I. L'économie suisse en 2006
La croissance de l'économie suisse s’est accélérée en 2006 pour atteindre le taux le plus élevé depuis six
ans. Selon les estimations effectuées en décembre 2006, le produit intérieur brut en valeur réelle (PIB)
devrait avoir augmenté d'environ 2.7% contre 1.9% une année auparavant1). La hausse de la production
est restée soutenue au deuxième semestre et le taux annuel définitif sera vraisemblablement plus élevé
que la valeur estimée en décembre.
L’amélioration de la conjoncture internationale explique cette hausse de la croissance économique en
Suisse. Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la hausse du
PIB des pays membres de cette organisation a été de 3.2% contre 2.7% en 2005.2) Dans les pays de la
zone euro*) le taux a passé de 1.5% à 2.6%.
La nouvelle hausse du prix du pétrole (le prix du baril a dépassé les 70 $) n’a pas freiné la croissance
économique des pays de l’OCDE. L’appréciation de l’euro a partiellement compensé cette hausse pour
les pays de cette zone. Par ailleurs, l’importance toujours plus grande du secteur des services rend les
économies modernes moins sensibles à une hausse du prix du pétrole.
Les investissements, en particulier ceux de l’équipement, ont contribué de manière importante à la hausse
du PIB. Les exportations ont été aussi l’un des moteurs principaux de la croissance de l’économie suisse.
La consommation privée a également enregistré un taux satisfaisant, compte tenu de l'évolution du
revenu disponible des ménages.
La Banque nationale suisse a suivi la politique des autres banques centrales en augmentant
graduellement le taux d’intérêt de référence de la politique monétaire. Ce taux est le thermostat, ou à la
fois frein et accélérateur, utilisé pour assurer une croissance économique sans inflation. En décembre la
marge de variation du Libor à trois mois était de 1.5-2.5% (médiane 2%), en hausse d’un point de
pourcentage par rapport à décembre 2005. Les craintes d'une hausse du taux d'inflation expliquent ce
resserrement de la politique monétaire. Les taux à court terme ont suivi la même tendance. Par contre, les
taux à long terme n’ont augmenté que d’un demi-point.
La valeur extérieure du franc suisse, pondérée en fonction des exportations vers 15 importants
partenaires commerciaux, a baissé de 1% en 2006. Le franc suisse s'est déprécié de 1.4% par rapport à
l’euro, de 7% par rapport au dollar canadien et de 2% par rapport à la livre sterling. Son rôle de monnaie-
refuge et diversification de portefeuille s’est considérablement réduit. Le cours de l’euro est maintenant au
même niveau qu’en 1999. La dépréciation par rapport à la livre sterling corrige partiellement l’appréciation
de l’année précédente. Le dollar s’est déprécié à partir du mois d’avril. Le cours de décembre était
inférieur de 7% par rapport à celui du même mois de l’année précédente. Le yen continue à se déprécier
après l’appréciation des années précédentes. Il a retrouvé le niveau de 1986.
La monnaie de banque centrale désaisonnalisée a augmenté de 2.9% en 2006. Les billets en circulation
représentent le 88% de la monnaie de banque centrale. La variation de M3 (monnaie en circulation +
dépôts à vue + dépôts d'épargne), un agrégat parfois utilisé dans la conduite de la politique monétaire, a
augmenté de 2.5%. La baisse des dépôts à vue et des dépôts d’épargne a été compensée par une
hausse des comptes à terme.
La baisse de M1 (-0.6%) s'explique par une diminution des fonds liquides. Les dépôts à vue ont diminué
de 2.4% en 2006. Au deuxième semestre, ces fonds ont recommencé à augmenter. La hausse des taux
d’intérêt à court terme explique ce changement.
1) Les principales données de la comptabilité nationale pour 2006, utilisées dans ce rapport, sont les
prévisions du 19 décembre 2006 du groupe d'experts de la Confédération (voir SECO, Tendances con-
joncturelles, hiver 2006/07). Les autres valeurs sont des estimations que nous avons effectuées en
décembre 2006.
Ces prévisions-estimations ont des erreurs moyennes d'environ 0.6 points de pourcentage (voir Tableau I,
colonne P+1, ci-dessous).
2) Voir les Perspectives économiques de l'OCDE, No 80, décembre 2006, p. x.
*) Les pays de la zone euro sont l'Allemagne, la France, l'Italie, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg,
l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, la Finlande, l'Autriche et la Grèce.