Comment composer avec l’incertitude en médecine générale - À propos de situations rencontrées en pathologie infectieuse Max Budowski – Raymond Wakim – Maxime Delrue Le contexte Le médecin généraliste assure les soins de premier recours et de proximité, le conduisant à gérer des troubles de santé à des stades précoces d’évolution. L'éventail des pathologies qu'il prend en charge est large. Il doit prendre ses décisions dans un délai court, celui de la consultation, avec des moyens techniques diagnostiques limités. Ces caractéristiques spécifiques des soins primaires font que nombre de décisions sont prises en situation de relative incertitude diagnostique, générant un risque pour le patient. La plupart des actes médicaux réalisés en médecine ambulatoire sont conséquents « d’une série de décisions fondées sur des données incertaines : interrogatoire et examen clinique souvent imprécis et incomplets, voire trompeurs, dont les conclusions sont souvent subjectives ; examens complémentaires d’interprétation difficile, n’apportant souvent pas une certitude absolue ; pronostic et risques évolutifs difficiles à apprécier, alors qu’ils vont justifier les contraintes du traitement et du suivi ultérieur ; résultats à attendre du traitement choisi, avantages escomptés et risques potentiels, appréciés à partir des données statistiques des études faites sur des populations sélectionnées, différentes du patient actuel ». 1 Il est demandé au professionnel de santé de porter un diagnostic adapté à la situation clinique. Mais avant de porter éventuellement un diagnostic, il est préférable qu’il puisse s’assurer que les troubles de santé présentés par son malade ne sont pas les symptômes d’une maladie grave dont l’évolution péjorative pourrait être évitée par une intervention médicale urgente adaptée : le risque évitable. Les enjeux L’incertitude est provoquée par des méconnaissances (absence de connaissance ou savoirs erronés ou bien mal utilisés), et les comportements irrationnels des individus. L’incertitude qui en résulte est liée : 1 aux savoirs sur les maladies et notamment leur évolutions ; aux compétences des médecins portant sur le diagnostic, le pronostic et à la prise en charge thérapeutique ; aux patients (contextes et ATCD, environnement et mode de vie, suivi et évolution du problème de santé) ; à une relation médecin-patient qui peut être difficile ; aux médias : la diffusion quasi immédiate d’une innovation médicale peut provoquer des risques potentiels de dommage pas toujours identifiés ou identifiables. GALLOIS Pierre Gérer l'incertitude de la pratique médicale Revue « Médecine » mars 2010 :124-126 Chaque moment de la décision médicale contient sa part d’incertitude, source de variabilité dans les jugements sur l’identification de l’action la plus appropriée. Les objectifs Le professionnel de santé, lorsqu’il formalise sa décision médicale, doit être capable de : poser une hypothèse conforme lorsqu’il est en face d’une pathologie plus ou moins bien définie, avec une situation plus ou moins claire quant à la distinction entre le normal et le pathologique (gravité, retentissement...) ; sélectionner une ou plusieurs modalités de prise en charge dans un contexte où l’information scientifique peut être ambiguë, contradictoire, pléthorique et difficilement mobilisable ou synthétisable ; estimer les probabilités de réussite de la prise en charge retenue et en observer les résultats en tenant compte des préférences du patient. La méthode 1er temps : réflexions à propos des déterminants de l’incertitude : brain storming. 2ème temps : courte présentation sur l’incertitude, l’irrationalité, la décision, le risque et le principe de précaution. 3ème temps : travail en petits groupes à propos de 3 cas cliniques. 4ème temps : discussion des propositions, synthèse et conclusion