Il existe bien entendu des exceptions au principe de recrutement par la taille, qui sont
constituées en particulier des séquences de recrutement avec la stimulation électrique
musculaire et, surtout, en connexion avec l'activité excentrique.
L'idée que les fibres rapides jouent un rôle particulier et primordial dans l'activité
excentrique, est corroborée par la répartition des dommages cellulaires observés après
un exercice excentrique. Le dommage est le plus rapporté sur les fibres de type II. Ces
dernières sont donc intrinsèquement plus exposées aux blessures résultant de
l'excentrique et de plus, elles sont recrutées préférentiellement dans ce type
d'activité.
Sur le plan de l'activation neurologique, on sait depuis longtemps que, pour une force
musculaire donnée, l'activité EMG intégrée est nettement plus basse pendant l'activité
excentrique que durant l'activité concentrique, ce qui conforte l'idée que durant
l'excentrique, la charge est supportée par moins d'unités motrices, autrement dit que la
force produite par fibre ou par unité de section est plus grande.
L'adaptation à l'exercice excentrique est également classique, "la protection"
apparaissant quelques 5 à 7 jours après un premier entraînement excentrique, pouvant
durer jusqu'à 4 à 6 mois. La stimulation de la synthèse de différentes protéines
musculaires, liées ou non à la transmission des forces à l'intérieur de la cellule lésée,
comme aux cellules adjacentes, a clairement été démontrée. En particulier, la titine et la
desmine sont particulièrement sensibles à ce type de travail et leur taux de synthèse
accrue est bien démontré après entraînement excentrique.
La force produite pendant ce type de mouvement, est évidemment considérablement
plus grande que la force isométrique et varie avec la vitesse. Lorsque la vitesse
d'étirement s'accroît, la force tend vers un plateau, atteignant une valeur d'environ 1.8
fois la force isométrique en moyenne. Cette valeur est évidemment à moduler selon le
type de muscle et sa composition en fibres musculaires (figure 11).
L'augmentation de force en excentrique est expliquée d'après le modèle de Huxley :
durant l'étirement, les portions compliantes S2 de la myosine vont être étirées au-delà
de ce qui est normalement le cas durant la contraction isométrique. Si l'étirement est
relativement lent, une certaine proportion des ponts actino-myosines, va encore pouvoir
réaliser tout le cycle d'attachement, rotation et détachement (figure 12).