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Le moi n’est-il qu’un résidu ?
Il est manifeste que, malgré le radicalisme qu'il exige dans l'absence de présuppositions, Descartes possède d'avance un but, en vue
duquel la percée vers cet ego doit servir de moyen. Il ne voit pas qu'il a déjà abandonné ce radicalisme dès lors qu'il s'est laissé
convaincre de la possibilité de ce but et de ce moyen. La simple décision de l'épochè, la simple décision d'une abstention radicale à
l'égard de toute donnée préalable, de toute validité préalable du mondain, n'ont encore rien fait. Il faut que l'épochè soit, et reste
accomplie sérieusement. L'ego n'est pas un résidu du monde, mais la position absolument apodictique qui n'est rendue possible que par
l'épochè, que par la mise entre parenthèses de l'ensemble de la validité du monde, et qui est ainsi rendue possible comme quelque chose
d'unique.
HUSSERL, La Crise des sciences européennes…, § 18, « Tel », Gallimard, 1976, p. 92.
8. KANT
Le je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations, car autrement serait représenté en moi quelque chose qui ne pourrait
pas du tout être pensé, ce qui revient à dire ou que la représentation serait impossible, ou que du moins elle ne serait rien pour moi. La
représentation qui peut être donnée avant toute pensée s'appelle intuition. Par conséquent, tout le divers de l'intuition a un rapport
nécessaire au je pense dans le même sujet où se rencontre ce divers. Mais cette représentation est un acte de la spontanéité, c'est-à-dire
qu'on ne saurait la considérer comme appartenant à la sensibilité. Je le nomme aperception pure pour la distinguer de l'aperception
empirique, ou encore aperception originaire parce qu'elle est cette conscience de soi qui, en produisant la représentation, je pense, doit
pouvoir accompagner toutes les autres, et qui est une ou identique en toute conscience, ne peut être accompagnée d'aucune autre.
KANT, Critique de la Raison pure, « Quadrige ». Puf, 1984, p. 66.
Citations concernant La conscience (le doute, l’identité, penser, réfléchir, le sujet)
« Beaucoup de réflexion et non beaucoup de connaissances, voilà à quoi il faut tendre » DEMOCRITE, Pensées
« Connais-toi toi-même (et tu connaîtras l’univers et les Dieux) » PLATON, phrase chère à Socrate, commentée par Critias dans le
Charmide 164d -171c et devise inscrite au fronton du temple d’Apollon à Delphes. Formule attribuée initialement à Thalès, l’un des sept
sages de l’antiquité
« (…) nous n’avons recours à ce qu’on appelle réflexion que parce que la connaissance nous échappe » PLATON, Le banquet
« Ce fut l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. (…) Apercevoir une
difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance (et c'est pourquoi aimer les mythes est, en quelque manière se montrer
philosophe, car le mythe est composé de merveilleux). Ainsi donc, si ce fut pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se
livrèrent à la philosophie, il est clair qu'ils poursuivaient la science en vue de connaître et non pour une fin utilitaire. (…) Mais, de même
que nous appelons homme libre celui qui est à lui-même sa fin et n'existe pas pour un autre, ainsi cette science est aussi la seule de toutes
les sciences qui soit libre, car seule elle est à elle-même sa propre fin » ARISTOTE, Métaphysique, A, 2, 982 b10-25
« (…) les pensées sont comme les éclaireurs et les espions des passions, rôdant de tous côtés pour trouver le chemin des choses désirées »
HOBBES, Léviathan
« Le moi est haïssable » PASCAL, Pensées I IX §23
« L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour
l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui
le tue, puisqu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée.
C'est de là qu'il faut nous relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le
principe de la morale » PASCAL, Pensées 347
« (…) pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et
remarquant que cette vérité : Je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des
sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la
philosophie que je cherchais » DESCARTES, Discours de la méthode IV
« (…) la réflexion n’est autre chose qu’une attention à ce qui est en nous » LEIBNIZ, Nouveau essais sur l’entendement humain III, XI
« La plupart ne pensent que comme il plaît à tout ce qui les environne » FONTENELLE, Du bonheur
« J’ose presque assurer que l’état de réflexion est un état contre nature, et que l’homme qui médite est un animal dépravé » ROUSSEAU,
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes
« Chacun croit donc penser juste » HELVETIUS, De l’esprit II, IV
« Ce n’est point ma façon de penser qui a fait mon malheur, c’est celle des autres » de SADE, Lettre à Mlle de Sade, novembre 1783
« Ce qu’est le sujet, c’est la série de ses actions » HEGEL, Principes de la philosophie du droit, §124
« La conscience théorique considère ce qui est et le laisse tel qu’il est. La conscience pratique est, au contraire, la conscience active qui
ne laisse pas ce qui est tel qu’il est, mais y introduit des modifications et engendre d’elle-même des déterminations et des objets »
HEGEL, Propédeutique philosophique Introduction
« Mon point de vue est uniquement celui de la réflexion, consultation de la raison toujours fidèlement communiquée »
SCHOPENHAUER, Le monde comme volonté et comme représentation Préface de la seconde édition
« (…) Fichte n’a pas pris garde qu’avec le sujet (de quelque nom qu’on l’appelât) était posé l’objet, sans lequel le sujet est
inconcevable » SCHOPENHAUER, Le monde comme volonté et comme représentation I 7
« On reconnaît à la mine de la plupart des gens que chez eux la vue remplace entièrement la pensée » SCHOPENHAUER, Aphorismes
sur la sagesse dans la vie V