britannique de 1873 à nos jours) par le capitalisme britannique mais surtout américain. En
effet les OPA sont facilitées par le marché des eurodollars. L’industrie britannique est
dépecée, absorbée par les firmes américaines, les filiales sont éliminées : on parle alors de 51°
Etat américain. La rationalité industrielle passe après une réflexion à court terme fondée sur le
profit immédiat.
La désindustrialisation est d’autant plus forte qu’il n’y a ni planification comme en
France, ni intervention du système bancaire pour épauler l’industrie en difficulté. Le sommet
du déclin est atteint après le premier choc pétrolier (renforcement de l’impression de grande
faiblesse). En 1975, la VA recule, ainsi que les parts de marché en produits manufacturés ; en
1990, la GB exporte pour 24,6 % de produits manufacturés, conte 9,1 % en 1979. Les années
70 sont marquées par une forte inflation. Les gouvernements Wilson (74-76) et Callaghan
(76-79) accentuent le déficit et assouplissent la politique monétaire, mais ne parviennent qu’à
relancer l’inflation qui dépasse les 15 % en 1976. D’où une grave crise de change en mars et
l’emprunt de 3,6 milliards de livres au FMI (opération rare pour un Etat après 45). La GB
entre dans un cercle vicieux de la stagflation (inflation et production ralentie), le chômage se
développe (4,1 % de la population active en 79). Ce constat explique la révolution
thatchérienne (miam, ça donne envie) qui vise à changer les règles du jeu pour redresser les
comptes, stabiliser la monnaie et assurer le retour à l’équilibre.
2. Le Thatchérisme : un programme et une politique
Pour Farnetti, le néo-libéralisme de la « dame de fer » ne se caractérise pas tant par son
néo-keynésianisme que par l’hétérodoxie (« réunion éclectique de courants théoriques que
seules des fins politiciennes ont arbitrairement réunis » selon Farnetti) monétariste pratiquée
dont l’objectif affiché est de casser l’inflation. Thatcher mène une politique de contrôle de
l’évolution des agrégats monétaires aux effets contrastés (elle est forcée de changer à
plusieurs reprises les indicateurs) et de contrôle strict du déficit budgétaire, principale cause
de l’inflation selon elle. Elle mène un programme de désengagement de l’Etat sur le plan
industriel et sur le plan de la régulation économique. L’investissement public passe de 12,5
milliards de livres en 65 à 2,4 milliards en 86 (divisé par 5) et continue à décroître après 87.
Thatcher veut développer une « révolution néo-libérale » pour sortir le RU de la
socialisation qui s’est emparée du corps social et bride le dynamisme du pays (conformément
aux théories de l’économie de l’offre, notamment Laffer). Elle redonne l’avantage à l’offre en
faisant baisser le poids de l’Etat : la déréglementation financière est présentée comme un
moyen de faire diminuer les coûts de financement et d’assurer l’équilibre épargne
investissement.
Sur le marché du travail, le poids syndical est brisé, notamment la grande grève des
mineurs qui lui gagne le charmant surnom de dame de fer. Les Employment Acts (80, 82 et
88) mettent fin au monopole syndical à l’embauche (closed shops) : les syndicats ne sont plus
un intermédiaire obligé à l’embauche. Ils obligent la démocratisation des syndicats (vote
secret) et instaurent un cadre juridique pour les revendications et des grèves syndicales
(obligation de faire décider la grève à bulletin secret, voyez Les Virtuoses si vous
connaissez…). Tout manquement juridique est passible de pénalités salariales. À partir de 85,
les wage councils voient leur importance diminuer. Ils n’ont plus leur mot à dire sur les
conditions de travail.
La révolution thatchérienne entraîne donc plus de flexibilité sur le marché du travail, une
réduction de la portée des licenciements abusifs ; la mobilité des travailleurs est encouragée,
l’harmonisation des droits à la retraite favorise les salariés mobiles. Thatcher recherche une
diminution du coût du travail pour faciliter l’embauche. Elle met en place des dispositifs
d’intéressement des salariés aux entreprises, un partage des profits, des stock-options… afin
d’améliorer la compétitivité et de faciliter les restructurations.