Le béhaviorisme pur réfutait donc l’existence d’un esprit en tant qu’entité à part capable d’agir sur le
corps ; le béhaviorisme méthodologique tentait de comprendre celui ci en terme de ses mécanismes. Ainsi,
on se demanda si on pouvait assimiler l’esprit à une machine, question qui prends de nos jours tout son
sens depuis la naissance de l’intelligence artificielle. Inversement, on se demanda si l’on pouvait attribuer
une quelconque activité mentale aux ordinateurs et surtout, si ils étaient capables d’en avoir conscience.
Selon la théorie comportementaliste, on aurait pu déduire que les machines avaient une certaine forme de
conscience. Une objection à ceci saurait été le fait qu’ils étaient limités à la manière dont ils étaient
programmés, mais d’après les théories modernes, les humains seraient également programmés ; par leur
code génétique, leur conditionnement et leur expérience. De plus, certains programmes étaient évolutifs et
adaptatifs, on pouvait donc les qualifier d’intelligents mais pouvait on pour autant leur attribuer une
conscience ? Cette question en posa une autre, plus fondamentale : la conscience était elle une propriété de
la matière organisée ?
Au 20e siècle, une direction différente fut prise par le philosophe Gilbert Ryle qui s’intéressa de près au
langage. Pour lui, l’opposition entre le corps et l’esprit serait né d’une erreur de vocabulaire, car ils
auraient en fait été deux façons différentes de parler de la même chose. Il tenta entre autres de démontrer
qu’un acte n’était pas le résultat d’une pensée antérieure ; il dit que ce qui différenciait un acte intelligent
d’un autre était le fait de penser à ce que l’on faisait lorsque l’on agissait (de prendre conscience de cet
acte), ce qui aurait en fait constitué une seule et même chose. Parallèlement, les philosophes de cette
époque déclaraient que l’introspection était la forme de recherche la plus immédiate et en quelque sorte la
plus fondamentale. Or, par introspection, on se rendait aisément compte que beaucoup d’événements
mentaux n’étaient pas visibles à l’extérieur.
Wittgenstein, lui, admettait l’esprit, mais était persuadé que le dialogue intérieur (la pensée avec des
mots) en constituait la base ; il renia donc l’existence de l’introspection car celle ci aurait dû précéder la
pensée. Pour lui, les mots seraient venus d’eux mêmes et nous apprendrions à nous connaître en apprenant
le langage de la société qui nous entoure. Cette idée était également avancée par le linguiste Benjamin
Whorf. Mais, malgré que le langage conditionne une grande partie de nos points de vue, des pensées sans
langage sont possibles, des pensée visuelles, spatiales ou affectives, par exemple.
Un grand paradoxe a subsisté jusqu'à la seconde moitié du 20e siècle ; on ne reconnaissait comme réel
que ce que la science pouvait expliquer, niant par là tous les phénomènes de la conscience, mais presque
aucun scientifique n’y croyait vraiment. C’était la « théorie » et tout le monde savait que les choses
n’étaient pas vraiment comme ça, mais c’était bien pratique dans le sens où on n’avait pas besoin d’aller
chercher plus loin. Seulement, les événements de la vie quotidienne et l’expérience de chaque homme face
à son propre esprit semblait alors plus réels aux gens que les lois physiques soi - disant unique source de
vérité faisant ainsi, comme le disait un auteur dont j’ai oublié le nom, de chaque être humain un