sont rares Il fallait réagir. Car la profession essuie de plus en plus de critiques. «Depuis trois ans, nous sommes passés de quelques lettres de protestation à un vrai mouvement de mécontentement», constate Olivier Altman, président de BDDP et Fils. Des féministes aux intégristes en passant par les alter mondialistes, une coalition hétéroclite est partie à l'assaut de la grande machine à fantasmes publicitaire, A Paris, les tagueurs d'affiches et les membres de Casseurs de pub - c'est le nom d'une de leurs associations - se déchaînent. Près de 800 d'entre eux ont envahi les quais du métro parisien lors de deux opérations commando, les 17 octobre et 7 novembre. Bilan : 6 000 panneaux gribouillés. Vétéran barbouilleur, Yvan Gradis, fondateur du mouvement Résistance à l'agression publicitaire (RAP), exulte : «Depuis un an, les actions collectives ont remplacé les graffitis individuels. Des intermittents du spectacle ont rejoint les tagueurs et, dans les réunions d'Attac, ceux qui critiquent la pub ne se font plus envoyer sur les roses.» La menace du couperet législatif Figures de proue de la rébellion, les féministes de la Meute et des Chiennes de garde ont su se faire entendre des politiques, de droite comme de gauche - en brocardant la vogue du «porno chic», voilà trois ans. En 2001, sous leur influence, Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux Droits des femmes du gouvernement Jospin, a rendu public un rapport critique intitulé «L'image des femmes dans la publicité». Et le BVP a amendé sa recommandation «sur la représentation de la personne humaine», qui datait de 1975. «Cette recommandation est parfaite, sauf qu'elle n'engage à rien, puisque le BVP n'a qu'un pouvoir consultatif !» proteste Florence Montreynaud, fondatrice de la Meute. En réalité, les écarts de conduite sont rares. De janvier à mai dernier, le BVP n'a relevé que 49 campagnes «non conformes» à la fameuse recommandation dans la presse et l'affichage, soit 0,29% du total - 0,29% de trop, déplorent les féministes et quelques stars de la corporation. «Ce n'est pas la nudité qui pose un problème, mais la vulgarité et la violence. Mais ne nous leurons pas : ni le renforcement de l’autodiscipline professionnelle, ni une nouvelle réglementation ne pourront éviter qu’un jour un visuel choquant ne soit visible. Il y a encore de l’affichage sauvage, que les maires ne peuvent totalemnt éradiquer. Prenons l’ensemble des minitels roses : ces annonces racoleuses ont été bannies de tous les réseaux des afficheurs, comme des pages publicitaires des magazines, mais on en voit encore en mini affichettes illégales. L’exeption, certes, confirme la règle. N’est-ce pas le prix à payer pour qu’une société reste libre ? en dépit de tous les efforts des professionnls, il doit rester une marge d’arreurs ouverte à la publicité. Chacun doit tolérer des dérapages, s’ils restent exceptionnels. Mais le défi lancé à l’interprfession publicitaire n’en reste pas moins réel : l’autodiscipline a réussi à éradiquer la publicité mensongère, elle doit y parvenir aussi sur le terrain du respect de la personne humaine. La publicité doit se montrer responsable si elle veut garder sa liberté.