
Question 276. Pneumothorax.
Module 12. Uro-Néphro-Pneumologie
Service des maladies respiratoires et allergiques (Pr Lebargy)
TRAITEMENT
Les méthodes et les indications thérapeutiques
dépendent de 3 facteurs : la notion de pneumothorax
antérieur, l’abondance et de la tolérance de
l’épanchement et enfin son caractère primitif ou
secondaire.
Premier épisode de pneumothorax de faible
abondance peu symptomatique (décollement < 2 cm)
S’il s’agit d’un pneumothorax spontané primitif du
sujet jeune, l’hospitalisation n’est pas nécessaire. Le
repos au lit au domicile et le traitement antalgique en
cas de douleur (paracétamol : Doliprane ® ou
dextropropoxyfène : Diantalvic®) sont suffisants. Dans
tous les cas, l’arrêt du tabac est indispensable. Dans
80% des cas, on observe une résorption spontanée de
l’épanchement en 8 à 12 jours. Le risque de récidive
semble moindre que lorsque le pneumothorax est traité
par évacuation instrumentale.
S’il s’agit d’un pneumothorax secondaire, la prise en
charge est la même que précédemment mais la
surveillance sera réalisée dans une structure
d’hospitalisation (risque de majoration de
l’épanchement, risque d’insuffisance respiratoire aiguë)
Premier épisode de pneumothorax abondant
(décollement > 2 cm). Plusieurs méthodes d’évacuation
du pneumothorax sont proposées
L’exsufflation à l’aiguille consiste à introduire, après
anesthésie locale, un petit cathéter ou un trocart de
plèvre (trocart de Kuss® ou de Boutin®) dans la cavité
pleurale. Le trocart est inséré par voie antérieure, dans
le deuxième espace intercostal, à 2 cm en dehors du
sternum afin d’éviter la blessure de l’artère mammaire
interne. Il est connecté soit à une seringue munie d’un
robinet à 3 voies permettant une exsufflation manuelle
soit à une source d’aspiration murale par l’intermédiaire
d’un dispositif de type Pleurévac®. La ré expansion du
poumon est obtenue dans 59 à 73% pour l’ensemble des
pneumothorax. Divers facteurs influencent
favorablement les résultats : le jeune âge (< 50 ans), le
caractère primitif du pneumothorax et l’abondance
modérée de l’épanchement gazeux (< 50% du volume
thoracique) Le taux de récidive est de 30% pour les
pneumothorax primitifs du sujet jeune.
Le drainage pleural consiste à insérer dans la cavité
pleurale un drain souple relié à une source d’aspiration
murale par l’intermédiaire d’un Pleurévac®. Les
indications du drainage sont les échecs d’exsufflation,
les pneumothorax compressifs ou enfin les
pneumothorax secondaires. Le drain est mis en
aspiration à –20 cm d’eau, soit d’emblée soit après un
temps de siphonage de 48 heures, délai nécessaire à la
fermeture de la fistule broncho-pleurale. Le drain est
laissé en place jusqu’à la disparition du bullage puis
retiré après avoir vérifié que le poumon reste adhérent à
la paroi après arrêt de l’aspiration.
Le traitement chirurgical par thoracoscopie vidéo
assistée est indiqué en cas de persistance du bullage au
delà d’une semaine ou de décollement du poumon lors
du retrait du drain,
Pneumothorax récidivant
Au delà de la première récidive, le risque de récurrence
ultérieure est élevé (50%) justifiant la réalisation d’une
symphyse pleurale dès le deuxième épisode de
pneumothorax. La chirurgie vidéo assistée par
thoracoscopie permet de réséquer les formations
bulleuses sous-pleurales et de réaliser une abrasion
pleurale ou une pleurectomie partielle. Les résultats du
traitement chirurgical sont excellents dans plus de 95%
des cas avec un risque de récidive ultérieure estimé de 3
à 5%. Le talcage pleural constitue une alternative au
traitement chirurgical mais il est réservé aux patients
refusant la chirurgie ou présentant une contre-indication
chirurgicale (insuffisance respiratoire).
Cas particuliers
la survenue d’un pneumothorax chez un sujet ayant
un antécédent de pneumothorax controlatéral impose la
réalisation d’une symphyse pleurale chirurgicale
d’emblée.
En cas de pneumothorax bilatéral synchrone, un
drainage pleural bilatéral doit être effectué sans délai en
commençant par le côté le moins décollé. Une
symphyse chirurgicale permettra dans un second temps
d’éviter les récidives.
Les pneumothorax compressifs justifient une
décompression urgente à l’aiguille suivie par la mise en
place d’un drain thoracique
Les pneumothorax compliquant une insuffisance
respiratoire chronique obstructive sévère peuvent
bénéficier en première intention d’une symphyse
chirurgicale ou d’un talcage afin de prévenir une
récidive potentiellement fatale. Ces traitements sont
contre-indiqués lorsqu’on envisage ultérieurement une
chirurgie de réduction de volume pulmonaire ou de
transplantation pulmonaire.
Les pneumothorax traumatiques sont souvent
compliqués d’un hémothorax. Le traitement nécessite la
mise en place de deux drains thoraciques : l’un déclive
pour drainer la collection liquidienne, l’autre supérieur
pour évacuer l’épanchement gazeux. La transfusion de
culots globulaires permet de compenser les pertes
hémorragiques. En cas de d’hémorragie persistante, une
thoracotomie d’hémostase s’impose.
Le traitement médical des pneumothorax
cataméniaux repose sur l’administration d’analogue de
la LH-RH. En cas de récidive malgré le traitement
hormonal, la symphyse pleurale chirurgicale doit être
discutée en fonction de la fréquence et de la gêne
occasionnée par le pneumothorax. Elle doit être
précédée par l’exploration per-opératoire du diaphragme
et la fermeture d’éventuels pores diaphragmatiques.