PREVISIONS ECONOMETRIQUES POUR 2007
par
Aurelio Mattei
professeur à l'Université de Lausanne
Ecole des HEC
Des prévisions basées sur d'autres hypothèses préciser) peuvent être obtenues en utilisant le
programme qui se trouve sur notre page web (http://www.hec.unil.ch/amattei/microee.htm).
Table des matières
I. L'économie suisse en 2006 .......................................................................................... 2
II. Examen rétrospectif des prévisions pour l'économie suisse ......................................... 6
III. Le modèle révisé ........................................................................................................... 12
IV. Prévisions pour 2007 ..................................................................................................... 21
V. Comparaison des prévisions pour 2007 ........................................................................ 32
2
I. L'économie suisse en 2006
La croissance de l'économie suisse s’est accélérée en 2006 pour atteindre le taux le plus élevé depuis six
ans. Selon les estimations effectuées en cembre 2006, le produit intérieur brut en valeur elle (PIB)
devrait avoir augmenté d'environ 2.7% contre 1.9% une année auparavant1). La hausse de la production
est restée soutenue au deuxième semestre et le taux annuel définitif sera vraisemblablement plus élevé
que la valeur estimée en décembre.
L’amélioration de la conjoncture internationale explique cette hausse de la croissance économique en
Suisse. Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la hausse du
PIB des pays membres de cette organisation a été de 3.2% contre 2.7% en 2005.2) Dans les pays de la
zone euro*) le taux a passé de 1.5% à 2.6%.
La nouvelle hausse du prix du pétrole (le prix du baril a dépassé les 70 $) n’a pas freiné la croissance
économique des pays de l’OCDE. L’appréciation de l’euro a partiellement compensé cette hausse pour
les pays de cette zone. Par ailleurs, l’importance toujours plus grande du secteur des services rend les
économies modernes moins sensibles à une hausse du prix du pétrole.
Les investissements, en particulier ceux de l’équipement, ont contribué de manière importante à la hausse
du PIB. Les exportations ont été aussi l’un des moteurs principaux de la croissance de l’économie suisse.
La consommation privée a également enregistré un taux satisfaisant, compte tenu de l'évolution du
revenu disponible des ménages.
La Banque nationale suisse a suivi la politique des autres banques centrales en augmentant
graduellement le taux d’intérêt de référence de la politique monétaire. Ce taux est le thermostat, ou à la
fois frein et accélérateur, utilisé pour assurer une croissance économique sans inflation. En décembre la
marge de variation du Libor à trois mois était de 1.5-2.5% (médiane 2%), en hausse d’un point de
pourcentage par rapport à décembre 2005. Les craintes d'une hausse du taux d'inflation expliquent ce
resserrement de la politique monétaire. Les taux à court terme ont suivi la même tendance. Par contre, les
taux à long terme n’ont augmenté que d’un demi-point.
La valeur extérieure du franc suisse, pondérée en fonction des exportations vers 15 importants
partenaires commerciaux, a baissé de 1% en 2006. Le franc suisse s'est déprécde 1.4% par rapport à
l’euro, de 7% par rapport au dollar canadien et de 2% par rapport à la livre sterling. Son rôle de monnaie-
refuge et diversification de portefeuille s’est considérablement réduit. Le cours de l’euro est maintenant au
même niveau qu’en 1999. La dépréciation par rapport à la livre sterling corrige partiellement l’appréciation
de l’année précédente. Le dollar s’est précié à partir du mois d’avril. Le cours de décembre était
inférieur de 7% par rapport à celui du même mois de l’année précédente. Le yen continue à se déprécier
après l’appréciation des années précédentes. Il a retrouvé le niveau de 1986.
La monnaie de banque centrale désaisonnalisée a augmenté de 2.9% en 2006. Les billets en circulation
représentent le 88% de la monnaie de banque centrale. La variation de M3 (monnaie en circulation +
dépôts à vue + dépôts d'épargne), un agrégat parfois utilisé dans la conduite de la politique monétaire, a
augmenté de 2.5%. La baisse des dépôts à vue et des dépôts d’épargne a été compensée par une
hausse des comptes à terme.
La baisse de M1 (-0.6%) s'explique par une diminution des fonds liquides. Les dépôts à vue ont diminué
de 2.4% en 2006. Au deuxième semestre, ces fonds ont recommencé à augmenter. La hausse des taux
d’intérêt à court terme explique ce changement.
1) Les principales données de la comptabilité nationale pour 2006, utilisées dans ce rapport, sont les
prévisions du 19 décembre 2006 du groupe d'experts de la Confédération (voir SECO, Tendances con-
joncturelles, hiver 2006/07). Les autres valeurs sont des estimations que nous avons effectuées en
décembre 2006.
Ces prévisions-estimations ont des erreurs moyennes d'environ 0.6 points de pourcentage (voir Tableau I,
colonne P+1, ci-dessous).
2) Voir les Perspectives économiques de l'OCDE, No 80, décembre 2006, p. x.
*) Les pays de la zone euro sont l'Allemagne, la France, l'Italie, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg,
l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, la Finlande, l'Autriche et la Grèce.
3
Les crédits accordés par les banques ont augmenté de 4.8% au mois d'octobre 2006 par rapport au
même mois de l'année précédente. Toutes les banques ont augmenté les crédits. La hausse a éplus
forte pour les grandes banques et, encore une fois, pour les autres banques (Postfinance, Banque Migros,
etc.). Les banques cantonales et régionales ont encore perdu des clients au profit des autres banques.
Les taux d'intérêt à long terme ont augmenté d'un demi-point en moyenne annuelle. En décembre 2006,
le rendement moyen des obligations de la Confédération à 10 ans était de 2.5% après avoir atteint un
minimum de 2.85% en juin.
Le taux d'intérêt des dépôts d'épargne n’ont pas varié en 2006. Il pourra augmenter jusqu’à 1% en 2007.
La moyenne du taux à 3 mois a suivi la hausse du Libor. En décembre, le taux était de 1.65% contre
0.76% une année auparavant. Le taux hypothécaire n’a pas changé en 2006. La moyenne annuelle était
de 3%.
Comme indiqué ci-dessus, la Suisse a bénéficié de la croissance de l’économie mondiale, En effet, les
pays de l’OCDE n’ont pas été les seuls à connaître une hausse du PIB. La conjoncture économique a
aussi été excellente en Chine, en Russie et en Inde. Les pays en voie de veloppement ont enregistré
des progrès importants avec des taux supérieurs à ceux des pays de l’OCDE.
Le taux de chômage a légèrement baissé dans la plupart des pays. Il est resté stable en Irlande malgré la
forte croissance économique. L'Allemagne est le pays de la zone euro qui a enregistré la plus forte baisse
du taux de chômage. C’est en Grèce et en France que la situation sur le marché de l’emploi est la plus
difficile (taux de chômage supérieur à 9%). Le taux de chômage a augmenté au Royaume-Uni, selon la
définition utilisé par l’OCDE.
Le taux d'inflation des pays de l'OCDE, mesuré par le prix implicite du PIB, est resté bas en 2006 (2.2%),
malgré la hausse du prix du pétrole. Le risque de déflation au Japon semble s’éloigner de plus en plus.
Pour les pays du groupe des Onze
1
), le taux d'inflation, mesuré par l'indice des prix à la consommation, a
été de 2.1% en 2006, en légère hausse par rapport à 2005.
Les taux d'intérêt à long terme ont augmenté d'environ un demi-point de pourcentage dans les pays de la
zone euro, aux Etats-Unis et dans la plupart des autres pays. Ils sont restés stables au Royaume-Uni et
au Canada.
La hausse des taux à court terme a été de presque deux points aux Etats-Unis. Ils ont augmenté d’un
point dans la zone euro et sont restés stables au Royaume-Uni.
Le volume des exportations suisses devrait avoir augmenté de 9.5% en 2006. La hausse a été très forte
pour les produits alimentaires et les produits chimiques mais les autres industries ont aussi enregistré des
hausses importantes. Les exportations de l'industrie horlogère et des bijoux ont augmenté d’environ 10%.
Les exportations de marchandises vers la France, le Japon, les Etats-Unis et l’Allemagne ont bien
augmenté. Toutefois, des hausses plus fortes ont été enregistrées pour la Chine, l’Inde, les pays
nouvellement industrialisés et certains pays en voie de développement.
Les importations devraient avoir augmenté d'environ 8%. Les importations de produits alimentaires et de
métaux ont sensiblement augmenté. D'autre part, les importations provenant des Etats-Unis, de France,
d’Allemagne et d’Italie ont bien augmenté. Toutefois, comme pour les exportations, les hausses les plus
fortes ont été enregistrées pour la Chine et certains pays en voie de développement.
Les termes de l'échange se sont légèrement détériorés en 2006 à cause d'une plus forte hausse des prix
des importations. Selon des estimations encore très provisoires, le prix implicite des importations a
augmenté d’environ 2% tandis que celui des exportations a augmenté d’environ 3%.
1
) Le groupe des Onze comprend les pays suivants: les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, la
Grande-Bretagne, l'Italie, le Canada (le groupe des 7 ou G-7), la Belgique, les Pays-Bas, la Suède et la
Suisse.
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Le volume de la consommation privée devrait avoir augmenté de 1.8% en 2006. D'autre part, le chiffre
d'affaires du commerce de détail en termes réels entre janvier et octobre 2006 a augmenté de 1.9%.
Cette hausse est satisfaisante, compte tenu de la faible augmentation du revenu disponible. Les résultats
des achats de biens durables*) ont été plus contrastés.
Selon les estimations très provisoires de décembre 2006, le volume de la consommation publique aurait
baissé de 0.2%. Les dépenses d’armement ont diminué et les autres achats de biens et services n’ont pas
beaucoup varié. Cette estimation est encore très provisoire. Il faudra attendre l'estimation de l'Office
fédéral de la statistique, basée sur les comptes des collectivités publiques, pour une analyse pertinente de
la variation de ces dépenses.
Le volume des investissements dans la construction devrait avoir augmenté d'environ 0.5% en 2006. Les
logements en construction ont augmenté de 15% au troisième trimestre 2006 par rapport à la période
correspondante de l'année précédente. Par contre, l'activité est restée plus stable dans le génie civil.
Le marché des actions a terminé l’année avec un nouveau maximum, après avoir baissé de 2.9% en juin.
La hausse de l'indice SPI (Swiss Performance Index) était de 20.7% à la fin de l'année. Aux Etats-Unis,
l'indice S&P500 a augmenté de 13.6% tandis qu'en Allemagne la hausse de l'indice DAX a été de 19.1%.
L'indice suisse des prix à la consommation a augmenté de 1.1% en 2006 (moyenne annuelle). La baisse
des prix des biens importés a limité la hausse des prix. Le logement et les services publics ont subi les
hausses les plus importantes tandis que le prix des communications a continué à baisser. Les prix des
biens durables ont diminué.
L'emploi en équivalents plein temps devrait avoir augmenté de 0.8% en 2006. L'augmentation des
emplois à temps partiel a été plus forte, de même que ceux des femmes et ces deux variations sont
certainement liées. Les personnes actives de nationalité étrangère, en particuliers les frontaliers, ont
fortement augmenté. La libre circulation des personnes (accords bilatéraux avec les pays de l'Union
européenne) a certainement favorisé cette hausse de travailleurs étrangers.
Les hausses principales dans le secteur secondaires sont dans la métallurgie et l’industrie chimique. Les
activités immobilières et celles de recherche et développement enregistrent les plus fortes hausses dans
le secteur tertiaire. D’autre part, l'emploi continue d'augmenter dans la santé et les services personnels.
Par contre, l’emploi baisse dans la production d’électricité, l’industrie des machines et la réparation de
véhicules. La diminution s'est poursuivie dans l'industrie du papier et l'édition. La baisse de l'emploi dans
le secteur tertiaire concerne surtout le commerce de détail, les agences de voyage, l’administration
publique et les assurances.
Le nombre de chômeurs a diminué jusqu’en juillet 2006. Depuis lors il varie très peu. Il semble avoir
atteint un seuil difficile à franchir. Le nombre de chômeurs est au même niveau qu’en décembre 2002. En
décembre 2006, il y avait 128580 chômeurs dont la moitié avait exercé une fonction de spécialiste. Le
nombre moyen de chômeurs a été de 131532 en 2006 (-11%) dont 108558 chômeurs complets. Le taux
de chômage a passé de 3.8% à 3.3%. Il correspond à celui de la fin 2002. Le nombre de demandeurs
d'emploi a aussi diminué (-9%). Il était de 192156 en décembre 2006 contre 220999 une année
auparavant. Le taux de chômage était de 2.4% pour les Suisses et de 6.2% pour les étrangers. Dans la
classe d’âge 14-24 ans il était de 4%.
Comme toujours, on trouve de nombreux chômeurs dans le commerce, les services aux entreprises, la
restauration et l'hébergement. La restauration, hébergement est la seule branche avec un taux de
chômage de 9% en décembre 2006. Le taux de chômage est de 6.8% à Genève (décembre 2006) et
supérieur à la moyenne nationale en Suisse romande (sauf Fribourg), au Tessin et à Bâle-Ville. Le cas de
Genève s'explique par le système de travail temporaire, proposé par ce canton, qui permet pratiquement
aux chômeurs de rester dans ce statut sans limite de temps.
*) Les achats de voitures ont augmenté de 3.9% en 2006. Après quatre années de baisse, les ventes de
voitures ont retrouvé le niveau de 2004.
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