Eléments de corrigé : la dissertation
Depuis son origine antique où il avait une fonction religieuse et politique, en
passant par la commedia dell’arte et ses pantomimes ou encore le théâtre classique,
célébrant l’apogée de la tragédie et de la comédie, jusqu’au théâtre de l’absurde ou les
recherches scénographiques modernes, le théâtre a su être un genre multiple, jouant
avec les genres et offrant des spectacles variés.
Ceci nous amène à nous demander ce que le spectateur recherche au théâtre. Un
critique, Michel Cournot, écrit : « Nous allons au théâtre pour penser à autre chose,
pour nous distraire, nous émouvoir. Pour entendre et voir de belles choses, des choses
justes aussi, et bien dites ».
Cette formule nous permet d’étudier les différents intérêts du théâtre, comme le
divertissement, la charge émotionnelle, la portée critique ou la particularité qui fait de
lui un spectacle complet en même temps qu’une œuvre littéraire.
- Se distraire, penser à autre chose, s’évader dans un autre univers que celui de notre
quotidien : lieu de l’illusion, espace scénique séparé de la vie où se déroule une fiction
qui permet de nous éloigner de notre réalité (ex : L’Ile des esclaves de Marivaux et le
monde de l’utopie ; le corpus qui nous plonge dans l’univers des Dieux antiques avec
Giraudoux, ou celui de la transformation symbolique chez Ionesco).
- Les pièces historiques nous plongeant dans des temps anciens, avec d’autres décors,
costumes, langage ... (ex : les tragédies évoquant l’Antiquité et son contexte : Antigone,
Phèdre ... ; les drames romantiques de Hugo nous amènent en Espagne).
- Créer la détente, la gaieté : fonction du comique avec coups de théâtre, personnages
caricaturaux, jeux de scènes divers, fin heureuse (ex : la Commedia dell’arte, les pièces de
Molière et les personnages types : Arlequin, les valets impertinents, les vieux barbons ; les
travestissements ; les quiproquos / Beaumarchais et ses rebondissements multiples).
- Emouvoir, susciter des sentiments forts qui servent de catharsis, de « thérapie » :
fonction du tragique avec l’identification aux héros vivant des drames (ex : Sophocle,
Racine ou Corneille et leurs personnages en proie à leurs dilemmes, portant le poids du
destin : Antigone doit-elle obéir à son oncle Créon et laisser son frère dans le déshonneur,
ou désobéir et mourir ? Andromaque doit-elle sauver son fils en épousant son ennemi, le
meurtrier de son peuple ? Le Cid doit-il venger son père et perdre sa maîtresse, ou écouter
son amour pour Chimène et perdre son honneur ? ; ou encore la représentation de
sentiments forts et nobles, de l’amour impossible (ex : Roméo et Juliette de Shakespeare,
Ruy Blas de Hugo, Cyrano de Rostand).
L’un des attraits du théâtre est sans doute sa capacité à faire réfléchir, à observer les
hommes et la société afin de mieux examiner leurs travers et les dénoncer. Ce genre se
révèle en effet un parfait porte-parole des idées de son auteur, grâce aux personnages,
leurs traits de caractère, leurs choix, ou les valeurs qu’ils défendent les uns face aux
autres.
En effet, tous les grands auteurs ont fait passer des messages dans leurs œuvres, comme
Molière dénonçant la tyrannie des hommes ou des pères voulant marier leur fille
(L’école des Femmes, Le malade imaginaire ...), Marivaux ou Beaumarchais et la remise
en cause des privilèges des maîtres et de la hiérarchie sociale au XVIII siècle, à travers
L’Ile des esclaves ou Le mariage de Figaro (ce dernier évoquant aussi la justice, la cause
des femmes ...), ou bien, plus proche de nous, les pièces dénonçant la montée du nazisme
et de l’embrigadement dans Rhinocéros de Ionesco, en décrivant les habitants d’une ville
saisis par la même contagion ; même les pièces absurdes comme En attendant Godot