
de la «défonce». L'entreprise Rossignol a déjà lancé ses skis THC: ces initiales sont à la fois
celles du Triple Hybrid Core, un matériau révolutionnaire pour les fans de glisse, et celles du
tétrahydrocannabinol, la substance active du cannabis, bien connue de ses amateurs. D'autres
produits, tout à fait légaux mais au nom évocateur, planent sur l'image de la transgression, de
l'interdit, liée aux substances illicites : le Canna'bul, limonade biologique aromatisée au
chanvre, mais aussi l'Absente, allusion à l'absinthe, boisson interdite en France depuis 1915.
Le dernier rapport moral du Bureau de vérification de la publicité (BVP) souligne la tendance
des annonceurs à utiliser des «références directes ou suggérées à des substances illicites».
Leurs motivations ? «Toucher une cible jeune particulièrement réceptive qui connaît bien les
codes et le vocabulaire de cette sphère», répond le BVP. Exemple : le chewing-gum X-Cite,
dernier-né de Wrigley. Difficile de ne pas faire le rapprochement entre ces petites boules
blanches et les pilules d'ecstasy, appelées «X» par les initiés. Même l'agence de
communication chargée des campagnes événementielles du produit reconnaît que le parallèle
est troublant.
La pub nous ferait-elle gober n'importe quoi ? «En aucun cas notre volonté n'a été de créer un
produit qui puisse être assimilé à un stupéfiant, explique-t-on chez Wrigley. Le choix du X est
lié à la technologie, le high-tech.» Un hasard stupéfiant.
Voyeurisme, sadisme, masochisme, machisme, orgies macabres... Après avoir exploré, l'an
passé, la vraie vie des vrais gens avec la tendance «real life», la publicité française s'aventure,
selon Ipsos, sur le terrain de toutes les transgressions.
Une jeune Japonaise se fait surprendre par son patron à quatre pattes sur une photocopieuse en
marche (Mikado, Euro RSCG BETC). Des momies en décomposition avancée guinchent dans
une crypte, entourées de satyres aux chairs nécrosées (Perrier, Ogilvy & Mather). Des savants
torturent un pauvre accro aux bonbons Michoko en lui envoyant des décharges à chaque fois
qu'il tente de toucher le paquet de friandises (BDDP\TBWA). Voyeurisme, sadisme,
masochisme, délires gothiques... Le palmarès, établi par Ipsos, des meilleures campagnes en
2000 comporte des créations pour le moins audacieuses. «Nous sortons d'une année
euphorique économiquement et créativement, estime Monique Bensimon, directrice générale
d'Ipsos ASI. Les publicitaires ont pris énormément de libertés avec la forme, en s'exprimant
sur pléthore de registres, et avec le fond, sans frein sur les thèmes abordés.» En effet: les
époux sont infidèles (Perrier, Ogilvy & Mather), les animaux réinventent le Kama- sutra
(Spontex, BDDP\TBWA), les hommes revendiquent leur machisme, tout système pileux
dehors et entourés de pépées en bikini (Quick, Young & Rubicam). Loin d'être triste, la chair
peut être trash. «En publicité, on entre dans l'ère de la transgression, analyse Jean-Marc Lech,
le coprésident du groupe Ipsos. Une publicité Gucci abordait récemment le thème du
masochisme en montrant une femme lascive agenouillée aux pieds d'un homme. En Grande-
Bretagne, la marque de sous-vêtements Gossard recommandait aux femmes, dans une de ses
campagnes, de "commencer toutes seules si leur homme était en retard". Pour Nicolas
Monnier, le président de l'agence Alice, les choses ne sont pas si simples : «Qui dit