L`Enfant Tyran et sa famille - La systémique appliquée aux thérapies

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L’Enfant Roi et sa famille - L’Enfant Tyran et sa famille
Leurs environnements
Journée d’étude au CFTF, 22 janvier 2008
Hannelore Schrod
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, Docteur en sociologie, Thérapeute familiale
Janine Renier
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, Assistante sociale, Thérapeute familiale
Equipe de l’Unité de Thérapie familiale
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AIGS - HERSTAL ( B ) -
Introduction
Hannelore Schrod
Diapositives 1 à 8
Voir Article d’Hannelore Schrod et Janine Renier dans la Revue
« Thérapie Familiale » Genève (disponible prochainement)
Notre pratique clinique nous confronte de plus en plus à la problématique de
l’Enfant Roi, comme à celle de l’Enfant Tyran.
Ces problématiques se sont multipliées les dernières années, renvoyant au même
moment à une interrogation sur les changements sociétaux.
Les repères classiques sont devenus obsolètes et nous sommes contraints, quel
que soit le modèle de la famille nucléaire, à revoir nos bases théoriques ; « les
rôles de père et de mère, les frontières générationnelles, etc. »
Mais les concepts analytiques sont, eux aussi, « interrogeables » face à ces
nouvelles constellations familiales. (Voir les couples homosexuels avec enfants,
les familles monoparentales …).
Nous savons que chaque contexte socioculturel produit sa propre
psychopathologie laquelle s’inscrit dans un moment historique particulier.
Actuellement, nous rencontrons l’émergence du diagnostic « d’état limite »
révélateur d’une société qui cherche ses limites, « ses re-pères et ses pères ».
Notre société se caractérise, à l’intérieur de nos familles comme de nos
institutions, par trop « de mères ». Les pères ont perdu leurs certitudes et sont
à la recherche des nouvelles identités.
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Service de Santé Mentale (AIGS), rue Saint-Lambert, 84 à B4040 HERSTAL, CFTF, Centre de Formation à la
Thérapie Familiale, rue Fabry, 11 à B4000 LIEGE
2
Service de Santé Mentale (AIGS), avenue G. Joachim, 49 à B4300 WAREMME, IEFC, Institut Européen de
formation continue, rue Saint-Lambert, 84 à B4040 LIEGE
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Equipe Multidisciplinaire , voir Dia 2 : Assistants Sociaux, Infirmière sociale, Logopède, Psychiatres,
Psychologues, Sociologue de l’AIGS, Association Interrégionale de Guidance et de Santé, à B 4040 LIEGE
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L’Enfant Roi n’est jamais le fait exclusif d’une situation ou d’un contexte en
particulier. Il est le résultat d’un processus où plusieurs éléments interagissent.
La notion de l’Enfant Roi ne désigne pas seulement une figure d’enfant, mais une
forme de relation entre enfants et adultes.
C’est le rapport entre enfants et adultes qui est modifié dans nos sociétés
contemporaines. Notre société est marquée par un effacement de la différence
entre les sexes et entre les générations. Drôle de paradoxe : dans une société
qui clame le respect de la différence, se fait jour simultanément une tendance à
vouloir éradiquer toute différence.
Ceci nous amène à parler du concept d’altérité. L’altérité est une conquête
difficile et progressive. Le développement humain passe du semblable au
différent. La différence vient de séparations et de renoncements. C’est ce
processus qui conduit vers l’autonomie. Ce processus nous semble, dans la
problématique de l’Enfant Roi, à la fois accéléré et simultanément freiné.
Nous sommes plutôt confrontés à des dépendances réciproques puissantes entre
parents et enfants. Même si dans le discours dominant l’indépendance est
pourtant mise en avant-plan.
L’observation de ces dépendances pose la question des Mythes familiaux qui les
sous-tendent. Lesquels s’inscrivent dans des Mythes sociaux eux-mêmes très
prégnants et douloureusement multi référentiels.
Ce questionnement amplifie encore nos interrogations comment aider ces
familles dans l’espace thérapie familiale ?
Nous faisons la différence entre Enfant Roi et Enfant Tyran, différence que
nous aimerions travailler durant ce séminaire. Car, dans les multiples textes, les
concepts sont parfois « étrangement indifférenciés ».
Les problématiques Enfant Roi, Enfant Tyran nous confrontent à nos propres
valeurs et se pose alors la question : « comment créer des alliances
thérapeutiques ? Faut-il éviter de prendre une attitude éducationnelle ?
Comment continuer à développer une attitude de multi partialité ? Quelles pistes
thérapeutiques dégager ? Quels outils thérapeutiques privilégier ? … »
Même si nous essayons de définir avec vous les concepts Enfant Roi, Enfant
Tyran pour nos pratiques cliniques, il ne faut surtout pas utiliser ces notions pour
une stigmatisation et un enfermement dans notre travail thérapeutique.
Pendant notre Journée d’étude, nous allons aborder des aspects individuels
comme des aspects systémiques. Bien sur notre spécificité soit systémique,
d’autres courants ont enrichis notre pratique, tels que celui des thérapies
familiales intergénérationnelles ou encore celui qui évoque les concepts de la
thérapie familiale psychanalytique.
3
Nous sommes tous fortement influencés par l’approche contextuelle de
Boszormenyi-Nagy, qui a pu théoriser une complémentarité des différentes
approches.
Notre travail aujourd’hui tente de relater cette complexité dans un voyage à
travers des conceptions différentes, mais liées par la notion d’éthique
relationnelle, qui est la clé de voûte qui lie les différents éléments.
La thérapie contextuelle parle d’une éthique de l’équité pas d’une éthique des
valeurs ni des considérations morales. La notion d’éthique relationnelle renvoie à
des concepts de loyauté, de mérite, de légitimité, de confiance…..
La question de l’éthique relationnelle se pose spécialement lors du choix de nos
interventions thérapeutiques.
Chaque intervenant doit se poser la question des répercussions de son
intervention sur l’ensemble du système que se soit à un niveau individuel ou
systémique.
Nous allons parler de cette question l’après midi dans les différentes
orientations thérapeutiques.
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Facteurs d’environnements, Mythes sociaux
Janine Renier et Annie Herbillon
Présentation des diapositives 9 à 41
Article dans Revue « Thérapie Familiale » Genève
Jeu de rôle autour de la situation de Julien
Questions à 4 sous-groupes et travail en sous-groupes
Retour en séance plénière
Diapositives 42 à 46
Situation de JULIEN, 13 ans ½, 2eme année du secondaire
I) Contact préalable avec Madame Denis, Psychologue du Centre Psycho
médicosocial (Rattaché à l’Athénée)
Résumé : Madame Denis nous a contactés à la demande de ma famille de
Julien qui a souhaité ce contact préalable avec nos services.
Elle a invité les parents à demander une thérapie familiale, compte tenu
des gros problèmes rencontrés par Julien à l’école (problèmes d’apprentissage,
problèmes de comportement et de violence tant avec les professeurs qu’avec les
autres élèves), au point qu’il est menacé de renvoi définitif.
- Primaires : termine avec 80%, présente déjà problèmes de comportement.
- Vu régulièrement par Madame Denis en première année du secondaire (a réussi
péniblement) et en 2eme année également. Année scolaire totalement
compromise, va vraisemblablement doubler selon l’avis des profs et du PMS.
- Provocations envers les camarades et les profs, menaces d’incendier la maison
de l’un d’entre eux
- Bagarre avec un condisciple (nez cassé, plainte des parents), école doit
appliquer une sanction (exclusion de l’école 2 jours)
- Fume régulièrement des joints, « très mauvaises fréquentations ».
- Fait partie d’une bande de sa région (garçons de tous les âges qui fument des
joints, décès par overdose d’un de ses amis), mise à feu d’une poubelle de l’école
du quartier, refus du père de porter plainte à la police. Roule en excès de vitesse
avec moto trafiquée
5
- Se retrouvent tous les jours chez l’un d’eux. (Père = notable très connu dans la
région, tous « des fils de bonne famille »
- Madame Denis considère Julien comme déprimé et masquant sa dépression par
des passages à l’acte de plus en plus dangereux. (Menace de se suicider à 18 ans,
se tape la tête au mur lors de problèmes avec les profs)
- Parents constamment en conflit avec Julien concernant les sorties, banalisent
ou punissent de manière disproportionnée sans arriver à appliquer les sanctions
(culpabilité des parents compensée par l’achat de gros cadeaux) « Il faut qu’il
comprenne de lui-même les problèmes, on veut qu’il ait le droit à la parole, les
enfants ont droit à la parole
- C’est par-là que Madame Denis argumente son indication de thérapie familiale.
- L’important, dit Madame Denis est d’abord qu’il réinvestisse sa vie. Dans
l’attente d’un conseil de classe pour statuer sur son maintien ou non dans
l’établissement, les parents se sont mobilisés pour une consultation dans notre
centre.
2) Eléments recueillis lors du premier entretien
La maman de Julien (Catherine) téléphone au SSM en mai 2006, soit le
lendemain du conseil de classe de l’athénée fréquentée par son fils Julien.
Le premier entretien est fixé début juin et réunit toute la famille : Luc
et Catherine, les parents, Julien et son petit frère, Maxime âgé de 2 ans et demi
(voir Génogramme)
Luc est âgé de 39 ans. Il est traiteur dans une grosse entreprise et
nommé responsable. Il dirige 20 personnes et organise également des banquets
en privé. Il est l’aîné de 2 garçons. Son frère, Roger a 37 ans et est parrain de
Julien. Ses parents vivent en Ardennes et sont tous deux en bonne santé.
Catherine 40 ans et travaille comme infirmière dans un hôpital. Elle est à
mi-temps depuis la naissance de Maxime et va reprendre un 4/5ème. Elle est fille
unique. Ses parents sont décédés : son père en 94 (épileptique mort dans son lit)
et sa mère en 2000 (tumeur au cerveau). Luc et Catherine ont fait construire
près de chez la grand-mère maternelle de Catherine aujourd’hui âgée de 90 ans
chez qui elle va tous les jours.
Luc et Catherine signalent d’emblée que Julien leur a toujours causé des
soucis. A la naissance, il a fait un pneumothorax et a été hospitalisé 10 jours.
Maxime, le fils cadet âgé de 3 ans, est également avec un problème à l’anus
pour lequel il a été opéré il y a un an (suspicion de spina-bifida à la naissance).
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