19 La Biographie, pages 168 à 175 Un ami fidèle, généreux et simple Les liens du mariage unissaient la sœur d’Atticus à Q. Tullius Cicéron - ils avaient été noués par M. Cicéron, avec lequel, depuis l'époque où ils étudiaient sous les mêmes professeurs, il vivait dans une familiarité très étroite et même beaucoup plus grande qu'avec Quintus ; on voit qu'en amitié la ressemblance des caractères a plus d'importance que les alliances de famille. Pratiquant la générosité, il évitait en même temps de se créer des ennemis en ne faisant de mal à personne et en préférant toujours, après une injure, l'oubli à la vengeance. Il avait aussi un souvenir fidèle des services reçus ; quant à ceux qu'il rendait, il se les rappelait seulement tant que vivait la reconnaissance au cœur de son obligé. Il n'eut pas de parc, pas de maisons de plaisance dans la banlieue ou sur la mer, du moins qui fussent luxueuses, et en Italie, sauf les propriétés d’Arretium et de Nomentum, il ne posséda pas de domaine ; tous ses revenus provenaient des biens qu'il avait en Épire et à Rome même. On voit par là que ses dépenses se réglaient non sur le montant de ses richesses, mais sur les calculs de la raison. CORNELIUs NÉpos, Œuvres, XXV Atticus 5, 11, 14 (extraits), traduction A.-M. Guillemin, éd, Les Belles Lettres, 1970. La mort d'Atticus Il tomba malade et tout d'abord ni lui ni les médecins ne jugèrent l'indisposition grave; ils crurent à une dysenterie, fatigue qui se guérissait rapidement et facilement. Il fut en proie à ce malaise trois mois entiers, sans autres souffrances que celles que causaient les remèdes; puis tout à coup une grave attaque de la maladie se produisit dans le bas intestin et à la fin la région inférieure du dos s'ouvrit en fistules qui donnaient du pus. Il s'abstint deux jours de nourriture et tout à coup la fièvre cessa et il y eut un ralentissement clans les manifestations de la maladie. Il n'en maintint pas moins sa résolution. Voilà comment, cinq jours après celui où il en avait commencé l'exécution, la veille des calendes d'avril, sous le consulat de Cn. Domitius et de C. Sosius, il mourut. Son corps fut transporté dans un modeste appareil, comme il avait lui-même demandé, sans aucun faste dans la cérémonie funèbre, mais tous les bons citoyens l'accompagnèrent ainsi qu'une foule de peuple. On l'enterra le long de la Voie Appienne, à la cinquième pierre milliaire, dans la sépulture de Q. Cécilius, son oncle. Cornelius NÉPOS, Œuvres, XXV Atticus , 21, 22 (extraits), traduction A.-M. Guillemin, écL Les Belles Lettres, 1970. Les richesses de l'amitié L’amitié renferme des biens innombrables! Où que nous allions, elle est à notre disposition ; il n'est point de lieu où elle n'ait sa place, de circonstance où elle gêne, où elle pèse; ainsi l'eau et le feu, comme on dit, ne sont pas plus souvent utiles que l'amitié. Et je ne parle pas ici de l'amitié vulgaire et ordinaire, qui a pourtant elle aussi son charme et ses avantages ;je parle de l'amitié vraie, de l'amitié parfaite. Car le bonheur devient plus brillant, grâce à l'amitié, et le malheur, qu'elle partage et répartit, plus léger. CICÉRON, L’Amitié, 22, traduction R. Combes, éd. Les Belles Lettres, 1993.