La Marseillaise, un hymne pour la réconciliation
Il est un fait indéniable que la diversité culturelle véhicule en son sein un
facteur d’union et non des moindres de civilisations qui fait abstraction
de tout référent idéologique, ethnique ou religieux.
De même, conviendrait-il de dire, à juste titre, que l’amalgame culturel, qui
constitue un socle solide est inébranlable quant au processus de rapprochement
des peuples, prend le dessus sur les velléités et autres desiderata des
gouvernants qui tendent à imprimer au cours de l’Histoire une orientation
beaucoup plus politicienne qu’humaniste.
A ce sujet, la musique, en général, et la chanson, en particulier, servent de lieu
de communion, de block-starter et de catalyseur des aspirations populaires,
lorsqu’on sait l’influence qu’a l’art sur les peuples. Les exemples qui étayent cette
optique profusent, mais le dernier exemple qui a été donné dernièrement par une
chanteuse française d’origine algérienne démontre on ne peut mieux que les
discours politiques prêchant la concrétisation d’une réconciliation entre deux
peuples, lesquels discours sont d’ailleurs stériles, s’avèrent impuissants devant
l’impact du message que dégage l’album intitulé La Marseillaise qui vient d’être
mis sur le marché français.
En effet, Farida verhaeghe-Amiri, une Algérienne établie en France, a
grandement étonné le milieu artistique français en éditant un album comprenant
4 chansons dont l’originalité réside dans sa reprise de l’hymne national français,
La Marseillaise, en arabe, et ce, dans différents styles allant de la techno à la
dream music.
De plus, pour dire long sur son intention beaucoup plus politique qu’artistique,
Farida verhaeghe-Amiri a fait appel à un autre Français d’origine algérienne, le
blues man, Karim Albert Kook, pour les arrangements de deux chansons.
En dehors de cette originalité surprenante du reste, l’artiste a voulu s’investir
dans un chantier beaucoup plus difficile qu’est celui de jeter les jalons d’une
forte et sincère réconciliation historique entre l’Algérie et l a France. En d’autres
termes, La Marseillaise, version arabe, est une main tendue pour la réconciliation
entres les deux pays au passé commun. D’où son grand mérite. Le fait qu’une
Algérienne chante La Marseillaise de surcroît en arabe ne signifie nullement son
désir de se l’approprier pour en faire le tube de l’été, mais démontre la
contribution effective du peuple algérien dans l’Histoire et la construction de l’Etat
français. D’ailleurs, il est plus que vrai que l’Algérie a payé un lourd tribut pour
que la France soit aujourd’hui ce qu’elle est ; c’est une vérité historique que nul
ne peut le nier. Ainsi donc, si réconciliation il y a, elle ne peut se faire au
préalable que par le rapprochement des deux peuples en passant d’abord par une
reconnaissance de la part du Quai d’Orsay des exactions commises par la France
coloniale envers l’Algérie. Pour ce faire, il a été ajouté à la Marseillaise un couplet
porteur de gros espoirs dont lequel Farida verhaeghe-Amiri invite les peuples
algérien et français à préparer des lendemains meilleurs aux enfants des deux
patries pour entrevoir un traité d’amitié solide basé sur un respect mutuel et des
intérêts communs au nom de l’humanisme. Tel est le noble message de son
album qu’on est tenté de qualifier de politique pour les deux pays aux relations
controversées.
Les dirigeants de ces derniers l’entendront-ils de cette oreille ? Feront-ils le pas
nécessaire que souhaitent les peuples des deux rives de la Méditerranée ?
Continueront-ils à souffler le chaud et le froid selon leurs humeurs au détriment
des aspirations populaires ? En tout cas pour ce qui est de la France, l’adoption
par son Parlement d’un texte glorifiant la France coloniale ne fait que retarder,
pour ne pas dire anéantir, lesdites aspirations porteuses de paix, d’amitié et de
coopération.