MODULE CARDIOLOGIE L’infarctus du myocarde Dr MILLIAIRE 15 JUIN 2005 I) DEFINITION Ischémie myocardique permanente est prolongée aboutissant à la nécrose d'une partie du muscle cardiaque (>2 cm²) nécrose veut dire « mort » cellulaire donc plus de contractilité de ces cellules myocardiques nécrosées la nécrose est en rapport avec l'occlusion d'une artère nourricière du muscle cardiaque : artères coronaires l'occlusion est une conséquence de l'athérosclérose coronaire (sténose plus thrombus sur ajouter) plaques d'athérome = lipides qui se calcifie il s'agit d'une urgence vitale : « 2 heures pour sauver un coeur » au bout de 3 heures = dégâts irréversibles II) CLINIQUE Douleur de type angineuse (constructive, rétro sternale, médiane) mais : o spontanés (au repos, souvent en deuxième partie de nuit) o très intense +++ o impression de mort imminente signe d'accompagnement immédiat : o chute de la tension artérielle o troubles digestifs : douleur épigastrique, vomissements signe d'accompagnement tardif de. o Fièvre modérée (38 à 38° 5 C) o frottement péricardique résiste à la TNT toute douleur angineuse > 15 minutes = faire appel aux 15 car c'est un infarctus du myocarde jusqu'à preuve du contraire l'ECG +++ incontournable o sus décalage du segment ST traduit l'obstruction de l'artère coronaire onde en dôme de Pardée Englobe l’onde T Onde Q = pathognomonique (= spécifique) de l’Infarctus = signe de nécrose des myosites = dégâts irréversibles Survient au bout de 3 heures Onde Q anormale = large et profonde Selon la clinique et l'ECG : on décidait du traitement, c'est-à-dire de la thrombolyse (ceci avant la biologie) III) BIOLOGIE A) Dosages sanguins des CPK : créatinine phosphokinase Enzyme libérée dans le sang lors de la mort des cellules myocardiques CPK mb : spécifique du coeur (différents des CPK mm : muscles périphériques) s'élevant 4 heures après un infarctus CPK totaux > à 195 (normale < 195) CPK mb > 5 ng/ml (normale < 5) index relatif (IR) : (CPK mb/ CPK totaux) x 100 > 2,5 (normale < 2,5) restent élevés pendant 3 jours B) Troponines Ic S'élève 3 à 4 heures après un infarctus peut s'élever de manière modérée dans toutes les cardiopathies (0,6 à 1,5) si infarctus : troponines > 1,5 ng/ml restent élevés 5 jours positive, présente même sur les petits infarctus C) myoglobine S'élève très précocement (30 minutes) disponible dans certains centres moins spécifique (augmentent même pour les muscles périphériques) IV) EVOLUTION – COMPLICATIONS Pour prévenir les complications, il faut : o hospitalisé le plus rapidement possible par le SAMU o hospitalisé en unité de soins intensifs cardiologiques A) Troubles du rythme TV : tachycardie ventriculaire FV : fibrillation ventriculaire arrêt cardio circulatoire : fréquent dans les premières heures de l'infarctus du myocarde (parfois l'infarctus se présente comme une mort subite « crise cardiaque ») les cellules qui manquent d'oxygène deviennent irritables B) Choc cardiogénique (choc : tiroir) Pâleur, sueur polypnée, angoisse chute de la tension artérielle : collapsus (Tas < 80 mmHg) pouls rapide filant extrémités froides marbrure oligo-anurie En rapport avec : o étendue de la masse nécrosée o complications mécaniques (paroi fine du coeur) rupture de septum inter-ventriculaire rupture du pilier de la valve mitrale : insuffisance mitrale NB : dans le choc cardiogénique, il existe des signes d'OAP C) OAP isolée (sans choc) Inondation des alvéoles par le sérum contenu dans le sang D) Rupture du coeur dans le péricarde (décès) Du fait de l'amincissement des parois cardiaques E) thrombo-embolie Veineuse : phlébite +/- embolie pulmonaire artérielle : cardiaque +/- embolie artérielle du fait de l'alitement et la baisse du débit cardiaque dans la zone de l'infarctus, car ne se mobilise plus, part du ventricule gauche vers l'artère périphérique F) syndrome de Dressler Inflammation du péricarde dans la zone de l'infarctus quelques semaines après l'infarctus G) Complications tardives 1) Anévrisme ventriculaire Sorte de hernie vers l'extérieur du ventricule, risque de thrombus, troubles du rythme (tachycardie ventriculaire) 2) Insuffisance cardiaque chronique Le ventricule a perdu des myosites (dyspnée d'efforts, essoufflement, oedème des membres inférieurs) 3) Risque de récidive V) FORMES CLINIQUES A) Forme digestive Infarctus de la paroi inférieure du coeur signes digestifs au premier plan : douleur épigastrique, vomissements B) Forme syncopale 1) Syncope vagale Hypertonie du nerf vague infarctus inférieur bradycardie vagale qui répond à l’Atropine* 2) Troubles de conduction Nécrose des cellules de conduction (faisceau de His) bloc auriculo-ventriculaire C) Forme asymptomatique En particulier chez les diabétiques découverte fortuite lors d'un ECG du fait d'une atteinte nerveuse (système végétatif) d'où pas de signe (pas de douleur) VI) TRAITEMENT INITIAL A) Hospitalisation précoce (< 2 heures) Après 3 heures les dégâts sont irréversibles intérêt du SAMU B) Repos absolu Alitement C) Oxygène en sonde nasale Entraîne une meilleure oxygénation générale et locale oxygène à environ 3 litres par minute D) Bêta bloquants Intraveineux puis peros (contre-indications : troubles de conduction) baisse de la consommation d'oxygène du myocarde (diminution de l'effet du stress, diminution de la douleur) E) Antiagrégant plaquettaire Administré de l'aspirine* en intraveineux F) Recanalisations de l'artère occluse Par médicament : thrombolyse : fibrinolyse SAMU : thrombolyse per-hospitalière 1) But : lyser le caillot 2) Médicaments : Streptokinase*, urokinase*, rapilysin*, t-PA (actilyse)* VII) SURVEILLANCE DU TRAITEMENT EN PHASE AIGUE A) Clinique Scope (pouls, troubles du rythme, saturation) TA (collapsus, ou hypotension artérielle) douleur dyspnée diurèse température (une élévation traduit la cicatrisation de l'infarctus) B) ECG Tous les ¼ heure pendant la thrombolyse 1 ECG/jour C) Biologie CPK (augmentation puis diminution, le pic traduit la taille de l'infarctus) Troponines 1/j pendant 3 à 5 jours D) Thorax 1/j signe d'oedème pulmonaire VIII) TRAITEMENT SECONDAIRE Si absence de signe de reperfusion coronaire, augmentation du segment ST : coronarographie en urgence et recanalisation mécanique (angioplastie de sauvetage) +/- dilatation par ballonnet +/- stent thrombolyse efficace : coronarographie différée pour éviter la récidive IX) EVOLUTION TARDIVE 1er lever : 4 à 5 jours hospitalisation : 10 à 15 jours réadaptation coronaire : 2 à 3 mois o buts : réhabituer le patient aux efforts, sous contrôle médical et après preuve d'effort minimal o 3 phases : hospitalière en externe (3 séances par semaine : 20 séances au total) sous contrôle d'un kinésithérapeute, à la fin de séance, épreuve d'effort maximal libre (seule ou en club coeur et santé) o intérêt : réhabituer l'effort éduquer le patient (prévention secondaire) savoir doser l'effort meilleur reprise du travail