La mondialisation I - Les investissements directs Le mouvement des capitaux est impressionnant (1400 milliards de $ par jour environ ), mais ce n'est peut être pas ce qui est le plus inquiétant. La vraie peur provient de la capacité qu'auraient désormais les FMN (Firmes Multi Nationales) à délocaliser leurs sites de production d'un pays à l'autre dans des délais très rapides. Toutefois, si le capital semble être devenu aujourd'hui totalement mobile, il ne faut pas exagérer le phénomène. - D'une part, les investissements étrangers représentent encore une part réduite de l'investissement total au sein de chaque pays ( 1 % en moyenne en 1980; 4 % aujourd'hui ). - D'autre part, les critères de localisation avantagent plutôt les pays développés. A - Les investissements directs sont, en majeure partie concentrés dans les pays étrangers. Les investissements directs ( implantation d'unités de production à l'étranger) sont, en majeure partie, concentrés dans les pays industrialisés. Les flux d'investissements directs à l'étranger ont explosé dans les années 80. Après, on note un ralentissement brutal en 1990 - 92 (provoqué par la récession aux USA). Contrairement à l'opinion communément admise, les flux d'investissements directs sont pour la plupart ( pour les 2/3 ) le fait des pays industrialisés (USA, Japon, Europe). En effet, c'est dans les pays industrialisés que l'on trouve les ressources qui permettent de produire plus aisément. Le ralentissement de la croissance accompagné d'un mouvement de concentration a conduit les entreprises à réduire leurs coûts pour réaliser des économies d'échelle sur le plan productif et commercial. De plus, la législation a évolué dans un sens favorable aux délocalisations - On ne les considère plus aujourd'hui comme un danger mais on a plutôt tendance à les valoriser car elles créent des emplois et permettent d'effectuer des transferts de technologie. B - L'accès aux marchés devient la motivation principale des entreprises La part des ID ( investissements directs ) dans les PVD ( pays en voie de développement ) est moins importante que l'on puisse penser. Elle a toutefois augmenté depuis le début des années 90 avec notamment les investissements en Chine. Aujourd'hui, il s'agit bien entendu et comme toujours de contourner les barrières protectionnistes pour accéder au marché local mais également de s'intégrer dans la DIT ( Division Internationale du Travail ). Il n'est pas rare que les entreprises multinationales trouvent dans certains pays non seulement de la main d’œuvre relativement qualifiée à bon marché mais encore des infrastructures tout à fait satisfaisantes. Ceci a entraîné des délocalisations importantes dans le secteur du textile, de la chaussure ou encore dans celui de l'électronique et de l'informatique. Il n'est plus forcément pertinent de produire dans les pays pauvres et de vendre dans les pays riches - c'est, à vrai dire un peu dépassé. C'est le fait de pouvoir accéder à un marché qui devient la motivation principale des entreprises et ceci d'autant plus que le pouvoir d'achat des populations locales augmente. II - La globalisation financière La crise mexicaine en 1995 a mis en évidence l'importance des phénomènes de "Globalisation Financière". La dévaluation du Peso mexicain a entraîné un retrait des capitaux étrangers placés dans ce pays, un effondrement de la Bourse et une récession brutale. Mais surtout, la crise mexicaine a révélé la crainte d'une incapacité de l'état mexicain à faire face à ses échéances. En bref, cette crise a entraîné un risque de propagation au reste de l'Amérique Latine, voire au reste du monde industrialisé. La crise mexicaine révèle donc à l'échelle planétaire, l’existence d'un risque lié à la mondialisation des capitaux. A - Le risque du développement du marché des capitaux En théorie, la libéralisation financière devrait permettre une meilleure allocation de l'épargne et une diminution du coût du crédit (baisse des taux d'intérêts). La libéralisation financière résulte tout d'abord des décisions prises par les Gouvernements des grands pays industrialisés. La finance n'est pas un mal en soi. En effet, la dynamique du capitalisme est fondée sur le crédit. Beaucoup de projets ne pourraient voir le jour sans le recours au crédit bancaire. En pratique, l'instabilité des taux de change et des taux d'intérêts, la multiplication des produits financiers complexes destinés à y faire face (système de couverture de change etc.), la multiplication des acteurs et l'extension de leurs liens à l'échelle mondiale ont transformé le monde financier. Les risques spéculatifs (et ses opportunités) sont devenus énormes. La valeur des actifs financiers demeure sur les revenus tirés des biens réels (terrains, entreprises, matières premières), mais le comportement moutonnier des acteurs et la recherche de gains spéculatifs peut se traduire par une déconnexion entre la valeur des actifs sur les marchés financiers et leur rentabilité réelle. Certes, les "Bulles Spéculatives" finissent toujours par se dégonfler, mais cela peut prendre du temps et se traduire par de sérieux risques. Les financiers eux-mêmes réagissent : Ex. George SOROS : Le défi de l'argent. Pour lui, les dérives des marchés financiers représentent un risque aussi dangereux pour les sociétés démocratiques que les idéologies extrémistes. Ex. Jean-Baptiste de FOUCAULT, au printemps 1996, lance un appel à une autodiscipline des marchés financiers afin de limiter les effets pervers notamment dans le domaine social. Le monde de la finance s’imprègne-t-il d'une certaine éthique ? L'autodiscipline remplace-t-il l'état dans son rôle de garant de l'intérêt général ? B - L’importance des taux d'intérêts Savoir si la finance handicape ou non le développement de l'économie réelle, se mesure aussi au niveau des taux d'intérêts. Quand les taux d'intérêts sont supérieurs au taux de croissance nominal (taux de croissance en volume + taux d'inflation), l'économie financière peut pousser l'économie réelle dans la récession en aspirant plus d'argent qu'il ne se crée d'activités nouvelles. Dès lors Les entreprises auront tendance à préférer les investissements financiers aux investissements productifs. Cette situation a pour effet de casser la croissance et n'est pas soutenable sur une longue période. En France, la situation évolue. Après avoir mené une politique de taux d'intérêts élevés pour casser l'inflation et maintenir à tout prix le taux de change Franc / Mark après la réunification, les autorités politiques s'efforcent de corriger leurs excès antérieurs. Il s'agit en effet, de ne pas décevoir les espoirs de baisse des taux liés à la libéralisation des marchés. Par ailleurs, la finance agit également sur le niveau de consommation dans la mesure ou les taux d'intérêts peut influencer le comportement du consommateur. Le niveau des taux d'intérêts conditionne directement le niveau d'épargne donc de consommation ainsi que les plus ou moins grandes facilités de crédit. C - Les états peuvent-ils encore procéder à des actions de régulation ? En bref, es états risquent de se trouver impuissants à exercer des actions de régulation face à l'explosion du marché des capitaux. Trouver de nouveaux modes de coordination entre les pays est donc l'un des enjeux majeurs de la période actuelle. Il est donc souhaitable d'imposer des garde fous (ex. Taxes) pour enrayer les vagues spéculatives. Mais cela supposerait une accentuation des contrôles étatiques et cela va un peu à l'encontre des choix libéraux effectués. III - Globalisation, emploi et inégalités A - Le commerce extérieur crée t-il ou détruit - il des emplois Comment l'ouverture internationale influence-t-elle l'emploi ? La mesure des effets sur l'emploi du commerce Nord-Sud fait l'objet de vives controverses entre les économistes. La méthode la plus courante est celle dite des "Contenus en Emplois". - On calcule le nombre d'emplois nécessaires aux exportations ainsi que le nombre d'emplois qui auraient été nécessaires pour produire les importations. En appliquant cette méthode à la France, Claude VILMONT et F. FAHRI, montrent que la France a gagné 120 000 emplois grâce au commerce extérieur en 1995. Cette méthode est, cependant, très contestée pour l'évaluation du commerce avec les PVD. En effet, les produits fabriqués par les PVD ne sont quasiment plus fabriqués en occident ou alors, on les produit mais en utilisant des techniques incorporant beaucoup de capital donc faibles en emploi. Un calcul de l'anglais Adrian WOOD, estime au contraire, que nous perdons 500 000 emplois, mais les hypothèses formulées sont aussi contestées car, il estime que pour produire les importations on utiliserait plus de travail. Pour l'Américain R. LAWRENCE, l'essor du commerce Nord-Sud explique tout au plus un point des 12,7 % de chômage aujourd'hui en France. Concernant le commerce extérieur français -- d'une manière générale, l’insertion de la France dans l'Union Européenne a plutôt des effets positifs sur son commerce extérieur..... * En effet, la majorité des exportations (64 %) et des importations (61 %) de la France provient de l'Union Européenne qui constitue un marché stable, à l'abri des fluctuations monétaires. En effet, dans les pays de la zone Euro, les incertitudes liées aux variations des taux de change disparaissent. * Les clients européens demandeurs de produits de qualité encouragent la France à se spécialiser dans des produits " haut de gamme". * L insertion de la France dans l'économie européenne favorise les regroupements d'entreprise et donne naissance à des groupes européens beaucoup plus compétitifs sur les marchés internationaux. -- ... toutefois, la France reste très dépendante de la conjoncture internationale. Bien que l'Europe soit le principal partenaire de la France, une part importante des échanges de certains pays européens (comme l'Italie où l'Allemagne) se réalise hors d'Europe. Une récession économique dans les pays tiers pourrait donc avoir des répercussions sur les résultats du commerce extérieur allemand ou italien (baisse des exportations), cette baisse des exportations pourrait freiner la croissance des pays de l'union, qui à son tour risquerait de freiner les échanges intra européens. La France n'est donc pas à l'abri des crises économiques mondiales. D'autre part, les crises financières internationales peuvent aussi avoir des répercussions sur le commerce extérieur français. Une baisse brutale du cours des titres (actions, obligations) aux États-Unis par exemple pourrait avoir un effet dépressif sur l'économie américaine (le patrimoine des agents économiques diminue, ces mêmes agents réagissent alors en diminuant leur consommation), la baisse des importations américaines qui en résulteraient contribuerait à détériorer les résultats du commerce extérieur français. La France n'est pas non plus à l'abri des variations des taux de change entre l'euro et les autres monnaies. Une trop forte appréciation de l'euro freinerait les exportations, une trop forte dépréciation favoriserait les exportations mais à plus long terme renchérirait le coût des importations. B - L'Economie mondiale accentue t-elle les écarts de niveau de vie Non. Tout enrichissement des uns ne se traduit pas forcément par un appauvrissement des autres. Ce n'est pas parce que les Chinois ou les Coréens deviennent plus riches, que nous devenons plus pauvres. Mais l'économie de marché ne garantie pas spontanément ce résultat vertueux. La concurrence peut provoquer une situation déflationniste. Il est donc nécessaire de trouver des mécanismes de soutien à la demande. La répartition du revenu est très inégalitaire dans les pays. Les politiques sociales sont insuffisantes. Le développement doit être durable et ne doit pas se fonder sur l’épuisement des ressources naturelles. Or ces 3 conditions ne sont pas réunies aujourd'hui : - La coordination des politiques économiques est encore insuffisante. A ce niveau, l'Euro représente peut être un espoir ? - L'absence de politiques sociales dans les régions du sud aboutit à une exploitation des travailleurs dans beaucoup d'endroits de la planète. - Les modes de croissance ne sont pas assez respectueux de l'environnement ce qui risque de provoquer des conflits à l'avenir. C - la mondialisation explique-t-elle la montée des inégalités ? Il est incontestable que les PVD exercent une concurrence sérieuse dans certains secteurs (jouet, confection, chaussures...), . Le salaire d'un chinois est 20 fois inférieur à celui d'un français !! Celui ci doit -il alors réduire ses prétentions tomber dans le chômage ? Faut-il réduire les salaires ? Pas nécessairement car, ce ne sont pas seulement des individus qui sont la concurrence sur le marché mondial mais également des entreprises et des nations. Ex. : Le vêtement - suffit-il d'une main d’œuvre abondante pour développer les exportations dans ce domaine ? Non, car pour fabriquer et exporter des vêtements, il faut aussi savoir : - négocier les contrats - respecter les normes de qualité et de délais - disposer de réseaux de transports et de communication efficace - disposer d'une administration qui garantie la bonne exécution des contrats C'est pourquoi de nombreux PVD qui comptent pourtant une main d’œuvre non qualifiée abondante, sont incapables de concurrencer nos productions. En fait, il faut toujours disposer d'une main d’œuvre qualifiée et d'un environnement institutionnel favorable pour exporter même si les produits sont à faible contenu technologique. Le Commerce International ne met donc pas en concurrence des individus, mais plutôt des états. Dans les pays émergents, les salaires sont effectivement inférieurs à ceux des pays riches. Mais cela est vrai de tous les salaires, y compris ceux des travailleurs qualifiés. Rien de très étonnant car, faire travailler ensemble des personnes de qualifications diverses suppose un minimum de cohésion sociale, laquelle ne peut être obtenue si les écarts sont trop grands. Si les salaires sont faibles dans les PVD ce n'est pas en vertu de la loi de l'offre de la demande mais cela tient simplement au fait que la faible qualification restreint la productivité globale de l'appareil productif, ce qui limite la quantité de richesses produites par habitant => la rémunération moyenne du travail ne peut donc y être très élevée. A l'inverse, dans les pays développés, la productivité du travail permet de rémunérer beaucoup mieux le travail non-qualifié. Cela est d'ailleurs une condition du maintien de la cohésion sociale. En fait, si les salaires ont tendance à baisser c'est en raison du chômage qui pousse à la dévalorisation de la qualification. Le chômage permet aux employeurs d'opérer une sélection qui profite aux candidats les plus qualifiés même s'il s'agit de postes à occuper qui ne nécessitent aucune qualification particulière. .