d’une déficience de notre système institutionnel et une forme de rejet
extrêmement fort .
Ne peut-on pas soupçonner également de la part des Français une tentation
sourde de renoncer à la démocratie pour appeler à l’avènement de ce qu’on
appelait dans la Rome et surtout la Grèce antique un « bon tyran » ?
Qu’il y ait ou non un « bon tyran » potentiel prêt à prendre le job, ça c’est
une autre question.
Mais qu’est-ce qu’un bon tyran ?
Initialement, tyran signifiait « maître », « chef ».
Dans la Grèce antique, le « bon tyran » est apprécié par le peuple, qui le
soutient (même si le contraire n’aurait rien changé à l’ordre des choses).
Le tyran Cypsélos de Corinthe pouvait, paraît-il, se promener
sans gardes en pleine ville sans risquer quoi que ce soit. Aucun
dirigeant d’aujourd’hui ne pourrait se le permettre. Le fils de
Cypsélos, le tyran Périandre, est même classé parmi les 7 Sages
de la Grèce antique, lui dont la devise était « prudence en
toute chose ».
Et si Jules César portait le titre de dictateur, c’est bien parce que le
peuple romain, plein d’admiration, le lui avait décerné.
Un bon tyran était à l’époque un chef qui régnait sans partage et parfois par
la terreur (Cypsélos et Périandre liquidèrent les aristocrates), mais faisait
le bien autour de lui.
Cypsélos est par exemple connu pour avoir réparti les terres agricoles de
manière plus équitable. Périandre supprima les impôts à Corinthe tout en
réalisant des grands travaux.
Sans que cela ne soit en rien rassurant, ne peut-on pas voir dans
l’indifférence populaire face à des propositions ou décisions
gouvernementales jugées liberticides par les parties adverses mais en tout
cas marquées par la volonté de redonner de la vigueur à la valeur
« autorité », l’amorce d’un appel du pied pour aller encore plus loin ?
Resterait encore, donc, à trouver quelqu’un qui accepterait d’être ce bon
tyran.