De même l’épisode de Joseph montre que la voie décisive pour la réconciliation
est celle de partir de celui qui a été offensé. A la vue de ses frères qui s’étaient
rendus en Egypte pour lutter contre la disette, Joseph aurait pu prendre une voie
différente : se venger, les renvoyer les mains vides. Il choisit au contraire la voie
de la compassion : il pousse un cri de douleur, il révèle à ses frères son identité,
les disculpe de leur faute, interprète la situation comme une occasion permise
par Dieu pour les garder en vie. (cf Gn.. 45, 1-5)
Les épisodes cités attestent que la réconciliation commence par ceux qui ont été
offensés. Cela rachète réellement le coupable, transforme les relations en
occasion de communion et de paix.
Des exemples de ce genre se vérifient aussi dans nos Communautés. Nous
apprenons à être disponibles pour la réconciliation et, en même temps, à savoir
attendre pour laisser se calmer les sentiments et pour pouvoir regarder la
blessure sous un autre angle. Plus qu’accuser l’autre personne, nous l’informons
simplement des sentiments que son comportement a produit en nous, en lui
laissant ensuite la liberté d’accepter notre disponibilité à lui pardonner. De cette
façon, elle ne se sent pas accusée et le pardon n’a été ni vainqueur ni vaincu.
IL s’agit de parcourir de nouveaux chemins de réconciliation qui, tout en
donnant la paix, ne mortifient pas les autres ; au contraire, ils font qu’ils se
sentent entraînés dans le même mouvement. Il faut en définitive, croire à la
libéralité de Dieu, à sa compassion pour tout être humain, expression d’un
amour qui ne disparaît pas malgré nos infidélités ; un amour qui, s’il est
assimilé, devient en nous le ressort puissant du pardon, en renouvelant la pensée,
le cœur, le langage, les gestes.
Artisans de réconciliation :
Toujours au cours de la rencontre UISG, près de 800 Supérieures Générales
venant de 70 pays, en représentation d’un million de membres présents dans les
cinq continents, nous avons exprimé la conviction qu’il n’existe pas de mission
plus importante à notre époque que d’être artisans de réconciliation et
d’espérance pour le monde.
Notre dernier Chapitre reconnaissait que la communion est le rêve de Dieu sur
l’humanité ; la déclaration UISG affirme que la réconciliation est le rêve de
Dieu pour le monde. Cette coïncidence d’orientations nous aide à comprendre
que la communion demande comme condition nécessaire, la réconciliation et
reconnaît en même temps qu’elle en est le fruit. En tant que rêve de Dieu, elle a
ses racines en Lui, Source de guérison et de pardon.
Pour être artisans de réconciliation, nous devons donc demeurer en Dieu, vivre
de l’Esprit, nous laisser convertir le cœur par Lui. La réconciliation, en effet,