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La CONSCIENCE
Textes
1. DESCARTES
Existe-t-il quelque chose de tel que le moi ?
Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé, qui emploie toute son industrie à me tromper toujours. Il n'y a donc point
de doute que je suis, s'il me trompe; et qu'il me trompe tant qu'il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien tant que je penserai
être quelque chose. De sorte qu'après y avoir bien pensé et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir
pour constant que cette proposition : je suis, j’existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois en
mon esprit.
DESCARTES, Méditations métaphysiques, II, GF Flammarion, 1979, p. 79-81.
2. HUME
Il y a certains philosophes qui imaginent que nous avons à tout moment la conscience intime de ce que nous appelons notre moi; que
nous sentons son existence et sa continuité d'existence; et que nous sommes certains, plus que par l'évidence d'une démonstration, de son
identité et de sa simplicité parfaites [...] Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j'appelle moi, je bute toujours sur
une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir.
Je ne peux me saisir, moi, en aucun moment sans une perception et je ne peux rien observer que la perception.
HUME, Traité de la Nature humaine, I, 4, 6, trad. André Leray, Aubier, 1983, p. 342-343.
3. PASCAL
Celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non; car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne
l'aimera plus.
Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi r Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-
même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne
sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne abstraitement, et
quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.
Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges ou des offices, car on n'aime personne que pour des qualités
empruntées.
PASCAL, Pensées, 323, GF Flammarion, 1976, p. 141.
4. BERGSON
La conscience est-elle naturelle ou culturelle ?
Qu'arrive-t-il quand une de nos actions cesse d'être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s'en retire. Dans l'apprentissage
d'un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu'il vient de
nous, parce qu'il résulte d'une décision et implique un choix; puis, à mesure que ces mouvements s'enchaînent davantage entre eux et se
déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons
diminue et disparaît [...] Les variations d'intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins
considérable de choix, ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sur notre conduite. Tout porte à croire qu'il en est ainsi de la
conscience en général. Si conscience signifie mémoire et anticipation, c'est que conscience est synonyme de choix.
BERGSON, L'Énergie spirituelle, « Quadrige », Put, 1982, p. Il.
5. MERLEAU-PONTY
Nous sommes pris dans le monde et nous n'arrivons pas à nous en détacher pour passer à la conscience du monde. Si nous le faisions,
nous verrions que la qualité n'est jamais éprouvée immédiatement et que toute conscience est conscience de quelque chose. Ce « quelque
chose » n'est d'ailleurs pas nécessairement identifiable. Il y a deux manières de se tromper sur la qualité: l'une est d'en faire un élément de
la conscience, alors qu'elle est un objet pour la conscience, de la traiter comme une impression muette alors qu'elle a toujours un sens,
l'autre est de croire que ce sens et cet objet, au niveau de la qualité, soient pleins et déterminés. Et la seconde erreur comme la première
vient du préjugé du monde.
MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la Perception, « Tel », Gallimard, 1945, p. Il.
6. HEGEL
Pourquoi y a-t-il un malheur de la conscience ?
La conscience malheureuse est la conscience de soi, comme essence doublée et encore seulement empêtrée dans la contradiction. Cette
conscience malheureuse, scindée à l'intérieur de soi, doit donc forcément, puisque cette contradiction de son essence est pour elle une
conscience unique, avoir dans une conscience toujours l'autre aussi; ainsi elle est expulsée immédiatement et à nouveau de chacune, au
moment elle pense être parvenue à la victoire et au repos de l'unité. Mais son vrai retour en soi-même ou sa réconciliation avec soi,
présentera le concept de l'esprit devenu vivant et entré dans l'existence: et cela parce qu'en elle déjà dans sa nature même, comme
conscience indivisée unique, elle est en même temps une conscience doublée; elle-même est l'acte d'une conscience de soi regardant dans
une autre, et elle-même est les deux; et l'unité des deux est aussi sa propre essence; mais pour soi, elle n'est pas encore cette essence
même, elle n'est pas encore l'unité des deux consciences de soi.
HEGEL, Phénoménologie de l'Esprit, tome I, trad. Jean Hyppolite, Aubier, 1941, p. 176-177.
7. HUSSERL
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Le moi n’est-il qu’un résidu ?
Il est manifeste que, malgré le radicalisme qu'il exige dans l'absence de présuppositions, Descartes possède d'avance un but, en vue
duquel la percée vers cet ego doit servir de moyen. Il ne voit pas qu'il a déjà abandonné ce radicalisme dès lors qu'il s'est laissé
convaincre de la possibilité de ce but et de ce moyen. La simple décision de l'épochè, la simple décision d'une abstention radicale à
l'égard de toute donnée préalable, de toute validité préalable du mondain, n'ont encore rien fait. Il faut que l'épochè soit, et reste
accomplie sérieusement. L'ego n'est pas un résidu du monde, mais la position absolument apodictique qui n'est rendue possible que par
l'épochè, que par la mise entre parenthèses de l'ensemble de la validité du monde, et qui est ainsi rendue possible comme quelque chose
d'unique.
HUSSERL, La Crise des sciences européennes, § 18, « Tel », Gallimard, 1976, p. 92.
8. KANT
Le je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations, car autrement serait représenté en moi quelque chose qui ne pourrait
pas du tout être pensé, ce qui revient à dire ou que la représentation serait impossible, ou que du moins elle ne serait rien pour moi. La
représentation qui peut être donnée avant toute pensée s'appelle intuition. Par conséquent, tout le divers de l'intuition a un rapport
nécessaire au je pense dans le même sujet se rencontre ce divers. Mais cette représentation est un acte de la spontanéité, c'est-à-dire
qu'on ne saurait la considérer comme appartenant à la sensibilité. Je le nomme aperception pure pour la distinguer de l'aperception
empirique, ou encore aperception originaire parce qu'elle est cette conscience de soi qui, en produisant la représentation, je pense, doit
pouvoir accompagner toutes les autres, et qui est une ou identique en toute conscience, ne peut être accompagnée d'aucune autre.
KANT, Critique de la Raison pure, « Quadrige ». Puf, 1984, p. 66.
Citations concernant La conscience (le doute, l’identité, penser, réfléchir, le sujet)
« Beaucoup de réflexion et non beaucoup de connaissances, voilà à quoi il faut tendre » DEMOCRITE, Pensées
« Connais-toi toi-même (et tu connaîtras l’univers et les Dieux) » PLATON, phrase chère à Socrate, commentée par Critias dans le
Charmide 164d -171c et devise inscrite au fronton du temple d’Apollon à Delphes. Formule attribuée initialement à Thalès, l’un des sept
sages de l’antiquité
« (…) nous n’avons recours à ce qu’on appelle réflexion que parce que la connaissance nous échappe » PLATON, Le banquet
« Ce fut l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. (…) Apercevoir une
difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance (et c'est pourquoi aimer les mythes est, en quelque manière se montrer
philosophe, car le mythe est composé de merveilleux). Ainsi donc, si ce fut pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se
livrèrent à la philosophie, il est clair qu'ils poursuivaient la science en vue de connaître et non pour une fin utilitaire. (…) Mais, de même
que nous appelons homme libre celui qui est à lui-même sa fin et n'existe pas pour un autre, ainsi cette science est aussi la seule de toutes
les sciences qui soit libre, car seule elle est à elle-même sa propre fin » ARISTOTE, Métaphysique, A, 2, 982 b10-25
« (…) les pensées sont comme les éclaireurs et les espions des passions, rôdant de tous côtés pour trouver le chemin des choses désirées »
HOBBES, Léviathan
« Le moi est haïssable » PASCAL, Pensées I IX §23
« L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour
l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui
le tue, puisqu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée.
C'est de là qu'il faut nous relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le
principe de la morale » PASCAL, Pensées 347
« (…) pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et
remarquant que cette vérité : Je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des
sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la
philosophie que je cherchais » DESCARTES, Discours de la méthode IV
« (…) la réflexion n’est autre chose qu’une attention à ce qui est en nous » LEIBNIZ, Nouveau essais sur l’entendement humain III, XI
« La plupart ne pensent que comme il plaît à tout ce qui les environne » FONTENELLE, Du bonheur
« J’ose presque assurer que l’état de réflexion est un état contre nature, et que l’homme qui médite est un animal dépravé » ROUSSEAU,
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes
« Chacun croit donc penser juste » HELVETIUS, De l’esprit II, IV
« Ce n’est point ma façon de penser qui a fait mon malheur, c’est celle des autres » de SADE, Lettre à Mlle de Sade, novembre 1783
« Ce qu’est le sujet, c’est la série de ses actions » HEGEL, Principes de la philosophie du droit, §124
« La conscience théorique considère ce qui est et le laisse tel qu’il est. La conscience pratique est, au contraire, la conscience active qui
ne laisse pas ce qui est tel qu’il est, mais y introduit des modifications et engendre d’elle-même des déterminations et des objets »
HEGEL, Propédeutique philosophique Introduction
« Mon point de vue est uniquement celui de la réflexion, consultation de la raison toujours fidèlement communiquée »
SCHOPENHAUER, Le monde comme volonté et comme représentation Préface de la seconde édition
« (…) Fichte n’a pas pris garde qu’avec le sujet (de quelque nom qu’on l’appelât) était posé l’objet, sans lequel le sujet est
inconcevable » SCHOPENHAUER, Le monde comme volonté et comme représentation I 7
« On reconnaît à la mine de la plupart des gens que chez eux la vue remplace entièrement la pensée » SCHOPENHAUER, Aphorismes
sur la sagesse dans la vie V
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« Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie mais la vie qui détermine la conscience » MARX & ENGELS, L’idéologie allemande
« La conscience est (…) d’emblée un produit social » MARX & ENGELS, L’idéologie allemande
« C’est une maladie que d’avoir une conscience trop aigue de ses pensées et de ses actions, une vraie maladie. Une conscience ordinaire,
médiocre, suffirait davantage qu’il ne faudrait aux besoins quotidiens de l’humanité. (…) Voilà les résultats obligés de la conscience :
l’ennui et l’inertie » DOSTOIEVSKI, Notes du souterrain
« Toute Pensée est un Coup de Dés » MALLARME, Un coup de dés jamais n’abolira le hasard
« La conscience est la dernière et la plus tardive évolution de la vie organique, et par conséquent ce qu’il y a de moins accompli et de
plus fragile en elle » NIETZSCHE, Le gai savoir §11
« Les pensées sont les ombres de nos sentiments » NIETZSCHE, Le gai savoir §179
« Le "sujet", c’est la fiction d’après laquelle beaucoup d’états semblables, en nous, seraient l’effet d’un même substrat » NIETZSCHE,
La volonté de puissance II, §150
« (…) vos pensées ne sont pas pour vous des expériences vécues, elles ne sont que l’écho de celles des autres » NIETZSCHE, La volonté
de puissance III, §313
« La pensée n’est qu’un éclair au milieu d’une longue nuit. Mais c’est cet éclair qui est tout » POINCARE, La valeur de la science
« A la question : "Comment quelque chose devient-il conscient ?" (…). Réponse : grâce à l’association avec les représentations verbales
correspondantes » FREUD, Essais de psychanalyse
« (…) la conscience est la conséquence du renoncement aux pulsions » FREUD, Malaise dans la civilisation
« Prise en elle-même, la pensée est comme une nébuleuse rien n’est nécessairement délimité. Il n’y a pas d’idée préétablie, et rien
n’est distinct avant l’apparition de la langue » de SAUSSURE, Cours de linguistique générale
« La perception de cette table est, avant comme après, perception de cette table. Ainsi, tout état de conscience en général est, en lui-
même conscience de quelque chose, quoi qu'il en soit de l'existence réelle de cet objet et quelque abstention que je fasse, dans l'attitude
transcendantale qui est mienne, de la position de cette existence et de tous les actes de l'attitude naturelle. Par conséquent, il faudra
élargir le contenu de l'ego cogito transcendantal, lui ajouter un élément nouveau et dire que tout cogito ou encore tout état de conscience
"vise" quelque chose, et qu'il porte en lui-même, en tant que "visé" (en tant qu'objet d'une intention) son cogitatum respectif. Chaque
cogito, du reste le fait à sa manière. La perception de la "maison" "vise" (se rapporte à) une maison - ou plus exactement, telle maison
individuelle - de la manière perceptive ; le souvenir de la maison "vise" la maison comme souvenir ; l'imagination, comme image ; un
jugement prédicatif ayant pour objet la maison "placée devant moi" la vise de la façon propre au jugement prédicatif ; un jugement de
valeur surajoula viserait encore à sa manière, et ainsi de suite. Ces états de conscience sont aussi appelés intentionnels. Le mot
intentionnalité ne signifie rien d'autre que cette particularité foncière et générale qu'a la conscience d'être conscience de quelque chose,
de porter, en sa qualité de cogito, son cogitatum en elle-même » HUSSERL, Méditations cartésiennes, II, 14
« La conscience correspond exactement à la puissance du choix dont l’être vivant dispose » BERGSON, L’évolution créatrice
« Le principe du vrai courage, c’est le doute. L’idée de secouer une pensée à laquelle on se fiait est une idée brave. Tout inventeur a mis
en doute ce dont personne ne doutait » ALAIN, Pensées d’automne (12 octobre 1935)
« Mais même au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie, nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique
pour tout le monde et dont chacun n’a qu’à aller prendre connaissance comme d’un cahier des charges » PROUST, Du côté de chez
Swann
« L’habitude de penser empêche parfois d’éprouver le réel, immunise contre lui, le fait paraître de la pensée encore » PROUST, La
fugitive
« Si je connaissais les frontières de l’objet et du sujet, la curiosité du monde s’éteindrait en moi » FAURE, L’art moderne
« L’essence même de la réflexion, c’est de comprendre qu’on n’avait pas compris » BACHELARD, Le nouvel esprit scientifique
« C’est dans notre âme seule qu’il y a identité identité que l’âme éprouve, quoique de façon trompeuse, avec elle-même » PESSOA, Le
livre de l’intranquillité
« L’enfant apprend en croyant l’adulte. Le doute vient après la croyance » WITTGENSTEIN, De la certitude §160
« La pensée n’est pas un moyen de connaître. La pensée trace des sillons dans l’aire de l’être » HEIDEGGER, Acheminement vers la
parole
« Le sujet n’a pas un rapport duel avec un objet qui est en face de lui, c’est par rapport à un autre sujet que ses relations avec cet objet
prennent leur sens et du même coup leur valeur » LACAN, Le séminaire II
« Ce sont elle est avide, la très vaine conscience, ce n’est pas de penser mais d’être réputée » JANKELEVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le
presque-rien, I
« (…) il est très difficile d’atteindre tout seul, comme dans le vide absolu, une identité complète en tant que personne : on doit se relier
aux autres » BETTELHEIM, Survivre
« "Dieu est mort" ne signifie pas que la divinité cesse en tant qu’une explication de l’existence, mais bien que le garant absolu de
l’identité du moi responsable disparaît à l’horizon de la conscience » KLOSSOWSKI, Un si funeste désir
« La croyance seule, et non la foi, a une affinité naturelle avec le doute, et s’y trouve constamment exposée » ARENDT, La crise de la
culture
« Acquérir et conserver son identité, ce n’est pas s’identifier à une cause, (…) pas plus que de se laisser gagner par les tentations de la vie
facile (…) C’est plus commode et moins risqué en apparence que de se risquer en amour, en amitié » DOLTO, Solitude
« (…) plus intéressant que de penser serait de savoir pourquoi l’on pense ce que l’on pense » IONESCO Notes et contre-notes
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« La conscience pourrait être considérée comme la perception de soi en tant qu’"objet" placé au centre même de la "réalité"» François
JACOB, Le jeu des possibles
« (…) on confond deux notions distinctes : l’identité et l’égalité. La première s’applique aux caractères, aussi bien physiques que
mentaux, des individus ; la seconde à leur statut social et juridique » François JACOB, La souris, la mouche et l’homme
« On n’a jamais repéré d’autre progrès de la conscience que celui de la mauvaise conscience, parallèle à celui de la mauvaise foi »
BAUDRILLARD, Le Paroxyste indifférent
« L’identité est un rêve d’une absurdité pathétique. (…) On rêve de cela quand on a perdu toute singularité » BAUDRILLARD, Le
Paroxyste indifférent
« Sauvage est ce qui n’est pas confronté à sa ressemblance, à son identité et à la recherche désespérée de cette identité »
BAUDRILLARD, Le Paroxyste indifférent
« La mise en cause du sujet n’a pas changé grand-chose au postulat métaphysique de sa prééminence (…), le sujet s’est seulement trouvé
pris dans le mélodrame de sa propre disparition » BAUDRILLARD, Les stratégies fatales
« (…) il n’y a d’hostilité qu’avec le semblable (…). L’identité ne peut être partagée, c’est l’un ou l’autre, tout ou rien » Vincent
DESCOMBES, L’inconscient malgré lui
« (…) le sujet ne sait pas ce qu’il veut (…), donc il n’est pas vrai qu’il sache ce qu’il dit » Vincent DESCOMBES, L’inconscient malgré
lui
Sujets approchés
Que peut-on savoir de soi ?
Qu'est-ce qui fait l'identité de chacun d'entre nous ?
Peut-on se connaître soi-même ?
Peut-on se mentir à soi-même ?
Approche commune : Mettant en cause la capacité d'accéder à soi-même, ces questions nous invitent à nous demander si le sujet
est transparent ou opaque à lui-même.
Peut-on ne pas être soi-même ?
Le moi s'identifie-t-il à la conscience ?
Qui parle quand je dis « je » ?
Si la connaissance de soi est utopique, devons-nous pour autant y renoncer ?
L'inconscient permet-il autant que la conscience de définir l'homme ?
Approche commune : Le sujet qui est présupposé par le « je » est-il de l'ordre de la réalité ou de la fiction ?
Suis-je le mieux placé pour savoir qui je suis ?
Est-ce dans la solitude que l'on prend conscience de soi ?
Comment comprendre la notion de vie intérieure ?
La connaissance de soi peut-elle être sincère ?
La conscience de soi suppose-t-elle autrui ?
Suffit-il d'être différent des autres pour être soi-même ?
Quelle conception de l'homme l'hypothèse de l'inconscient remet-elle en cause ?
Approche commune : Le sujet se suffit-il à lui-même ou bien ai-je besoin d'autrui pour être moi ? Le sujet se définit-il dans
l'indépendance ou l'interdépendance ?
Pourquoi l'homme peut-il parfois désirer l'inconscience ? L'homme est-il plutôt celui qui existe ou celui qui vit ?
Peut-on considérer le corps comme le malheur de la conscience ?
La conscience est-elle source d'illusions ?
Qu'est-ce que prendre conscience ?
Pourquoi la vraie vie est-elle toujours ailleurs ?
Approche commune : La conscience fait-elle le bonheur ou le malheur de l'homme ?
Doit-on apprendre à devenir soi ?
Qu'est-ce que rester soi-même ?
Peut-on dire qu'on change avec le temps ?
Approche commune : Le moi est-il une donnée permanente, substantielle, ou dois-je devenir ce que je suis ? Le moi est-il donné
ou construit ?
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Sujets esquissé : Qui parle quand je dis « je » ?
Introduction
Chacun de nous parle de lui-même en employant le « je », et fait comme si ce pronom renvoyait bien toujours à la même personne, à un
« moi » stable et identifiable. L'énoncé remet en question cette habitude de pensée et de langage, et fait porter l'interrogation sur le
référent du pronom personnel « je ». Un pronom, comme son nom l'indique, s'utilise à la place d'un nom: ce référent remplacé n'est-il pas
finalement indéterminé ? Son existence n'est-elle pas constamment supposée ? Le sujet grammatical correspond-il vraiment à un sujet
psychologique ? Ainsi centré, l'énoncé pose implicitement la question de savoir si l'identité existe vraiment (comme référent du « je ») ou
si elle n'est qu'un mythe posé par nos habitudes de langage. Le sujet, réalité ou fiction langagière ?
Lignes directrices
1. L'unité pleine: c'est moi qui parle, et ce moi existe.
Le moi permanent et substantiel du rationalisme. Ce socle peut être analysé avec le recul critique de KANT comme une conquête
langagière (cf. cours C2 § 2). Passer du il au je, c'est identifier la variété de nos états à un même référent, le sujet. La prise de conscience
(au sens de la conscience réfléchie) est un acte de langage.
2. L'unité remise en cause: celui qui parle est toujours moi, mais à chaque fois un nouveau locuteur.
Le moi discontinu des empiristes n'est plus vraiment le sujet substantiel. Du coup, est-il encore légitime de renvoyer à tous ces états à
partir du même pronom ? HUME montre bien que non, en substituant au moi l'expression « ce que j'appelle moi » (cf. cours C2 § 2 et
texte n° 2). Le soupçon porte ici sur le « moi » comme abus de langage.
3. L'unité éclatée: ça pense et ça parle en moi.
NIETZSCHE ira plus loin dans cette voie du soupçon: pour lui, la relation du « je » sujet du verbe pense au sujet psychologique
substantiel relève de la supercherie grammaticale. Il y a bien de la pensée mais dire que c'est moi qui pense, c'est postuler un sujet
permanent où il n'y est pas (cf. cours C2 § 2). Qui parle alors en moi quand je dis je ? Répondre: le surmoi freudien, c'est encore
postuler un sujet...
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