dépêches Vendredi 17 février 2006 outils thématiques Dépêche n°61512 Paris, Jeudi 16 février 2006, 18:48:48 agenda recherche Florence Pagneux Ligne directe: 01 53 10 30 04 Domaine : École - Collège - Lycée AEFC 7, impasse Chartière 75005 Paris Tél : 01 53 10 39 39 Fax : 01 53 10 39 30 [email protected] SAS au capital de 61000 € SIRET : 428 167 688 000 12 APE : 724 Z TVA INTRA: FR 734 281 676 88 Rubriques : PédagogieAssociations L'association "Créer son école" défend la liberté d'enseignement L'association "Créer son école" vient de mettre au point une brochure sous forme de questions-réponses sur la création d'écoles libres et envisage d'éditer prochainement un "guide pratique complet" sur le sujet. Lancée il y a deux ans et officiellement créée en juin 2005, cette association revendique 3 000 donateurs et se présente comme une tête de réseau de 350 écoles "entièrement libres" en France. Parmi ces écoles indépendantes, dont 200 écoles primaires, figurent beaucoup d'écoles catholiques, mais aussi des écoles protestantes, juives, des écoles à pédagogie particulière et des écoles "à la Jules Ferry", précise sa présidente, Anne Coffinier. L'activité principale de l'association consiste à "accompagner les professeurs et parents, sur un plan pratique et juridique, dans la création de leur propre école indépendante", expliquet-elle. Anne Coffinier doit par ailleurs participer à la convention de l'UMP (Union pour un mouvement populaire) sur l'éducation le 22 février 2006. Elle répond aux questions de L'AEF. L'AEF: Pourquoi association? avoir créé une telle Anne Coffinier: Nous partons du principe que les parents doivent être libres dans le choix de l'enseignement de leur enfant, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Nous sommes en effet en présence d'un quasi-monopole éducatif: l'école publique scolarise dans un moule unique 82% des enfants et l'école privée sous contrat en scolarise 17%. Mais celle-ci ne propose pas une vraie alternative car elle s'est, en pratique, presque complètement alignée sur l'école publique. Nous sommes au contraire favorables à la diversité et au pluralisme, à l'image de ce qui existe dans les autres pays. Si en France, le cadre légal existe déjà pour créer une école entièrement libre, c'est-à-dire qui recrute librement ses professeurs, choisit librement sa pédagogie et ses manuels et est libre de développer un projet pédagogique qui lui soit propre, cette liberté est difficile à mettre en oeuvre pour les parents. Ils ne bénéficient d'aucune forme d'aide publique et l'école ne reçoit aucune subvention. Le but de cette association est de leur fournir des conseils pratiques pour créer l'école de leur choix mais c'est aussi de revendications liberté faire légitimes passer en certaines faveur de la d'enseignement. L'AEF: Que revendiquez-vous pour ces écoles indépendantes? Anne Coffinier: L'idéal serait la mise en place d'un chèque éducation. Le principe est simple: l'argent est affecté à l'établissement librement choisi par la famille. Si l'élève va dans le lycée A, le chèque éducation sera affecté par l'État au lycée A, que ce dernier soit privé, public, sous contrat ou pas. 2 000 euros par enfant et par an suffiraient, soit mois d'un tiers du coût d'un élève scolarisé par l'Éducation nationale aujourd'hui. L'État serait là pour informer les parents sur les écoles qui sont à leur disposition, qu'elles soient publiques, privées sous contrat ou libres. Dans les pays où ce système a été mis en place, notamment en Nouvelle-Zélande, on n'a pas assisté à une hécatombe des effectifs dans l'école publique. Mais cela a incité ces écoles à se réformer très vite. Quand on sait que les parents peuvent retirer leurs enfants à tout moment, cela pousse à réfléchir. L'autre solution serait de défiscaliser le coût de la scolarisation d'un enfant dans une école indépendante. Il n'est pas normal que les cours de soutien délivrés par les entreprises de soutien scolaire payant qui sont cotées en bourse bénéficient d'une réduction d'impôt de 50%, alors que les écoles entièrement libres, qui font faire de substantielles économies à l'État, ne sont L'AEF: Pourquoi pas du tout aidées. créer sa propre école? L'école publique n'est-elle pas satisfaisante? Anne Coffinier: L'Éducation nationale ne reconnaît en réalité pas la liberté pédagogique des enseignants. Les controverses actuelles sur la lecture en disent long sur le sujet. Tant que l'État imposait aux professeurs d'utiliser des méthodes d'apprentissage de la lecture à départ global, personne ne parlait de violation de la liberté pédagogique. Maintenant que la méthode syllabique est enfin réhabilitée, les syndicats crient au loup au nom de la liberté pédagogique des professeurs! Pourtant, les faits sont là. 40 à 50% des parents qui retirent leurs enfants de l'école publique le font à cause de la méthode globale d'apprentissage de la lecture, qui est absurde et introduit de la confusion dans l'esprit des enfants. D'ailleurs, les bons établissements privés sous contrat utilisent tous, en cachette, la méthode syllabique. Au-delà de la lecture, il est frappant de voir le nombre croissant de familles qui décident de retirer leur enfant de l'école publique, soit parce que leurs enfants s'ennuient, soit parce qu'ils se sentent perdus par le cadre impersonnel et technocratique de l'école publique. Le résultat est le même: la perte chez un nombre croissant d'enfants du goût de toute forme d'apprentissage ou de curiosité pour le savoir. Je reçois d'ailleurs une trentaine de mails par jour de parents qui cherchent à retirer leur enfant de l'école publique, car "elle les rend malades". Même des professeurs du public nous contactent car ils se sentent malheureux et inutiles à l'Éducation nationale, et veulent rejoindre un projet de création d'école pour pouvoir "enseigner" de nouveau, au vrai sens du terme. Nous avons d'ailleurs le projet de créer un centre de formation alternatif pour les enseignants, qui sont nombreux à être déçus par leur passage à l'IUFM et à nous en faire la demande. L'AEF: Quelle est la philosophie des écoles libres? Anne Coffinier: L'école libre est beaucoup plus individualisée que l'école publique. Cela ne veut pas dire que les effectifs y sont nécessairement moins nombreux. Si l'on remonte au Moyen-Âge, les classes avaient beau accueillir 40 élèves, les cours n'étaient pas collectifs. Chaque élève était suivi de manière individuelle par soucieux d'élever lui en l'enseignant, la personne. L'éducation, c'est avant tout une rencontre entre un maître et un enfant. La finalité de l'éducation, c'est la formation de la personne, dans son intégralité. Ce n'est pas de faire rentrer l'enfant dans un moule obligatoire. D'autre part, les parents ont le droit de choisir une éducation valeurs. Il qui n'est corresponde pas normal à que leurs l'école déconstruise ce que vous essayez de constuire avec votre enfant, notamment les notions d'effort, d'exigence personnelle. Il n'y a pas d'éducation possible sans relations de confiance. Les parents ayant des exigences intellectuelles un peu fortes se tournent aussi vers nous. Ils sont choqués devant l'indigence des manuels actuels utilisés dans les écoles publiques. Et c'est la même chose dans le privé sous contrat, puisque les pédagogies sont quasiment les mêmes. Dans les écoles indépendantes, on est à la merci des parents. La responsabilité, c'est la contrepartie de la liberté. Libres de choisir nos méthodes, nous sommes tenus de rendre des comptes aux parents. Nous avons une obligation de résultats! Si ce que l'on y fait n'est pas bon, l'école ferme vite faute d'élèves. Les écoles indépendantes créent patiemment et prudemment leurs manuels et leur pédagogie, à partir de l'existant. Des associations se sont lancées dans la rédaction de nouveaux manuels. S'ils sont bons, nous en ferons la publicité L'AEF: dans Quel pédagogies regard notre réseau. portez-vous sur les alternatives? Anne Coffinier: Les parents ont le choix, en fonction de leur philosophie personnelle, de s'orienter vers telle ou telle pédagogie. Ce n'est pas vraiment mon problème. J'aurais une petite mise en garde sur l'école Freinet car cette formation est finalement très proche de ce qui nationale. est On pratiqué trouve dans en l'Éducation revanche des éléments intéressants dans les pédagogies Montessori, père Faure et même Steiner. Nous n'avons pas de doctrine sur les méthodes pédagogiques à employer. On ne roule pour personne. Nous sommes pour une école du bon sens, en ce sens que nous prenons les méthodes qui marchent. Et pour nous, ce qui marche, c'est ce qui forme l'enfant dans toutes ses dimensions, en tant que personne. Contact: www.creer-son-ecole.com Dépêche n° 61512 © Copyright L'AEF - 1998/2006. Conformément au code sur la propriété intellectuelle, toute reproduction ou transmission, de cette dépêche est strictement interdite, sauf accord formel de L'AEF. Contacter L'AEF Imprimer cette dépêche retour