Lettre boursière aux investisseurs/ No 2. Juin 2003
La psychologie des marchés
La chose la plus difficile à effectuer pour la plupart des investisseurs est de rester liquide alors
que le marché monte. En effet, il est émotionnellement beaucoup plus facile d’être « dans »
un marché qui baisse plutôt que d’être « en-dehors » d’un marché haussier. Ceci n’est pas
seulement une vérité pour les investisseurs privés ; beaucoup de professionnels sentent une
énorme pression d’être investi dans chaque période haussière, si brève soit-elle. D’où une
grande méfiance de la part des gérants de fonds de détenir une part importante de liquidités
malgré la baisse boursière des trois dernières années.
Très souvent, une réponse émotionnelle lors d’un mouvement boursier nous pousse à une
action opposée à ce que nous devrions faire. D’un point de vue objectif (non émotionnel), il
est plus agréable d’être « en-dehors » tout en souhaitant faire partie du train, plutôt qu’à
l’intérieur en regrettant d’y être. Il est en effet plus facile de se refaire d’une opportunité
manquée, alors qu’il est toujours très difficile de rattraper le terrain perdu lors d’une perte
importante.
Lors des cinq hausses correctives du marché baissier depuis 2000, la « peur » de ne pas
participer à celles-ci a généré d’énormes pertes aux investisseurs. Cette psychologie devrait
continuer à les pénaliser dans les années à venir.
Lors d’un marché haussier, « M. Marché » fait tout ce qu’il peut pour ne permettre qu’à un
minimum de personnes d’en profiter. « Il » est très fort à rendre le maximum d’investisseurs
enthousiastes après une forte hausse, et les faire paniquer après une baisse corrective.
Son travail est facilité par la nature humaine d’extrapoler la tendance la plus récente ainsi que
de se sentir très à l’aise en compagnie de la majorité de ses congénères.
Le dernier exemple en date est la hausse du marché de l’or. Le récent mouvement haussier du
métal jaune a culminé à $ 390 au début février, alors que les analystes les plus sceptiques
commençaient à sortir des commentaires positifs sur son potentiel. Ces mêmes analystes ont
tourné leur veste fin mars après la saine correction sur son support de $ 320 (voir
commentaire dans la « lettre boursière aux investisseurs/No 1). Depuis lors, les cours sont
progressivement remontés, proches de leurs anciens sommets, consolidant entre $ 350 et $
370. Ce ne sera certainement pas avant que le cours repasse au-dessus de $ 400 que l’intérêt
général reviendra et annoncera une nouvelle période de correction. Nous ne sommes qu’au
tout début d’une longue hausse de l’or qui devrait amener son cours au-delà de celui qui
prévalait au début des années 80. Malheureusement, peu d’investisseurs participeront, trop
préoccupés qu’ils sont, par les mouvements à court terme dus aux fluctuations
psychologiques.
A l’opposé, « M. Marché » est également très à l’aise pour faire en sorte que la majorité des
participants restent investis dans les périodes de baisses prolongées, et même, à leur faire
investir encore plus au sommet de chaque rebond. Cela a été le cas depuis trois ans. Avec
comme exemple le plus flagrant, les « nouveaux marchés » qui pour certains ont perdu
jusqu’à 90 % de leur valeur, entraînant plus d’investisseurs avec chaque rebond passager.
R U E D E N E U C H A T E L 1 , 1 4 0 0 Y V E R D O N - L E S - B A I N S
T É L É P H O N E : 0 2 4 4 2 3 5 3 7 0
JW. Gestion de Fortunes
Jacques Winter