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Discours de Monsieur le Préfet
Remise des insignes de chevalier de la
Légion d’honneur aux récipiendaires
de la promotion spéciale 1939-1945
Vendredi 8 mai 2015
(11h30 –Hôtel préfectoral)
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- Monsieur le président du conseil départemental,
- Mesdames et Messieurs les élus,
- Messieurs les présidents d’associations,
- Mesdames, Messieurs,
C’est avec grand plaisir et je dois le dire une certaine émotion, que je vous
accueille aujourd’hui dans les salons de l’hôtel de la préfecture, pour remettre
l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur à Mme Colette FLORIN,
Mme Denise SCHNEER, M. Jean BOINEAU, M. Jean CIRET, M. Robert
DECOSSE, M. Pierre FO, M. Gilbert LAURENT, M. Jacques MARECHAUX,
M. Roland PARISE, M. Eugenio VILLA MASSONNE et M. Louis VILLAIN.
Comme vous tous, j’ai une pensée particulière pour Mme Magdeleine
TRAVERS, M. Pierre GAUDET et M. Fernand GILLE, qui nous ont très
récemment quittés.
Aujourd’hui, 70 ans après la capitulation allemande et la victoire de la liberté,
nous pensons à tous nos libérateurs : aux combattants en uniforme opérant sur
les champs de bataille de la seconde guerre mondiale, aux Forces Françaises
Libres constituées auprès du Général De Gaulle, aux résistants engagés contre
l’Occupant, aux alliés venus de très loin. Tous ont exprimé, par leur
engagement, leur fidélité aux valeurs universelles de paix, de liberté et de
fraternité. Par leurs actions, ils ont fait preuve d’un courage inouï.
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En bravant hier la mort, ils nous transmettent aujourd’hui un message, un
témoignage, celui de l’abnégation, celui du dévouement jusqu’au sacrifice pour
l’amour de la patrie et de la France.
Nous pensons également à tous ceux qui sont revenus des camps de
concentration et d’extermination, aux réfractaires au STO, aux « malgré-nous »,
aux « Justes parmi les nations ». En s’engageant avec courage et humilité, en
témoignant dès le lendemain de la guerre, ces femmes et ces hommes sont
devenus des symboles.
A tous, nous devons ce 8 mai 1945. Ce jour là, le Général De Gaulle déclarait :
« Pas un effort de ces soldats, de ces marins, de ces aviateurs, pas un acte de
courage ou d’abnégation de ces fils et de ces filles, pas une souffrance de ces
hommes et de ces femmes prisonniers, pas un deuil, pas un sacrifice, pas une
larme n’auront donc été perdus ».
Ce jour là, Mesdames et Messieurs les anciens combattants, vous avez libéré la
France.
Chères mesdames, Chers messieurs, le grade de Chevalier de l'Ordre de la
Légion d’honneur vous a été décerné par décret du Président de la République.
Ces nominations récompensent votre fervent engagement et traduisent
l’hommage que la Nation vous doit. Survivants de cette guerre, vos histoires,
vos parcours singuliers, vos faits de guerre, constituent notre mémoire
nationale !
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Ainsi, M. BOINEAU, vous avez participé à plusieurs débarquements en 1944,
notamment sur l’île d’Elbe et en Provence, à la campagne de France 1944-1945,
et à la prise de Karlsruhe.
M. CIRET, votre participation à de nombreuses opérations pour libérer le
territoire vous a valu d’être blessé au combat. Alors que vous étiez blessé, vous
n’avez accepté d’être évacué du champ de bataille que le lendemain, après en
avoir reçu l’ordre.
M. DECOSSE, vous étiez engagé volontaire au détachement armé des Maquis
du Lot. Participant à de nombreuses opérations contre les troupes ennemies,
vous avez été très grièvement blessé au combat.
M. FÔ, en tant que démineur, vous avez procédé à l’enlèvement, en un temps
record, de barricades anti-chars à GEBERGHEIM, en Allemagne en avril 1945.
Vous avez ainsi permis ainsi le passage rapide des véhicules du 3ème Régiment
de tirailleurs algériens.
M. LAURENT, vous étiez résistant dans le nord de la Seine-et-Marne.
Participant à de nombreuses actions contre l’ennemi, vous avez notamment
participé au sabotage d’un sémaphore ferroviaire sur la ligne Paris-Bâle, avant
d’être déporté au camp de concentration de BUCHENWALD.
M. MARECHAUX, par la pose de mines dans les lignes ennemies et notamment
au cours du minage de la route de VOREPPE, vous vous êtes particulièrement
distingué, le 20 août 1944, lors de l’attaque du Fort du Télégraphe, permettant
une entrée rapide à l’intérieur du Fort.
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M. PARISE, vous avez rallié la résistance dans la région parisienne, diffusant
des publications clandestines, effectuant des missions de reconnaissance et
participant au déraillement d’un train de marchandises. Vous aussi avez été
déporté, au camp de concentration de DACHAU.
M. VILLA MASSONNE, vous vous êtes engagé en 1943 auprès des Forces
Françaises Libres, et avez participé aux campagnes de Tunisie et de France.
M. VILLAIN, comme résistant, vous avez participé au service de
renseignement. Blessé par des éclats d’obus et soigné par les troupes russes,
vous avez été dénoncé par une lettre anonyme puis arrêté par la gestapo, avant
d’être déporté au camp d’ORANIENBURG-SACHSENHAUSEN.
Mme FLORIN, vous vous êtes engagée, en 1943, comme agent de la France
libre dans le réseau des Forces Françaises Combattantes, sous l’autorité du
Général de Gaulle.
Enfin, Mme SCHNEER, en tant que résistante, vous avez participé à
l’établissement de faux-papiers, secouru des enfants et apporté une aide
précieuse aux « camouflés », avant d’être déportée au camp de BIRKENAU.
Se souvenir de tous ces faits d’armes, de tous ces actes héroïques, cela est bien
sûr un devoir mais aussi une nécessité. En témoignant de votre passé, vous
donnez un sens à notre présent, mais vous éclairez également notre avenir.
Cet avenir, c’est encourager les nouveaux combattants, qui marchent dans les
pas de leurs aînés et continuent de s’engager au nom de la France, de défendre,
partout dans le monde, la liberté et le respect de la dignité humaine. Nos soldats
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d’aujourd’hui sont les nouveaux visages du monde combattant. Ils sont le visage
de la mémoire de demain.
Mais c’est également dire aux plus jeunes d’entre nous, à l’heure où ils doutent
de leurs capacités, de leurs atouts et de leur avenir, qu’il est important que des
femmes et des hommes soient élevés en modèles pour rappeler comment, par le
passé, les Françaises et les Français, malgré leurs différences sociales,
géographiques, culturelles, ont su se rassembler pour la République, pour la
démocratie, pour la France.
Ce devoir de mémoire est une ambition collective. Il revient à chacun de nous
d’assurer la transmission de votre héritage à la jeune génération.
A une époque où le spectre de l’extrémisme ressurgit sous d’autres formes,
comme en attestent les tragiques événements récents, il revient à chacun d’entre
nous de veiller à ce que la tolérance, le respect de l’autre et la justice demeurent
ces idéaux avec lesquels on ne transige pas. Ces valeurs seront toujours plus
fortes que ceux qui les piétinent.
Mesdames, Messieurs, vous avez su trouver la voie de la victoire de la dignité et
de la justice il y a plus de 70 ans. A nous maintenant de ne jamais cesser le
combat perpétuel contre tous nos démons : l’antisémitisme, la xénophobie et le
racisme.
Affirmer « plus jamais ça » ne suffit pas, nous devons tous dépasser nos propres
ressentiments et nous engager avec détermination pour la paix et la fraternité
entre les peuples, si courageusement défendues par vous hier, et qui doivent
demeurer pour nous tous, les idéaux qui inspirent nos actions de demain. Dès
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lors, chacun à notre place, nous pourrons œuvrer pour une société toujours plus
humaine.
Mesdames, Messieurs, je tiens à vous remercier de votre présence et vous
remercie, plus encore, pour votre engagement républicain. Par la remise, dans un
instant, des insignes de chevalier de la Légion d’honneur, c’est en effet la
République qui vous distingue aujourd’hui comme des héros.
En reconnaissance de vos actions,
« Au nom du Président de la République, et en vertu des pouvoirs qui nous
sont conférés, nous vous faisons chevalier de la Légion d’honneur ».
Je vous remercie.
Jean-Luc MARX
Préfet de Seine-et-Marne
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